Premiers soins ! [PV Mayura]

Je l’ai entendu du centre Pokémon, un peu plus au nord. Quelque chose de lourd a dévalé la pente des montagnes, après une explosion. Sur le coup, ça ne m’a pas choqué. J’entends toutes sortes de choses en pleine journée, c’en est parfois assourdissant. En revanche, ce sursaut de panique hurlé juste avant le choc ultime, suivi d’un horrible silence… ça, ça m’a fait quitter ma pause.

J’ai couru sans réfléchir jusqu’aux bordures des caves jumelles, guidé par de faibles gémissements perdus au milieu du brouhaha de la nature.
Un tas de roches jonchaient le sol, éparpillées autour d’une boule de laine immobile. Un Wattouat, comme bien d’autres sur cette route, qui avait eu le malheur d’être au mauvais endroit au mauvais moment. J’ignore quel affrontement a pu avoir lieu là-haut, mais je suppose qu’ils se fichent de la victime qu’ils ont provoquée.

J’essaye de rassurer l’animal en m’approchant puis caresse son visage de mes mains. Mes antennes se perdent dans sa fourrure, analysant ses blessures. Plusieurs roches l’ont touché, certaines en partie amorties par cette même fourrure. Le plus gênant, c’est qu’une a percuté ses pattes arrière. Impossible de déplacer l’animal !

Il n’est pas si gros ? Je pourrais peut-être…

Me sentant très ambitieux, j’essaye de soulever la victime pour la tirer vers le centre Pokémon. Inutile de préciser que je n’ai pas avancé d’un mètre. Ça a dû être cocasse de me voir essayer, puis couiner aussitôt en sentant l’effort tirer sur mes cicatrices encore douloureuses !
Pas le choix, je vais devoir le soigner sur place ! Mais… Je n’ai pas grand-chose sur moi. Une ou deux potions basiques et des bandages, tout au plus. Rien qui remettrait ses pattes d’aplomb.

Courage petit Wattouat ! Je vais trouver quelque chose ! Je jette des regards paniqués de gauche à droite, cherchant une solution tout en entamant les premiers soins sur ses pattes.

Mes oreilles s’agitent à l’approche de bruits de pas. Rien de feutré ni de pressé, ça devrait aller ! Néanmoins, je me retourne vite pour observer l’inconnue, avec beaucoup trop d’espoir lisible dans mes yeux.

Un espoir vite comblé par la question de l’humaine. J’abandonne tout ce que j’avais entre les mains et m’emporte :

— Oui ! Oui ! Oui !

Pas besoin que je traduise ça, hein ? L’avantage de savoir prononcer quelques syllabes bien utiles. On s’adapte vite quand on doit même savoir communiquer avec de petits enfants !

Je me redresse vite et accoure vers l’humaine pour essayer de lui prendre la main et la tirer vers le Wattouat, plus précisément ses jambes pour lui montrer sa blessure la plus importante. J’ai à peine eu le temps de bander la blessure pour calmer les saignements, mais il me faudrait d’autres outils ; ou capacités ; pour faire mieux. Après quoi, je pointe la direction du centre Pokémon en espérant qu’elle comprenne au moins mon objectif :

— Mé ! Mémé ! (Il est blessé ! Faut le porter au centre Pokémon !)

Entre elle et son Pokémon, ils devraient faire mieux que moi, pas vrai ? Je ne tiens pas en place, bien trop pressé de pouvoir soigner le pauvre Pokémon en souffrance. Il continue à gémir, très faiblement. Et chacun de ses gémissements me hérisse les antennes tel un choc électrique.
De temps à autre, je lance aussi quelques regards en direction des montagnes, d’où sont venus les rochers. D’instinct, je m’adresse plutôt au Pokémon qu’à l’humaine, encore incertaine de ce qu’elle comprend de mes paroles :

— Nanmé ! Nanméouis ! (C’est dangereux de rester ici ! Les roches sont tombées de tout là-haut !)

Qui sait ce qui a pu provoquer cela ? Je n’ai pas envie d’attendre que cela recommence pour m’en prendre une à mon tour !

