Un institut qui vous veut du bien (Damian)

"Qu'est-ce t'as dit ?"

La boutade de Damian ne passa pas inaperçue, et le concerné se reconnut aussitôt. Ce dernier adressa au leader Neo-Plasma un regard assassin. Damian semblait avoir percé la fine couche qui empêchait Todd de réellement exploser. Il se leva immédiatement et s'approcha de Damian et l'attrapa farouchement par le col. Le ton de Todd laissait entendre la rage qu'il adressait au brun :

"Vas-y répète un peu ?! Tu te prends pour qui minable ? Tu crois que tu peux venir ici et m'insulter sans que ..."

"Todd. Dehors."

"Quoi ? Mais c'est lui qui a ..."

"Dehors Todd. Nous reparlerons de cela plus tard".

La thérapeute était intervenue avant de laisser la situation dégénérer pour de bon. Il était vrai que certains patients se demandaient qui allait porter le premier coup, physique tout du moins. Todd ? Damian ? L'adolescent hésita une seconde. Il adressa un dernier regard à Damian. Il hésitait, il était prêt à lui en coller une. Il détourna finalement son regard :

"T'en vaut même pas la peine."

Il sortit, ne manquant pas de bousculer Damian en marchant. Contre toute attente, il avait obéit aux ordres de la thérapeute. Les patients avaient regardé la scène sans sourciller. Tristan semblait un peu hagard face à ce qu'il venait de se passer. La thérapeute se tourna vers Damian :

"Vous pouvez vous rasseoir mr Mills. Et j'aimerai que vous fassiez un peu preuve de savoir-vivre avec les autres patients je vous prie. Vous moquer ainsi de ce garçon n'était pas bien adulte de votre part. Est-ce ainsi que vous traitez votre entourage, ou vos employés ? Comme des moins que rien, ou des personnes tout justes bonnes à recevoir vos sarcasmes ? Je n'aimerai pas vous avoir comme chef, je vous le dis."

Le ton de Mantra était sec. Elle semblait très agacée par ce qu'il venait de se passer dans sa classe.

"Et pourtant vous avez échoué en vous en prenant à Todd. Qui vous donnait le droit de dire tout haut ce que tous pensaient tout bas ? Et comment pouvez-vous affirmer, non que dis-je, vous permettre la prétention de vous attribuer la pensée des autres ? Enfin, êtes-vous le thérapeute ? Non. Donc vous n'avez aucun droit d'"accélérer les choses" avec les autres patients."

Damian parlait pour les autres. Et peut-être avait-il raison. Le comportement de Todd était agaçant. Mais en vérité, peut-être certains le connaissaient-ils suffisamment pour ne plus lui porter cas. Bien entendu, certaines personnes devaient être ravies que Damian lui ait ainsi jeté la pierre. D'autres pouvaient même approuver ses propos en les gardant silencieux. Enfin, peut-être que des patients étaient amis avec Todd et savaient pourquoi il agissait ainsi. Damian avait-il eu raison ?

La professeur se tourna vers Tristan :

"Tristan, pouvez-vous expliquer pourquoi Damian nous a donné le parfait exemple de violence verbale ?"

"Bien sur docteur Mantra."

Tristan se leva du siège, son attitude changea de tout au tout. Sa voix parut assurée, comme si rien ne venait de se passer.


"Et bien Damian, voilà pourquoi notre thérapeute s'en est pris à moi aussi agressivement, pour entraîner une réaction de la part de certains patients. Non pas parce qu'elle ne se comportait pas comme une adulte comme vous dites, mais pour entraîner une réaction en chaine. J'étais dans la combine. Malheureusement, la colère ne se contrôle pas.

Ainsi, vous venez à l'instant de faire de colère, car vous considérez être traité injustement. Pour vous défendre, vous avez insulté le professeur Mantra, ou du moins, usez de violence verbale en lui adressant le fait qu'elle n'était pas "adulte" de m'avoir ainsi insulté. Mais apparemment, vous ne sachiez pas ce qu'il se passait. Vous n'avez considéré que ce que vous voyez, et parlé sans réfléchir. Sachez monsieur Mills que ce que nous voyons et entendons cache parfois des vérités bien plus complexes. Porter un jugement de valeur sur autrui et l'utiliser pour lui faire du mal, afin de se défendre, et ainsi calmer sa colère, voilà ce qui s'appelle exercer une violence."

Tristan avait bien joué son rôle. Il avait fait semblant d'être la cible et Damian avait réagi immédiatement lorsque la thérapeute lui avait demandé d'agir. Bien entendu qu'il n'aurait pas insulté Tristan, à moins de n'être qu'un lâche obéissant bêtement aux ordres ou quelqu'un de profondément cruel. Néanmoins, sa réaction envers Todd avait été le premier résultat escompté, suivi des propos qu'il venait de tenir à la thérapeute. Elle reprit d'un ton calme et poli, plus observateur et proche de celui d'un professeur que de la femme qui avait reproché l'éjection de Todd à Damian :


"Lorsque nous sommes en colère, nous avons tendance à vouloir nous venger, vouloir nous débarrasser de ce qui nous provoque cette gène émotionnelle. Ainsi Damian, vous étiez gêné par le comportement de Todd, vous étiez en colère contre lui. Mais vous commenciez également à ressentir de l'injustice envers Tristan. Et vous avez usé de violence verbale en attirant la moquerie générale sur Todd, car vous considériez que lui, méritait d'être la cible de moqueries, voir même d'être affublé d'un petit nom. Ceci, est ce que nous appelons de la violence verbale. Damian, voici un adage à vous souvenir : "On rit avec, pas de ...". Méditez dessus.

