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Rebis, ou les noces chymiques - (feat Eva)

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Message  Invité Ven 19 Jan - 22:51



Rebis, ou les noces chymiques


Tour Ferraille - Jour - Johto





Les battants de la lourde porte grincent à peine dans l’étouffant silence. Il y a quelque chose de majestueux, d’imposant, qui nous oblige à plus de retenue et de solennité. Impossible d’entrer ici en simples touristes… L’accueil est hélas tel que je l’avais craint : froid. Personne n’est ici le bienvenu qui ne montre expressément ses droits. Le moine, drapé dans sa bure d’un violet presque noir, crâne rasé et mine fermée, nous dévisage d’un air grave. Nous ne pourrons nous passer d’une explication. Mais enfin, j’ai bon espoir ! Comme je l’ai glissé à Eva juste avant que nous n’entrions : ma qualité de pèlerin et son badge d’arène vont sans nul doute nous simplifier grandement la tâche.

Eva accepte mon invite, et passe entre les battants en bois massif, suivie par son Pokémon. Je ferme la marche, précédé d’un Seth à peine calme. Devant nous s’étend une salle aux boiseries anciennes et d’un cachet certain. L’atmosphère est lourde, empoussiérée et mystique, pleine des effluves étourdissantes de l’encens brûlant dans les bols,  à quelques pas de là. Un silence épuré, dégagé des rumeurs de la ville, se referme sur nous en même temps que la porte. Les pas de celui qui nous accueille sont étouffés par le lourd tapis brodé au sol.

« Qui êtes-vous ? Et que voulez-vous ? »

Le ton n’est pas agressif, mais ne laisse rien au hasard : il faut parler sans ambages, sous peine de se faire débouter sans autre forme de procès. On ne badine pas avec la sécurité, en ce pays, ça non ! Tant d’austérité me ferait presque sourire, si je ne savais ce qui valait tant de précaution. Au moins, les lieux sacrés sont sous bonne garde. Je laisse la primauté des présentations à la jeune femme qui m’accompagne, et qui me paraît maintenant bien étrangère. Je la regarde en silence présenter doctement l’insigne honorifique donné par Mortimer. Je me doutais qu’un tel défi ne serait pas grand-chose pour une championne telle qu’Eva Mayers. Mais voir le fugace éclat de surprise dans le regard du moine me rappelle à quel point peu sont dignes d’un tel honneur, en vérité. Silencieusement, il acquiesce, et se tourne vers moi, l’attitude moins raide, mais pas moins méfiante. Je m’incline en un court salut rituel, sûr de ma démarche comme je l’étais le jour où je me suis présenté à Mauville :

« Nous sommes de grands voyageurs. Nous aimerions demander à entrer, avec votre permission. »

Le moine me dévisage intensément, comme pour jauger mes paroles. Ce simple mot de passe qui n’en était pas un, pouvait aussi s’entendre d’une façon. Son menton se baisse discrètement de quelques degrés, avec ce qui me paraît. Je n’ai ni la tonsure ni le chapelet de son ordre, mais, ma foi ! J’en ai déjà le verbe ! Et sans doute, aussi, l’âge d’être son père. Il semble beaucoup plus jeune vu de près. Un vieil adolescent, peut-être… Un très jeune adulte s’étant très tôt tourné vers des voies autrefois dévolues aux aïeul.

« Je vois. »

Son masque dur tombe quelque peu, et avec un geste aimable, il nous demande de le suivre.





« Nous y sommes. »

Mon murmure exalté se perd dans l’air. L’allée s’étend paresseusement sous la neige. Là où le manteau blanc se fait le plus mince, on entraperçoit l’éclat flamboyant des feuilles mortes tombées quelques semaines plus tôt, pieusement conservées sous le givre. Les pavés ne sont pas suffisamment piétinés pour rendre le passage glissant, et je m’y aventure. Le temps semble comme suspendu, figé, immobilisé en une gracieuse lévitation autour de nous. La nature semble avoir reflué devant la construction des Hommes, avec une déférence totalement inhabituelle, tandis que d’ordinaire, elle n’hésite point à s’y attaquer avec ténacité. Maintenant que nous sommes à ses pieds, la Tour nous domine de sa silhouette carrée et imposante. Les tuiles d’un indigo à peine passé souffrent en silence sous le poids de la neige s’y accumulant lentement. La flèche d’or reflète les pâles rayons de l’astre du jour à  son sommet, ayant à notre vue des airs d’étoile discrète, suspendue au pinacle du toit. L’image immaculée et sereine d’une beauté transcendant la simple architecture humaine. Il y a tant de puissance contenue en un tel lieu ! Même les yeux les plus profanes peuvent le sentir. Ici s’inclinent les vices, face à toutes les vertus. N’entrent que ceux dont le cœur est pur.

Ai-je le cœur pur ? Telle sera la question du gardien du seuil, sans doute, le jour du jugement.

Ma main tremble sur mon bâton : je sens une forme nouvelle d’allégresse effacer peu à peu ma tristesse et mes inquiétudes. Je suis fasciné, emporté vers les cieux que pointent magistralement cette pointe colossale. Vers le Haut ! Nous intime-t-elle d’un ordre qui ne souffre pas d’être contredis ! Élève-toi, ou péris en essayant. J’ai si longtemps cherché le lieu intérieur où je réaliserai la prophétie qui m’avait été donnée étant enfant. Celle par qui tous mes malheurs étaient venus, et par qui tout mon bonheur s’était aussi réalisé. J’embrasse soudain du regard, pour la toute première fois, l’énorme et douloureux chemin que j’ai parcouru… jusqu’ici. Aux pieds de la Tour Ferraille.

Je comprends à présent pourquoi. Pourquoi il m’avait fallu si longtemps pour parvenir jusqu’ici, alors même que Rosalia n’est pas la plus inaccessible des villes. Pourquoi c’est à Yule que s’ouvrent les portes de ce temple si farouchement gardé par ses habitants. Et pourquoi, parmi toutes les personnes de la Terre, c’est Eva qui se trouve aujourd’hui à mes côtés. Machinalement, j’ai compté les étages de la Tour, et alors j’ai compris. Ils sont dix. Dix étages couronnés par une flèche d’or. Deux tours, l’un en argent et l’autre en or. L’une en blanc et l’autre en rouge. Deux faces d’un même miroir, symétriques et fières, indissociables dans leur symbolique sacrée… jusqu’à ce que la symétrie soit brisée, par un violent soir d’orage.

Avec une longue respiration, je dis, rendu un peu nerveux par la perspective d’entrer ici :

« La Tour Ferraille n’est pas simplement une belle preuve de respect envers les Pokémon. C’est un lieu d’épreuve, un lieu sacré d'élévation, comme nous l’a implicitement laissé entendre notre hôte. Tout en cet endroit est symbole, et c’est par le symbole que nous pouvons comprendre les messages que les dieux nous donnent ! Oh, pas le genre d’épreuve que renferme une arène ! Non, non, c’est autre chose. »

Une chose que seuls les Pokémon peuvent comprendre. Une chose qui confine aux lois de cette Terre, et que les anciens, aussi proches qu’ils étaient d’elle, avaient compris. Combien d’âmes ont gravi cette Tour dans l’espoir d’y trouver ce qu’ils étaient venu chercher ? Des milliers, sans doute, depuis que la Tour a été bâtie. Si l’on en croit la pugnacité avec laquelle Mortimer lui-même s’entraine depuis toujours : nombreux ont été les appelés, peu ont été élus. Mais je garde l’espoir d’en être. Ce même espoir qui a animé ceux qui m’y ont précédé… Cet espoir qui m’a gardé en vie alors que mon corps rendait les armes. Cette détermination qui fait ce que je suis, et qui m’a mené si loin de par les routes, alors qu’on me prédisait la perdition.

Je sens soudain la présence d’Eva à mes côtés, même si présentement, tourné vers la Tour, je ne peux la voir. Elle est un point quelque part sur ma gauche, une source de chaleur qui s’évade lentement dans l’air glacé, en volutes discrètes. Les trois marches d’un granit blanc et froid ne sont plus qu’à un pas. J’ose un regard dans sa direction.

« Si nous sommes mis à l’épreuve, serez-vous avec moi ? »

Je lui souris, avec une sorte de sourire coupable, un peu trop triste pour n’être qu’un simple sourire :

« Cette fois, je suis prêt. »

Au fond de moi, je le sens, désormais. C’est une chose indescriptible, mais traduite par cette soudaine confiance. Comme si les cieux venaient de poser amicalement leurs bras titanesques sur nos épaules, complices.









Dernière édition par Archibald Lannysser le Sam 12 Mai - 10:32, édité 3 fois
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Message  Abby Johnson Sam 20 Jan - 11:05

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Une grande fatigue se fit alors sentir dans le corps et le cœur de la championne. Une sorte de pesanteur, presque d’oppressement. Elle ne se sentait soudainement plus à son aise, peut-être plus à sa place. Que faisait-elle ici au final ? Elle avait toujours été curieuse de visiter ce lieu mythique, mais maintenant qu’elle en franchissait les portes, elle ne se sentait pas bien du tout. Si Eva avait été médecin, elle aurait probablement pensé à un début de crise d’angoisse. Mais comme elle ne l’était pas, se fut la peur qui prit le dessus, avec l’envie irrépressible de faire demi-tour sur le champ. Nox non plus n’avait pas l’air bien tout à coup. Il avait toujours été un Pokémon sensible, de part ses capacités psychiques à capter les ondes autour de lui. Maintenant qu’il ne les avait plus, il était plus méfiant voire paranoïaque. La tour ferraille lui inspirait un drôle de sentiment lui aussi. Qui sait ce qu’il pouvait ressentir à présent dans son nouvel état de grâce.

Eva justifiait de sa présence par la présentation du badge de l’arène de Mortimer, alors qu’elle n’avait plus envie d’être là. Son corps agissait en automate, faisant le contraire de sa volonté. Pourquoi au fond ? Pour Archibald ? Cela semblait étrange, d’autant plus que la brune était toujours fâchée contre lui. Elle était peut-être là l’explication au final. Eva ne se sentait plus elle-même aux côtés du vieil homme et ses sentiments négatifs n’avaient strictement rien à faire dans un lieu comme la Tour Ferraille. Cet endroit la rappelait à l’ordre, hélas pour lui la colère était trop forte. Même une profonde inspiration ne parvint pas à raisonner la demoiselle. Son guide touristique attitré se vit accordé lui aussi le droit de passage. Dommage, cela aurait été une bonne excuse pour foutre le camp. Il lui cachait toujours quelque chose, c’était évident, mais c’était aussi une habitude. La méfiance se fit plus intense encore.

La grande tour n’était plus à quelques mètres d’eux à présent, imposante et les dominant de toute sa hauteur. Eva ne se sentit pas plus grande ni plus importante qu’un infime grain de poussière. Elle eut une nouvelle pensée pour Lugia. L’oiseau blanc aurait sans douté aimé volé près d’ici, peut-être croisé son homologue légendaire. Mais le laisser sortir là maintenant sous les yeux du moine aurait été une erreur. Plus tard peut-être. Elle ressentait néanmoins son énergie depuis qu’ils avaient franchis la porte principale. Lui au moins, avait envie d’être ici. Archibald prit la parole, mais ces mots n’avaient pas vraiment de sens pour la brune qui était bien trop terre à terre et fermé à la conversation. Il faudrait du temps pour dénouer tout cela. Mais en avaient-ils seulement ?

- Je ne suis pas du genre à croire aux dieux et autres chimères hélas. Mais les épreuves, ça, je connais.

Petit pic. Involontaire … ou pas. Allez savoir. Eva ne savait même pas si elle regrettait ou non d’être aussi dur envers Archibald. Mais c’était plus fort qu’elle. Pourquoi jouer la comédie et mentir ? On ne ment pas dans une tour Sacrée.
Vint alors une question à laquelle elle ne s’attendait pas. Une nouvelle épreuve pour accompagner Archibald ? Comment pouvait-il oser lui demander ça après la dernière qu’il lui avait fait subir ? Si ce n’était pas là de la provocation, elle ne s’y connaissait pas. Elle ne manqua pas de durcir son regard.

- Pas moi.

Non, elle n’était pas prête du tout à revivre des choses étranges, dans un esprit dérangé. Elle doutait que cela arrive ici, mais avec Archibald elle avait apprit à s’attendre à tout. Ce qui était sûr, c’était qu’elle ne voulait pas revivre de cauchemar à ses côtés. Le suivrait-elle jusqu’au bout ? Difficile à dire. Autrefois oui, mais maintenant …



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Message  Invité Sam 20 Jan - 15:54



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Tour Ferraille - Jour - Johto





Le revers fut à la hauteur de mes espérances : glacial, et glaçant.

" Je ne suis pas du genre à croire aux dieux et autres chimères hélas. Mais les épreuves, ça, je connais. "

Son profil a quelque chose de martial, de dur. Quelque chose que je ne lui avais plus connu depuis... oui, depuis notre toute première rencontre. Le voile se déchire si brusquement que je ne m'en rends compte que bien tard : rien autour de nous n'a changé, mais à cet instant, mon regard change. Envers elle, envers moi... Envers ce que je croyais jusqu'alors, envers tous ces sentiments hétéroclites, furieux et disparates que j'avais ressenti à son approche. Eva Mayers m'apparaît soudain bien différente : elle n'est plus la jeune femme ayant partagé ma vie l'espace d'une saison, elle n'est plus celle que mon cœur connaît. Je comprends que l'on ne peut changer les êtres qu'avec leur accord : si Eva ne souhaite pas aller de l'avant, je ne peux l'y contraindre. Je ne le dois pas, et je n'en ai nulle envie. Au moment où Eva prononce ses mots, quelque chose vient troubler son aura. Une chose suffisamment puissante pour la couvrir, bien plus puissante en réalité que l'humaine elle-même. Je me raidis, cherchant d'instinct la source d'un tel pouvoir, de peur de connaître déjà la réponse. Mais ce n'est pas une onde noire, vide, pleine de ressentiment... C'est une onde joyeuse, malicieuse presque, qui s'agite de rire. Je me retourne davantage vers elle, d'abord intrigué, avant de comprendre que la source de cette présence... est avec elle ! Je la détaille comme si elle m'était devenu étrangère - ce qui est certainement le cas :

" Vous ne croyez pas aux dieux, Eva. Mais eux croient en vous, et là est toute la vérité de votre être, sans que vous ne le sachiez. "

La présence s'efface de nouveau, sans rien laisser paraître de ce qu'elle est ou pourrait être. Il est sûr qu'en venant ici, nous allions être confrontés à des mystères. Seth lui-même n'a pas l'air bien plus renseigné que moi, mais il n'hésite pas à ignorer ce qu'il vient d'advenir et m'attrape la bure entre les crocs, pour me tirer vers la Tour. Laisse-la, on y va, me fait-il comprendre avec mauvaise humeur. Ma main se pose sur sa tête en signe d'apaisement : oui, nous y allons. Je souhaite seulement poser une simple question, qui me tient à cœur. La réponse est plus déroutante que la première. Plus encore, elle dénote surtout la volonté de me contrarier. Eva Mayers n'est plus la jeune femme de Poivresel. C'est une enfant, une enfant en colère, pensant naïvement que l'un de ses parents ne l'a menée au marché que pour l'ennuyer. Voilà ce que je lis dans ces yeux : un brûlant reproche. Elle ne comprend pas... Elle ne comprend pas que ce n'est pas pour moi qu'elle devra combattre, mais pour elle. Que ce n'est pas moi qui la mettrait à l'épreuve, mais elle-même. Tout ceci est bien trop long et trop complexe à expliquer ! Le seul moyen est de laisser la vie lui montrer la vérité, et de la laisser construire ses ponts et ses passerelles pour y accéder... Je la regarde fixement. Je vois l'enfant délicate et encore pleine d'innocentes illusions qu'elle est. Elle, la guerrière farouche et implacable, fermée au monde comme une armure de plates... Encore si fragile à l'intérieur ! Un Crustabri hérissé de pics venimeux, dont  l'esprit tremble à la seule idée de perdre cette précieuse armure. Inconscient que c'est de cette mue douloureuse et lente que les plus beaux papillons perdent leur lourdeur originelle pour gagner les cieux sous les milles couleurs de la vie. Une vie Eva, que vous n'avez qu'à peine commencé à vivre...

" Alors prenez votre temps. "

Je vous attendrai, je pense en mon fort intérieur, comprenant que cette vérité n'est pas bonne à dire. Mais je ne peux me résoudre à la laisser tomber, comme le bon sens aurait sans doute voulu que je le fasse, de guerre lasse sans doute. Mais je suis bien plus tenace qu'elle ne peut l'imaginer. Certaines de mes quêtes durent depuis trop longtemps pour que je me prenne subitement à leur tourner le dos. A elle, en revanche, je le lui tourne, pour la première fois en toute conscience et en toute volonté. Elle n'est pas venue ici pour moi, même si elle imagine qu'il s'agit d'une mauvaise ruse. Non, elle est ici parce que son épreuve, à elle, l'attend ici, tout comme la mienne m'attend aussi. Avec une nouvelle respiration, plus lourde que les précédentes, je gravis les marches une à une, avec mon pas maladroit. Me voici : l'intérieur, mystérieusement, paraît opaque et sombre, alors même que les portes sont ouvertes.