Oh ! Elle répond directement à ce que j’essayais d’exprimer. Je jette un œil au dragon, m’imaginant qu’il est capable d’un lien télépathique entre lui et sa dresseuse… mais non ! C’est l’humaine qui semble avoir un truc dans l’oreille. Ooooh ! Je prends un air très intéressé, avec une main devant la bouche. Environ deux secondes. Juste avant qu’un gémissement du Wattouat me ramène au plus important.

Allez hop ! Je range mes affaires et laisse l’humaine prendre les devants. Surtout qu’elle a une solution idéale : un Pokémon bien plus costaud que nous trois réunis ! Génial, ça ! Je bondis de joie en voyant le bodybuilder. Mais… Ne pas oublier que le Pokémon à transporter est blessé !
Je donne quelques indications au Machopeur afin qu’il garde le mouton dans une position aussi agréable que possible, sur le dos, tandis que mon antenne gauche suit le mouvement de l’animal.

Et donc, on y va ? Un dernier check pour m’assurer que le mouton supportera le voyage, et…

— Oui !

Je prends les devant en marchant d’un pas hâté. Puis après quelques mètres, comme si mon objectif n’était que de montrer la direction, je ralenti à hauteur du groupe et repose une antenne sur le Wattouat. Tout va bien ! Mais je ne veux pas le laisser sans surveillance.

— Nanméouïe, nan ! Mééé… (Heureusement que vous êtes là, je n’aurais jamais réussi à le porter jusque là-bas. Ni à le soigner sur place…)

J’ai l’air un peu abattu à cette dernière phrase. Ça ne devrait pas arriver ! Sans mes blessures, j’aurais eu toutes les compétences nécessaires pour rétablir ce Wattouat. Ou au moins éviter la panique.

Au centre, la question ne se posera plus ! Il y aura les infirmières, et toutes les machines. Et grâce au Machopeur, la route ne devrait pas être longue !

Vraiment pratique ces engins dans l’oreille. J’arrive à lui parler comme je le ferais avec sa Pokémon !
Je continue à surveiller le pauvre Wattouat de mes antennes tout en discutant, calant mes pas sur le rythme du Machopeur. L’humaine est gentille, je crois qu’elle essaye de me remonter le moral. Je lui renvoie donc un grand sourire et hoche vivement la tête.

— Oui ! nanméouïs ! (J’aurais tout fait pour trouver comment l’aider !)

J’agite les bras, poings serrés, tel un boxeur prêt à remonter sur le ring. Il ne faut jamais se laisser abattre ! Le patient attend d’être sauvé. On se posera des questions philosophiques après l’avoir sorti d’affaire !
Pour autant, je ne me pardonne pas ma faiblesse de ces derniers temps. Portant un regard sévère sur mes bras, dont les blessures apparaissent à la vue de l’humaine, je me gronde en silence pour ma bêtise avant de reprendre :

— (Quand je ne suis pas à fond, ce sont les patients qui souffrent. Je n’aime pas qu’un Pokémon souffre à cause de mes erreurs !)

Autant dire que je mets bien la pression tout seul !

Tout en discutant, mon antenne libre se balade et vient se poser sur le bras du Machopeur pour analyser ses constantes vitales en même temps que celles du Wattouat. Quoi, il n’est pas malade ? Oui mais tant pis, c’est un réflexe chez moi ! On ne sait jamais qui pourrait couver quelque chose sans le savoir lui-même. En prime, ça me permet d’avoir une idée de leur état d’esprit ! Même si, dans le cas de cette humaine, j’ai déjà l’impression que ses Pokémon se portent bien, alors je ne m’attends pas à découvrir quoi que ce soit d’étrange.

Spoiler:

Est-ce que cet outil de traduction traduira facilement un nom ? Vu que j’ai celui d’une plante, ça devrait aller.

— (Camomille ! Ma dresseuse l’a choisi quand on était petits.)

J’aime mon nom. Mais j’ai bien conscience qu’Océane était un peu jeune à l’époque. Quant on lui a expliqué que je l’aiderai à apaiser les gens, elle a tout de suite pensé aux tisanes de sa mère. Et hop, nom choisi ! Tant pis si ça ne fait pas très garçon. De toute façon, avec mon physique, je ne suis plus à ça près.

