Event 5: Immaculée conception

Après avoir déambulé quelques instants dans les couloirs du poste à la recherche de la sortie, je me suis retrouvé en plein air. Remplissant mes poumons d'un grand bol d'air nocturne, je tendis les bras vers le ciel pour me délier les muscles. La fraîche brise du soir vint me caresser le visage, me procurant un bien fou. Je commençais à en avoir marre de rester assis à ne rien faire en l'attente du début de la mission, il était temps que je bouge un peu.

Sans pression, j'entamai une petite balade dans les rues de Céladopole. Ayant grandi dans une petite ville de campagne, je n'avais encore jamais visité de vraie métropole et j'observais tous les bâtiments autour de moi avec intérêt. Étant arrivé juste à temps pour le rendez-vous avec Mortimer, je n'avais pas fait attention aux immenses buildings et innombrables magasins qui constituaient la capitale de Kantô. Je me mis donc à flâner un peu sans but, regardant les échoppes diverses qui s'étalaient devant moi. Je crus même apercevoir au loin le panneau caractéristique d'une Arène pokémon. Peut-être y passerais-je un jour, qui sait ?

Tout en marchant, j'essayais de mettre de côté le stress de la mission qui approchait à grands pas pour me concentrer sur mes objectifs actuels : trouver quelque chose à me mettre sous la dent, ainsi qu'un peu de chocolat pour ma partenaire. Si le premier était aisément atteignable, le second semblait plus compliqué, je me concentrai donc sur celui-ci.

Ce n'est qu'au bout d'une petite heure de recherche que je suis finalement tombé sur un marchand bien sympathique qui, me prenant pour un amoureux en quête d'un cadeau pour sa belle, m'offrit une boite de pralines. Je l'acceptai volontiers, content d'avoir de quoi satisfaire mon binôme. Je me mis donc sur le chemin du retour et emportai un peu plus loin un plat de pâtes que j'ai réservé pour mon retour dans la ''salle d'attente'', comme je l'appelais.

Je retrouvai Harmony, changée, et lui offrit la boite de chocolat, non sans un petit rire dû à l'aspect cocasse de la situation. Nous allions bientôt partir pour une mission probablement dangereuse, impliquant des criminels notoires et des pokémons ramenés à la vie, et moi, tout ce que je trouvais à faire, c'était offrir des chocolats à une jeune demoiselle. Même si elle était plutôt mignonne pour son âge, je n'en trouvais pas moins la situation quelque peu risible. J'ai attaqué mes pâtes tout en essayant de tenir un semblant de dialogue pour faire passer le temps.

Quand j'eu finis, je me suis excusé auprès de la jeune fille et me suis éclipsé dans la salle voisine pour revêtir mon équipement. Même si nous venions de passer un agréable moment, la réalité me rattrapa et je revins la boule au ventre. Il était bientôt l'heure.

Mortimer arriva peu de temps après que je me sois changé, la mine grave. Il vérifia méthodiquement nos équipements pendant près d'une heure pour finalement déclarer qu'il était temps de partir. La nuit était noire et fraîche. Nous sommes montés dans une voiture qui roula quelques temps avant de nous déposer à proximité du bâtiment que nous allions devoir infilter.

Sur le chemin, la tension avait encore monté d'un cran et nous avions peu parlé. Probablement que nous étions tous trop occupés avec nos propres pensées pour essayer de détendre l'atmosphère. Quand les dernières instructions furent données, je ne pus m'empêcher de noter que les noms de code dont Harmony et moi étions affublés étaient ''les pions''. Je fis, immédiatement et bien malgré moi, le rapprochement avec les échecs, ce qui eu pour seul effet d'assombrir mon humeur. Après tout, à ce jeu, les premiers sacrifices étaient toujours les pions. J'espérais que cela ne resterait qu'un bête code mais je me suis surpris à souhaiter que Mortimer ne soit pas un grand joueur d'échecs, même si je savais qu'il ferait tout pour éviter que qui que ce soit meure ce soir. Je déglutis en voyant que nous étions arrivés.

L'unité d'élite mit rapidement les gardes hors d'état de nuire et le champion me confia le badge de sécurité qui nous permettrait de franchir la porte du bâtiment. J'ai tenté de le prendre d'un geste assuré, mais il avait sûrement perçu le tremblement de ma main. Je fermai les yeux quelques secondes pour raffermir ma résolution et serrai la carte magnétique dans ma main. Je la fis glisser dans la fente et après un petit ''bip'' sonore, la porte s'ouvrit.

J'ai rapidement jeté un oeil pour vérifier si la voie était libre, puis nous sommes entrés. Deux immenses couloirs s'étendaient devant nous et à notre gauche. On aurait dit qu'ils couraient tout le long des murs extérieurs et s'étendaient jusqu'aux bouts du bâtiment, mais c'était difficile à dire tellement il était énorme. Comme le souligna Harmony, nous avions deux options : nous séparer pour essayer de couvrir une plus grande surface et ainsi trouver peut-être plus vite l'escalier vers les étages supérieurs ou rester à deux pour plus de sécurité.