Bref, suite à ce qu'il s'est passé, j'ai volontairement usé d'un ton dur à votre encontre. De la sorte, le sentiment d'injustice s'est amplifié en vous. Todd s'était plaint, j'avais en apparence insulté Tristan et j'avais souhaité vous rendre complice de mes moqueries, et voilà que vous étiez le coupable désigné. Immédiatement, vous avez justifié vos actions en vous portant comme héraut des autres patients. Voilà une bien triste erreur. Vous n'êtes pas un héraut ou un héros. Ne parlez pas pour les autres, surtout quand ces personnes ne vous ont rien demandé. Chacun peut parler pour soi, ou accepter de se taire. En voulant faire parler une quelconque justice, vous avez blessé l'un de mes patients.

Enfin, vous vous êtes excusé d'avoir dérangé le cours, certes, mais en usant de violence verbale à mon encontre. Comme Tristan l'a si bien expliqué, vous suivez une thérapie de groupe portant sur la colère, et ce processus demande parfois que je fasse des petites mises en scène. Je vous assure que je suis adulte et responsable de chacun d'entre vous, ainsi que de ce jeune homme qui attend dans le couloir. S'il vous plait, veuillez ne pas m'enseigner les leçons ou faire le cours à ma place. Sinon, et bien je vous laisserais ma place, et je sortirais de la pièce."

Tristan se tourna vers Damian et lui adressa d'un sourire qui était plus taquin que moqueur, sans vouloir être méchant :

"A présent Damian, à qui devriez-vous présenter des excuses, et pourquoi ?"

"Prévisible, mais la colère a tendance à nous rendre aveugle à l'évidence. C'est un travail à faire, qui demande de la modestie et de la retenue."

Damian, avec les explications, apprenait. Il n'était pas bête, il lui suffisait simplement d'être mis devant l'évidence. Il parvenait à assimiler aisément la théorie qui suivait cet exercice pratique. Les autres élèves écoutaient sans mot dire. Certains avaient déjà expérimenté cet exercice. D'autres le découvraient. Certains auraient agi comme Damian, d'autres étaient certains qu'ils n'auraient pas fait ses choix. Mais il était toujours plus facile de juger sans être interrogé.

Damian admettait avoir fait n'importe quoi, Tristan répondit, d'un ton rassurant :

"Ne vous en faites pas, cette thérapie de groupe est fait pour cela. Il vaut mieux que vous échouez maintenant, pour réussir lorsque vous serez rentré chez vous."

Néanmoins, Damian ne semblait pas connaitre d'alternative que le sarcasme, ou le moyen d'inverser la tendance en cherchant une autre cible que lui-même. A ses yeux, ne rien faire était une forme de lâcheté, une défaite. La thérapeute Mantra sourit, et répondit par une question :

"Et bien par exemple, que vous ai-je répondu à la fin de mes explications. Que si vous continuiez de m'insulter, ou de considérez savoir mieux faire que moi, je m'en irai et vous laisserai faire cours à ma place. Considérez vous cela comme apathique ? Bien sur que non. S'en aller n'est pas ne rien faire, parfois, savoir se soustraire à un conflit est la solution la plus sage qu'il soit. Bien loin de la notion de lâcheté que beaucoup s'imaginent. A votre question sur comment réagir lorsque je vous ai demandé d'insulter Tristan, vous pouviez simplement refuser. Parce que cela contredisait ce en quoi vous croyez, et que vous trouviez cela injuste. Et ça l'était. Tout comme il était injuste de reporter l'exercice sur un autre patient, ou de parler pour un autre, ou de me dire que je n'étais pas adulte. Répondre calmement en étant honnête. Non, vous ne voulez pas participer à cet exercice. Simplement, poliment. Et si j'insiste. Vous vous en allez, tout simplement. La voilà la réponse à la résolution d'un conflit. Cherchez à se montrer meilleur qu'un autre, à chercher d'écraser autrui en le blessant à son tour, voilà une mauvaise utilisation de votre colère. Vous ne vous protégez pas, vous ne faites que vous exposer d'avantage au danger."

Tristan acheva, à la réponse de Damian :

"Et bien oui, il vous faudra présenter des excuses à Todd, pour vous être moqué de lui. Des excuses auprès de vos camarades pour avoir parlé pour eux sans leur autorisation, et à madame Mantra, pour lui avoir dit qu'elle ne se comportait pas en adulte. Admettre ses torts, mais aussi s'excuser platement, sans chercher à se soustraire à ses responsabilités, c'est le premier pas de la rédemption, et la manière la plus efficace de renouer les liens."

Damian avait des questions. Bien entendu, il y avait des conflits dans lequel il était impossible de s'échapper, du moins physiquement. Le docteur Mantra répondit au jeune homme :

"Comme je vous ai dit. Vous répondez par un fait. "Non, je ne veux pas participer à cet exercice." Si la personne insiste et que vous ne pouvez pas vous en aller, vous pouvez dire clairement : "Ce que vous faites me met mal à l'aise. Arrêtez s'il vous plait." Le fait de répondre ainsi, calmement, sans user de violence, c'est une manière d'user, ou "d'évacuer" la colère. La colère est une émotion qui vous alerte d'un danger et d'un inconfort. A vous de répondre à cet inconfort de la manière la plus honnête qu'il soit, et qui n'entraine pas une escalade du conflit. Si votre réponse induit de blesser ou de vous venger votre interlocuteur, alors vous obéissez à un désir égoïste. Généralement, un individu qui vous insulte, et ne reçoit pas de réponse violente, a tendance à se lasser.

La colère, actée ou non, disparaitra d'elle seule dans tous les cas. Mais vous devrez affronter les conséquences de ce que vous avez fait durant celle-ci. Et quoi que vous disiez, vous êtes responsables de vos actes, et de vos mots. Monsieur Damian, il est à vous de faire face à ce que vous avez dit ou fait tout comme Todd devra faire face à sa propre violence. Epargnez-vous d'avoir à vous excuser encore et encore. Mais rassurez-vous, aujourd'hui, j'accepte vos excuses."

Les patients, pour la plupart, firent un signe de tête à Damian. Certains ne répondirent pas. D'autres lui adressèrent un sourire. Mais si Damian s'était excusé, il avait fait une part du travail. Il ne restait plus qu'à faire le reste : travailler pour que ces excuses n'aient pas à se reproduire, encore et encore.
Si Damian posait la question à haute voix, en privé ou non, notamment sur la situation de Safrania, la thérapeute lui répondrait :

"C'est une comparaison bien différente monsieur Mills. Un conflit verbal et un conflit armé est bien différent.
Prenez des policiers ou des agents. Quand ils interviennent, ce n'est pas parce qu'ils sont en colère. Leur travail est leur responsabilité, et les amène à intervenir sur des sites où la violence prévaut.
Bien entendu, ils ne peuvent s'enfuir. Mais ils sont payés pour effectuer une tâche dangereuse et leur action permet généralement d'assurer la sécurité d'une ou plusieurs personnes. En général, leur mission est de parvenir à résoudre la situation sans violence. Mais en cas d'une attaque sur soi-même, il y a la légitime défense. Elle seule, parce qu'elle protège votre intégrité physique, est légitime. Elle n'est pas guidée par la haine, mais par la survie. Néanmoins, la colère reste présente. Un individu qui vous a blessé, ou a tenté de vous blessé, une fois calmé, ou immobilisé, ne doit pas être la cible de violence supplémentaire. Dans un cas pareil, vous devenez le bourreau. Ne multipliez pas la violence inutile, n'usez pas de violence sous couvert d'une justice personnelle. Si vous le pouvez, évitez le conflit. Si vous ne le pouvez pas, défendez votre intégrité physique. Et dans le cas d'une dispute verbale, soyez honnêtes, mais ne soyez pas insultants. Soyez poli, et humble. Ne rendez pas à celui qui vous heurte une réponse égale ou supérieure. Au contraire, essayez de vous mettre à sa place, et de comprendre pourquoi cette personne vous heurte."

La session approchait petit à petit de sa fin.

Damian pensait encore que la colère ne devait pas être ressentie. S'il posait la question, il obtiendrait la réponse que si, probablement que tous les agents devaient ressentir de la colère. La bataille de Safrania, le kidnapping d'Eva, le déploiement d'Electhor, le meurtre de tous ces dragons et la dévastation de la ville, beaucoup de choses avaient causé peur, stress et bien entendu colère. Ce que la thérapeute expliquait était que même si elle était ressentie, cette émotion ne pouvait pas être exprimée correctement. Il s'était défendu contre les agents qui s'en étaient pris à sa vie. A ce moment, Damian avait eu raison. Il ne pouvait se laisser tuer. Mais comme il commençait à le comprendre lorsque la thérapeute lui expliqua, si le garçon avait tué des agents Rocket immobiles, ne s'en prenant pas à lui, par envie de meurtre afin de satisfaire sa colère, alors oui, le garçon aurait été cruel. Même par légitime défense, tuer restait un acte innommable, difficile à supporter, mais nécessaire. Voilà pourquoi il ne servait à rien de tuer par égoïsme. Si Damian l'avait demandé à Grimwald ou à d'autres agents, tous lui auraient avoué ressentir de la colère. Mais les agents étaient formés pour rester professionnels. Cette colère en eux leur permettait de survivre et d'agir justement. Mais ils savaient qu'en tant que modèles pour les citoyens, ces hommes et ces femmes ne pouvaient se laisser emporter par leurs émotions et agir comme des brutes.