J'ignore la teneur du défi qui nous attend, mais je l'imagine à la hauteur de celui qui m'a valu de comprendre... la réalité de l’œuvre. Car cette Tour, mon ami, n'est rien d'autre que l'image corporifiée de ce qu'est le Grand Œuvre d'un alchimiste. Seth ne m'attend pas, et entre au rez-de-chaussé, aussi confiant qu'un soldat partant en guerre.

Lorsque mes pieds font grincer le plancher de la Tour, le très léger souffle d'air qui balaye ma nuque chante une longue plainte en quelque langue inconnue. Mon regard balaye l'immense pièce pudiquement fermée avec quelques somptueux paravents à l'ancienne mode. De tout aussi somptueuses statues en garde l'entrée, dressées tels de puissants dragons que nul ne peut espérer défier sans y être autorisé... Ces statues sont les représentations stylisées et élégantes du Pokémon divin qui couronne noblement cette quête insensée : Ho-Oh. Son nom résonne dans mon crâne avec un sourire, mes pensées parcourant les dix étages qui nous surplombent jusqu'au sommet. Chaque étage est une épreuve à part entière, et contient une image à observer et à comprendre. Ici, au rez-de-chaussée, se trouvent deux statues de part et d'autre de l'entrée... Ainsi que quatre autres, à chaque angle de la pièce. Rien d'autre, si l'on excepte le pilonne central et la tout aussi haute échelle qui mène au premier étage. Une échelle en bois vernis, dans les mêmes tons acajou que le reste du mobilier. Pas de poussière, seulement le bruit de quelque Pokémon galopant dans l'ombre.

" On l'appelle la chaîne d'Or à dix maillons. C'est ce qu'elle est, Seth ! Dix maillons qu'il va nous falloir grimper. "

Et il n'y a qu'à m'observer pour comprendre à quel point ce verbe est une épreuve pour moi !









Dernière édition par Archibald Lannysser le Sam 20 Jan - 20:56, édité 2 fois
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Message  Abby Johnson Sam 20 Jan - 20:17

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Eva était plus fermée qu’un Kokiyas au fond de l’océan et pour la première fois depuis qu’elle avait recroisée la route d’Archibald, elle culpabilisait. Le regard du vieil homme l’avait touché, plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle avait toujours des sentiments pour lui, mais tout était emmêlé, ingérable. Il était toujours aussi gentil et elle, elle était devenue plus froide qu’une attaque blizzard. C’était justifié pourtant, elle en avait bavé lors de leur dernière rencontre, sans compté toutes les disparitions, les secrets, c’était beaucoup.

*Tu sais très bien que ce n’est pas de sa faute*

Encore lui, décidément il allait lui faire chier jusqu’au bout celui là. Lugia. De quoi se mêlait-il encore ? Du fin fond de sa Pokeball, il jouait trop de ses pouvoirs psychiques avec celle qu’il accompagnait. Eva le soupçonnait d’être venu avec elle pour une autre raison que celle du cas Shitai et elle commençait à se dire qu’elle avait vu juste. Depuis le premier jour, le légendaire se voulait donneur de leçon, lui Pokémon sans doute irréprochable et professeur à ses heures perdues. Eva savait qu’elle ne devait pas penser cela d’un Pokémon aussi noble et mythique. Mais CE Lugia en particulier, avait le don de lui taper sur le système D. Non seulement il retenait ses Pokémon dans l’archipel mais en plus il n’en faisait qu’à sa tête et ne cessait de lui torturer l’esprit depuis des mois. Avoir un légendaire dans son équipe était une chance, mais aussi un fardeau.

*Sans moi tes Pokémon serais morts je te rappelle …*

Le pire, c’est qu’il avait raison. Eva se mordit silencieusement la lèvre alors que Lugia continuait impunément de lire dans ses pensées. Des pensées bien sûr qu’Eva ne contrôlait absolument pas. Ses pouvoirs étaient bien plus puissants que ce de Mentali par le passé. Trop puissant. Lugia était comme dans sa tête en permanence. Il lui avait assuré faire cela uniquement pour savoir quand intervenir, mais c’était agaçant et Eva vivait cela comme une intrusion, un viol de son esprit.

La belle était restée en retrait, regardant Archibald avancer. Il lui avait dit de prendre son temps après tout, alors elle comptait le faire. Si elle voulait fuir, c’était maintenant et sérieusement, elle y pensait. Elle ignorait pourquoi, mais elle était certaine qu’elle ne serait plus tout à fait la même après avoir visité la tour. Mais pourquoi, cela elle l’ignorait. Au fond, elle avait peur.
Sa main se rapprocha du talisman qu’elle portait au cou, sans s’en rendre compte, du moins pas immédiatement. Ce bijou venait d’Archibald. Pourquoi le portait-elle toujours après tout ce qui s’était passé ?

*Il est victime lui aussi, victime de son passé et de ses démons. Ce qui t’es arrivé n’est qu’un dommage collatéral*

Ohhh toi je te jure !!! Grrr. Eva bouillonnait et avait bien envie de dire au légendaire de se la fermer une bonne fois pour toute. Elle n’en pouvait plus d’entendre sa voix résonner dans sa tête. Puis comment faisait-il ça depuis sa sphère bicolore ! Mais si Eva s’énervait autant, c’était parce qu’il avait raison et elle le savait. Nox se rapprocha d’elle et lui donna un petit coup de tête pour l’inciter à avancer.

- T’as raison Nox, on ne va pas s’enraciner ici. On est venus pour visiter cette tour non ? Alors c’est ce qu’on va faire, oui, visiter cet endroit. Ce n’est qu’une tour après tout…

Ca, elle en était déjà moins convaincue. Respirant profondément, elle parvint à reprendre le dessus et n’eut aucun mal à rejoindre Archibald près de l’échelle, admirant au passage les diverses gravures et statues.

- Après vous.

Pour une fois, à bas les règles de noblesse. Il avait l’air de savoir où aller et quoi faire, alors autant se laisser guider.
Voulant néanmoins réchauffer un peu l'ambiance, elle se força à reprendre la parole.

Vous disiez vouloir me parler?

Le ton de sa voix était déjà moins sec et plus chaleureux, elle s'en félicita mentalement. C'était difficile pour elle que de tenir tête à sa rancœur bien ancrée.


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Message  Invité Mer 24 Jan - 1:28



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Tour Ferraille - Jour - Johto





Que de beauté ! Mes yeux se réjouissent de contempler tout l'art mis dans une simple pièce carrée. Les jeux de lumière délicats réalisés sur les paravents aux décors pastels sont émouvants. Sur leur toile tendue le long des murs, de superbes scènes tout droit sorties d'une autre époque s'animent de mouvements immobiles. Quel ravissement ! Quelle classe, même tant d'années après. J'envie le savoir-faire de tels artisans. Sans bouger de ma place, je les admire du regard, gagné par la paisibilité du lieu. Puis, mon attention se reporte sur le fond de la pièce : près de la cloison, une large ouverture carrée a été pratiquée dans le plafond. Et juste en dessous, le moyen rudimentaire permettant de se hisser à l'étage au-dessus. C'est une lourde et imposante échelle, dont les barreaux me paraissent suffisamment larges. Mais la hauteur est telle que je ne peux m'empêcher de déglutir : trois simples marches font déjà grincer ma vieille blessure... Qu'en sera-t-il de ceux-ci ? Je me revois monter les étages de la Tour Chétiflor. Ici l'échelle n'est pas taillée pour une quelconque visite touristique. Il faut se gagner le voyage, de la plus rude des manières !

" Après vous. "

La voix surgit derrière moi, et je manque de sursauter. Le visage d'Eva entre dans mon champ de vision : un rayon mince éclaire son nez, laissant une raie horizontale la couper très nettement entre lumière et ombre. Je l'observe une brève seconde, encore surpris de la voir si près, sans aucune trace de haine ou de colère. Elle est donc entrée : mon intuition était la bonne. Il y a bien quelque chose de puissant... avec, ou en elle ? J'aurais tendance à dire "les deux", avec la coupable impression de botter en touche. Je me suis retourné, et dans le même temps, j'ai arrêté mon geste pour m'écarter de l'échelle. Je tente de discerner si ce "après vous" est encore une pique à l'amertume toute ironique, quand elle reprend la parole, d'une manière soudain détendue, interrogative :

" Vous disiez vouloir me parler ? "

Je note bien que le ton de la phrase n'a que peu de rapport avec celui qu'elle prenait il y a quelques minutes à peine. La transformation a de quoi surprendre ! Mais je ne m'en formalise pas, comprenant rapidement que marquer mon étonnement ne ferait que gâcher son effort de paraître naturelle.

" En effet. "

Mon regard va de nouveau à l'échelle, dont je recompte mécaniquement les barreaux. Eh bien... il y en a toujours beaucoup trop. J'essaye d'imaginer une vague stratégie pour tenter de minimiser mon effort, mais mes pensées dérivent vers tout autre chose. Si bien que ma main reste accrochée au montant sans bouger, et que, finalement, je reste planté à côté de l'échelle :

" En vérité, j'aurais aimé en parler il y a de cela bien des mois. Aujourd’hui, sans doute, le temps donnera-t-il un air... bizarre, à tout cela, peut-être. "

Surement. Mais la vie est ainsi faite que l'on n'en choisit pas les paramètres... Du moins, pas autant qu'on pourrait le souhaiter. Est-ce une raison suffisante pour se soumettre à la fatalité ? Je ne le crois pas. Je suis un farouche partisan de la vie par l'épreuve : les obstacles ne nous sont donnés que pour nous aider à nous surpasser, à grandir. Certes, dire que "tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort" peut être réducteur... Mais l'idée est là.

" J'ignore ce que tous ces gens ont bien pu vous dire, Eva. Je l'ignore, mais pire : je n'en ai cure. Car ce serait donner à leur venin une propriété qu'il n'a pas. "

Un venin qui, au demeurant a laissé une bien laide brûlure. Mais rien qui ne soit irréparable, avec de la patience et du travail. C'est précisément ce dont j'ai besoin. Du temps et de la constance... rien de plus.

" Ce soir-là, quand nous étions enfermés. J'ai tenté... Je n'ai pas pu. Trouver cette force de vous parler, de tenter de me raccrocher à une réalité qui m'échappait totalement. "

Je tente de chasser mes souvenirs de cette scène qui affluent. De ne pas superposer une ancienne douleur à l'instant présent. Rester détacher, voilà ce que je dois faire... Oui, je le sais. Je le sais, et je n'y parviens pas. Je ne peux empêcher l'infinie détresse et la profonde déception qui transpirent dans les derniers mots.

" Je n'ai eu que votre silence. "

Quelque part un peu plus loin, je sens soudain le regard brûlant de Seth, assis dans l'ombre, fulminant à l'idée que je puisse encore me tourmenter de manière parfaitement volontaire.
Rectification, Archibald : elle t'a laissé tomber pour mieux s'en sortir. Elle t'a laissé comme un os à ronger pour pouvoir déguerpir !
Je ferme les yeux une seconde pour oublier ces mots, les effacer, eux, et l'acidité vitriolique qu'ils portent. Je dois terminer, je dois resté concentré. Je la scrute du regard, je cherche, dans ces yeux céladons, une bribe de réponse, une pensée, n'importe quoi. Quelque chose qui pourrait m'aider à avancer.

" Aujourd'hui, je vous donnerai tout ce que vous voulez savoir. Tout. Mais à mon tour, j'ai besoin de réponses : ce n'est qu'à ce prix que je pourrais reconstituer l'énigme que je dois à tout prix résoudre... pour retrouver mon honneur, et ma liberté. "

Ai-je déjà préciser que j'étais rancunier ? Je crois bien le devenir avec l'âge, hélas... Déplorable mais vrai.






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Message  Abby Johnson Ven 26 Jan - 9:58

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Eva attendait sagement derrière Archibald, se demandant s’il parviendrait à grimper en haut de l’échelle à barreau. Au vu de son regard, elle en doutait. Sa jambe l’handicapait toujours autant. Hélas pour lui il n’aurait pas le choix que de mettre un genou au dessus de l’autre pour atteindre son objectif. C’était étrange comme situation. Pour Eva cela ne signifiait absolument rien, ce n’était qu’une échelle Qu’était une échelle en comparaison à un parcours du combattant pour ranger Pokémon ? Quedal oui. Mais elle savait que pour le vieil homme ces barreaux représentaient un obstacle presque infranchissable. Elle s’étonna à ressentir de la compassion pour lui. Pas de pitié non, pas de ça ici.

Ce qu’il lui répondit en revanche la laissa … sur le cul. C’est bien cela l’expression appropriée non ? Des reproches ? Non mais de quel droit ! Eva sentit à nouveau une bouffée de colère monter en elle, comme le mercure dans un thermomètre. Elle sentait que Lugia allait de nouveau tenter la calmer mais elle n’en eut cure. C’était trop. Son petit rire fut ironique.

- Alors ça c’est la meilleure. Avec Nox on a risqué notre vie pour vous sortir d’un cauchemar dont je ne comprends toujours rien, on a bien failli y rester et je vous parle même pas de l’état dans lequel on était en sortant, de quoi devenir fou nous aussi.

Elle prit une autre inspiration pour poursuivre, hors de question de s’arrêter, le sujet brûlant était sur le tapis maintenant.

- A cause de cette histoire j’ai perdu mon travail, interdiction d’exercer à Kantô, j’ai bien failli rester derrière les barreaux, je dois une fière chandelle à mon ancien chef de service. J’ai tout perdu et du refaire ma vie dans une autre région à cause de vous, vous et vos secrets tordus. Alors « désolé » de ne pas avoir eut la délicate attention de vous parler ce soir là, mais j’avais vraiment d’autres choses en tête. Vous étiez en vie, c’était déjà au delà de mes espérance ce jour là.



Des explications, ça serait plutôt à vous de m’en donne il me semble. Vous disparaissez sans arrêt, je ne sais rien de votre passé ni de la créature qui a failli nous tuer.


Elle s’arrêta, presque à bout de souffle. La colère retomba aussitôt, elle avait vidée son sac et cela lui faisait énormément de bien. Lugia n’avait rie dit étrangement, sentant surement que cela devait arriver de toute façon. Nox se contenta de s’assoir et d’étudier la suite des évènements.



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Message  Invité Ven 23 Fév - 12:21



Rebis, ou les noces chymiques


Tour Ferraille - Jour - Johto





Le silence était souvent bien plus cruel et bien plus pénible qu'une diatribe. Lorsqu'Eva libère sa colère, enfin, je comprends la teneur de ma première épreuve. Je comprends pourquoi, même après tant de mois enfermé dans un monastère, je n'étais totalement parvenu à la rémission. Il manque une pièce à ce puzzle, et je la vois maintenant : la purification. Terminé, le refoulement ! Enfin l'occasion nous est donné de laisser libre cours à ces sentiments trop longtemps laissés de côté ! Voici le premier verrou qui saute.

" Alors ça c’est la meilleure. Avec Nox on a risqué notre vie pour vous sortir d’un cauchemar dont je ne comprends toujours rien, on a bien failli y rester et je vous parle même pas de l’état dans lequel on était en sortant, de quoi devenir fou nous aussi. "

Nous aussi. Alors, c'est ainsi. Ais-je été naïf de croire que vous n'aviez jamais pensé autre chose ? De croire que vous ne m'aviez pas aimé seulement par... pitié ? Ou peut-être par curiosité ? C'est ce que je n'ai jamais cessé d'être, après tout : un animal de foire. Une chose étrange. Le lot de tous les excentriques... A la vision du présent se mêlent lentement beaucoup d'autres. Des frises du passé, de mon passé, ce passé-là : celui que j'ai précisément décidé d'évincer de ma mémoire, volontairement. Celui qui m'a laissé ce goût amer et dépité d'une enfance gâchée et ratée. Celui d'une famille pour laquelle je ne comptais pas.

Tu n'as jamais été qu'un dégénéré, Archibald. Comment mon père aurait-il pu léguer quoi que ce soit à un ahuri comme toi ?!

Et puis, comme un éclair, ces mains qui s'agrippent à moi et me tirent, veulent me précipiter dans l'abysse, m'y maintenir avec une force inhumaine. Ce visage, là, qui se tient devant moi, qui ne bouge pas : il allait disparaître. La peur qui m'avait envahie me revient, cruelle et veule, avide de s'emparer de moi à nouveau.

Quel effort devrais-je déployer pour retenir cette soudaine colère qui remonte ? Enfouie mais intacte, depuis toutes ces années ? Alors que le froid mordant des mots d'Eva gagne l'air alentour, je la sens, comme les remous d'un volcan fissurant lentement des kilomètres d'écorce terrestre, remontant en milliers de serpents furieux le long de mes veines. La colère. Je me suis promis de ne plus jamais laisser quiconque m'attaquer de la sorte - la honte changera de côté. Archibald Lannysser ne sera jamais couvert d'opprobre parce qu'il accepte d'être autre chose que ce pourquoi on l'avait destiné à sa conception. Je suis aujourd'hui ce que j'ai jadis revendiqué, l'avatar même d'une liberté qui n'était pas concevable.

" A cause de cette histoire j’ai perdu mon travail, interdiction d’exercer à Kantô, j’ai bien failli rester derrière les barreaux, je dois une fière chandelle à mon ancien chef de service. J’ai tout perdu et du refaire ma vie dans une autre région à cause de vous, vous et vos secrets tordus. Alors « désolé » de ne pas avoir eut la délicate attention de vous parler ce soir là, mais j’avais vraiment d’autres choses en tête. Vous étiez en vie, c’était déjà au delà de mes espérance ce jour là. "

Une étincelle, une flamme. Voilà où je vais puiser cette force ! La colère libérée par mon vis-à-vis m'incite à ne plus garder pour moi toutes ces choses. Trop longtemps, j'ai tu tout ceci. Dans le secret des murs de Mauville, j'ai pensé mes plaies, et plutôt que d'extérioriser ce fiel, je l'ai enterré en moi, en espérant être assez fort pour le museler. j'avais tort, et c'est à la lumière de cette confrontation que je le comprends enfin. Comme si les esprits muets de la Tour avait glissé dans mes mains la clef de mon problème.

" J'étais déjà mort bien avant que ces gendarmes ne me trouvent. Ma vie ne risquait hélas plus grand chose. Ils ne pouvaient plus tenter de me nuire sans que ma mort ne leur soit attribuée, ce qu'ils ne voulaient aucunement. Le seul danger résidait... "

Dans le fait que leur invisible complice puisse oblitérer le contrôle de nos corps. Nous réduire à l'état d'esclaves serviles et faire de nous les outils d'une vengeance effroyable. Mon regard remonte et s'arrête au niveau du sien, attentif. L'abysse béant laissé cette nuit-là par la drogue et l'inconscience me font penser que toutes les idées parcellaires que je puis retrouver quelque part dans ma mémoire sont tout à fait incomplètes. Eva était là, Mentali également : je m'en souviens. Tout porte à croire qu'ils savent quelque chose que j'ignore. Toutes les possibilités sont ouvertes, et toutes plus inquiétantes les unes que les autres.

" Vous le savez déjà bien mieux que moi, à ce que j'ai cru comprendre. "

Impossible de savoir ce qu'Eva avait vu de moi dans cet endroit insaisissable qu'était l'Inconscient. Une chose ne m'échappe pas, néanmoins : cela ne lui a pas plu. Que doit-on faire, alors, lorsque la personne que l'on pensait aimer au-dessus de tout le reste, rejette si violemment les choses les plus intimes de votre être ? Je me pose la question depuis des mois, sans trouver la réponse. Je ne me suis jamais senti aussi anéanti que cette fois-là. Jamais, jamais de toute mon existence, personne, pas même mes connaissances les plus anciennes, ne m'avaient connu sous cet aspect-ci. Et quel aspect ! Rien de moins que ce qui anime ce corps dans lequel je suis incarné. C'est à la fois étrange, déconcertant et... profondément blessant.

Tout perdu. L'expression n'était pas anodine. Elle véhicule une telle rage... Mais encore, elle fait écho en moi. Comment appelle-t-on une personne telle que moi, dans le monde feutré des belles apparences ? Ah, oui : un "sans domicile fixe". On pourrait aussi utiliser de terme de traine-savate, de clochard. A la différence sans doute que je n'ai jamais réussi à tendre la main sans rien donner en échange. Je m'y suis toujours refusé, fort du serment que j'avais fait à Florian de ne jamais trahir son enseignement. Tout ce que j'ai toujours su faire de mes deux mains, je l'ai fait pour gagner de quoi vivre, avec simplicité, parce que la liberté ne s'encombre pas de décorum.

" Je vous aime au travers de tout ce que vous êtes : vos rêves en font partie. Je me souviens vous en avoir parlé, oui... Mais vous ne pouvez pas mettre sur le même plan une existence qui vous a été donnée, et celle de ceux "qui ont tout perdu". Vous avez reçu un soutien que bien peu peuvent se targuer d'avoir. Vous avez un titre prestigieux. Vous avez un travail honorable, un toit au-dessus de la tête, de quoi manger et vous vêtir, un statut social... Une famille. C'est beaucoup, pour quelqu'un n'ayant jamais rien possédé, hormis un vieux costume et quelques babioles. "

Car c'est ainsi que tous les voient, n'est-ce pas ? Quelques babioles sans importance. Des années de travail patient et de passion acharnée dorment à présent quelque part dans une cave d'archives. Bien rangées dans de petites pochettes. D'où elles ne devront sans doute jamais ressortir... Tout ce que je n'ai jamais possédé de biens matériels en cette Terre se trouve quelque part là-bas, enterré. Fin. Nul ne s'en souciera plus, aucun égard apporté au nombre d'efforts qu'elles ont autrefois demandé, au nombre de sacrifice qu'elles m'ont coûté.

" L'avantage de n'avoir rien, c'est que l'on a rien a perdre. Pas de foyer, pas de famille, pas de travail... Rien à perdre - sinon soi-même. Quelqu'un n'ayant même plus le crédit d'être un honnête citoyen, quand bien même il n'a rien à se reprocher que de s'être loyalement défendu. Est-ce pour vous "une délicate attention" d'avoir une dernière pensée pour l'âme que l'on aime quand celle-ci est promise à l'incarcération et à l'oubli ? Oui, nous étions prisonniers, mais la différence entre vous et moi, Eva - la différence qu'il y aura toujours - est que vous étiez libérée tandis que j'étais enchaîné. On donne toujours plus de crédit aux hommes de loi qu'aux fous. Toujours, n'est-ce pas ? "

Et je sens brûler cette flamme maintenant visible, jusque dans mes yeux et sur mon visage durci par des sentiments trop violents pour être maîtrisés. Oui, je parle bien de moi, cela ne fait aucun doute - et je ne cherche pas à en faire mystère. De qui pourrais-je bien parler avec tant de précision et d'émotion ?

"Je n'ai jamais rien voulu de ce qui est advenu. La vérité ? Tout ceci est arrivé précisément parce que j'ai agi en espérant vous en préserver ! Reprochez-moi d'avoir disparu si cela peut soulager votre conscience : ne me reprochez pas d'avoir tenté de vous protéger d'un destin qui n'était pas le vôtre. Vous êtes la victime d'une machination qui ne vous visait pas, mais dont vous êtes malgré vous devenu une pièce maîtresse. J'imagine bien que cela est le lot de tous ceux qui aime et ont aimé un jour.

Je vous ai donné la seule chose de valeur que je n'ai jamais possédé, Eva. La seule et unique chose qu'un pauvre vieux fou puisse donner. Je l'ai donné sans rien demander en retour, je l'ai donné parce que je l'ai voulu pleinement - pour la première fois depuis... une éternité.
"

Le souvenir me donne un sourire vague et fugace. Comme une trace balayée par le vent.

" Navré... que cela vous ai déplu. Mais cela n'a plus aucune importance."

Cela en a eu - outre mesure, qui plus est. Désormais, il faut aller de l'avant, laisser au passé ses fantômes et ses chimères. J'aurais voulu lui épargner l'amertume, mais tout comme elle m'a cédé sa part de colère, je lui lègue en retour la pesanteur de mon fardeau.

" Il n'y a aucun "secret tordu", Eva. Il n'y a que moi et ma vie : je ne vous ai jamais caché ce que je suis, ce que j'aspire à être. Le plus gros problème de l'Humanité est qu'elle se complait à voir des secrets partout, alors que tout est devant ses yeux. C'est précisément parce que tout est visible, offert librement, que rien n'est vu : on ne voit que ce que l'on veut voir. Les vrais secrets n'intéressent personne : ils n'ont rien de spectaculaire ou d'attirant. Cette Tour est l'incarnation de cette devise : ceux qui ne veulent y voir qu'une tour... n'y voient qu'une tour. Ils pourront la gravir dix, vingt, cent, mille fois : jamais ils n'y trouveront la moindre légende, jamais aucun miracle ne leur sera cédé. Jamais. "

Ce mot avait rarement eu autant de sens dans ma bouche. Le monde est si plein de miracles, que l'on oublie ce qu'est une partie infime d'un Univers infiniment grand. L'Homme, infantile et futile. Et tout autour de lui, tout ce qu'il cherche en vain, tout simplement parce qu'il ignore ce qu'il cherche. Combien de malheurs faut-il pour parvenir à cette compréhension ? Trop. Mais un ancien livre ne dit-il pas que "heureux sont les simples d'esprit" ? Je ne crois pas à l'intelligence telle que les Hommes d'aujourd'hui la définissent.

" Alors ils s'en iront, déçus, aigris, persuadés que tout ça n'est que fadaises, tromperies ! Ils maudiront les légendes et les Pokémon, et se moqueront des moines en ricanant. Ils les traiteront de fous, d'illuminés, de névrosés, d'imbéciles crédules. Ils passeront leur vie à chercher le sens de l'existence, sans comprendre que c'est à eux de lui en donner un. "

Seth me précède et bondit à l'étage par le trou dans le plancher, prenant place pour me réceptionner à l'arrivée. Mon pied s'arrime au premier barreau, comme pour en jauger la solidité. Je saisis alors mon bâton entre mes dents, le laissant dépasser de chaque côté de manière symétrique : plus qu'un balancier, c'est avant tout un frein efficace à la douleur. Je me hisse sur le second barreau, et le cirque recommence, plus intense encore. Le troisième, encore. Je sens mes dents s'enfoncer dans les fibres du bois à chaque contraction de mes muscles, l'os mal soudé menaçant à chaque sollicitation de céder. Je ne lâche rien, faisant de chaque geste un but en soi, un défi à relever. Avec une lenteur à faire rire la foule, je gravis l'échelle barreau après barreau, souffle après souffle, encaissant les vagues de douleur en silence, concentré. Lorsque ma paume touche le plancher de l'étage, je lâche la prise de ma mâchoire sur le bâton et Seth me l'attrape.

" Et d'un. "

Je me redresse, examinant avec autant d'attention les nouveaux détails qui s'offrent à moi que je ne l'avais fait en entrant au rez de chaussé. Ici, il n'y a plus le courant d'air froid de l'extérieur, et seule la légère poussière virevolte dans les rayons de lumière au-dessus du plancher. Les immenses paravents continuent de conter leur histoire secrète, splendides et majestueux, au travers de ce qui ressemble maintenant à un dédale. L'accès au deuxième étage n'est pas visible. Mais pour l'heure, je ne le cherche pas : j'attends l'arrivée d'Eva - qui ne mettra certainement pas autant de temps que moi à gravir ces malheureux barreaux. Sur l'un des coins de la fresque, mon œil accroche deux silhouettes : deux immenses volatiles s'élancent au-dessus des villes stylisées, survolant la foule de petits personnages admiratifs brodés sur le bord. Ho-Oh et Lugia. Finalement, un grincement me détourne de ma contemplation muette.

" Alors : par quoi désirez-vous commencer ? Est-ce que votre curiosité vous porte davantage vers les raisons qui m'ont fait finir enfermé et promis à l'oubli ? Ou bien souhaitez-vous vous voir conter les plus noires légendes de l'ancien empire d'Almia ? A moins que vous ne préfériez plutôt que je vous expose les raisons qui font que je possède aujourd'hui cette magnifique bure aux couleurs de Mauville ? Bien sûr, si rien de tout cela ne vous intéresse, je peux toujours vous parler de cette Tour. "

Je me retourne et me tient sur ma jambe valide, les deux mains fermement arrimées à ma canne improvisée, le regard fixe et planté dans le sien. Prêt.

" A votre guise. "





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Message  Abby Johnson Ven 23 Fév - 13:23

Rebis, ou les noces chymiques

MAYERS
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Maintenant qu’Eva avait dit tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle se sentait extrêmement vide et légère : vidée de son énergie vitale. Une grande fatigue s’emparait à présent d’elle sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle avait « joué » et désormais ça serait à elle d’encaisser le coup à venir. Il était évident que la rancœur était des deux côtés. Il suffisait de lire dans les yeux d’Archibald pour le deviner, sans compter la rage de Seth, prêt à désosser la brune.

Le retour du boomerang ne tarda pas à venir, en douceur pour commencer, contrairement à ce qu’elle aurait cru. Hélas, le vieil homme parlait toujours mystérieusement, avec des images qu’Eva n’était pas, ou plutôt plus, en état d’appréhender. La championne s’était endurcie et fermée à un monde qu’elle jugeait trop obscure et dangereux : celui du mysticisme et le monde d’Archibald au final. Alors quant-à comprendre en quoi consistait ce danger dont il parlait … impossible. Elle avait pensé à un moment que c’était elle le danger, sans en être pleinement convaincue. Elle s’était si souvent trompée par le passé qu’elle ne préférait plus faire de supposition, surtout face à cet homme.

Archibald continua de parler et quelques mots eurent finis de briser le cœur d’Eva en une bonne centaine de petits morceaux « je vous aime au travers de tout ce que vous êtes » … « je vous aime ». L’aimait-il donc toujours ? Les barrières d’Eva venaient de fondre comme du chocolat en plein soleil. Pas bien rigide le bouclier au final. Elle se retint de verser une larme de souffrance mêlée d’amour en déglutissant avec difficulté. Eva se sentait désormais complètement stupide. Du statut de victime qu’elle était donnée après cet épisode, elle endossait malgré elle celui de coupable. Archibald avait raison, elle n’avait nullement le droit de se plaindre au final. Sa vie était bien meilleure que celle de bon nombre de concitoyens. Saleté de conscience !

Sentant qu’ils n’étaient pas prêts de grimper là haut, elle s’adossa au mur pour reprendre un peu de contenance. La suite des propos d’Archibald la laissa quelque peu perplexe. Il disait ne rien avoir et pourtant cette épreuve à Jadielle lui avait prouvé qu’il avait bien de la famille. Bon ok, avouons que c’était plutôt là une famille hostile dont il fallait se méfier, mais une famille quand même.
Oui, la brune s’en était bien tirée. Elle était sortie de prison et avait pu reconstruire sa vie loin de tout. Archibald avait du s’échapper par ses propres moyens. Hélas, Eva n’aurait rien pu faire pour lui, rien de plus, mais il ne semblait pas disposé à le comprendre. Elle n’insista pas et garda la tête basse.

Elle le laissa finir au sujet des secrets, sachant qu’elle pourrait rebondir là-dessus. La colère était passée et elle pouvait aborder les choses plus calmement désormais.

- Ce sont surtout vos disparitions soudaines sans explications que je garde en mémoire malgré moi. Mais aussi …


Elle aurait bien dit amour, mais le mot n’arrivait pas à sortir. Tant pis.

- Et puis il y a eu votre frère, ce fantôme, ces histoires de trois agressions dont vous auriez été l’auteur …

Elle soupira.

- Mais tout cela est le passé. Au final je préfère aller de l’avant je crois. C’est ce qu’il y a de mieux à faire.

Aucune réponse interne de Lugia, pour une fois. Sans doute le grand blanc partageait-il son avis.
L’escalade commença jusqu’au niveau suivant et Eva attendit sagement son tour, prête à aider son ancien compagnon en cas de besoin. Le pardon était en chemin, elle se sentait. En grimpant à son tour, elle se rendait compte qu’elle franchissait une étape de plus dans sa vie. Une fois en haut elle aussi, elle garda la même idée en tête. Avancer.

- Je ne forcerais jamais personne à parler sur un sujet précis, encore moins vous. Ce choix est le vôtre. Je suis disposée à en savoir plus sur la tour. Elle et moi sommes liés en quelque sorte maintenant.

Cette phrase lui échappa mais elle sentit une profonde chaleur en son cœur. Avec le légendaire Lugia à ses côtés, elle savait que c’était vrai car ses ancêtres avaient vécus ici autrefois. Ce lieu était autant important pour lui que pour elle.



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Message  Invité Sam 12 Mai - 23:25



Rebis, ou les noces chymiques


Tour Ferraille - Jour - Johto





Il y en a encore pour croire que les épreuves les plus rudes sont celles du corps. Plus la vie défile, plus elle s'acharne à me prouver le contraire... Je suis plus éprouvé par cette bataille mentale que par cette échelle qu'il m'a fallu gravir. Ah, qu'il est loin le temps où je pouvais traverser les cols des montagnes d'un pas fringant ! Malgré ma rémission, mes douleurs ne me laissent pas encore en paix après ces quelques mois. Combien d'années vais-je payer pour ma naïveté ? Aucune idée. Seulement, les ans s'accumulent sur mes épaules, et si j'espère bien avoir encore une longue et belle existence à mener, je ne peux plus ignorer le fait que mon adolescence n'est plus d'actualité.

" Ce sont surtout vos disparitions soudaines sans explications que je garde en mémoire malgré moi. Mais aussi … "

La voix sonne étrangement. Est-ce le bois et la toile qui lui donne un timbre si particulier ? Peut-être. Tandis qu'Eva parle, c'est ma mémoire qui s'exprime. Je me revois, cette nuit-là. Enfin... La nuit avait été fort courte ! Toutes ces visions, ce froid. Cette présence détestable qui m'avait saisi dans un demi sommeil, et la peur qu'elle ne s'en prenne aux autres... Tout me paraît soudain si proche, si réel. Mes yeux la scrutent une courte seconde, comme si ses pensées avaient achevées d'elles-mêmes la phrase tronquée. Mais je garde le silence, gardant pour moi ce que je viens de recueillir, comme un enfant ayant cueilli une fleur au milieu d'un champ.

" Je ne forcerais jamais personne à parler sur un sujet précis, encore moins vous. Ce choix est le vôtre. Je suis disposée à en savoir plus sur la tour. Elle et moi sommes liés en quelque sorte maintenant.  "

Chacun de nos pas fait grincer le parquet plus que centenaire. Comme pour nous rappeler à quel point chaque action a ses conséquences, dans ce monde, et ailleurs. Rien n'est jamais vain. J'aime à le penser. Je le pense, avec force, quand mon regard accroche le sien au hasard de ses allers et venues dans la pièce.

" Ce ne serait pas si risqué de dire que les deux sont aussi, en réalité, liés. Cette histoire. Cette tour. Le monde ne s'embarrasse pas de fragmentation : il n'y a que la pensée humaine pour cela ! "

Je réalise que mes paroles redeviennent obscures, tant j'ai pris cette lourde tendance à ne parler que pour moi-même, ces derniers temps. Je secoue la tête, comme pour les effacer - elles n'ont guère d'importance. Je réfléchis, aussi vite que mon esprit alangui par le froid et la fatigue de la marche sur les chemins enneigés. Mes yeux quittent Eva pour déchiffrer les fresques peintes sur les tentures.  Ma main s'égare une seconde vers la frise, à la recherche de quelque chose de précis. Mes doigts frôlent la toile ancienne sans la toucher, de peur d'en abîmer les fragiles pigments. Le style ancien leur donne une allure plus hermétique que de simples dessins. Je ne suis pas historien, j'ignore les auteurs et les origines de ces scènes. Mais je les comprends, je les vis à mesure que mon regard les retrace. Je m'imprègne longuement de leur sens, visible ou caché, je les admire pour la sagesse qu'elles contiennent, en toute humilité, en silence. Telles de grandes dames restées dignes malgré les siècles, même accablées par la laideur du monde.


" Au commencement, comme dise les livres... oui, beaucoup pensent que tout commence par un "commencement" - même si la nature trouverait sans doute cette idée étrange, ahah ! Au commencement donc, il n'y avait rien. Le rien est souvent représenté par le noir. Le néant. L'absence. "

Le mot résonne amèrement dans ma gorge. Absence. Une douloureuse piqûre, alors que j'ai pourtant passé la plus grande partie de ma vie sans autre compagnie que celle de mon Pokémon. Réalise donc, Archibald, à quel point rien n'est acquis, jamais... J'étais solitaire en chemin et ma foi, assez satisfait de mon sort. Mais n'était-ce pas plutôt une forme inavouée de résignation ?

" Le noir est une source infinie d'imagination pour l'Homme : a-t-on peur du noir ? Imagine-t-on toutes les créatures affreuses et dangereuses qu'il renferme ? Va-t-on tomber dans le vide, de n'avoir rien vu dans tout ce noir ? Pourtant, nos rêves sont tous fait de noir, celui du sommeil. Nos nuits les plus feutrées sont baignées par le noir. Le noir est aussi celui du secret, de l'abri, de l'intérieur. Nos vies commencent et finissent dans le noir. "

Je parle encore davantage à moi-même, incertain que. Les dessins se mêlent à ma propre vie avec tant d'aisance
Ici, ce sont des artisans et des Pokémon en train d'élaborer les charpentes. Ici, Rosalia de jadis en proie à la guerre. Et puis là, l'invocation rituelle des deux Phénix légendaires. Lugia, le Gardien des Abysses, au plumage argenté, lunaire. Ho-Oh, le Gardien des Sommets, au plumage doré, solaire. La joie des communautés à qui les grands gardiens ont fait don de leur protection. La vie, le temps. Toutes ses choses peintes en si peu de signes. L'élégance à l'état pur.

" Noire est aussi la colère, dit-on. Le chaos et la destruction sont zébrés de noir. Les anciens disaient que pour créer, il fallait détruire, et vice versa. Tous ces concepts traduisaient non pas un système de croyances, mais au contraire une étude scrupuleuse de leur environnement, des choses, tout simplement. Aujourd'hui, nous les jugeons naïfs et simplets parce que nous pensons avoir mieux compris la réalité. De biens plus grands noms de la Science pourraient arguer que la réalité n'existe pas, et nous nous retrouverions à notre tour bien bête. "

J'ai à nouveau cette impression d'entendre les pensées de Seth, de l'autre côté du paravent. Je ne vois que son ombre, mais l'atmosphère étrangement calme et philosophique de ses pensées cotoyant les miennes me rassure quant à son état. La tension semble bel et bien retombée pour le moment, et je ne désespère pas de pouvoir raisonner à nouveau mon vieil ami. Pour l'heure, je dois continuer mon récit, me livrer sans concession, aussi long et éprouvant cela doit-il être. Cette purge est nécessaire. Je n'ai que trop tardé à me libérer de ce poids qui m'entrave. Allons : reprenons.

" Quel rapport avec la tour ? Cette tour a été érigée par des sages qui connaissaient bien mieux que nous les secrets de la nature et sa manière de procéder. Les Pokémon sont ses visages, ses "daïmons", comme il se disait jadis. Ils possèdent en eux toutes les clefs de cette sagesse qui n'a ni nom, ni culture, ni époque. Ils sont aussi universels qu'elle, ils la font vivre et la comprennent sans effort. Contrairement à nous autres, êtres humains. C'est pour cette raison que les Pokémon sont des gardiens. C'est tout cet univers dans l'univers, qui est conservé ici, dans ces tours. Ces tours au pluriel, avant que l'une d'elle ne soit détruite. Mais, après tout : c'est bien celle qui représentait la descente du Ciel vers la Terre, tel un éclair frappant le sol. Un jour viendra, j'en suis persuadé, où la Tour sera reconstruite par de belles âmes, et que le cycle sera de nouveau complet. C'est dans l'ordre des choses ! "

Je me retourne brusquement vers Eva, saisit soudain par le besoin impérieux de lui faire comprendre. Comprendre l'enjeu de ce voyage aux apparences enfantines - anodines ? - que nous avons aujourd'hui entrepris. Un vieux sage n'a-t-il pas dit un jour : "le véritable sage visite toute la Terre sans bouger de son lit" ? Oui : peu importe le nombre de kilomètres que mes vieilles chaussures ont bien pu parcourir.

" La Tour de l'Est est le perchoir du Phénix Rouge, l'Or philosophal - et sa flèche est en or. C'est la Tour Ferraille - jadis la Tour d’Étain. La Tour de l'Ouest est le perchoir du Phénix Blanc, l'Argent philosophal. C'est la Tour de Cuivre, bien avant de n'être plus que cendres. C'est à l'Est que tout commence, et c'est à l'Ouest que tout fini, ce dans toute légende. L'une est le solve, la vaporisation, la désintégration, l’évanescence. L'autre est le coagula, l'incarnation, la condensation, la matérialisation. Elles vont par paire parce qu'elles forment un tout, un cycle. Le Cuivre et le Fer - ou l'Etain de la même façon - sont des enfants de la Materia Prima, la matière première de toute chose. Et cette matière est... noire. Très, très loin de l'éclat étincelant des œuvres finales, éclatantes, que sont l'Or et l'Argent. Elle est une chose hideuse et informe, dans laquelle pourtant se trouve les potentiels infinis inexprimés. Ainsi, de l'informe se distingue deux premiers pôles, l'un féminin - le cuivre - l'autre masculin - le fer. C'est une séparation apparente et nécessaire à leur transformation... Comme l'on fait vite d'oublier qu'ils viennent d'une seule et même chose ! "

Tous ces livres, passés sur mes genoux d'enfant passionné, toutes ces pages magnifiques et sans âge. Aucune ne rivalise avec ce que je vis en cet instant. Le récit abscons s'incarne ! Je suis le protagoniste de ma propre histoire. J'ai cherché si loin ce que j'avais sous la main. Il me fallait seulement... du Temps. De la Souffrance. Et aussi... des émotions. Les mèches obscures d'Eva frissonnent doucement autour de son visage, au travers des courants d'air. Cette femme splendide et farouche que le destin à jeter sur mon chemin avec un apparent hasard. Ah ! Oui. Maintenant, nos différences me sautent aux yeux avec une perspective nouvelle. Eva Mayers n'est pas seulement une femme attirante : elle est tout ce que je ne suis pas. Elle est la complémentarité dans toute sa vérité. Est-ce pour cela que je l'aime ? Comment puis-je encore affirmer cela avec tant aplomb, après tout ceci ? Archibald, viens-tu seulement d'effleurer le sens véritable du mot Amour, que tu ne soupçonnais pas ? Il semblerait. Quel vertige !

" Le maître de ces lieux a le pouvoir de faire renaître ce qui était mort : c'est ce que dit le mythe. C'est ce qui a fait du phénix l'emblème de notre art ancien. Mais il ne s'agit pas seulement de la matière, oh non ! Toutes les choses naissent et meurent : les animaux, les plantes, les minéraux, les planètes, les astres... mais aussi les familles, les dynasties, les nations, les civilisations, les consciences, les pensées, les... "

Les sentiments.

Un sourire triste passe sur mes lèvres. Une seconde, l'impression d'un immense regard posé sur moi me fait douter. Une rafale de vent glacé se rue sur la Tour, et la vieille dame grince de toutes ses planches. De retour à ma réalité pesante d'infirme maladroit, je parcours la frise jusqu'à son extrémité, trouvant par le même coup l'échelle qui mène à l'étage suivant.  Elle se trouve encore relativement loin et... certaines planches semblent manquer à l'appel sur le parcours.

" Pour accomplir la première étape, il faut faire émerger les deux pôles complémentaires de la masse confuse et informe. C'est une étape... Violente, nécessitant beaucoup d'efforts. Mais ensuite ! Ensuite, il faut traverser une par une les étapes décrites d'une manière si imagée et métaphorique dans les mythes. Voilà l'histoire racontée par les deux Tours, celles que l'on ne raconte pas aux touristes. Les pouvoirs de leurs gardiens sont bien trop grands pour être seulement compris par les mortels que nous sommes... Mais parce qu'ils sont les dépositaires de cette sagesse, eux seuls décident de ceux qui sont dignes de recevoir. Ces rares élus devenaient de véritables initiés parmi les leurs, et avec leur nouveau savoir venait de nouvelles responsabilités, tout aussi grandes. Celles de veiller sur les autres, de n'utiliser leur connaissance des règles de la Vie et de la Mort que pour pourvoir à l'Harmonie et l'équilibre du monde. Et non pour un quelconque bénéfice personnel... ce qui est, avouons-le, le plus compliqué pour les Hommes. C'était l'espoir de tous ceux qui étaient admis à monter "l'échelle aux dix maillons", que représentent ces échelles... J'ignore quel genre d'épreuve les prétendants à la rencontre sacrée pouvaient bien se voir imposer, à l'époque. Mais elles figurent toutes les épreuves que l'Alchimiste inflige à sa matière noire. Sauf que cette fois, la matière... c'est nous."

Après avoir évaluer la distance qu'il nous fallait franchir pour éviter une chute douloureuse, je me retournai vers Eva, pour constater que Seth l'avait contournée sans que je m'en rende compte, de retour à mes pieds. Visiblement calmé par mon exposé, l'Absol me regarde à présent avec son air d'éternel blasé.

" Si j'en crois notre propre histoire, Eva : nous avons maintenant notre Fer et notre Cuivre. Nous avons achevé l’œuvre au noir... Maintenant, si les gardiens le veulent, nous allons commencer l’œuvre au blanc. Je pense... qu'après cet exposé, c'est de vous dont viendra la prochaine étape : les deux pôles s'inversent à chaque étage. Vous disiez connaître cette Tour : êtes-vous déjà venue ici ? Quel lien entretenez-vous avec Rosalia ? "






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Message  Abby Johnson Lun 14 Mai - 16:39

Rebis, ou les noces chymiques

MAYERS
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C’était un étrange sentiment que de se trouver ici. Eva savait que c’était important mais elle ignorait toujours pourquoi. Certes, des Pokémon légendaires avaient vécus ici, mais au final ce n’était qu’une tour … non ? Une simple tour construite par les hommes pour les Pokémon, du moins c’était la version qu’elle en avait. Elle était certaine qu’elle en apprendrait bien plus sur la mythologie Pokémon durant l’heure à venir que durant toute sa scolarité. Archibald était calé dans ce domaine. C’était sans nul doute un homme très cultivé malgré ses anciens airs de nomade. Aujourd’hui il était devenu un sage parmi les sages et il avait tout à fait sa place ici. Il était plus que crédible. Eva ne douterait pas de ses dires quant-à l’histoire des deux tours.

Comme une bonne élève, elle se mit à suivre son professeur du jour, accompagnée de Nox. Elle était néanmoins un peu plus dissipée que lui et ses doigts ne pouvaient s’empêcher d’effleurer certains objets ou gravures. A en croire Archibald, Lugia représentait donc l’obscurité, la fin, la déclinaison du soleil. Ca collait plutôt bien au personnage. Vint ensuite la légende du phénix doré. Tout le monde connaissait l’histoire du phénix et des chiens légendaires qu’il avait ressuscités. Eva était bien placée pour le savoir vu qu’elle y avait assistée lors d’un voyage temporel. Drôle de voyage je vous le concède.

Le viel homme n’eut guère besoin de terminer sa phrase. Eva comprit bien d’elle-même qu’il parlait là des « sentiments » et il avait entièrement raison. Mais ses sentiments à elle n’étaient pas morts, loin de là. Ils avaient juste changés … tout comme elle. Eva se devait de continuer sur son propre chemin à présent et de servir la cause qui faisait qu’elle était sur terre.

En silence, elle continua de suivre son vieil ami, buvant ses paroles. Lugia avait de grands pouvoirs certes, il méritait le respect. Il lui avait sauvé la vie ainsi que celle de ses Pokémon. Mais il n’était pas parfait ni supérieur pour autant. Eva restait persuadée que le grand blanc avait un sacré foutu caractère de merde et qu’il n’avait rien de philosophe.

La brune se sentie soudain bête. Son tour à elle ? La brune avait encore du mal à réaliser qu’ils venaient de franchir une étape. Elle ne s’en était même pas rendu compte ! Comment diable allait-elle faire pour la prochaine sans même la voir ? Fichue tour, il n’y avait rien de matériel, de physique, de concret. Tout ici n’était qu’énigme et méditation, bref, tout ce qu’elle ne comprenait pas. A sa question, elle hésita à répondre. Personne à part Mortimer n’était au courant de l’existence de Lugia dans son équipe. Elle ne devait pas en parler, Lugia voulant faire la grande surprise aux Rockets le moment venu. Oui, mais ce jour était peut-être pas demain et Archibald était saurait taire un secret de cet importance. Restait juste à savoir comment avancer le sujet. Dire juste « j’ai un Lugia » ça serait comme lâcher une bombe. Non, il faudrait la jouer autrement et elle commençait à comprendre que la prochaine étape serait peut-être celle du pardon. Non pas envers Archibald, mais envers elle-même. Eva s’en voulait toujours terriblement d’avoir failli causer la mort de ses compagnons en mer et du coup elle transposait sa frustration sur l’oiseau légendaire. Il fallait que ça sorte, alors autant que ça soit ici.

Elle s’arrêta béatement devant une gravure de Lugia au dessus de l’océan. A croire que c’était fait exprès. Probablement.

- Les gens font des erreurs parfois. J’en ai fais une terrible il y a quelques semaines. Cela a failli coûter la vie de mes Pokémon et la mienne au passage.

Elle tourna son regard vers Nox, anciennement Mentali, aujourd’hui chat noir étrange.

- C’est sans rapport avec cette transformation, ça c’est une autre histoire encore.

Elle soupira avant de reprendre.

- J’ai pris la mer avec Lokhlass et nous avons été surpris par une tempête tropicale dans l’archipel. J’ai été stupide, je n’ai pas regardé les alertes météo avant de partir. Il faisait beau, je ne me suis pas méfier. L’orage nous a pris en son cœur. J’ignore ce qu’il s’est passé, j’ai repris connaissance sur l’île de l’hôtel et je me suis aperçu que les Pokeball de Raichu et Nidoqueen avaient disparues. Perdues au fond de l’océan j’ai d’abords pensé. Puis, il y aue cette apparition … Lugia. Et oui, le légendaire oiseau blanc en chair et en os. C’est lui qui nous avait sauvés au fond des eaux. Sans lui nous serions morts … et ça serait ma faute. Je ne peux me le pardonner.

Elle baissa le regard, toujours furieuse contre elle-même. Certes aucun de ses Pokémon étaient morts, mais ça aurait pu. C’était le pire : ça aurait pu.


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Message  Invité Mar 15 Mai - 0:16



Rebis, ou les noces chymiques


Tour Ferraille - Jour - Johto





Un instant, le regard d'Eva reste suspendu, vague. Je la vois chercher mentalement un repère, quelque chose. Sans doute l'ai-je interrompu dans une introspection ? Rares sont ceux qui n'y sont pas enclins en de tels endroits.

" Les gens font des erreurs parfois. J’en ai fais une terrible il y a quelques semaines. Cela a failli coûter la vie de mes Pokémon et la mienne au passage. "

Qui ne fait jamais d'erreur, eh ? J'attends qu'on me le montre, ma foi. Non, la perfection est bonne pour la dimension des archétypes. Pas pour les vies terrestres... Au fond, je sens sa détresse me toucher. Comment pourrait-il en être autrement ? Nous sommes trop liés, malgré nous. Je vois son visage, j'entends ses mots, comme autant de reproches faits au passé.

" J’ai pris la mer avec Lokhlass et nous avons été surpris par une tempête tropicale dans l’archipel. J’ai été stupide, je n’ai pas regardé les alertes météo avant de partir... "

De prime abord, je me vois rester perplexe devant son explication. Tout est comme si elle n'avait pas entendu ma question, aux prises avec ses propres réflexions. Mais je l'entends, je l'écoute. Tout s'éclaircit soudain lorsqu'un nom résonne, à la fois puissant et léger :

"...Puis, il y a eu cette apparition … Lugia. Et oui, le légendaire oiseau blanc en chair et en os. C’est lui qui nous avait sauvés au fond des eaux. Sans lui nous serions morts … et ça serait ma faute. Je ne peux me le pardonner. "

Lugia ? Ma pensée résonne en moi avec un écho nouveau. Bien sûr ! Bien sûr, rit mon âme, comme devant une évidence qu'il paraît inconcevable de ne pas avoir vu plus tôt ! Lugia s'est choisi son champion, une championne ! L'âme féminine de l'argent parfait s'est fixée sur le monde ! Ainsi, malgré la disparition dramatique de la Tour de Cuivre, son gardien a trouvé une voie - une voix ? - pour s'exprimer et accomplir un nouveau cycle. Je sens une chaleur nouvelle m'habiter. Un espoir, d'abord fou, semble devenir peu à peu raisonnable, presque de l'ordre du possible. Mon intuition me dictait que cette nouvelle rencontre à Rosalia avait bien un dessein. A présent, il éclate devant mes yeux comme une peinture extraordinaire, pleine de couleurs chatoyantes. Je puise dans cette réserve fantastique pour asséner avec fermeté :

" Il le faut. "

Mon regard se fixe, se fait pénétrant. Bien sûr, qu'il le faut ! C'est une nécessité, un passage obligé. Et comme bien des gués boueux, il n'est ni choisi, ni pratique. J'ai longtemps cru que le pardon à soi était le plus facile, tandis que le pardon à autrui se devait d'être aisé. Encore une gifle monumentale de la part de l'existence ! Non, oh non, Eva, ne vous avisez pas de le croire... On est toujours bien trop exigent avec soi-même, au point de se garder telle rancune qu'elle nous ronge en silence. Elle finit par nous rendre incapable de nous battre. T'en souviens-tu, Archibald ? Comment pourrait-il en être autrement... Je grimace légèrement, mon visage oscille brièvement entre la tendre indulgence et la rage impuissante. Je ferme les yeux, les rouvre, chassant mes pensées. Je me radoucis, pour compléter ma laconique phrase, pour éclaircir mon idée :

" On ne peut espérer pardonner à quiconque tant que l'on ne s'est point pardonné soi-même... "

En un sens : miséricorde bien ordonnée commence par soi-même. C'est aussi ce que je suis venu chercher sur ces vieilles planches : le repos de mon âme, le pansement pour mon cœur. Le pardon. L'expiation pour moi-même, et pour toutes. la guérison de mon corps et de mon esprit : enfin, parvenir à redevenir complet.

" Je pense parler en connaissance de cause ! " J'ajoute, non sans une note d'ironie mélancolique. " Dans la vie, la marche arrière n'existe pas : le seul moyen est de trouver une manière d'avancer. "

Mon bâton heurte les planches à un rythme régulier, tandis que nous progressons vers l'échelle.

" Cette tempête : n'était-elle pas aussi une métaphore ? Vous aviez besoin d'une manifestation concrète, terrible, pour comprendre ce que le monde avait à vous faire faire. Il a donc emprunté le visage que vous étiez le plus à même de comprendre. "

Nous sommes tous différents. J'aime ce que d'autres détestent, j'exècre ce qu'autrui peut apprécier. Le regard azurée de celle qui a su me charmer contient tant d'implacables certitudes. La vie lui répond par des vagues de doute qu'il lui faut apprendre à dompter. Je ne peux le faire à votre place, même si mon cœur hurlerai le contraire. Et je ne le dois pas : j'ai ma propre guerre à mener. Nous devrons passer les épreuves qui nous attendent chacun à notre façon, avec nos armes et nos visions du monde.

" Faire de ses faiblesses une force. De ses échecs des sources d'enseignements précieux. C'est ce que je m'efforce de faire. Chaque jour. C'est une astreinte, je ne me permettrai jamais d'affirmer que la chose est facile, non ! Mais avec le temps, les bénéfices sont si grands qu'ils valent dix fois la peine que l'on se donne. "

C'est aussi ce qui donne sa saveur à la vie. Des goûts parfois amers, acides... Oh oui... Mais, parfois, sucrés-salés, doux, piquants ! Elle mérite les plus fins palais, les esprits les plus ouverts et cultivés, pour donner pleinement satisfaction ! Sinon, eh bien, il reste plus facile de se plaindre de la pointe acidulée qui ne convient pas à la bouche trop habituée au sucre... Ma métaphore alimentaire me redonne quelque peu le sourire. Et pourquoi pas ?

" Aujourd'hui, je dois mettre un terme à ma souffrance. Nous avons chacun nos chemins, nos épreuves. J'ai eu la chance inestimable de pouvoir vous accompagner lors de certaines, mais hélas, nous ne pourrons pas aller plus loin sans panser chacun nos blessures. Pour cela, il nous faut cheminer chacun sur la voie qui nous est dévolue. "

En d'autres temps, en d'autres lieux... l'âme d'enfant que je garde aurait voulu vous avoir pour princesse, Eva. Mais je ne suis pas un prince. Nous ne vivons plus au temps des contes de fées. Est-ce que je le déplore ? Une partie de moi en pleurera toujours en secret, très certainement. Mais n'est-ce pas ce qui fait l'entièreté des êtres ? Les âmes de fer sont une illusion.

Avec une inspiration, je me plonge dans mes ressentis, j'abandonne pour un temps le monde des apparences. Je veux en savoir plus sur ce qu'il me faut à présent accomplir. Alors, je les vois. Les "fantômes" de mon passé. Ils dansent, languissant, désœuvrés, dans les étages de la tour. Ils nous entourent en silence. L'aura d'Eva est bel et bien différente. Presque inhumaine de puissance. D'où tient-elle ? Lugia a-t-il accordé un don à sa protégée ? Ou bien... Cette présence... Discrètement, je lève un œil vers le plafond. Le vent souffle encore, mais rien ne laisse supposer que quiconque survole la tour. Étrange.

" Des milliers d'âmes à travers l'Histoire ont espéré voir apparaître pour elle l'un des Oiseaux. Combien d'entre elles sont reparties bredouille ? Leur heure n'était peut-être pas venue. Ou bien la mécanique délicat du monde n'avait pas ce dessein pour elles. Mais vous, Eva, vous avez été choisie. Vous parmi des millions d'individus ! Pourquoi ? Je l'ignore sans doute autant que vous. Seulement, pour tout ceux qui n'ont pas été choisi et auraient de tout cœur souhaité l'être, vous devez maintenir ce cap - découvrir l'objet véritable de cette quête. Elle est la pierre d'angle de votre vie - rien de moins. "

Je sais que mes souhaits et la réalité ne coïncideront sans doute pas. Néanmoins, je ne suis même plus si surpris qu'un Lugia ait jeté son dévolu sur Eva. N'est-elle pas l'une des meilleures combattantes de ce continent ? N'a-t-elle pas prouvé, bien au-delà de ses turpitudes personnelles, que son âme méritait d'accéder aux plus hautes aspirations ? Elle qui était prête à tout abandonner. Qui a si souvent failli renoncer, est toujours debout, toujours en chemin. Et moi ? Qui suis-je ? où vais-je ? Combien de fois me suis-je déjà posé toutes ces questions ? Pourtant, à chaque fois encore, il me semble que je doive fournir une réponse différente. La transmutation n'est pas une chose fulgurante et instantanée comme aime à l'imaginer les amateurs de légendes. C'est un travail lent et profond - d'abord invisible - qui mène à des sentiers que l'on ne peut imaginer. Précisément parce qu'ils ne font pas partie des hypothèses de départ ! Ce voyage que tant de jeunes espèrent accomplir : c'est celui-ci même. Voir Eva marcher au-devant de son destin, avec toute son innocente certitude d'enfant du rationalisme, est une expérience à la fois étrange et attendrissante. Elle est une enfant et j'aimerai être aussi enfant qu'elle. Regarder encore et encore au travers de ce regard frais et nouveau ces choses que je côtoie depuis si longtemps.

" Je ne vous cache pas que je suis moi aussi venu en ce lieu pour me confronter à la réalité. Ai-je fait tout ce chemin en vain ? Je ne pourrai le savoir qu'en allant au bout. "

Je m'avance vers l'entrée de l'étage supérieur, le regard rivé sur les planches manquantes devant nous. Ce qui n'était qu'une broutille pour les trois quart de la population, s'avérait être une complication dangereuse pour qui n'avait pas un usage normal de ses deux jambes...

" Bien. J'imagine qu'il n'y a là aucune épreuve pour vous ? " Dis-je avec un sourire entendu.



• Demande de modération : apparition d'un Pokémon sauvage contre Absol => Utilisation du talent Pression pour faire apparaître un Fantominus : Vous avez 1 chance sur 3 de tomber sur le Pokémon de votre choix, merci de préciser son nom/ Légendaire non compris
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Message  Abby Johnson Mar 15 Mai - 9:56

Rebis, ou les noces chymiques

MAYERS
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Oui il le fallait, ça elle le savait parfaitement et c’était surement ce qu’il y avait de plus agaçant vu qu’elle n’y parvenait pas. Elle savait bien que l’absence forcée de Raichu et Nidoqueen y était pour beaucoup dans ce non accomplissement. Elle se sentait punie, pour une durée indétermination, une durée que seul Lugia connaissait et maîtrisait. Ses Pokémon eux aussi avaient la même sentence. A cause d’elle, ils étaient coincés là bas dans l’archipel, à faire dieu sait quoi, loin d’elle. Sans doute étaient t-ils tristes, croyaient-ils qu’elle les avait abandonnés. Faux ! Archi faux !  On ne lui avait pas laissé le choix. Lugia lui avait volé ses amis pour lui donner une leçon, voila comment elle le pensait. Elle décida donc d’aller jusqu’au bout de son récit et tant pis pour les conséquences.

- Ca serait plus simple si j’étais la seule concernée. Mais ce n’est pas le cas.

Elle chercha ses mots un bref instant.

- Raichu et Nidoqueen payent les conséquences de mon erreur. Ils sont restés là bas, je n’ai même pas eu l’occasion de leur expliquer quoi que ce soit. C’était la décision de Lugia, pas la mienne. Mes Pokémon resteraient dans l’archipel jusqu’à ce qu’il en décide autrement.

Un grondement sourd se fit entendre, faisait raisonner la tour et le bois sous leurs pieds. De quoi en impressionner plus d’un, mais Eva savait très bien que c’était l’esprit belliqueux de Lugia qui faisait de nouveau des siennes.

- Voila de quoi je parle.

Elle semblait blasée.

- On pourrait croire que les légendaires sont purs, sages et dignes. C’était aussi ce que je pensais avant de rencontrer ce Lugia, mais il n’en est rien. Je ne sais pas si ça ne concerne que lui mais je peux vous affirmer que Lugia a ses défauts et pas des moindres. Je n’ai jamais connu un Pokémon aussi hautain et borné que lui.

La tour se mit de nouveau à vibrer.

- Oui tu peux faire tout le boucan que tu veux, c’est la vérité.

Elle lui parlait comme s’il était là. C’était le cas : dans sa Pokeball qui commençait à remuer à sa ceinture. Lugia était contrarié, tout comme elle. Mais il était temps qu’ils règlent leurs comptes, ou du moins une partie.

- Non seulement il retient mes Pokémon en otage là bas, c’est comme ça que je le perçois, mais il ne cesse de me harceler, critiquer. Ca devient un cauchemar, j’entends sa voix dans ma tête ans cesse, pire que ma propre conscience. Si je ne suis pas assez bien pour lui je ne vois vraiment pas pourquoi il a tenu à m’accompagner pour m’aider contre les Rockets. Il n’avait qu’à choisir quelqu’un d’autre, ce n’est pas les volontaires qui manques ! On ne se comprend pas lui et moi.

Eva était frustrée et ne comprenait pas pourquoi le légendaire était si dur avec elle. Mais il lui avait sauvé la vie alors elle devait faire un effort pour apprendre à vivre avec. Le grondement de la tour s’était interrompu. Eva avait tout dévoilé, Lugia était retourné à son silence.

- Vous avez raison sur un point en tout cas : je ne commettrais plus la même erreur, c’est certain. Et vous, que devez vous affronter ?

La question était sortie toute seule, comme pour faire diversion à ce qu’elle devait de révéler. L’étage suivant s’offrait à eux, ne restait plus qu’à avancer comme le disait si bien son vieil ami. D’un pas naturel, elle s’avança vers lui, lui proposant son aide pour avancer au-delà du trou. La rancune était en train de disparaître, Lugia l’ayant prit pour lui.


Modérationl
Apparition d'un Pokémon de niveau 100. Ca sera donc un 2 vs 2. Merci.


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Message  Cooky Mar 15 Mai - 10:22

Un fantominus et un Rattata font leur apparition!

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Message  Invité Dim 4 Nov - 19:36



Rebis, ou les noces chymiques


Tour Ferraille - Jour - Johto





La tension refait surface, charge à nouveau l'air d'un flux quasi électrique. Je vois le poil blanc de Seth onduler avec grâce, sensible et réactif. J'écoute. J'entends. La relation d'Eva et de Lugia a de quoi surprendre : mais au final, que puis-je déduire de ma propre expérience en la matière ? Rien ! Jamais je n'ai eu à faire face à un tel Pokémon, et quand bien même, aurais-je eu plus de chance qu'elle ? Eva que je pensais connaître et dont je ne sais rien, Lugia que je ne connais pas et dont je ne sais que ce que l'on dit. Pourtant, je sens mon âme sourire à les voir se chamailler à l'image de deux enfants butés. Mon regard passe sur la Pokéball que fusille la jeune femme et je saisis toute la teneur des mots qu'elle lui destine. Un reproche, toujours, toujours aussi brûlant et sans concession -même si d'une toute autre nature que ceux qu'elle me réservait plus tôt. Il y a donc autre chose... Doucement, les voiles s'écartent, un par un.

" Voila de quoi je parle. "

Des otages ? Quelle sombre histoire encore que celle-ci ! Je grimace légèrement. Ces mois d’ermitage m'ont aussi coupé de nombreuses et diverses mésaventures : au fond, que sais-je vraiment d'Eva et de sa nouvelle vie ? Peu de choses. Trop peu pour seulement appréhender les origines de cette ombre sur son front. Mon cœur toujours me pousse à vouloir effacer cette blessure d'un revers de manche, à corriger l'incorrigible. Mais je n'y peux rien. Pas cette fois. Mon lien brisé m'empêche même de pouvoir amorcer le geste : il reste lettre morte, dans un coin, regretté et inexistant. Seuls quelques mots tristes percent au travers de la distance qui nous sépare désormais, comme preuve d'un "avant" et d'un "maintenant" avorté.

" Navré de l'apprendre... "

Navré, je le suis : n'ai-je pas failli définitivement à la promesse que je m'étais faite ? Oui. Qui pourrait imaginer l'inquiétude qui est celle d'un dresseur aimant ? Son désarroi face à une telle épreuve ? Regarde Archibald : que ferais-tu donc sans tes propres amis ? Eh bien, c'est simple : tu serais aujourd'hui sous les verrous, à tourner en carré dans une pièce étroite et sans lumière. Tout ce que tu ne voudrais pour rien au monde ! Loin de moi l'idée de saisir pourquoi Lugia s'en est remis à une telle extrémité. Pourquoi chercher à justifier l'injustifiable ? Mais les voies de la Nature sont aussi incompréhensibles pour les Hommes que les Hommes sont incompréhensibles pour la Nature ! Nos choix sont empreints de tant d'incohérence... Très honnêtement, qui peut encore ne pas le reconnaître ?! Nous sommes l'absurdité même, nous, les grands maîtres du monde...

" Il n’avait qu’à choisir quelqu’un d’autre, ce n’est pas les volontaires qui manques ! On ne se comprend pas lui et moi. " lance-t-elle, autant à l'adresse du Pokémon que vers moi. C'est un faux appel, un cri du cœur, une frustration qui enfin s'exprime et se libère.

Le vent souffle. La tempête se soulève et nettoie les rivages de ses ailes blanches.

J'aimerais tant vous consoler, Eva. Vous expliquer toutes ces choses en une langue qui vous serait familière et agréable. Mais je comprends à la lumière d'aujourd'hui que je ne le peux pas - si je l'ai pu un jour. je comprends avec douleur et résignation que mes propres souffrances sont la résultante et le reflet de mes choix - il en est de même pour vous. Je ne peux le dire, je ne peux que le penser avec tout l'amour qu'il me reste à donner. C'est un mot silencieux et presque apaisé, de ceux qui me furent adressés jadis par la seule personne qui m'ait tiré de la mélancolie d'une enfance sans saveur. " Un jour, tu comprendras. Ce sera long, douloureux - mais le jour viendra où les incohérences n'en seront plus. C'est ça, grandir. Cela n'a rien à voir avec l'âge. " Ô maître à penser. Si tant est que tu m'entendes, merci. Et merci, vous autres, qui avaient croisé ma vie et moi la vôtre, pour m'avoir appris sans m'enseigner. Merci ancestrale tour au bois sec, immobile et pourtant si pleine de vie et de force. Je cherche à formuler ma pensée, et j'y parviens avec un peu d'effort, tiré sans ménagement d'une réflexion qui menaçait de me laisser prendre racine dans le plancher :

" Les légendaires sont la nature. La nature est puissante, brute, entière, chtonienne. Elle n'est ni douce ni "pure"... Pas comme nous l'entendons... Non... Je pense que votre mésentente vient simplement d'une certaine incompréhension mutuelle. Nous ne parlons pas le langage des Pokémon, et même la plus puissante télépathie n'est rien sans un référentiel commun. Le temps vous aidera, j'en suis certain. "

"Le temps est un remède sans commune mesure. Mais il est amer, très amer." Mes pensées vont soudain à la vieille dame sur la montagne. A toutes ces longues nuits à me tordre dans ce lit étroit et froid, à laisser ma chair recoudre en silence les plaies sur ma peau. Le temps, ce meilleur ennemi des êtres ! Il adoucit même les plus hautes montagnes, il rend les choses les plus robustes aussi friable que la craie, il transforme le fragile graphite en diamant brut. Il fait apprendre et prendre patience. Il fait parfois naître le regret aussi... mais rien n'est parfait. Ah, le temps... N'en ai-je jamais eu assez ! Je me rêve adolescent, et les miroirs me renvoient les traits d'un homme déjà usé par la vie. Quelle ironie.

" Et vous, que devez vous affronter ? "

La question tombe dans un silence surpris. Mes lèvres sont restées entrouvertes, et je comprends trop tard qu'elles auraient dû être fermées. Ah. Une part de moi souhaiterait promptement se dérober à cette question. L'autre, en revanche, comprend en quoi répondre est un devoir, face à une demande légitime. Oui, quel genre d'adversaire peut demander autant de sacrifices ? Présenter autant de difficultés ? Tout dresseur ayant déjà combattu dans une arène sait que le plus grand défi n'est pas le Pokémon adverse, mais son rapport au sien.

" La honte. La colère. Le déni. Mes erreurs. " dis-je avec un vague sourire coupable.

Vieilles erreurs de jeunesse mais vrai déni toutes ces années. Années heureuses et presque insouciantes où je pensais avoir tout compris, tout gagné. Tu étais bien naïf sous tes airs avisés, n'est-ce pas, vieille carne ? Et que vas-tu dire, à présent ?  Rien. Seulement glisser tes mains dans tes manches comme le font les moines - bien que cette fois, l'excuse du froid ne puisse plus vraiment fonctionner. Mon regard s'égare un instant sur mes chaussures, alors que je laisse défiler les émotions soudaines et contradictoires à l'évocation de toute cette armoire de souvenirs poussiéreux. Fichue mémoire !

" Je dois tuer le Dragon - et il n'est pas commode. "

Vile créature. Sans doute y suis-je pour beaucoup, à l'avoir copieusement engraissé par négligence.

" Je suis sincèrement heureux que vous ayez accepté de faire ce parcours symbolique avec moi, Eva. Certes, cela ne nous rendra pas ce qui a été perdu, mais je crois que la route qui nous est offerte ici a beaucoup d'autres finalités qui nous échappent encore ! "

Je désigne l'échelle dans l'angle :

" Vous devriez passer en premier, cette fois. Nous sommes à mi-parcours à présent. "

Pourquoi ? C'est une question qui n'a plus vraiment de sens, avouons-le. Seth renifle encore les planches autour des fresques, puis, échange un regard perplexe. Je m'adresse à lui autant qu'à moi-même :

" J'ai longtemps pensé que les piliers étaient tels qu'ils apparaissaient dans l'imagerie traditionnelle : fiers et droits, immobiles et face à face comme deux colosses qui se toisent. Mais... il n'en ait rien. La Vie n'est qu'un combat : ils s'enroulent l'un autour de l'autre et s'entrecroisent en joutes violentes, à la manière de l'ancien caducée ! C'est une spirale, et ce qui nous paraît droit, à nous, humains sur terre, est, en d'autres points, d'autres espaces, tournoyant comme la danse des planètes ! "

Je sais qu'il n'a rien oublié de notre recherche liée à cet étrange endroit. Seth, témoin silencieux de ma quête insensée, mais fidèle d'entre les fidèles, et sans doute aussi le dernier rempart entre la déchéance et la réussite. Il acquiesce, toujours en silence, les yeux braqués sur moi avec une entente tacite, non pas dénuée d'inquiétude.

L'opération est aussi délicate et laborieuse que les fois précédentes. A chaque échelon, je gravis de nouveau ce toit. A chaque nouvelle traction sur mes bras, je remonte sur ces tuiles instables. A chaque fois que ma tête passe à travers l'ouverture dans le plancher, je sens la gravité tirer mes tripes vers le bas, vite toujours plus vite.

La surprise. La terreur. Puis plus rien.

J'ouvre les yeux : mes paumes sont posées sur le plancher de l'étage au-dessus. Respire. Seth tire sur mon vêtement et m'extirpe de ce marasme. Voilà, un de plus... Si long, si inutilement dur... Nécessaire. Oui, Archibald, cramponne-toi à cette unique maxime : nécessaire.

L'étage suivant nous révèle soudain une épreuve imprévue : le plancher est ouvert par endroit, formant le plus singulier labyrinthe que j'ai eu à voir jusqu'alors ! D'un coup d’œil, j'ai l'impression qu'il nous faut choisir la bonne direction à emprunter, sous peine de se retrouver coincer entre les tentures. Je me pince machinalement la lèvre. Bien sûr, voilà typiquement le genre d'obstacle à même de me mettre en difficulté. Soupir. Eh bien, ce n'est pas avec celui-ci non plus que l'impotent que je suis va soudain se révéler utile ! A la vue de l'une des premières scènes - qui ressemble fortement à une bataille rangée - je livre mes pensées :

" Je ne pense pas que la réussite de la Team Rocket en son funeste projet soit une coïncidence. Le monde vit le retour aux heures sombres, et il faudra bien plus qu'un titan bien intentionné pour l'en tirer. Je pense, Eva, que tout le monde a un rôle à jouer, et que cette tour doit, à sa façon, contribuer à nous donner certaines réponses. "

Mais les gens ont-ils le cœur assez ouvert ? Ou sont-ils aussi sourds qu'avant ? Aussi intolérant ? Je suis si souvent passé à côté de choses primordiales. Se croire meilleur, se croire supérieur. Un travers tout humain - je n'échappe guère à la règle. C'est un travail comme un autre, à la différence qu'il est invisible : celui que l'on opère sur soi-même. Un travail tout à la fois d'orfèvrerie et de chantier. Le genre de travail demandé par ces mêmes sociétés monastiques à l'origine d'endroits comme celui-ci. Je me sens soudain écrasé par l'énormité de la tâche : moi qui ait travaillé à la recherche de la perfection ma vie durant, je n'en suis pas même à la moitié du chemin. Faut-il que je m'en remette à toi, Gardien ? Au final, n'est-ce pas ce qui est exigé ? Le renoncement pour la paix.

" Toutes ces fresques : elles retracent d’innombrables histoires. Notre passé contient tant de leçons vitales pour nous ! Y en a-t-il une seule dont nous ayons réellement appris ? Quelle misère... Le monde devra-t-il éternellement retomber dans les mêmes travers ? Tourner en rond indéfiniment ? C'est, je l'avoue, l'une de mes grandes inquiétudes. "

Je me rends compte que ces phrases traduisent davantage une forme de désespoir teinté de résignation - concernant mon propre cas, peut-être, au fond, tous comptes faits. Était-ce vraiment ce que je voulais ? Non. Hélas, tant pis. Après tout, ce n'était qu'une forme de sincérité maladroite. Alors que mon regard Je me retourne, et quelque chose me fait stopper net. Je connais cette sensation !

" Oh ! "

Je reconnais cette présence... Un Fantôminus ! Je cherche une seconde autour de moi. Ah. Le voilà ! Son énergie le trahit, l'énergumène ! Le nuage de gaz apparaît doucement dans la lueur du jour.

" Il semble qu'un petit gardien s'intéresse à nous... "

Seth m'a devancé : il est déjà entre le spectre et moi, le regard pointé sur l'espace vide devant lui, prêt. Ami ou ennemi, mon gardien n'en a cure : aujourd'hui, nous avons une Tour à escalader ! Je le soupçonne même d'être ravi de trouver là une proie à chasser...


• Demande de modération : attaque Vibrobscur sur Fantominus

★ Vibrobscur (Ténèbres) : 80 - 20% de chance d'apeurer le Pokémon adverse.

Spécialité : Sage - Vos Pokemon gagnent le double d'expérience dans les lieux de méditation : Tour Chetiflor, Tour cendrée, Tour Pokemon, Tour Ferraille, Pilier Céleste, Temple Frimapic, Tour perdue.

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Message  Abby Johnson Dim 4 Nov - 21:31

Rebis, ou les noces chymiques

MAYERS
Eva

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Comme à son habitude, son vieil ami se voulait impartial. C’était difficile à entendre pour Eva qui était bloquée sur son idée et extrêmement frustrée. Elle était mal dans sa peau et elle doutait sérieusement que tout cela ne s’arrange prochainement. Pour dire vrai, elle n’y croyait absolument pas. Non, tant que Lugia garderait ses Pokémon loin d’elle, comme un châtiment pour sa faute, ça n’irait pas mieux. Eva ne pourrait pas tourner la page ni se pardonner, et encore moins aller de l’avant. Mais Lugia était là et c’était bien lui qui avait le contrôle de la situation et de sa vie pour le moment. Une fois encore, la brune avait l’impression de ne plus être maitresse et son destin et cela l’angoissait profondément. Eva avait toujours été ainsi, aimant tout contrôler, tout prévoir. Là, c’était Lugia qui prenait les décisions et c’était insupportable. Son mal être ne passerait que lorsqu’il changerait de comportement ou partirait loin d’elle. L’idée de rompre le pacte qui les unissait lui avait déjà traversé l’esprit, mais elle n’avait pas franchit le pas, ne se sentant pas prête à le faire. Eva était perdue.

Archibald se mit alors à parler de sa propre présence sur les lieux. Difficile là encore de savoir à quoi il faisait allusion. A ce qui s’était passé à Jadielle ? A son frère et sa famille ? Son passé dont elle ne savait absolument rien ? Non, en fait c’était impossible à dire. Même le dragon imagier dont il parlait pouvait représenter n’importe quoi. Il pouvait s’agir du démon qui l’avait possédé autrefois tout comme ses propres tourments du passé. Eva lui répondit en tout cas avec sincérité.

- Je ne crois pas aux coïncidences, plus maintenant en tout cas. Si nous nous sommes croisés ici c’est qu’il y a une raison, alors autant allé au bout des choses.

Eva obéit docilement et s’engagea à l’étage suivant aussi facilement que pour le premier. Pour le sage qu’Archibald était devenu, c’était moins simple. La fatigue et la douleur se faisaient sentir. Archibald releva un point important pour la jeune femme.

- En effet. Je ne pense pas non plus que Lugia soit la solution. Une simplement. Depuis l’apparition des shitai, je suis devenue obnubilée par le combat contre les Rocket. Je ne trouverais de répit que lorsqu’ils seront tous en prison et les shitai en sécurité. C’est ma raison de vivre maintenant, je n’ai plus que cet objectif pour tenir. Ca et mes Pokémon.


Face à eux s’étalait désormais un sol plein de danger, instable et truffé de pièges. Il ne faudrait pas grand-chose pour passer au travers du bois et finir la nuit à l’hôpital. Eva se demandait si Archibald était au courant de l’état de conservation de la tour et si c’était réellement prudent de s’engager sur le chemin. Pas trop le temps de se poser la question. Deux Pokémon résidant de la tour s’approchaient d’eux. Il faudrait combattre pour passer et Nox se tenait déjà prêt à dévoiler ses nouveaux pouvoirs à l’homme qu’il haïssait.



Modérationl
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Message  Cooky Lun 5 Nov - 16:24

Rebis, ou les noces chymiques - (feat Eva) Mental10 Rebis, ou les noces chymiques - (feat Eva) Seth_sprite_ind-4d229ce VS Rebis, ou les noces chymiques - (feat Eva) 19-1 Rebis, ou les noces chymiques - (feat Eva) 92-1
Détail du combat:

Absol lance vibroscure sur fantominus: - 96 pv!
Nox lance Psyko sur Rattata: - 110 pv!
Rattata lance croc de mort sur Nox: sans effet sur un type spectre

Absol monte au niveau 32 (je te laisse mettre les boost)
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Que souhaitez-vous faire ?
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Message  Invité Ven 27 Déc - 23:24



Rebis, ou les noces chymiques


Tour Ferraille - Jour - Johto





Le petit fantôme semble plus curieux que dangereux. Je le comprends, ma foi : les visiteurs doivent se faire bien rares, par ici ! J'ai presque de la peine pour lui lorsque je vois Seth le chasser sans ménagement de devant nous, le Vibrobscur cingle au travers de l'espace confiné de la tour. L'attaque est rapide, précise - tout ce que je reconnais sans concession à mon Pokémon... Mais alors que l'Absol retombe souplement au sol, les recoins brodés d'ombres s'agitent !  Un Rattata, dérangé par notre intrusion mouvementée, décide de s'avancer en plein jour, les moustaches frémissantes. Quoi de plus tentant pour des chats qu'une souris, je vous le demande ? Ahah, cher ami, il semble que tu sois fort mal tombé...

" Des rats ? Sapristi... Cette tour est encore plus "vivante" que je ne le pensais ! "

Cette fois, c'est Mentali qui devance Seth. Son attaque psychique est tout aussi rapide, précise, impressionnante. Je retrouve cette sensation exaltante des terrains d'arène, ceux où, il n'y a pas si longtemps encore, Eva et moi nous étions affrontés le temps d'un match. Le Pokémon était alors très différent : son pelage, ses yeux, tout en lui semble avoir été changé. Il me rappelle maintenant les anciennes expériences du maître, de celles que j'avais jadis tenté de reproduire à mes dépends... Qu'est-il arrivé à "Nox" ? Ma curiosité est grande, mais hélas l'heure n'est pas à l’investigation. Le Rattata, quant à lui, estime que le dérangement est de trop. Même si cet adversaire n'est pas de taille, j'admire son courage : il n'a pas fui. L'attaque le balaye comme un fétu de paille, alors que ses crocs n'ont aucun effet sur l'être désormais à moitié immatériel.

Quelques instants plus tard, le combat est terminé, et nos Pokémon nous ouvrent la voie : entre deux figures de félins stylisés s'élançant sur les toiles, un passage de planches étroites nous conduit face à ce qui ressemble à un piège, aménagé dans le plancher.

Avec circonspection, je tâte les planches du bout du pied, j'inspecte avec attention leurs bords. Elles sont de bonne facture, épaisse et de bois massif de plusieurs siècles d'âge. Un ouvrage d'une grande qualité, impressionnant de finesse : comment alors comprendre ces immenses brèches nous empêchant de rallier la prochaine échelle ? Je n'en vois qu'une seule : elles sont ici à dessein.

" Fragile... Hm. La prudence est de mise, mais je pense que ces planches ont été retirées intentionnellement... Les cassures sont très nettes ! L’œil avisé d'un ancien charpentier peut vous le confirmer. "

Que dois-je en conclure ? Que les personnes handicapées n'étaient point autorisée à concourir à la conquête du sommet ? Fi ! Dans ce cas c'est une raison de plus pour l'imprudent que je suis de me frotter à ce défi. Peut-être pour effrayer les êtres trop prompt à grimper jusque-là, mais n'étant pas près à prouver que leur courage allait au-delà d'un simple plancher trompeur ? Qui sait ! Mais la chose à de quoi laisser dubitatif. Sans doute l'ingéniosité des anciens recèle encore bien des surprises... Et pas des plus agréables pour les intrus que nous sommes !

" Soit. Donc ! Il ne faut pas se tromper de voie : qui sait si l'une de ces planches n'a pas été laissées là pour nous faire retomber à l'étage en dessous... "

Car n'en est-il pas toujours de même dans la vie ? Tu te trompes ? Eh bien, voilà la manière dont la Nature te forcera à apprendre de ton erreur ! Te voici de nouveau à l'entrée du labyrinthe, forcé de recommencer ton trajet de nouveau, encore et encore... Indéfiniment, jusqu'à ce que tu acceptes, que tu comprennes. Je soupire en cherchant mon chemin des yeux : que n'ai-je pas compris ? Qu'ai-je omis, négligé, oublié ? Je me gratte machinalement la tempe. Peut-être ai-je aussi trop tendance à me croire en faute. Le suis-je ? Plus j'y songe, plus la vérité me meurtrit.
Tandis que je cogite, je remarque que le petit adversaire qui ne nous avait pas posé de souci jusque-là ne s'est pas contenté de fuir... Des dizaines de paires d'yeux d'un rouge inquiétant apparaissent dans les recoins de la Tour. Un Rattata, puis deux, puis trois, puis vingt, puis... Nous nous arrêtons en ligne, bientôt cernés par les habitants de l'étage, peu enclin à nous laisser continuer.

" Je crois que tout le monde ici n'est pas ravi de voir des touristes tels que nous... Ah. Le nombre risque de nous poser souci... Seth ? "

L'Absol me lance un regard que j'interprète sans trop de mal : quel souci ? Je laisse filer un sourire. Humoriste malgré toi, vieil ami ! Effectivement, l'humain que je suis s'embarrasse sans doute de trop de prudence... ! Tu es bien plus expérimenté que moi, en fin de compte, et de toi à moi, bien meilleurs combattant. Je te laisse le soin de jouer les éclaireurs. Seth sait qu'il n'a nul besoin de me le demander : mon approbation lui est acquise.

" Très bien. Je comprends le message. Aussi fort soyons-nous, un contre tous, nous sommes vulnérables. C'est un très vieux message, je me souviens de l'avoir connu lorsque j'étais en culotte courte... Dans un livre, peut-être bien ? "

Les scories se détachent, nos esprits se débarrassent peu à peu du brouillard rouge des émotions incontrôlables. Voilà alors que se présente une épreuve de finesse et d'intelligence : résoudre le problème par la force n'est peut-être pas aussi simple.

" Et si nous tentions une diversion...? Ou un dialogue peut-être ? La télépathie peut sans doute nous y aider. Ou bien... "

Soudain, alors que nous tentons de trouver un moyen de calmer les Rattatas toujours plus nombreux, les moustaches frémissent avec nervosité. Les oreilles se dressent. La foule qui nous entouraient voilà quelques secondes se met alors à fuir comme une volée de moineau, avec force couinement appeuré. J'observe le fascinant spectacle, étonné - Seth semble l'être tout autant. Il n'y a bientôt plus âme qui vive à l'étage, hormis Eva, Nox, Seth et moi.

" Eh bien... Le message est finalement "laissez filer, tout finit toujours par s'arrancher" ? Par bleu, j'ai presque envie d'y croire...! Enfin. "

--

Mon pied accroche une planche, qui grince, revêche. Cela doit bien faire une bonne heure que nous grimpons ! Je réalise alors qu’au-dessus de notre tête, plus de plancher : seulement de longues poutres d’une charpente centenaire. Enfin, nous voici au terme de cette éprouvante ascension…

La dernière échelle fait cinq fois la hauteur des autres, elle traverse le toit par une étroite ouverture carrée par laquelle tombe une légère poudreuse. Ici, nous nous sommes habitués à un froid tout relatif, protégés par les murs de la tour. Mais, à présent, s’il me faut gagner les hauteurs, le défi sera tout autre… La morsure du vent d’hiver risque d’être douloureuse !

« Alors, nous y voilà… La dernière épreuve ! »

Une note de rire m’échappe : quelle misère… la dernière volée de barreau me fait encore mal, et il va me falloir replonger dans cette bulle de douleur volontairement. Archibald, bon sang de bois… serais-tu masochiste ? Vraiment, satisfaire cette curiosité vaut-il de se torturer lentement de la sorte ? C’est un miracle que ma hanche ne se soit point encore démise !

Une nouvelle rafale secoue encore la structure de bois, faisant crisser les planches et les chevrons. Je me cramponne à l’échelle par réflexe.

Pourquoi avoir grimpé si haut s’il me faut rebrousser chemin ? Non ! J’irai jusqu’au bout, même si le prix à payer est sans doute bien élevé pour une si vaine tentative. Après tout : autant de conditions sont rarement réunies ! Et si je dois laisser Eva partir sur ses propres sentiers à présent, au moins, je veux en avoir le cœur net.

" En effet. Je ne pense pas non plus que Lugia soit la solution. Une simplement. Depuis l’apparition des shitai, je suis devenue obnubilée par le combat contre les Rocket. Je ne trouverais de répit que lorsqu’ils seront tous en prison et les shitai en sécurité. C’est ma raison de vivre maintenant, je n’ai plus que cet objectif pour tenir. Ça et mes Pokémon. "

Une seconde, mes pensées vagabondent. Les mots de la jeune femme tournent, résonnent. Je ne les aime point : je sais quel sombre destin ils réservent à ceux qui n'y prennent pas garde. Ils sont un feu sauvage et vil qui embrasent tout ce qu'il touche. On ne peut espérer le maîtriser une fois qu'il vit en soi.

" La vengeance est un carburant puissant. Mais comme tous les carburants, il n’est pas infini : une fois toute votre haine brûlée dans ce combat, Eva : que vous restera-t-il ? Vous ne pouvez pas bâtir une vie sur un seul combat... "

Lorsqu'elle vous aura dévorée toute entière ? S'il ne vous reste que cela pour vivre, vivrez-vous lorsque le feu s'éteindra ? Je ne pourrai supporter de vous voir dépérir, succomber à la mélancolie et au vide créé par tant de violence... L'idée m'est insoutenable.

" Je ne veux pas me faire professeur ou prophète… Non ! Je veux juste partager la seule chose que je peux encore vous donner sans risque : mon expérience. J’ai longtemps haï. Je hais encore, seulement… Se noyer dans ce sentiment est vain et dangereux. Regardez-moi Eva : souvenez-vous. Souvenez-vous de ce que vous avez vu et que je n’ai pas vu ! Ces choses, dont vous avez goûté le poison du bout des lèvres, ont détruit des royaumes entiers. Ont provoqué des guerres mondiales… Des millions de morts au cours de notre histoire… Elles ruinent encore des existences aujourd’hui ! Elles ont ruiné ma vie, et je passe le temps qu'il me reste à recueillir les morceaux, à éteindre les incendies. Ne faites pas cette erreur, je vous en conjure... "

Avec une vague d’appréhension, j’écoute mes propres paroles et je comprends. Je comprends enfin le plan ignoble de l’ombre tapie quelque part entre les mondes : sa rancœur en fait une cible parfaite. Sa propension à la colère et à la haine, une aubaine pour Lui. J'ai été d'une idiotie telle... comment ne m'en suis-je jamais rendu compte ?

" Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? J’en suis l’exemple même. "

Un sourire triste, coupable. Une note de rire amère. Voilà ce que je suis. Il y aurait encore tant à dire, mais je ne ferais que bavasser dans le vide. L’essentiel est là, évident, déjà dit et conté de générations en générations.

" Je… "

Un cri.
Un cri unique et strident comme des cordes de violons qui claquent, un coup de frein affreux, un hurlement qui déchire le ciel.
Un frisson me remonte l’échine depuis les talons : que se passe-t-il ?!

" IIIIIIIIIIIIIIIIIIIAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAOOOOOOOOOOOOOOOOO !!! "

Je lève machinalement la tête vers le plafond. Alors, quelque chose s’abat sur le toit avec pertes et fracas. Un bruit énorme, semblable à une explosion, et l’onde se propage le long des piliers, précipitée vers la terre. Une fraction de seconde, je crois bien voir la Tour s’effondrer, nous entrainant dans sa chute ! Mais non, la secousse cesse, le bois a tenu.

" ATTENTION !!! "

Les tuiles, en revanche, n’ont pas eu l’air d’aimer l’évènement ! Quelques-unes nous tombent sur le crâne, et je me précipite sur Eva pour empêcher de disparaitre sous une avalanche de vieilles tuiles bleues. Nous roulons sur le plancher poussiéreux alors que l’un des chevêtres s’affaisse, laissant un trou béant dans la toiture s’élargir. Un nuage de poussière, puis, plus rien…
Ou plus tôt, des bruits étranges émanant du toit, mêlés au sifflement aigu du vent d’hiver.

" P-personne n’a rien ? " clamais-je, paniqué et déboussolé dans ce désordre. Je manque de manger mes cheveux en levant la tête.

L’échelle n’est plus visible, et la tenture qui se trouvait sous la partie éventrée est dans un état épouvantable… Misère ! Une partie de notre histoire vient de se faire effacer sans plus de cérémonie !

" Seth ?! " Je cherche mon Pokémon du regard. Rien ! Où est-il allé ? Par le toit ? Je tente de me redresser, quand mes mains viennent protéger mes oreilles d’un nouvel assaut :

" IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIAAAAAAAAAAAAAAAOOOOOOOOOOOOOOOOOO !!! »

Par le Léviator Rouge… il y a un Pokémon sur le toit ! Mes yeux s’écarquillent de stupeur et… oui, je le sens dans mes tripes. La peur.

Il ne peut y avoir qu’un seul Pokémon suffisamment grand sur cette Tour pour faire de tels dégâts… Se pourrait-il… ? J’en reste coi, à moitié paralysé par terre : comment est-ce possible ? Nous n’avons pas même tenté une quelconque invocation… La seule présence du Lugia aurait-elle suffit à attirer un… un Ho-Oh ? Ici ? Mon pauvre cerveau cherche désespérément une explication, tandis que mon cœur bondit entre mes côtes : il le savait, depuis le début. La raison de mon retour ici après tout ce voyage, ce long et douloureux apprentissage…

Une voix de tonnerre éclate alors sous mon crâne, me faisant sursauter de terreur :

*VOUS EN AVEZ MIS, DU TEMPS. JE TE SENS, GARDIEN ! MONTRE-TOI. *

Un cri m’échappe.

" Par le Feu Secret, ce n’est pas un délire… il est réel… !! "

Ma respiration est saccadée et douloureuse. Je cherche désespérément à me redresser. Mon regard accroche celui d’Eva, à quelques pas de moi : l’a-t-elle entendu ? A-t-elle compris la même chose que moi ? Mon incrédulité se lit dans mon regard, et l’impatience du géant sur le toit vrille l’air autour de nous.

Un seul point positif à ce tableau : plus besoin d’échelle pour grimper !





• Demande de modération : attaque Morsure sur Rattata (pour la forme :B)

Morsure (Ténèbres) : 60. Peut faire peur à la cible (25%)

Spécialité : Sage - Vos Pokemon gagnent le double d'expérience dans les lieux de méditation : Tour Chetiflor, Tour cendrée, Tour Pokemon, Tour Ferraille, Pilier Céleste, Temple Frimapic, Tour perdue.

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Message  Abby Johnson Sam 28 Déc - 14:54

Rebis, ou les noces chymiques

MAYERS
Eva

Nom
Prénom

Un fantôme et un rat, quoi de plus banal au sein d’une vieille tour légendaire. Pour Absol et Nox, ce ne fut que broutille de se débarrasser des deux curieux. De nombreux vieux bâtiments comme celui-ci servaient de refuge pour les Pokémon blessés ou tout simplement sauvages. Les ruines Alphra, la Tour Chétiflor, ce n’était là que de pâles exemples du sanctuaire que représentaient ces endroits. La tour Ferraille ne devait pas faire exception à la règle.

- Ils ne doivent pas avoir l’habitude de voir du monde.

Une fois le chemin de nouveau libre, Eva s’engagea à la suite de son vieil ami. L’endroit la mettait toujours mal à l’aise, mais elle savait qu’elle avait de fortes chances de trouver des réponses à ses questions, une fois en haut. Encore fallait-il y parvenir, ça c’était autre chose. Archibald lui fit remarquer, avec raison, que des planches avaient-étés retirés volontairement du sol. Le pourquoi était intéressant, mais c’était surtout le « par qui ? » qui intéressait la policière. Le passage était toujours praticable, mais il fallait faire attention. Curieuse de nature, elle ne pu s’empêcher de jeter un œil à travers l’un des trous. Conclusion : toute chute à cette hauteur serait mortelle probablement.

- Je me demande quand-même qui a pu faire cela.

Hélas, elle doutait du fait d’avoir une réponse aujourd’hui et de toute façon ce n’était pas vraiment important, après tout ils pouvaient continuer d’avancer et de monter. Archibald semblait penser que cela était un nouveau test, pour apprendre de ses erreurs en quelque sorte. L’idée était loin d’être bête, surtout ici. Mais mieux valait ne pas commettre d’imprudence.

Non loin de l’échelle, l’homme à la canne s’arrêta, tout comme Nox. Tous deux avaient détectés la présence des rats. Eva n’en avait rien vu jusqu’alors, trop occupée à faire attention où elle posait les pieds. Il ne lui fallut après cela que quelques secondes pour se rendre compte qu’ils étaient cernés. Eva était plutôt du genre à foncer dans le tas d’ordinaire. Mais la présence d’Archibald l’incitait à ne pas le faire. Il avait toujours eut cet effet sur elle par le passé et la policière devait admettre que c’était encore vrai aujourd’hui.

Mais ils n’eurent à se poser la question. D’un coup, sans prévenir, les rats se mirent à fuir. Pourquoi ? Ils ‘avaient l’avantage du nombre, pourquoi renoncer soudainement ?

- Pas moi. C’est bizarre.

Eva aurait aimé être aussi optimiste que son ami, mais voir des Pokémon filer comme ça, surement par peur, était rarement bon signe. Il se tramait quelque chose. Néanmoins, tout semblait être redevenu calme, alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin.

Ils arrivèrent finalement à la derrière échelle, bien plus grande que les autres. Elle ne pu s’empêcher de jeter un coup d’œil inquiet à Archibald. Parviendrait-il à grimper avec son handicap ? Levant la tête, Eva aperçu la neige. La lumière au bout du tunnel en quelque sorte.

- Courage vous pouvez y arriver.

Continuant d’obsrver l’échelle à presque en compter les barreaux, elle reprit la parole.

- Je sais que vous avez raison. La vengeance et la haine se sont emparées de moi et j’ai bien peur que cela ne fasse qu’empirer au fil du temps. Que ferais-je après ? Si toutefois j’arrive à gagner ? J’ai bien peur que d’autres méchants, peut-être pire que Giovani ne prennent la relève. Le combat contre le mal est sans fin je le crains. Au final, que ce soit contre lui ou un autre, je sais que je ne gagnerai pas.

En d’autres termes ? Eva était tout bonnement persuadée qu’un jour ou l’autre, elle périrait en mission. Elle était alors loin de s’imaginer que dans l’avenir, d’autres missions lui prouverait que le risque existait réellement, qu’un jour elle perdrait même l’un de ses Pokémon : Givrali.

- J’ai bien peur mon ami qu’on ne puisse plus faire grand-chose pour moi. J’ai voué ma vie à combattre le mal.

Plus les minutes passaient en tout cas et plus Eva parvenait à « oublier » sa mauvaise dernière expérience avec Archibald à Jadielle. Il lui avait menti sur son passé, c’était un fait, mais elle comprenait maintenant pourquoi. La protéger. Elle-même ne mentait-elle pas souvent aux autres pour leur éviter le danger ? Bien sure que si. Le pardon était accordé.

Archibald allait reprendre la parole lorsqu’un cri ce fit entendre. Puis un énorme bruit se fait entendre au dessus de leurs têtes. Quelque chose de très gros vient d’arriver sur le toit. Le sol, les murs, tout tremble. Eva vacille légèrement tentant de garder l’équilibre. Mais cela suffit à peine, instinctivement, elle attrape le bras d’Archibald, sans s’en rendre compte. Par le passé il fut un palier de sécurité pour elle. Cela devait encore être présent dans son esprit.

Ils se redressèrent et Eva et lâcha enfin. L’échelle n’était plus là et Seth non plus. Nox était quant-à lui terrifié, sachant ce qui venait de se poser au dessus d’eux. Puis cette voix, résonnant dans sa tête. Un seul regard lui permit de comprendre que son ami l’entendait également.

- Je ne veux pas revivre ça.

Pas de doute possible. Ho-Oh était là et Eva n’avait aucune envie de le voir. Pour dire vrai, depuis sa rencontre avec Lugia, Eva n’aimait plus aucun légendaire. Elle avait peur, peur de voir à nouveau son âme fouillée, ses tors reprochés. De nouveau sans le réaliser, elle se rapprocha d’Archibald, peut-être pour y trouver la force et le courage de rester ici. Eva côtoyait la mort et la peur quotidiennement presque, mais cette peur là, cette peur du légendaire, elle ne la gérait absolument pas.

C’est alors qu’un bruit se fit entendre à sa ceinture, suivit d’une lumière aveuglante et d’un nouveau fracas au dessus d’eux. Lugia venait de sortir de sa torpeur.



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Message  Cooky Sam 28 Déc - 14:57

Combat précédant clos. Nox étant le plus rapide, il met ko le Rattata sans besoin de l'intervention de Serth, qui part ce fait ne gagne pas d'expérience.
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Message  Invité Sam 28 Déc - 16:43



Rebis, ou les noces chymiques


Tour Ferraille - Jour - Johto





Je n'entends plus que mon souffle saccadé, mêlé à mon rythme cardiaque effréné.

" Je ne veux pas revivre ça. "

Je déglutis avec peine, ma gorge desséchée par l'air froid et sec emplis de poussière. L'expression sur son visage a quelque chose de douloureux. Je sens la peine me gagner un instant. Lentement, étage après étage, récit après récit, telles deux ombres déambulant entre deux mondes, nos blessures ont séchées. Maintenant, la peur, la colère, la souffrance, la tristesse, toutes ces choses qui nous ont hantées, semblent s'être tues l'espace d'un soupir. Un silence nouveau, après ces mois de tempête.

Ma main encore tremblante se saisit - peut-être trop vivement - de la sienne, et je la portais à mes lèvres avec un sourire d'excuse, fermant les yeux une seconde. Le temps, simplement, de graver dans ma mémoire ce parfum inimitable d'une personne pour qui nous avons baissé les armes, abandonné nos préjugés et nos défenses les plus secrètes. Ma poigne se referme sur cette main délicate, presque irréelle de pâleur dans la semi-obscurité de la tour.

" Vous ne le revivrez pas. Vous n'êtes pas seule. "

Mon sourire se fait plus chaleureux, complice. Malgré toutes les épreuves, toutes les peines et les écueils, je garde en mon coeur son souvenir, ses yeux d'un bleu sans pareille. Comment pourrais-je l'abandonner ? Même si, malgré toute ma volonté, je sais, je redoute tout du moins, que ses épreuves ne concernent qu'elle. Il y a des chemins que je ne peux arpenter à sa place. Jamais... Mais tant que notre route est commune, je serais là. J'en ai fait la promesse, et ma parole est indéfectible.

Soudain, la pokéball à la ceinture de la jeune femme s'agite avec violence. Elle s'ouvre, et l'âme courroucée qu'elle contenait s'échappe tel un courant d'air, se matérialisant quelque part au-dessus de nous. Un second rugissement, profond, chtonien, retentit en défit au premier, strident.

Un Lugia, un Ho-Oh. Un homme, une femme. Un pilier de fer, un pilier de cuivre : derrière leur séparation apparente, l'Unité dans tout son splendide paradoxe.

Du haut du trou dans la toiture, une silhouette se détache, solitaire. Seth ! Sa fourrure pleine de débris s'agite sous l'assaut du vent. Un poids quitte instantanément ma poitrine : sain et sauf ! Son agilité l'a sauvé... Mais à en croire son regard, rester ici n'est pas une bonne idée.

" Bon sang... Tu m'as fait une de ces peurs ! Ce toit est-il vraiment solide ? " L'Absol acquiesce du museau, quelques flocons venant lui chatouiller les narines.

Je me retourne de nouveau vers Eva, sa main toujours dans la mienne.

" Quelque soit la raison qui les force à s'affronter, nous ne pourrons pas nous interposer. Donnons-leur ce qu'ils veulent et voyons si la Tour peut nous livrer son message. Je sais, jusqu'au fond de mes tripes, que quelque soit sa teneur, il nous sera utile ! Voulez-vous livrer cette bataille avec moi ? "

Espoir.
C'est une question rhétorique : même si nous souhaitions fuir, nous sommes coincés. Redescendre dans ce chantier de tuiles et de planches avec un géant furieux au-dessus de nos têtes signerait sans doute notre arrêt de mort. Pourtant, un doute m'habite : hier encore, je ne pensais jamais la revoir. Je ne pensais pas mériter de la revoir. En l'espace d'une escalade, les cartes semblent avoir été redistribuée par une main invisible - sûre et puissante, mais à quelle fin ?

Je me perds dans les yeux qui me font face, laissant une multitude de sentiments et d'émotions contraires défiler à l'accéléré, incertain, hésitant. Les souvenirs vont, viennent, suspendant le temps avec une efficacité à peine croyable. Le monde s'est figé autour de nous, en noir et blanc. Le silence. Ni bon, ni mauvais. Ni doux, ni amer. Seulement un arrêt sur image, un frisson semblable à un mouvement de balancier entre avant et après. Entre je t'aime et je t'aimais. Entre ici et maintenant. Entre toujours et jamais.

--

La Tour tremble de nouveau, et les bruits apocalyptiques qui éclatent nous indique que nos peurs sont légitimes. Les titans n'ont jamais eu que faire des constructions des Hommes, en vérité. Massacrer une toiture est sans nul doute le cadets de leurs soucis ! Seth nous appelle, impatient.

Lentement, nous escaladons la coulée de tuiles qui commence à se couvrir de neige. L'accueil du climat hivernal est rude - très rude. Le vent est fort à cette altitude, plus que je ne m'y attendais...

Courbé en avant, je manque de glisser. Une fois... Deux fois. Pas à pas, nous montons sur le sommet de la Tour Ferraille battu par le blizzard. Mes yeux se plissent, tentent de discerner autre chose que l'immensité aveuglante du ciel blanc balayé par la bise. Je me fige, réalisant à quel point je n'étais pas prêt à  affronter la réalité de ce que le sommet de ce parcours étrange me réservait :

" Arceus tout puissant... "

Un genoux à terre, incapable de, ma tête accroche un regard immense, un œil à la pupille indescriptible qui me fixe avec l'intensité du vide spatial le plus absolu. Un iris de feu entoure ce gouffre sans fond, palpitant d'une infinité de couleurs.

Un Pokémon de douze pieds de haut est perché sur l'immense flèche d'or de la Tour. Il nous toise de toute sa hauteur, impassible sous le vent. Ses plumes ébouriffées changent de couleur à chaque regard : on les croirait pourpres, puis vertes, puis dorées... Impossible à dire.
Jamais je n'avais approché un être aussi proche de la description que les mythes en faisaient. Il semble tout droit sorti de mon propre plan mental, une chimère, un colosse comme les premiers jours de la Terre seuls ont pu en créer... Il n'est pas seulement immense : son corps tout entier irradie d'une aura aveuglante pour l'oeil de mon esprit. Le Feu Secret en action - traduit par les sages et les Hommes comme le "Feu Sacré" de l'Oiseau Arc-en-Ciel. Tous les aspects de la création sont en lui, et c'est cela, en vérité, qui le fait renaître au sens propre comme au figuré.



Sa crète d'or se hérisse et son bec s'ouvre. Mes mains se plaquent sur mes oreilles en un réflexe terrifié lorsque le cri déchire de nouveau le ciel de Rosalia. En colère ? Difficile à dire... Un légendaire n'est pas un être humain... Peut-être, même, plus vraiment un Pokémon.

D'instinct, je me rapproche d'Eva, mon épaule contre la sienne. Il fait si froid... Je ne sens plus ni mes mains ni mon nez... Mes yeux s'embuent, je peine à garder la tête haute, pour faire face au phénix qui s'ébroue, impatient. Je souffle, je tente de me rapprocher du centre du toit, ne serait-ce que de quelques centimètres. Pure tentative.

" Phénix de la Tour de l'Est ! " je m'exclame au hasard, ma voix perçant difficilement à travers le vent, " Je suis Archibald Lannysser, et voici mon amie Eva Mayers ! En tant qu'Humains, nous venons ici pour recevoir la sagesse des Anciens. Celle dont vos espèces seuls sont dépositaires devant l'Arceus. Je vous en prie : accordez-nous seulement les réponses dont nous avons tant besoin !"

Une seconde, je pense que l'oiseau n'a rien entendu. Ou qu'il s'en moque.
Mais le regard d'un autre âge se tourne, me transperce de part en part avec une violence qui me fige comme une proie face à son prédateur. L'oeil de feu semble rire :

* TOI. JE SAIS QUI-TU-ES. JE SAIS CE QUE TU CHERCHES. TU L'AS TROUVE. CONTEMPLE LA RÉPONSE, A PRESENT, OU MEURT EN LA RECEVANT !*

Un rugissement lui répond : Depuis les nuages, une ombre tout aussi gigantesque se précipite vers la Tour. Lugia ! Son plumage d'argent luit comme une lune en pleine nuit.

Une vision.

Le battement de ses ailes me dissuade néanmoins de me lever davantage, nous renvoyant des flots de poudreuses comme un ouragan passager. Ho-Oh déploie toute son envergure, son plumage irisé chatoie sous les pâles rayons d'hiver. D'un bond, il s'élance,

*TOI, SUR MA TOUR. QUELLE AUDACE ! MAIS C’ÉTAIT ÉCRIT, ET MAINTENANT, VOYONS QUI ACCOMPLIRA LE CYCLE DES CYCLES ! TOI ET MOI ! VOILA BIEN TROP LONGTEMPS QUE TU AS FUI !!*

Le Lugia d'Eva ricane, rugit, terrifiant par sa seule présence.

Ho-Oh décrit un cercle parfait au-dessus de nous, nous regarde comme les deux petites choses curieuses que nous devons être, figés sur le toit. Sur SON toit.

* TOI, LIEE DES ABYSSES ! PROUVE QUE D'ARGENT ÉCLATANT EST TON ÂME ! TOI MON LIE ! PROUVE QUE TON CŒUR EST D'OR PUR ! NI VICTOIRE NI DÉFAITE, QUE LA NAISSANCE POUR CEUX QUI S’ÉLÈVENT ! ET LA MORT POUR CEUX QUI RETOMBENT DANS L'OUBLI ! *

Je cligne des yeux, incrédules. Que...? Trop tard : le combat commence, et je n'ai pas saisi. La charge est terrible et sublime.

D'un élan symétrique, d'une grâce dont seuls de tels titans sont capables, les deux gardiens se jettent l'un sur l'autre, deux trainées de lumières flamboyantes embrasant les cieux à leur suite. Un authentique levé de soleil au beau milieu de l'après-midi.

Depuis la ville, une clameur monte, incrédule, émerveillée, apeurée.

Mon regard tente de suivre les manœuvres extraordinaires des deux titans, lancés à pleine vitesse au-dessus de Rosalia. Mais la fatigue est plus forte, l'intensité du froid à ces hauteurs, terrible, pour un corps aussi malmené que le mien. Doucement, je m'affaisse contre la neige, complètement engourdi. Ma jambe ne me tient plus. Le vent me mord le visage, les mains, la nuque.

J'ai... si froid.

Je lutte, résiste autant que je le peux. Nous devons gagner le plateau qui soutient la flèche, et nous mettre à l'abri derrière les rambardes décorées. Ma main se hasarde plus haut sur le toit. Je tire sur mon bras... mais il ne parvient pas à me porter.

"Je n'y arriverai pas. "

Un sentiment abominable de vacuité et d'impuissance me saisit... Arrivé ici, pour échouer. Parvenir au sommet pour être précipité du haut d'un toit par faiblesse. Quel destin sans envergure...


• Demande de modération : utilisation de 1 Invocation de légendaire hors conditions pour faire apparaître Ho-Oh ! (c'était pas du tout prévisible :p )


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Message  Cooky Sam 28 Déc - 20:05

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Message  Abby Johnson Sam 28 Déc - 20:15

Rebis, ou les noces chymiques

MAYERS
Eva

Nom
Prénom

Lugia lui était toujours apparu comme un dominant, mâle, autoritaire et sans compassion. Mais face à Ho-Oh, il semblait en gentil en comparaison. Eva contemplait de loin l’oiseau de feu, tout juste visible depuis leurs positions. Lugia avait prit son envol, détruisant encore une partie de ce qui restait du toit. Eva craignait désormais d’avoir fait une bêtise en montant jusqu’ici, du moins avec Lugia en sa « possession ». Les deux légendaires allaient désormais s’affronter et la ville entière risquait d’y passer.

La policière ne parvenait plus à détacher son regard de l’oiseau de feu, s’attendant à chaque seconde à être grillée sur place, comme un chamallow. Puis il eut ce geste, peut-être anodin pour beaucoup mais qui pour Eva avait beaucoup de sens. Elle sentit Archibald lui prendre la main, la portant à ses lèvres. Elle tremblait autant que lui et pourtant ce n’était pas dans ses habitudes. Elle aurait voulu lui sourire, parler ou faire quelque chose, quoi que ce soit, mais elle en était tout bonnement incapable. Elle allait peut-être assister à la fin de Rosalia et elle se sentit responsable. De loin on entendait déjà les cris du peuple. Ils avaient peur probablement et ils avaient raison.

Sentant l’emprise de son ami se resserrer sur sa frêle main, Eva détourna enfin son regard de ce qui s’annonçait être comme l’apocalypse. C’était du moins ainsi que la brune voyait les choses. Ses yeux se posèrent sur ceux de l’homme à la canne. Il se voulait rassurant, confiant. Mais ses tremblements le trahissaient. Allaient-ils mourir là tous les deux ? Ces deux âmes perdues, solitaires et pourtant inséparables ? Etais-ce là la conclusion de leur histoire ? Consumée au milieu des flammes, pour toujours réunis.

Eva eut une pensée folle, l’embrasser, pour la toute dernière fois. Malgré tout ce qu’elle avait pu dire et croire, elle l’aimait toujours. Mais sa raison l’en empêchait, à moins que ce ne soit autre chose. Archibald et elle avaient trop soufferts par le passé. Mieux valait ne pas succomber, et mourir peut-être en paix. Elle se contenta de serrer sa propre emprise sur la sienne.

- Je le sais, même si j’ai du mal à l’admettre. Merci.

Archibald avait été ainsi le premier à lui assurer qu’elle n’était pas seule. Des paroles qu’elle entendrait par la suite très souvent, sans pouvoir le prédire. Ces paroles seraient de nouveau prononcées par ses amis les plus proches, par sa prochaine histoire, par ses ennemis aussi. Peut-être fallait-il lui répéter les choses, pour un jour espérer les lui faire entendre, comme un enfant têtu.

Au dessus d’eux, comme pour couper court à cet interlude, Absol pointa le bout de son nez. Il semblait aller bien et leur montrer la voix. Rester ici serait de la folie, tout menaçait de s’écrouler sur eux, sous eux. Il fallait monter et trouver un abri. Archibald semblait savoir quoi faire, ce qui n’était absolument le cas d’Eva. Ce défi la dépassait et de loin. A sa question, elle aurait voulu répondre non, fuir, redescendre et partir loin d’ici, tenter d’oublier. Mais Archibald était son ami, elle ne le laisserait pas seul ici. Et de toute façon redescendre était impossible. Quant-à invoquer Dracaufeu pour sortir d’ici, c’était peine perdu pour le moment à cause du combat des titans. Il fallait effectivement attendre que l’orage passe.

Ensemble, ils tentèrent de gravir la distance qui les séparait du sommet. Pour Eva elle-même c’était difficile, et elle faisait de son mieux pour aider Archibald. Le froid faisait déjà son œuvre et quiconque connaissait Eva savait qu’elle détestait le froid et l’hiver. Ses mains étaient déjà engourdies, saignantes à cause de la sècheresse et du froid glacial.

- Tenez bon, on va y arriver. Il le faut.

Nox avait déjà rejoint Absol, sans trop de difficulté. Ils arrivèrent enfin en haut et aperçurent de toute sa splendeur le légendaire de feu. Dans ses paroles, Ho-Oh se fit encore plus détesté par Eva. Il était encore plus cruel que Lugia au final, en Dieu absolu, ayant toutes les réponses. Eva le détestait, peut-être plus que l’oiseau blanc. Les légendaires se défiaient l’un et l’autre, il fallait vite déguerpir, sous peine d’être tué sur place. Eva vit hélas Archibald s’écrouler à ses côtés. Il était épuisé et frigorifié. Eva quant-à elle était gelée et terrifiée, mais elle ne pouvait pas partir sans lui.

- Je ne vous laisserai pas vous m’entendez. On part tous les deux ou on meurt tous les deux ? Je me suis bien fait comprendre ?

Elle se cala sous le bras d’Archibald, bien décidé à le relever. Si ça échouait, elle n’hésiterait pas à le tirer, le traîner jusqu’à un abri. Nox et Absol assuraient au mieux la traversée.


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J'ai galéré mais j'ai retrouvé ses stats de l'époque XD
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Message  Cooky Sam 28 Déc - 20:20

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Détail du Combat:

Lugia lance hydrocanon: - 48 pv
Ho-Oh lance déflagration: - 15 pv

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