Bouffe pour tout le monde ! [PV Xyria]

Je rebondis de bon cœur sur l'incompréhension de la Feunard :

– (C'est pour ça que des gens comme moi vont s'occuper d'eux et leur donner à manger !) J'affiche un sourire rayonnant avant de détailler : (Je ne comprends pas vraiment pourquoi ces humains ne font pas comme les autres... On m'a déjà expliqué, mais c'est trop compliqué pour moi. En tout cas, pas question de les abandonner !)

En vérité, c'est surtout que chacun me donne une raison différente. Je me suis fait une raison : il n'y a pas de logique évidente, c'est comme ça. J'aide quand je peux, c'est le principal. Ce n'est pas moi qui changerait la civilisation humaine. Je n'essaye pas, préférant y jouer mon rôle.

Puis vint l'interrogation de Xyria. Je pose un doigt au coin de mes lèvres tandis que mon regard pensif se perd vers les cieux. J'ai besoin d'y réfléchir, trahissant qu'il est rare que j'envisage même de désobéir.

– (Je crois, oui ? Les humains savent plein de choses qu'on ignore, on peut leur faire confiance pour prendre la bonne décision.)

même lorsqu'il s'agit d'argumenter, je m'aligne sur leurs opinions sitôt qu'ils se montrent insistant.
M'imaginant avoir compris ce que la Feunard avait en tête en posant cette question, je retrouve mon énergie positive et enchaîne :

– (C'est sûr, c'est pas marrant quand on me demande de nettoyer la salle de soins, mais il faut bien que quelqu'un le fasse avant qu'un autre patient arrive !)

En parlant d'insister : je n'ai réfléchi qu'en surface, dans mon quotidien où je n'ai aucune raison de remettre en question mes ordres reçus, mon cadre de vie étant bienveillant. La réponse serait différente si je me plongeais dans un passé moins charitable.

À notre approche du centre Pokémon, Xyria réagit à ma dernière phrase. Je ricane en supposant qu'elle serait une vilaine patiente si notre rencontre s'était faite dans ces conditions.

– (C'est sûr que certains montrent les crocs ! Mais on a l'habitude. On essaye de les mettre en confiance, comme avec le Granbull tout à l'heure. Et si ça dégénère, on peut toujours endormir ou paralyser le Pokémon le temps de le traiter. Mais en vrai, beaucoup de Pokémon sauvages nous font confiance. Comme je te dis, y'en a un bon nombre qui viennent d'eux-même quand ils sont blessés. Je ne sais pas comment ça marche en pleine nature, mais j'imagine que certains se passent le mot ?)

En tout cas, c'est vrai près des centres Pokémon où j'ai travaillé. Je suppose que les Pokémon sont plus récalcitrant dans les zones reculées. Sauf que là-bas, j'y vais pas ! Trop dangereux. J'ai aucune compétence de survie, moi !

Mon pompon s'agite dans mon dos. Je suis si content que Xyria approuve ma vision des choses ! C'est trop facile de dénigrer ceux qui font des choses pas intéressantes, alors qu'il faut bien les faire. Moi, j'ai toujours l'impression de faire quelque chose d'important quand je travaille, que ce soit en soignant ou en rangeant.

Hélas, ce bonheur ne va pas durer longtemps. Les questions se précisent, et me revoilà à y réfléchir. Tout commence par une réponse franche et spontanée :

– (Des doutes ? Bah... non, pourquoi ?)

C'est bien ce que j'ai. Une confiance aveugle. Et je suis capable de l'affirmer. Sauf qu'à y réfléchir... Ce n'est pas vrai pour touuus les humains.

– (En vrai... y'a des humains qui sont vraiment méchants. Et qui font des choses pas bien.)

Je pense aux rockets, et à tous ceux qui ont travaillé sur les shitaï, un camp comme l'autre. Brrr ! Je frissonne rien qu'à y repenser. Pour autant...

– (Mais quand tu désobéis à un dresseur comme eux... c'est encore pire que désobéir à ceux qui sont gentils. Tu vas pas juste faire une bêtise.)

Ma vie s'est effondrée le jour où je l'ai fait. Désobéir à un ordre, tout ce qu'il y avait de plus simple : juste m'éloigner du Pokémon que j'essayais de guérir. Je me mords l'intérieur de la joue en y repensant, incapable d'imaginer ce qu'aurait été ma vie sans ce choix douloureux.
Alors je préfère rester aveugle, et espérer que mon dresseur fasse les bons choix. Jusqu'ici, ça marche mieux.

La discussion suivante s'achevant, nous arrivons enfin aux portes du centre Pokémon. Celles-ci s'ouvrent automatiquement grâce à ma silhouette presque humaine, nous permettant de rentrer à l'intérieur. Ma nouvelle amie va pouvoir découvrir le monde de la bienveillance !

– Camomille ? Est-ce que tout va bien ?

Ça, c'est l'infirmière qui vient vers nous après avoir mis son traducteur à l'oreille, un peu paniquée de me voir revenir avec le sac en lambeaux. Ah, oui... J'avais oublié ce détail ! Avec un sourire gêné, je lui résume notre altercation avec l'humain avant de lui tendre la pokeball du Granbull, ainsi que ce qu'il nous reste de nourriture. Ce sera pour une prochaine expédition !

– Vous avez bien fait de l'emmener, je vais m'en occuper tout de suite.

L'infirmière salue Xyria d'un sourire et d'un hochement de tête avant de repartir. Je l'invite ensuite à me suivre, direction le comptoir principal du centre Pokémon où l'infirmière dépose la pokeball.

– (Ici, c'est la machine principale de tous les centres Pokémon. Ça soigne la majorité des blessures bénignes, comme celle que les Pokémon peuvent avoir après un combat amical. C'est rare que les humains laissent leurs Pokémon se blesser davantage que jusqu'au KO. Il y a bien quelques combats d'arène qui tournent mal, mais la majorité du temps, c'est tout ce dont on a besoin.)

La sonnerie caractéristique de la machine sonne pour nous signifier la réussite des soins. Néanmoins, une diode rouge s'allume au niveau de la pokeball pour indiquer qu'un traitement alternatif serait nécessaire pour certaines blessures du Granbull. Pas étonnant ! L'infirmière récupère la pokeball et disparaître dans les pièces arrières accompagnée de sa Leuphorie. J'indique à nouveau à Xyria de nous suivre, après lui avoir laissé un peu de temps pour observer le reste de la pièce principale. Plusieurs humains installés dans les canapés attendaient le retour de leurs petits amis en regardant la télévision ou en discutant. Personne ne semblait s'étonner de la présence de Xyria, comme si c'était habituel que je revienne accompagné d'une parfaite inconnue.

L'infirmière libère le Granbull dans une pièce large, dans laquelle tout le matériel est bien condensé contre les murs, au cas où un patient trop vivace ferait une crise dès sa libération. Un Mackogneur surveille du fond de la pièce, prêt à réagir en cas de besoin. La soigneuse n'en aura pas besoin. Sa Leuphorie maîtrise la berceuse à la perfection, se montrant à la fois douce et envoûtante. Le Granbull a à peine le temps de se rassurer en sentant son corps bien moins douloureux et de me voir le saluer d'un signe de la main à l'entrée de la pièce. L'instant d'après, il s'allonge de lui-même et laisse la magie du chant le guider jusqu'à ses rêves, tandis que les médecins examinent ses blessures pour les traiter.

Inutile de rester là, ça va prendre un petit moment. Il resterait bien un tas de pièces vides à visiter, avec tout un tas de machines et autres produits qui, personnellement, me passionnent... mais je doute que ça intéresserait autant Xyria.

– (Je pense qu'on a fait le tour du principal. En attendant que Leuphy ait finit, on a largement le temps pour ton checkup ! Si ça te tente toujours ?

Il y a plein de pièces libres, le centre Pokémon n'est pas surchargé et l'infirmière n'a pas l'air d'avoir besoin de moi pour le moment. Autant en profiter !

Désormais, j'imagine ce Leuphorie avec un chapeau de paille :')

(Elle va devenir la reine des infirmière après avoir retrouvé le One Pilule x)

Pourquoi... pourquoi...

Comment expliquer cela à un Pokemon comme lui ? Il a certainement grandi auprès des humains et a appris à avoir cette confiance aveugle en eux. D'un côté, elle supposait que c'était la meilleure façon de vivre heureux dans cette société. Mais de l'autre, elle avait l'impression que cette pauvre boule rose n'avait pas le moindre libre arbitre et cela la rendait triste pour lui. La vie de Pokemon sauvage n'était pas facile, mais au moins, elle pouvait agir comme elle le désirait et n'avait à écouter que son instinct et sa conscience. Elle ne se sentait pas obligée d'obéir, elle le faisait seulement si elle le voulait.

Elle n'avait pas non-plus son vécu. Alors elle essaya simplement de dire :

-Tu le dis toi-même : tous les humains ne sont pas gentils. Que risquerais-tu si tu n'es pas d'accord avec un ordre donné et que tu ne le suis pas ?

Ainsi donc, une simple machine permettait de soigner la majorité des blessures infligées lors d'un combat ? Alors qu'à l'état naturel, des baies, quelques coups de langue pour nettoyer et plusieurs jours de repos pouvaient être nécessaire ? Xyria se méfiait des humains sur certains détail, c'est vrai, mais entre ça et les traducteurs, elle se sentait toujours très impressionnée par leurs inventions. Elle écouta les explications de Camomille avec un grand intérêt, puis le suivit. Voir que les humains prenaient quand-même soin de leurs Pokemon, avec autant de jeunes attendant le retour de leurs compagnons, la rassurait...

Elle observa les soins supplémentaires apportés au Granbull, puis Camomille lui fit une proposition. Venant d'un humain, elle serait plus méfiante. Mais lui, elle lui sourit et dit :

-Oui, allons-y. Que veux-tu que je fasse ?

Qu'est-ce qu'on risque à la désobéissance ? Je baisse le regard, me sentant déjà honteux rien qu'en y réfléchissant. Une première réponse me vient, évidente :

– (Je risque de tout faire rater. C'est terrible ! Des gens pourraient être blessés !)

Comme souvent, je pense aux autres en premières conséquences. Au centre Pokémon refuser un ordre reviendrait à abandonner le patient. Et à cette époque sombre d'étude des shitaï, lorsque j'ai refusé un ordre, le Pokémon a été abattu, ma dresseuse a eu des tas de problèmes, et le plus malheureux de tous...

– (… Et... J'imagine qu'on m'enverrai ailleurs... Encore.)

Coup dur pour le moral ! Imaginez qu'on me refuse l'accès aux centres Pokémon sur une seconde bêtise ? Qu'est-ce que je deviendrai ? Manquerai plus qu'on m'abandonne à la vie sauvage ! Je préfère encore travailler sans réfléchir.


Une fois la visite du centre Pokémon terminée, Xyria accepte mon petit checkup. Je saute sur place, heureux de pouvoir l'aider à ma façon en retour de tout ce qu'elle a permis aujourd'hui.

– (C'est tout simple ! Tu n'as qu'à t'allonger sur la table, et moi je vais t'examiner avec mes antennes pour voir si tu n'as pas des maladies ou des blessures qu'on ne voit pas à l’œil nu.)

Mes antennes se dressent pour se faire voir de la Feunard. Ce sera comme si je la tâtonnait de la main, sauf que de mon côté, j'aurais un tas d'informations plus précises.
J'installe une serviette sur la table ainsi qu'un oreiller si la Feunard désire y poser la tête. C’est plus confortable !

– (T'as un pelage magnifique, c’est souvent le meilleur signe d'une bonne santé pour un Feunard !)

Elle a l'avantage que je connaisse son espèce, pour avoir travaillé des années à Kanto. Elle pourra remarquer que si mes antennes se posent à différent endroits de sa tête, son cou, son dos, son torse et ses pattes, j'évite de toucher ses queues. Y'a plein de légendes un peu excessives là-dessus ! La vérité, c'est surtout que certains réagissent très mal quand on le fait sans prévenir.

– (Hihihi, oui tu t'es bien entraînée avec Soka. Ils laissent toujours des bleus et autres les K9, tellement ils sentent rien ! Ça doit vraiment être éprouvant.)

Je la soulage de mon Vibra soin sur les rares restes de blessures que je trouve, et lui révèle au passage les divers problèmes que son corps pourrait avoir si j'en trouve, que ce soit de vieilles cicatrices, étrangetés ou autres.

– (En tout cas, ton sang est tout à fait normal ! Pas une trace de ces vilains vaccins. C'est un peu mon cauchemar ces derniers temps, le nombre de Pokémon qui se sont retrouvés infectés, c'est tellement triste...)

Dont Soka ! C'est un miracle qu'il y ait survécu. Toutefois, je me retiens de parler de sa contamination, secret médical oblige.