Je réfléchis quelques instants. Le choix était difficile. Harmony semblait vouloir la séparation, mais n'avait pas l'air complètement rassurée non plus. Étant plus âgé, je me sentais fatalement un peu responsable du groupe. S'il lui arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais. C'est en pensant cela que je pris ma décision.

- Je pense, commençai-je lentement, qu'il vaudrait probablement mieux rester ensemble pour l'instant. À deux, on pourra toujours surveiller à la fois ce qui se passe devant et derrière. Et puis, on ne sait jamais, un de nous deux pourrait voir quelque chose qui échapperait à l'autre. Et puis, on ne sera pas trop de deux pour parer à un éventuel imprévu. Ca te va ?

Après un long, trop long temps de discussion, nous nous sommes finalement mis d'accord sur la stratégie à adopter : nous resterions ensemble. Malheureusement, nous avions perdu beaucoup de temps en faisant cela et ce n'était que maintenant que nous le réalisions. Cela aurait quand même été beaucoup plus simple si nous nous étions mis d'accord avant d'entrer, nous avions tout le temps de le faire dans la voiture, mais bon... nous étions probablement trop stressés pour y penser, ce qui était parfaitement normal avant une mission d'une telle envergure.

Toujours était-il que nous nous étions mis en route et avons emprunté le couloir à notre droite. Pourquoi à droite ? Aucune idée, nous avions choisi un peu arbitrairement. De toutes façons, il faudrait bien arriver aux escaliers, alors ce n'était plus la peine de tergiverser, il nous fallait avancer ou le temps nous manquerait !

Le couloir s'étendait très loin devant et seuls deux ou trois croisements semblaient mener plus profondément à l'intérieur du bâtiment. Nous avancions lentement, chaque pas me semblait résonner aussi bruyamment qu'un grondement de tonnerre dans un canyon. Aucun signe de vie, nos capteurs restaient silencieux alors que nous approchions du premier croisement.

Quand nous l'avons finalement atteint au terme de ce qui m'a semblé une éternité, nous avons cru apercevoir une cage d'escalier au bout du long couloir qui partait sur notre gauche. Plusieurs autres croisaient celui-ci entre-temps, mais il n'y avait toujours aucune trace de membres de la team Rocket. Seraient-ils tous déjà endormis ou rentrés chez eux ?

À la seconde où je pensais cela, trois lumières rouge apparurent sur nos capteurs. Cela provenait d'un couloir en face, parallèle à celui que nous allions emprunter ! Évidemment, ça n'allait pas pouvoir être aussi facile. Mais les mauvaises nouvelles s'enchainèrent et la porte devant laquelle Harmony et moi venions de passer s'ouvrit à son tour, laissant entendre deux personnes en pleine conversation. C'était encore une chance que la porte se soit ouverte entre eux et nous, car nous aurions été immédiatement repérés sinon.

Vite ! Nous n'avions pas le temps de lambiner ! J'ai attrapé la main de la jeune fille et l'ai tirée dans le couloir sur notre gauche, tout en lui faisant signe de se taire. Le moindre bruit nous aurait fait repérer, il fallait donc bouger avec prudence tout en ne trainant pas. Apercevant une porte dans un couloir latéral, je l'ai emmenée à nouveau sur la gauche et me suis placé devant pour poser mon oreille contre le battant. Si je n'entendais rien, je tenterais d'ouvrir la porte et, si j'y arrivais, nous entrerions pour nous réfugier dans la pièce. S'il y avait du bruit ou que je n'arrivais pas à ouvrir, nous continuerions dans le couloir latéral sans trainer en espérant trouver un recoin où nous pourrions nous cacher.

Demande de modération

Malheureusement pour nous, la porte que nous avons tenté d'ouvrir resta close. Nous avions néanmoins trouvé un recoin tranquille où personne ne passait. Les voix qui nous avaient tant fait peur s'éloignèrent lentement et finirent par s'éteindre au bout d'une poignée de longues secondes. Nos capteurs de vie s'éteignirent, confirmant l'absence d'agents dans les environs immédiates.

Profitant de ce calme bienvenu, Harmony et moi nous sommes faufilés en direction de la cage d'escalier où nous avons été confrontés à un choix : prendre l'ascenseur ou emprunter l'escalier. Si la première option était certes la moins fatigante, c'était surtout la plus dangereuse. Il suffisait qu'un agent soit déjà dans la cabine ou veille l'emprunter et nous aurions été privés d'échappatoire ! Nous avons donc opté pour la sécurité et nous sommes engagés dans les escaliers. Au moins, si quelqu'un montait ou descendait, nous l'entendrions venir.

Une volée de marche plus tard, nous sommes arrivés au second étage. Nous aurions pu monter encore un peu, mais cela n'était pas nécessaire. Selon nos informations, c'était ici que se situait le laboratoire que nous recherchions. J'ai prudemment sorti la tête de la cage d'escalier et ai observé les alentours. Nous allions entrer dans un large hall donnant accès à quelques pièces et différents couloirs partant dans toutes les directions. Malheureusement, nous ne connaissions pas la position exacte de notre cible, juste son étage. Bon, c'était déjà un bon début.