Je me frotte le bras d’un air gêné en voyant que Mayura réagit à mes blessures. Oups ! Je ne voulais pas l’inquiéter. Ce n’est pas moi qu’on doit soigner aujourd’hui. Je secoue la tête pour jouer le dur et répond :

— (Ce n’est pas si terrible ! C’est juste bête. J’ai fait un câlin à un Shitai.)

C’est une façon simple de résumer l’action. Surement plus bête encore que la réalité… Quoi que ? Pas tant que ça. Mais j’ai beau être naïf, je sais bien qu’il serait stupide d’entrer dans les détails. Ma dresseuse m’a éloigné de cet univers sombre, ce n’est pas pour que j’y retombe en discutant de ça avec la mauvaise personne.

Je préfère parler de ma drole de morphologie ! Enfin, d’abord je sursaute à la question de l’humaine et retire vite mon antenne de son Machopeur, comme si j’avais fait une vilaine bêtise. Ensuite, je réponds ! En m’excusant au passage :

— (AH ! Pardon, pardon ! C’est un réflexe, je ne voulais pas être impoli ! Elles me permettent d’écouter le corps des êtres vivants. J’entends si leur cœur bat à un rythme normal, si une maladie les perturbes, s’ils sont fatigués ou stressés… Tout un tas de trucs utiles !)

Il serait compliqué de résumer ça en quelques mots, mais ces antennes naturelles combinent les capacités de plusieurs machines humaines assez développées. Très pratique pour un diagnostic immédiat en cas d’urgence !

Oui, c’est un bel euphémisme ça, "pas en état de l’apprécier" ! C’est plutôt classique le jour d’une euthanasie. Logique, je n’en ai pas assez dit. Mes mains s’entrelacent et se délient sans cesse, semblant dénoncer mes non-dits malgré que je me contente d’hocher la tête pour acquiescer et éviter les sujets morbides. On a un Wattouat à soigner, c’est plus important !

Je retrouve mon calme en réalisant que Mayura ne me réprimandait pas pour avoir utilisé mon antenne sur son Machopeur. Elle était juste curieuse ! Et même envieuse ? Ah bah c’est marrant, ça ! Pourtant en tant qu’humaine, elle n’a qu’à acheter un Pokémon comme moi, non ? Étant domestiqué depuis ma naissance, il me parait naturel que certains Pokémon n’existent que pour aider leurs dresseurs.

— (C’est sûr ! Sans ça, je serai perdu. Mais les infirmières aussi, elles ont des tas de techniques pour faire pareil. Elles pourraient t’apprendre, c’est tout simple !)

J’ai vu Océane les utiliser un nombre incalculable de fois. À tel point que je peux les mimer tout en marchant pour les expliquer à Mayura. D’abord sur le cou :

— (En mettant leur doigt là, elles sentent le cœur qui bat.)

Puis sur le front :

— (La main ici pour la fièvre.)

Et un tas d’autres idées qui me viennent en tête parmi ces gestes quotidiens du diagnostic humain. Comme forcer l’ouverture de mes paupières avec les mains :

— (Et comme ça aussi ! Pour la tension et la réaction du patient.)

Je dis ça tout en continuant à surveiller le Wattouat d’une antenne. J’ai tellement l’habitude ! Tant que je ne perçois aucun déclin de sa part, c’est aussi simple que de marcher. Je reprends donc avec un enthousiasme évident. Faut dire que j’envie autant les machines humaines que Mayura envie mes capacités !

— (Et au centre ou en hôpital, y’a tellement plus ! D’abord les grosses machines pour voir sur un écran tout le corps de quelqu’un allongé, mais aussi les machines qui peuvent étudier le sang et savoir exactement tout ce qu’il y a de bizarre dedans. À côté mon diagnostic, il est tout basique !)

Je reconnais les pathologies les plus communes. Et celles que je peux guérir seul. Le reste du temps, je constate les problèmes avant d’envoyer le patient en soins intensifs. Et je ne vous parle même pas de la machine principale du centre Pokémon ! Toutes les blessures des combat Pokémon légaux traitées en quelques secondes, la fatigue en prime, et sans aucune limitation. C’est incroyable !

Mes oreilles s’agitent à l’annonce des études de l’humaine. Ça alors, quel hasard ! C’est une apprentie médecin !

— (Tu étudies la médecine ?! Mais c’est génial !)

J’adore rencontrer d’autres médecins. Et une en devenir, c’est encore mieux ! J’espère pouvoir lui donner plein de conseils.
Mais d’abord, un bon fou rire ! Le coup du Métamorph… Océane aussi, on lui en a fait baver durant les études ! Ce n’est pas pour rien qu’on raconte que les études de médecine sont parmi les plus compliquées. C’est long, y’a du challenge, et une quantité atroce d’informations à retenir. Et moi, je devais la soutenir tout du long.

— (Faut pas t’inquiéter. Ça parait dur durant les études, mais ce genre de cas ça finit en anecdote, puis on s’y habitue ! Ma dresseuse stressait à chaque nouvelle espèce les premières années. Aujourd’hui elle pourrait soigner une nouvelle espèce sans l’aide de personne.)

Enfin… S’il ne lui est rien arrivé. Je reste positif.

Mayura marque un point en notant la disponibilité des centres Pokémon et de leurs machines. C’est pour ça qu’on se retrouve souvent comme aujourd’hui, à devoir trimballer des blessés en urgence ! Et là encore, on dirait que Mayura me trouve incroyable.

— (Héhé ! Merci, c’est gentil. Si je peux aider tant que ça, ça me rend heureux ! Je suis sûr que toi et tes Pokémon aussi, vous sauverez des tas de gens grâce à vos compétences plus tard !)

Je suis aux anges, mon égo rechargé à bloc grâce à l’insistance de l’humaine. Si même une parfaite inconnue trouve que je fais du bon travail, c’est que ça doit être le cas ! Je vais redoubler d’effort et poursuivre sur cette lancée.

La souffrance du Wattouat touche à son terme. Le centre Pokémon est en vue ! J’enlève mon antenne du Pokémon blessé et pointe du doigt notre destination avant de m’y ruer à la hâte :

— (Je vais chercher l’infirmière !)

Autant ne pas perdre une minute. La porte du centre Pokémon s’ouvre à mon approche, et j’appelle l’infirmière d’un "Nanmé ! Nanmé !" bien pressé. Le centre n’a pas l’air surchargé, elle devrait pouvoir se libérer quelques instants. Et en prime, Mayura va pouvoir lui expliquer la situation d’humaine à humaine ! Un gain de temps formidable.

Roooh, Mayura n’a pas l’air aussi enthousiaste que moi quand elle parle de ses études. Après, est-ce que je suis un bon exemple ? Je m’enjaille facilement. Océane aussi ! Ce genre de missions dont parle Mayura lui plaisait autant que celles où elle était plus impliquée. Voir les "pros" en action, c’est quelque chose !

— (C’est vrai qu’au début, on ne fait pas grand-chose. Mais c’est important de regarder ! Presque autant que de pratiquer !)

Allez, courage ! Ce ne sont que quelques années difficiles, et après le monde de la médecine lui ouvrira la porte !... Un monde encore plus complexe et incertain, youhou ! Faut vraiment qu’on soit passionnés pour vouloir quelque chose d’aussi fou. Quant à mes antennes :

— (Et puis, je suis sûr que ton équipe aura plein de capacités aussi cools que les miennes, plus tard ! Je suis déjà soulagé de t'avoir croisé aujourd'hui !)

Elle aussi sera parée à tout une fois formée. S’il manque quelque chose qu’aucun Pokémon ne peut apporter, on apporte l’outil pour. Juste pour combler les vides. J’admets que pour ma part, j’avais l’impression de combler la majorité des besoins… Tout sauf la force physique ! Ça, Océane appelait d’autres Pokémon quand il s’agissait de tenir des patients tranquilles.

Concernant le patient du jour, je doute qu’on ait des problèmes. Un Wattouat, c’est lourd à porter, mais ça ne bouge pas trop une fois immobilisé. Et au pire, on l’endormira.
L’infirmière nous rejoint à l’entrée du centre Pokémon après que je l’ai appelée.

— Oh, le pauvre petit, que lui est-il arrivé ?

Pas dur de repérer le blessé dans notre groupe, entre les bras de Musclor. Pour ça, je laisse Mayura répondre, puisque je lui ai déjà fait le topo. C’est après que je vais intervenir.

— Merci de l’avoir amené, nous allons nous occuper de lui !

— Nan, nan !

Ce n’est pas une blessure grave, autant en profiter. J’enlève mon chapeau de médecin puis saute sur place pour essayer de le poser sur la tête de Mayura. Puis j’attrape sa manche et la tire vers moi, l’invitant ainsi à m’accompagner pour la suite des soins du Wattouat. Elle voulait un peu de pratique, c’est l’occasion ! Libre à elle de refuser, bien sûr. Mais je suis certain que l’infirmière du centre serait ravie d’avoir un coup de main.

Haha ! Mayura insiste sur les exercices pratique. Je n’ajoute rien d’autre qu’un petit sourire amusé et un hochement de tête. Elle comprendra plus tard, quand elle-même deviendra une vraie professionnelle ! Ce n’est pas toujours idéal de laisser le champ libre à un étudiant sur une intervention, ni pour le patient ni pour l’étudiant.

Pareil sur son équipe ! Elle s’inquiète trop :

— (T’inquiète pas ! J’suis sûr qu’un tas de Nanméouie sauvage seraient ravi de t’accompagner.)

On a tous ce même besoin d’aider ceux dont nos antennes perçoivent les souffrances. Elle n’aurait qu’à annoncer son ambition d’être toubib, et ils rappliqueront ! Mais inutile de forcer les choses. Pour l’instant, profitons qu’elle ait l’occasion de pratiquer un peu !

C’est surement une connerie, ce que je fais. C’est ça, de vouloir faire plaisir à tout le monde ! Je ne suis pas inquiet pour le Wattouat, mais j’espère qu’au moins, Mayura est une bonne élève. Parce que je me sentirais encore plus mal de la laisser entrer pour devoir la mettre dehors après une erreur médicale !

Après avoir passé l’infirmière, j’attire l’humaine jusqu’à l’une de nos salles de soin où nous allons pouvoir déposer le Pokémon blessé sur une table d’opération. La salle est assez large pour soigner un Ronflex, le Wattouat sera à son aise. Sur les différents meubles qui nous entourent, tout le matériel médical nécessaires aux urgences les plus communes est déjà disposé par type. Du matériel de qualité, nettoyé et prêt à l’emploi ! Et oui, c’est moi qui aie tout préparé avant de partir. Je ne suis pas qu’un bon samaritain en quête de blessés, j’aime aussi aider mes collègues en leur facilitant la vie.

— (Il faut bien le maintenir tout du long ! Et empêcher ses pattes de bouger. Je lui avais fait un garrot sur place le temps de le déplacer. On va pouvoir lui retirer, soigner la plaie et les contusions, puis vérifier qu’il n’y a aucune complication avant de passer au soin machine.)

Tout un programme ! Mais d’abord… Je lance un dernier regard sérieux à mon amie du jour.

— (Tu te sens prête, hein ? Rien ne t’y oblige, je peux appeler l’infirmière.)

J’ai confiance en elle, en revanche je ne veux surtout pas que Mayura se sente forcée si elle ne s’en sent pas capable. C’est une opération toute simple, qui lui permettrait de pratiquer et utiliser quelques outils du centre, mais elle n’est qu’étudiante.

Clac ! Je tape mes mains l’une contre l’autre, tout souriant aux deux remarques positives de Mayura. J’ai hâte de voir ce dont elle est capable ! Et un peu peur aussi. J’espère que c’est une bonne élève comme je l’imagine, sinon ça va être la catastrophe et je vais me sentir vraiment mal !

— (Super ! On se lance ! Courage Wattouat, tu te sentiras bien mieux dans quelques minutes !)

Le Pokémon veut bien me faire confiance, mais pour l’instant, il souffre ! Alors il m’accorde juste un bellement de souffrance. Pauvre petit ! Faut qu’on fasse vite.
Je repose une antenne sur le blessé. Au moins, son état est stable.  

— (Tu peux commencer par lui retirer le garrot, tout doucement, en maintenant sa patte immobile. Et nettoyer la plaie, tiens !)

Je mouille une serviette bien chaude pour aider la circulation sanguine à reprendre et la tend à Mayura. Moi, je vais plutôt utiliser les trucs que je ne suis pas sûr qu’elle saurait utiliser. Comme ce petit outil à onde, qui reproduit sans peine un Vibrasoin ! En temps normal, je le ferais moi-même, mais avec ma blessure je dois me rabattre sur des outils humains.

— (Je vais m’occuper de soulager ses autres blessures moins graves pendant ce temps.)

Avec ça, je me sens comme en pleine forme ! Sauf que c’est moins précis. Moins puissant. Moins bien, quoi ! Je passe l’objet à travers la laine du Wattouat pour soulager les douleurs que je perçois à travers mes antennes, que quelques roches plus petites ont éraflé.

— (Tu sais quoi faire après ?)

J’en profite : le temps qu’elle fasse la première étape, je lui fais deviner la suite. Soit elle trouve et je la laisserai continuer, soit je lui donnerai la solution quand on en sera là !

— (Oh ! D’ailleurs, tu as un Pokémon glace ? On pourrait en avoir besoin. Sinon je vais aller récupérer des glaçons !)

Ça aussi, j’aimerais bien savoir le faire. Mais je n’ai jamais eu le temps d’apprendre ! Trop focalisée sur les soins directs. Au besoin, on a un congélateur dans la pièce avec plusieurs compresses gelées déjà prêtes.

Ouf, Mayura a de bons réflexes ! Son Pokémon semble pouvoir soigner aussi, mais il faut nettoyer avant de refermer la plaie. Elle a bien raison ! Je suis soulagé d’avoir fait le bon choix en la laissant venir.
Sur ma question aussi, elle s’en sort comme une chef et devine ce qui m’inquiétait avec les infections :

— (Oui ! C’est parfait ! Tu as de l’eau oxygénée là pour nettoyer, et ta Pokémon pourra t’aider à refermer la plaie après ça.)

Je pointe du doigt ces bouteilles molles typiques de l’hôpital, pratiques pour expulser leur contenu de façon précise sur une plaie.
Quant à sa Pokémon, je ne savais pas qu’elle savait soigner aussi ! Décidément, Mayura a vraiment tout pour aider.

Pour la glace, en revanche, je vais me débrouiller. Je secoue la tête et me dirige vers le congélateur pour l’ouvrir et en sortir une compresse glacée. Ça lui fera du bien un peu de froid sur sa blessure quand on en aura terminé !

— (Ah non, non ! Pas de berceuse. Quand la blessure n’est pas grave, c’est mieux de rester conscient. Au besoin, on anesthésie localement, mais le corps se défend moins bien endormi, et on perçoit plus difficilement les complications.)

Sinon, j’aurais déjà été chercher un des Pokémon hypnotiseur du centre. Ironiquement, ils sont surtout utiles pour les patients récalcitrants !

— (Par contre la capacité de ton Nymphali, ça a l’air super ! Enfin, s’il la maitrise bien. Faut pas risquer de troubler le Wattouat.)

Je préfère préciser. Y’en a qui provoquent des catastrophes juste en testant leurs pouvoir psychiques pour la première fois, alors on ne sait jamais !

Entre deux actions médicales, je n’hésite pas à revenir vers le Wattouat pour le rassurer d’une caresse sur la tête et quelques mots chaleureux. Et en prime, j’en profite pour l’examiner à nouveau de mes antennes.
Malgré tous les efforts de Mayura, le retrait du garrot n’a vraiment pas été agréable pour lui ! Il s’agite un peu. Heureusement, il n’a pas la force d’en faire plus. Ce sera bientôt fini de toute façon. Je ne perçois plus de blessures autre que celle à sa patte, et celle-là est entre de bonnes mains.

Mon visage s’illumine à l’entendre satisfaite de ce cours pratique improvisé. Je suis si content ! Moi qui craignais qu’elle s’ennuie comme avec ses professeurs.

— (Hihi ! Je crois que c’est la première fois qu’on me dit ça. D’habitude, c’est toujours moi qui assiste les humains et doit apprendre des trucs.)

Normal, j’ai toujours été en compagnie de ma dresseuse. Ou alors seul, depuis ces derniers temps.
Je salue joyeusement le Nymphali à son apparition et observe le résultat de son étrange capacité sur l’esprit du Wattouat. Et autant dire que j’en suis aussi ravi que le patient :

— (Trop bien, c’est efficace !)

Sa blessure est toujours en traitement. Il n’a vraiment pas aimé le retrait du garrot ! Pourtant je le sens à présent apaisé. Il cesse de se débattre et pourrait même s’endormir si l’opération durait trop longtemps. Par chance, comme Mayura le fait remarquer, on en aura bientôt fini.

Lorsqu’elle m’interpelle, j’abandonne ce que je faisais et contourne la table d’un pas rapide afin de rejoindre l’humaine. Une de mes antennes se pose sur la patte blessée du Wattouat, étudiant la blessure mieux que nos yeux pourraient le faire :

— (Hmm… je ne perçois aucun corps étranger, et aucune lésion interne.)

Je me tourne vers Latias, habitué à échanger avec mes collaborateurs Pokémon comme humain de la même façon. J’espère que ça ne va pas agacer Mayura ! Certains dresseurs sont vraiment à cheval sur leur hiérarchie.

— (Plus qu’à refermer la plaie, et il pourra enfin souffler ! Tu peux y aller avec ton Vibrasoin Latias, on compte sur toi !)

Je lui fais un pouce levé pour l’encourager de toute ma bonne humeur. Si sa capacité est aussi efficace que mon vibra soin de l’époque, on pourra souffler après ça ! Juste à poser la compresse sur la jambe du Wattouat quelques minutes tandis qu’il se repose, pour calmer ses muscles endoloris. Le pauvre petit va pouvoir se reposer.

Elle est si gentille ! C’est adorable ! Et même ses Pokémon sont mignons comme tout. Une vraie petite équipe efficace.
Je reprends sur la capacité du Nymphali :

— (Vous pourrez même la travailler ! Je ne connais pas assez, mais y’a surement un tas d’utilisation pratiques. Faudra que tu demandes à tes professeurs, ils doivent mieux connaître ça !)

Je suis sûr qu’il y a plus à en faire qu’un simple calmant mental. En temps normal, j’aurais cité ma propre dresseuse, bien sûr. Elle saurait surement comment entrainer le Nymphali pour qu’il devienne un excellent assistant médical. Comme pour moi ! Mais en l’absence d’Océane, Mayura est mieux de se tourner vers ses professeurs. Ou les infirmières du centre !

Parlant de capacités exceptionnelles, je commence à rougir à force d’être complimenté sur mes antennes. Ça aussi, ce n’est pas souvent ! Ici, tout le monde est vraiment doué pour soigner, c’est presque nécessaire de savoir étudier le patient.

— (Hihi… Désolé c’est vraiment la seule chose que je ne peux pas t’apprendre à faire !)

Si je le pouvais, je le ferais !
J’observe le Vibra-soin du Latias avec une certaine mélancolie. J’ai hâte de guérir, moi aussi ! Ça me rend tellement triste de ne pas pouvoir guérir efficacement. Je m’entraine encore tous les jours pour réutiliser mon vibrasoin, mais rien ne vient pour le moment, les blessures sont encore trop récentes.

La blessure du Wattouat se referme. Parfait ! Je dépose la compresse sur sa blessure, étudie ses réactions quelques instants, puis me retourne vers Mayura :

— (Et tada ! On en a fini, il aura juste besoin d’un bon gros repos et il pourra retourner brouter les paturages.)

Pouf ! Je me jette sur les jambes de Mayura et la serre d’un gros câlin pour la remercier de son aide.

— (Merci tout plein, tout s’est bien passé grâce à toi !)

J’ai vraiment eu beaucoup de chance qu’elle passe dans les environs juste au bon moment. Ce n’est pas n’importe qui qui m’aurait accompagné jusqu’ici pour en plus m’assister dans la guérison du Wattouat !