"La violence physique n'est concevable, voilà, qu'en cas de légitime défense. Imaginez, vous vous en prenez à quelqu'un et cette personne se défend. Elle vous immobilise et vous rend incapable d'agir. Et voilà qu'elle continue de se défouler sur vous. Cela n'est pas juste, ce n'est que de la barbarie. Cette personne pourrait prétendre que vous le méritez. Mais non, rien n'excuse la violence gratuite. Retenez cela Damian. Si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas à demander au docteur Reno de vous inscrire à une prochaine session."

La thérapeute conclut là dessus. Elle tapa dans ses mains, et se tourna vers la classe entière :

"Bien, nous sonnons la fin de cette session. J'espère que vous aurez tous appris quelque chose. N'oubliez pas de remercier Damian et Tristan pour leur contribution."

Enfin, elle se tourna vers Damian avant de le laisser partir :

"Je vous donne un petit exercice. Vous vous êtes excusés auprès de l'assemblée, et vous avez bien fait. A présent, à vous de vous excuser auprès de Todd. Vous me direz comment cela s'est passé."

Sur ce, elle laissa partir Damian tandis que Tristan vint aider Mantra à ranger ses affaires. Apparemment, il était visiblement un assistant, et non pas un patient. Le vieux coup du patient introduit dans la foule afin de tromper les autres spectateurs. Damian avait marché en plein dedans, et probablement ne fut-il pas le seul.

Todd ne se trouvait plus dans le couloir. Si Mantra souhaitait lui parler, elle devrait le retrouver ensuite. A moins qu'un autre thérapeute ne se soit chargé de son cas. Damian pouvait continuer à vaquer à ses occupations. S'il souhaitait trouver Todd, il découvrirait que ce jeune homme n'était pas si aisé à croiser dans l'institut. S'il demandait aux médecins, il recevrait en seule réponse qu'à cet instant, Todd était occupé. Ils ne donnèrent pas les détails mais assuraient à Damian qu'il devrait pouvoir le croiser au réfectoire ou dans les lieux communs quelques heures après. Ce ne serait que le lendemain que Todd se trouverait dans la zone servant de salon. Assis dans un fauteuil, portant ses écouteurs, il lisait un livre, coupé du monde extérieur.


Modération SVP :
A toi de décrire à nouveau ton temps libre. N'hésites pas à discuter avec Tohru si tu le souhaites pour faire le point ou pour développer Damian sur son quotidien. Tu peux même faire plusieurs posts de vie quotidienne, si le cœur t'en dit, avant de croiser Todd, si tu souhaites lui parler.

Pas de réponse de la part de Todd. Mais était-ce étonnant. Depuis leur première rencontre, le garçon ne semblait pas apprécier Damian. Néanmoins, lorsque le garçon retourna dans la zone commune, il put retrouver son mot, à la même place où il l'avait laissé. Todd, lui, n'était plus là. Avait-il vu le message et l'avait-il reposé ? Ou n'avait-il pas prêté attention à ce morceau de papier à coté de lui ? Impossible de le savoir sans lui demander. C'était le souci avec un message posé discrètement, l'expéditeur ne pouvait pas s'assurer que le message était reçu. Dans ce cas, Damian pouvait-il réellement affirmer que l'exercice qui lui fut donné était accompli ? S'il discutait avec Mantra, le féliciterait-elle de s'être confronté à Todd ? Considérerait-elle qu'il avait été au bout de son acte ? Ou un message possiblement lu sans en être certain était-il suffisant ? Tohru le soutenait et était souvent de bons conseils. Mais à ce moment précis, avait-elle réellement été une aide en le confortant dans son désir de ne pas se confronter immédiatement à Todd ?

C'était à Damian de le savoir.

Comme le pensait Damian, rien ne l'obligeait à accomplir l'objectif. Il ne connaissait pas Todd, ce dernier ne s'était pas si bien comporté avec lui non plus. Si l'acte de s'excuser était manqué, et bien soit. Cela ne bouleversait guère l'ordre établi. L'important était que Damian soit en paix avec sa conscience. Et s'il l'était, il était inutile de se compliquer la vie d'avantage. Même Mantra ne lui collerait guère de mauvais point pour ne pas avoir accompli l'exercice jusqu'au bout. Ce n'était pas une école, mais un institut visant à aller mieux et traverser les crises que pouvaient rencontrer les adultes.

Ainsi, Damian put continuer à vivre sa vie tranquillement. Les activités quotidiennes, les repas qui ne furent guère troublés par un évènement externe ou interne. L'heure approchait pour une nouvelle rencontre avec le Docteur Reno. Même bureau, même individu. Il invita Damian à s'installer à sa chaise.

"Bonjour Damian. Comment allez-vous aujourd'hui ?"

Il commença à installer ses affaires, se connectant à sa session sur l'ordinateur de bureau. C'était à présent sa troisième rencontre avec le jeune leader Neo-Plasma. Alors qu'il achevait sa connexion, il demanda au garçon :

"Comment s'est passé votre session de thérapie contre la colère ? Y avez-vous appris des choses sur vous même ? Souhaitez vous qu'on en discute ?"

"Je vais bien, merci Damian."

Fit le docteur en stoppant un instant son activité, et souriant au garçon. Il le laissa parler et actait tout en l'écoutant. Lorsque Damian eut fini d'expliquer qu'il ne voulait pas parler de sa session sur la colère, le médecin se tourna enfin vers lui, prêt à discuter. Il eut un petit sourire amusé.

"Et bien soit, n'en parlons pas. Mais souhaitez vous que je vous inscrive à une nouvelle session ? Selon le docteur Mantra, elle considère que ce serait positif pour vous."

Il avait sorti une petite feuille de papier, et était prêt à noter la réponse de Damian. Il posa ensuite une autre question :

"Jusqu'ici vous avez été plutôt bavard sur vous et sur de nombreux sujets. Voilà pourquoi cela m'intrigue. Pourquoi ne pas vouloir vous épancher d'avantage sur cette session sur la colère ? Qu'est-ce qui vous faire dire que vous n'avez pas le sentiment d'en parler ?"

Il est vrai que jusqu'ici, Damian avait parlé d'énormément de sujets. Même la plupart de ses secrets avaient été révélé. Le procès, le sérum néo-plasma, les légendaires, le suicide de Malhika. Mais aujourd'hui, voilà qu'il voulait éviter un sujet. Le thérapeute se doutait qu'il y avait là un chemin à suivre et à discuter. Il ne voulait pas que Damian lui dise ce qu'il s'était passé, mais pourquoi il jugeait bon d'éviter ce sujet.

"Je note. C'est regrettable, mais nous respectons votre choix."

Le docteur Reno déposa la feuille sur le coté. Apparemment, Damian jugeait bon de ne pas s'inscrire pour une nouvelle session sur la colère. Il avait l'air de penser qu'après une séance, il pouvait prévoir comment toutes les autres se déclineraient. A se demander pourquoi certains patients continuaient de s'y rendre. Peut-être étaient-ils idiots.

"Et pourtant, vous en parlez avec une certaine hargne ..."

Répondit le docteur d'un ton gentil. Damian disait ne pas être touché par la courte relation qu'il avait eu avec Todd. Mais dans sa manière de parler, les mots utilisés tel que "rien à foutre" de cette personne, il était aisé de ressentir une hostilité. Le docteur Reno sentait que même si Damian ne voulait pas se polluer l'esprit avec cet autre pensionnaire, les mots échangés l'avaient pesé sur l'instant.

"J'ai entendu parler de cette histoire avec Todd, oui. Mais ce qui m'interpelle, c'est que je vous demandais pourquoi vous ne vouliez pas parler de la session avec le docteur Mantra ... et il semblerait que le sujet ait immédiatement tourné autour de ce garçon. Il n'a pourtant pas été présent tout au long de la séance ... il semble bien occupé votre esprit pour quelqu'un qui ne vous pèse pas."

Le docteur reprit un temps de silence :

"Vous voulez en parler ? Parler d'une quelconque autre raison qui fait que vous ne vouliez pas parler de la séance avec le docteur Mantra ? Ou parler d'autre chose ? De quoi voulez-vous parler ?"

"Et bien, en général, ces sessions deviennent réellement effectives après plusieurs rendez-vous."

Damian estimait qu'une seule session était suffisante car il avait commencé à saisir la théorie. Mais cela suffirait-il réellement à lui permettre de gérer sa colère en cas de nouvelle situation de stress ? Le docteur Reno ne semblait pas en être si certain.
Lorsqu'il demanda au garçon des détails sur la séance, Damian paraissait affirmer que celle-ci ne consistait qu'en sa confrontation avec Todd. Apparemment, ce n'était que le seul point à discuter. Peut-être parce que c'était celui qui l'avait le plus marqué. Mais comme il disait, il ferait en sorte de ne plus rien à voir avec Todd.

"Donc si vous le croisez dans le couloir, vous ferez demi-tour ? Si au réfectoire, il ne reste plus qu'une chaise libre, près de lui, vous mangerez ailleurs ou attendrez ? Et que faire si une session vous amène à devoir travailler avec lui ? Cela risque de vous compliquer la vie de l'éviter jusqu'à la fin de votre séjour ici."

Le docteur Reno comprenait le désir de Damian de ne pas faire équipe avec ce garçon, ou même ami-ami. Comme il l'avait dit la semaine précédente : si quelqu'un ne voulait pas être son ami, il irait voir ailleurs. Après tout, pourquoi pas ? Le leader ne pouvait forcer les choses ou se faire du mal. Mais était-ce si réaliste, ou sain, de tout faire pour éviter une personne ?

"Mais malgré tout, Todd continue d'occuper votre esprit. Vous ne voulez pas parler de la mise en scène du docteur Mantra, ce que vous avez ressenti ? Ou ce que vous avez ressenti en découvrant qu'elle était parvenue à vous déstabiliser ? Des paroles que vous avez prononcé, si cela vous a fait remettre en question vos disputes précédentes ? Si vous étiez si certain d'avoir raison le jour de la session, qui vous dit que vous n'étiez pas dans le même état d'esprit lors de vos colères précédentes ? Nous pourrions discuter de cela. Il y a encore beaucoup à dire."

Il resta silencieux un moment et reprit :

"Vous sentez-vous coupables ou honteux d'avoir fait une erreur durant la session ? Est-ce pour cela que vous ne référez qu'à Todd ? Parce qu'il est le seul au final à s'être comporté avec violence à votre encontre et avec les autres patients ? Le docteur Mantra m'a fait savoir que vous aviez essayé de diriger l'attention à l'encontre de ce garçon. N'est-ce pas ce que vous essayez de faire à nouveau ?"

Aucun jugement dans sa parole, simplement des questions. Le médecin se basait sur le rapport de la thérapeute, analysait les comportements et les dires de Damian, et théorisait ce qu'il entendait. Damian ne parlait pas de lui, ou des propos qu'il avait eu, ou de comment il se sentait avec ses propres erreurs. Il préférait évoquer celui qu'il considérait comme le véritable "vilain" de l'histoire : Todd, qui comparé à lui, était un cas bien pire de colère non contenue.

Reno reprit :

"Le docteur Mantra m'a fait savoir que durant la session, vous l'aviez en quelque sorte ... "sous-estimée", en pensant pouvoir la reprendre sur sa manière de gérer la session. Bien entendu, c'était le but escompté, de semer le trouble et vous diriger vers une fausse piste avec l'aide de son assistant. Mais en pensant savoir comment se dérouleront les sessions suivantes, est-ce que vous ne sous-estimez pas de nouveau le médecin, ou moi-même ? Pensez-vous que nous vous conseillerions de participer à d'autres sessions si elles se ressemblaient toutes ?"

Il prit un instant de pause :

"Et si nous parlions de votre tendance à prévoir la manière dont quelqu'un va parler, ou agir, avant que ce ne soit réellement le cas ? Cela semble vous jouer bien des tours non ? Est-ce qui est arrivé avec Eva et Grimwald ? Avez-vous parlé à leur place ou jugez des actions qu'ils n'avaient pas encore commis, ou pas du tout ?"

Oui, il y avait encore beaucoup à dire et à discuter.

Plus ils en parlaient, et moins Damian semblait regretter ce qu'il avait dit à Todd. Il admettait que cela n'était pas adulte, mais à ses yeux, si l'individu le méritait, alors il n'avait pas à s'en vouloir. A nouveau, épris d'un sentiment de justice personnelle, il avait donné une raison à Todd de lui en vouloir.

"Vous êtes vous dit que ni vous, ni les autres patients ne sont la cible de sa colère ? Comme vous dites, cela n'est pas adulte de votre part. Il est très bon de l'admettre, mais cela n'a rien résolu, si ce n'est de mettre plus d'huile sur le feu. Vous ne méritez pas de recevoir des insultes, mais Todd non plus n'a pas à être la cible de vos mots. Nous travaillons avec ce garçon également, tout comme nous travaillons avec vous, en tant que patient."

Une petite pointe de fermeté apparut dans la voix du docteur Reno. Il n'aimait pas entendre des patients assumer le fait qu'ils agressaient des autres, pour une quelconque raison personnelle. Même s'il n'explosait pas en un flot de paroles, Damian laissait suggérer sa pensée. Le simple fait de ne pas regretter ce qu'il avait dit à Todd comparé au docteur Mantra était un signe. Mais l'un de ses mots inquiéta Reno, qui lui demanda d'un ton qui se voulut protecteur :

"... Pour une fois ? J'ai entendu dire que oui, il s'en était pris à vous lors de votre première thérapie de groupe ... mais y a t'il eu d'autres incidents avec Todd entre ces deux-là ?"

A mesure que Damian évoquait Todd, il semblait en parler comme d'un jeune homme qui n'avait que s'en prendre à lui. C'était vrai, dans la limite où les deux garçons avaient eu un échange à une seule occasion : la première thérapie de groupe de Damian. Lors de la thérapie de la colère, Todd n'avait pas adressé un mot à Damian jusqu'à ce que ce dernier ne se moque ouvertement de lui. Mais le docteur Reno s'inquiétait, et si Damian avait-il été pris pour cible à d'autres moments. Avait-ce été le cas ? Le médecin souhaitait le savoir. Ainsi, il pourrait le faire remonter aux autres thérapeutes pour réfléchir à des méthodes pour prendre en charge ce jeune homme. Il était déjà à la limite du tolérable, mais jamais encore, Todd ne s'en était pris à quelqu'un verbalement hors d'une session de groupe. S'il commençait, alors des actions supplémentaires seraient décidées.

Damian expliquait qu'être mis en colère n'était pas son objectif. Cela le mettait mal à l'aise. Le docteur Reno reprit :

"Et bien, ces sessions sont là pour cela. Vous voir échouer, comment voulez-vous apprendre sans vous mettre en danger à nouveau. L'intérêt de ces sessions est de vous entraîner, pour ne pas que vous explosiez en situation réelle. Une fois rentré chez vous par exemple."

Tant que Damian était dans cet institut, il pouvait se mettre en colère. Reno lui expliquait que les thérapeutes étaient justement formés pour cela. Leur métier était de trouver ce qui déclenchait ces colères, et de guider le patient à trouver des formules pour échapper à la violence dont ils pouvaient faire preuve. Reno avait tenté de guider le garçon dans la réminiscence de ses anciennes colères, notamment la plus important, celle avec Eva et Grimwald. Malheureusement, Damian ne se souvenait plus des mots échangés.

"Oui, c'est malheureusement ce qu'il se passe. Souvent, une fois la colère passée, on oublie ce qui a été dit. On le refoule même, parfois.

Dites-moi, cela vous est-il arrivé d'avoir ces colères avec votre amie Tohru, ou vos Pokemon ? Eva et vous étiez proches, donc vous pouvez vous montrer violent avec des proches. Quel serait le déclencheur selon vous ? Un besoin de rendre justice ? D'une appréhension de ce qui pourrait vous être dit, donc vous décidez de prouver que vous savez mieux en parlant à la place d'un autre ?"

Si Damian refusait de participer à des sessions pratiques de colère, alors Reno devrait faire au mieux pour effectuer ce travail lors de leurs rencontres privées. Le thérapeute avait saisi que ces coups de sang étaient la manière qu'avait Damian pour évacuer son stress. Néanmoins, s'ils ne parvenaient pas à l'aider à ce sujet, il ne pourrait signer le papier permettant aux Neo-Plasma de travailler à nouveau avec le gouvernement.

"Et bien parfois, certaines personnes en souffrance en veulent au monde entier parce qu'ils ne peuvent se défouler sur la véritable cause de leur mal. Ainsi, la moindre irritation devient un levier pour eux afin de déchainer leur colère."

Damian pensait que Todd lui reprochait des éléments à lui, personnellement. Mais comme il l'avait vu, ce garçon s'en prenait aisément à quiconque tant bien qu'il pouvait verbaliser son mal-être. Bien entendu, cela n'excusait rien ses agressions envers autrui, surtout contre les autres patients. Mais Reno tenta de rassurer Damian. Ce n'était pas sa personne en soi qui rendait Todd si agressif. Il était constamment en colère.

Apparemment, Damian n'avait pas d'autres conflits à reprocher à ce garçon. Cela rassura Reno. Il n'aurait pas à discuter avec ses collègues. Ce patient continuerait d'être suivi tel qu'il l'était.

"Et bien, si je suis contre le fait que l'on se moque des patients, le comportement de Todd n'est également pas toléré. Si cela peut vous rassurer, mes collègues ont eu la même conversation avec lui."

Damian ne devait pas croire qu'il était considéré comme le seul coupable de ce conflit. Il pouvait le croire car les médecins avaient jusqu'ici insisté sur son erreur. Mais Reno sut qu'il était important de confier au jeune homme que les médecins étaient objectifs. Todd aussi recevait son sermon, et était amené à discuter des raisons de son comportement.
Pour ce qui était des sessions, Damian ne voulait plus se confronter aux colères, probablement parce que comme tout le monde, personne n'aimait être confronté à son reflet. Surtout lorsque ce reflet affichait le regard de la colère.

"Je le comprends, et je le respecte. C'est votre choix. Nous ferons en sorte de travailler ensemble pour que cela ne se reproduise plus. Ni à l'institut, ni une fois que vous serez sorti. Après tout, c'est pourquoi vous êtes ici, non ?"

En vérité, Reno aurait aimé que Damian continue ces sessions sur la colère. Elles étaient l'une des raisons qui l'avait conduit devant lui. Fuir les difficultés rendraient plus compliquées leur résolution. Malheureusement, s'il était possible de fuir des individus ou des conflits, personne ne pouvait échapper à ses propres démons. Mais l'institut respectait le libre-arbitre de ses patients. Si Damian refusait de participer à des sessions sur la colère, il ne servait à rien de l'y forcer. Cela devait venir de lui-même et de nul autre.

Reno continua de discuter avec Damian. Il fallait trouver ce qui déclenchait ces colères. Apparemment, cela n'arrivait pas en présence des Légendaires, ou de Tohru. Mais ce n'était pas une question de proximité. Damian ne se serait pas disputé violemment avec Eva sinon. Le jeune homme admettait se mettre sur la défensive avec facilité. Damian avait l'appréhension de ce qui pouvait être dit :

"Et de quoi avez-vous peur qu'il vous soit dit ?"

Une appréhension qui amenait Damian à se préparer à toute parole contre lui. Si bien que si une mauvaise parole était prononcée, le jeune homme était déjà prêt à se l'approprier pour la renvoyer au destinataire. Il fallait creuser.

"Tout comme vous progressez pas à pas, ce jeune homme apprend également. Mais le temps de thérapie varie en fonction des personnes, et de leurs problèmes."

Todd était peut-être à un moment de sa vie où la colère était son seul moyen d'expression. Probablement était-ce pour cela que le jeune homme se trouvait là, dans cet institut. Pour se faire aider comme Damian avait besoin d'aide pour gérer son burn-out. Le jeune homme souhaitait savoir s'il pouvait avoir espoir d'apprendre à gérer sa colère. Le docteur Reno le regarda, et lui répondit avec sincérité :

"Cela ne dépend que de vous, et des efforts que vous êtes capable d'offrir. Il n'y a jamais de certitude dans ce métier. Chaque jour est un pas de plus. Parfois, il arrive encore d'échouer, mais l'objectif est de parvenir à marcher droit sans trébucher. N'oubliez pas que les premières victimes de vos colères ne sont autres que vos proches. Si cela peut être une motivation pour vous pour vous accrocher."

Le message pouvait être stressant, angoissant. Mais le docteur Reno n'allait pas mentir. Il n' y avait pas un mot magique qui permettait de tout résoudre et de changer une personnalité entière. Mais chaque individu pouvait apprendre à discerner les pièges et les éviter afin de réussir à s'intégrer parfaitement. Damian se confia ainsi sur ses doutes et ses peurs. Reno écouta patiemment.

"Vous avez fait une erreur, mais vous n'avez pas été enfermé pourtant. Rappelez-vous Damian, vous n'êtes pas prisonnier ici. Vos proches ont insisté pour alerté la juge sur votre état mental, parce qu'ils s'inquiétaient pour vous. Ils craignaient que si vous ne preniez pas le temps de vous reposer et faire le point, vous auriez fini par faire une véritable erreur. Une de celles que vous auriez profondément regretté sans pouvoir la réparer."

Damian rappelait sans cesse sa peur d'être enfermé ou contrôlé, et que chacun l'attendait au tournant s'il faisait un pas de coté. Certes, il avait été jugé à sa première erreur, mais comme le thérapeute lui dit :

"Pensez-vous qu'avoir rendu service vous place au dessus des lois ? Qu'en est-il de l'égalité entre chaque citoyen. Pourriez-vous regarder quelqu'un dans les yeux, et lui dire que vous êtes libre de vos actes parce que vous les avez protégé ? Vous n'avez pas sauvé le monde pour cela, n'est-ce pas ?"

Sa dernière question était rhétorique. Le thérapeute savait que Damian ne venait pas en aide avec des arrières pensées. Mais il essayait de lui faire comprendre que :

"Les bonnes actions passées ne vous empêchent pas de faire des erreurs, et de devoir en assumer les responsabilités. Tout comme les mauvaises actions du passé ne vous empéchent pas d'en faire des bonnes à l'avenir. Vous avez fait une erreur et en assumez les conséquences, c'est ainsi que la société moderne fonctionne. A moins que vous ne souhaitiez avoir des privilèges ? Je pensais que vous étiez contre."

En vérité, bien que cela ne fut pas précisé durant leurs discussions précédentes, Damian avait reçu une sanction allégée, justement pour ses actes passés. L'avocat avait pu mettre ces faits en avant, et c'était pour cela que le jury avait cru Damian lorsqu'il avait assuré ne pas connaitre la loi, ou ne pas avoir agi à l'encontre du bien commun. S'il avait été un inconnu, les soupçons auraient été plus élevé, et probablement aurait-il vu son organisation démantelée pour expériences et possession d'un dangereux virus sans autorisation préalable. Non, Damian était connu du gouvernement et des fichiers de police, et ces derniers avaient reconnu ces faits. Le thérapeute reprit :

"Je pense que vous avez un fort souci avec l'autorité. Vous avez du mal à accepter que des individus que vous ne connaissez guère puissent décider des lois, de ce qui est juste, ou mauvais, ou imposer des limites. Surtout si ces derniers ne se comportent pas comme vous l'espérez. Quand bien même ces hommes et ces femmes agissent comme le veut leur métier, et tâchent d'agir pour le bien commun. Je pense que vous êtes troublés par cette méfiance et cette défiance, et cela influe sur votre jugement. Persuadé qu'ils vous veulent du mal, vous ne parvenez pas à avoir une relation saine avec ces personnes. Pire encore, il est possible que vous soyez celui qui attendez la moindre erreur ou faux-pas de leur part, afin de vous permettre de les juger. Persuadé qu'il est plus judicieux d'attaquer avant que l'autre ne le fasse. Je me trompe ?"

Damian s'entendait bien avec Tohru et les dragons, et étaient majoritairement sur la même longueur d'ondes. Mais surtout, ils étaient égaux. Tous étaient en quelque sorte des individus marginaux, vivant au gré de leurs envies, si ce n'était que Tohru devait répondre à son clan. Mais le courant ne passait pas avec le gouvernement, avec Grimwald. Et tout était devenu compliqué avec Eva, au moment où Damian avait compris qu'elle pouvait lui imposer des limites et se permettre de le surveiller, voir de l'arrêter s'il agissait mal.


"Il est clair que vous n'appréciez guère d'avoir une autorité supérieure. Ce rapport malsain entraine un stress naturel, et une augmentation des chances de se mettre en colère. Vous vous dites qu'ils le méritent, parce qu'ils sont une menace, et les considérez comme la cause de votre stress."