Tout à mes réflexions, j'ai manqué de vigilance et deux Rockets me surprirent en sortant de ce que je supposais être une sorte de débarras. Ils nous avaient repérés ! Après un bref cri pour nous interpeller, le plus imposant m'a attrapé et poussé violemment contre un mur, me mettant momentanément hors de combat. Il attrapa alors Harmony et la passa à tabac avec l'aide de son compère.

J'ai finalement réussi à rassembler mes esprits, mais trop tard. La jeune fille gisait déjà au sol, inconsciente. Furieux, j'ai fait sortir Adurno et Firnen de leurs pokéballs, les envoyant directement à la figure de celui qui m'avait frappé, un grand gars blond, pour le distraire le temps que je m'occupe de l'autre.

Je fis face à mon adversaire et lui ai sauté dessus alors qu'il se relevait à peine suite à son agression d'Harmony. Il n'était pas bien grand et j'avais l'avantage de la surprise, je devrais donc pouvoir m'en débarrasser sans trop de soucis.  Je lui ai sauté sur le dos et lui ai mis un grand coup de poing à l'arrière du crâne. Il tomba sous mon poids et j'en ai profité pour lui remettre quelques coups dans la colonne. Il semblait déjà avoir eu son compte.

Je me suis retourné pour voir l'autre trop occupé par Firnen et Adurno pour faire attention à moi. Mon Marill mettait des coups de boule dans tout les sens tandis que le Massko lui était grimpé dessus et l'attaquait directement au visage. Je me suis placé derrière lui et ai envoyé le plus puissant coup de pied que je pouvais droit dans son entrejambe. Au nom d'Arceus, que ça soulageait de faire ça ! Avec un petit cri étrangement aigu, il tomba au sol en pressant ses mains contre ses parties intimes. J'en ai profité pour lui mettre encore deux ou trois mandales pour m'assurer qu'il ne bougerait plus avant un moment et me suis relevé.

Après les avoir trainés et enfermés dans le débarras, où j'ai préalablement cherché de la corde pour les attacher et les bâillonner au cas où ils se réveilleraient, je suis allé au chevet d'Harmony. Elle ne semblait pas particulièrement blessée, juste un peu dans les pommes. Elle ne devrait pas tarder à se réveiller.

En attendant, je me suis relevé et ai commencé à observer les différentes directions que l'on pourrait prendre. Le laboratoire devait forcément se trouver dans une grande pièce, le problème étant qu'il n'y avait que des grandes pièces autour de nous. Je me suis résolu à appliquer mon oreille sur la porte juste en face de moi pour tenter d'entendre quelque chose. Des pokémons captifs, ça devait forcément faire un minimum de bruit, assez pour qu'on les entende à travers une porte. Si je n'entendais rien, je me dirigerais vers le couloir de gauche, c'était par là qu'il semblait y avoir le plus d'endroits potentiels à fouiller.

Demande de modération

Après quelques secondes, j'ai retiré mon oreille de la porte. Aucun bruit n'avait retenu mon attention, ça ne devait pas être le laboratoire. Je suis retourné vers Harmony et lui ai tapoté la joue légèrement, espérant que cela serait suffisant pour la réveiller. Elle s'agita un peu et ouvrit les yeux, découvrant que les deux agents qui nous avaient repérés étaient hors d'état de nuire.

Je lui ai laissé quelques instants pour se remettre de ses émotions et ai jeté un oeil un peu plus loin dans le couloir sur notre gauche. Un éclat de lumière attira mon attention, mais je suis retourné vers Harmony pour m'enquérir de son état avant d'avoir pu bien discerner ce que c'était. Elle m'assura qu'elle allait bien, nous nous sommes donc dirigés vers la fameuse lumière que j'avais repéré.

Nous sommes arrivés devant une immense baie vitrée derrière laquelle se trouvaient nombres de machines... et de cages. Nous avions trouvés le laboratoire ! Un Linéon inerte se trouvait sur ce qui ressemblait à une table d'opération. Enfermés un peu partout dans la pièce, des dizaines d'autres pokémons de taille à peu près identique se débattaient, grognaient ou tout simplement attendaient, fatigués de se battre. On pouvait discerner des Évolis, des Zigzatons, des Pikachus et beaucoup d'autres.

Le long des cages, un homme en blouse blanche pianotait sur un clavier d'ordinateur, trop occupé pour nous remarquer. Heureusement qu'il était seul. En l'état actuel des choses, nous devrions être capables à nous deux de le neutraliser sans trop de problèmes, ce qui aurait été probablement impossible en journée avec des agents grouillant dans tous les coins du bâtiment.

Je me suis brusquement frotté les yeux. J'ai regardé un peu mieux une des cages faisant le coin avec le mur du fond. Il m'avait semblé voir... Oui, je n'avais pas rêvé. Il y avait bien un Mew dans ce laboratoire ! Comment ces salauds de la team Rocket avaient-ils réussi à mettre la main dessus ?

C'était plus que je ne pouvais en supporter. J'ai pénétré dans la pièce, résolu à mettre ce 'scientifique' hors d'état de nuire.

Demande de modération
Massko attaque Giga-sangsue

Firnen: