Bouffe pour tout le monde ! [PV Xyria]

Un glas reposant sonne parmi les rues de la ville. Les malheureux à proximité se sentent revitalisés, comme libérés du fardeau de leurs petits bobos tandis que le responsable s'approche d'eux pour leur offrir quelques victuailles et échanger avec eux quelques minutes, ou au moins leur tenir compagnie s'ils ne peuvent le comprendre.

J'adore ces traversées bénévoles de la ville. Dès qu'un centre Pokémon se propose d'en organiser une pour soulager les solitaires abandonnés par la vie, je me propose pour y participer ! D'autant que ces derniers temps, je me sens de mieux en mieux. J'arrive à réutiliser certaines capacités qui m'étaient devenues impraticables, alors que je les adoraient. Et surtout qu'elles étaient bien trop importantes dans mon arsenal de guérison ! De longues semaines à m’entraîner avec autant de rigueur que de retenue, pour retrouver les bases de mes talents sonores sans pour autant risquer de rouvrir mes blessures, physiques comme mentales.

J'achève avec un énième monsieur condamné à vivre dehors, ainsi que son Caninos au pelage emmêlé qui lui tient compagnie. Je leur ai laissé quelques boites de légumes et de croquettes pour les prochains jours, peut-être même un peu trop. Si j'en donne autant à chaque personne que je croise, je vais vite être à court ! Mais que voulez-vous : j'ai toujours du mal avec les yeux de chiens battus, même quand c'est un monsieur mal rasé qui s'y essaie.
Pour ceux qui se demandent "pourquoi te balades-tu seul ?", c'est parce qu'en fait, à part moi, personne n'avait le temps de s'occuper de ça aujourd'hui. Mais ça ne me fait pas peur ! Je sais que le centre Pokémon se débrouillera très bien sans mon aide, contrairement aux gens que je vais secourir aujourd'hui. C'est plus important ! Et en prime, ça me permet de pratique mes capacités autrement. Vu mon état, c'est au moins aussi important que la pratique quotidienne de la médecine.

Concernant le surplus de boite donné aux derniers, on va dire que mon gros sac à dos est trop lourd, de toute façon. Ça m'aidera à avancer pour la suite ! Et puis moi aussi, je peux bien grignoter un peu. Ça me donne faim de voir tous ces gens affamés qui se régalent ! Même si leur regards gratifiants à la fin sont déjà la meilleure des récompenses pour un Nanméouïe comme moi.

Je reprends mes ondes bienfaitrices et avance dans un coin plus reculé de la ville, parsemé de petites ruelles. C'est souvent dans les endroits comme ça que vivent les plus démunis, à l'abri du regard des gens de tous les jours. Plutôt que mes yeux, je me concentre sur mes oreilles, pistant quelques échos de maladie ou d'estomac mécontent qui trahiraient un être vivant dans le besoin.

Certains diraient que je me mets en danger, mais... Qui s'en prendrait à un gentil Nanméouïe affublé d'un chapeau de médecin, avec une adorable love ball en collier ? Ce serait vraiment bête ! Surtout que s'ils ont faim, j'ai déjà l'intention de leur donner à manger gratuitement. Profitez les gens ! Venez avec moi, l'infirmier Camomille est là juste pour vous !

Modération, merci !
– Utilisation de 5 super bonbons sur Camomille
– Apprentissage rp de Glas de soin à Camomille
– Apprentissage rp de vœu soin à Camomille

Ding, ding ! Je continue ma balade en toute innocence, n'ayant absolument pas remarqué qu'on me suivait. Je ne surveille pas ça, moi ! Au contraire, je me dis que les inconnus se montreront tout de suite, tout heureux de me voir.

D'ailleurs, ça finit par arriver ! Un groupe de trois humains bourrus à la forte odeur d'alcool vient à mon encontre. Ils ont surement quelques Pokémon sur eux, mais aucun n'est en liberté excepté un Granbull endormi, dont le pelage sale et dégarni par endroits laisse deviner tant les maladies que les mauvais traitements.

– Regardez ça, les gars ! Qu'est-ce que tu viens sonner par ici, le marshmallow ?
– (Je distribue à manger pour les nécessiteux ! Est-ce que vous avez besoin de nourriture ? Ou de soin ?)

Ou disons plutôt... "Nanmé ! Nananmé ? Nanméouïe ?". On s'habitue vite aux humains avec traducteurs ! Mais dans ces quartiers là, personne n'en a. C'est que ça coûte cher ! Du coup, le type éclate de rire sans rien comprendre, au moins charmé par mon grand sourire et ma bonne humeur. Ça devrait bien se passer !

Je décroche mon sac à dos pour le déposer entre mes jambes et en sortir trois boites de conserves que je leur tends chacun leur tour, ainsi qu'une boite de croquettes pour Pokémon.

– (C'est pour vous !)
– Tu les donne ? On peut t'débarrasser de plus, mon gros. C'est qu'il a l'air lourd, ce sac, pour un gringalet comme toi ! Voyons ce que t'as là...
– (Euuuh... Oui, vous pouvez en prendre un peu plus, si vous voulez... Euh... euh...)

Je suis faible. Impossible de leur dire non ! Mais si les voir prendre une deuxième conserve chacun me fait presque plaisir, je commence à m'inquiéter lorsqu'ils en sortent une troisième. J'attrape le sac après une dernière pêche de la part du grand gaillard et en referme l'ouverture. Je secoue la tête pour essayer de leur expliquer :

– (Pardon ! Je ne peux pas en donner plus, il y a d'autres nécessiteux...)

Évidemment, ils n'en comprennent pas un mot. Puis ils s'en fichent pas mal.
Deux des bougres semblent satisfaits, ils pourraient abandonner. Mais celui qui s'est approché en premier et ricane depuis tout à l'heure ? Il pause son immense paume sur mon épaule et commence à se justifier :

– Tu sais, ici on manque vraiment de nourriture. On se contente de ce qu'on trouve ! Parfois, de vulgaires Fouinette grillés...

Vous savez ce qui grille bien ? Les Marshmallows ! Je sens la menace, surtout à travers l'appuie de sa paume. Je vais peut-être rouvrir le sac, du coup !
Personne ne semble avoir remarqué le Pokémon qui me piste depuis tout à l'heure.

Camomille monte au niveau 38 (prise en compte de l'autre topic (venin")

Spoiler:

L'homme recule d'un pas sitôt que les Feunard se font remarquer. Ouf ! Je prends à peine le temps de souffler avant de joindre les mains pour supplier :

– (S'il vous plaît, vous battez pas !)

Tant l'humain que la renarde, j'espérais leur faire comprendre que tout cela ne valait pas le coup de blesser quelqu'un. Je préfère encore abandonner les provisions !

Par chance, l'humain est encore moins courageux que moi. Un Feunard l'aurait peut-être fait hésiter, alors toute une troupe ?

– Baaah, ça va, on rigolait ! Pas vrai, les gars ?

Ils ne sont pas trop en confiance non plus, derrière. Ils acquiescent d'une voix faible et rattrapent leur camarade qui s'éloigne de nous à reculons. Notons qu'ils n'ont pas rendu les conserves. Tant pis, il m'en reste bien assez. Je peux enfin me tourner vers la Feunard qui a pris la parole :

– (Merci beaucoup, et désolé de vous avoir inquiété !)

L'histoire de ces vilains aurait pu s'arrêter là... sauf qu'à mes oreilles, il restait un problème. Après avoir refermé et remis le sac sur mon dos, mon regard se pose sur le pauvre Granbull dont la sieste semble plus importante que de défendre ses maîtres.

– (Attendez !)

L'humain grogne et reporte son attention sur moi. Je pointe du doigt l'animal, puis le chapeau de médecin sur ma tête. Pas sûr qu'il ait compris, en revanche, il n'a pas envie de froisser mes gardes du corps en me refoulant. Pour expliquer aux Feunards, ce sera plus facile :

– (Le pauvre, il a l'air bien malade ! Il faut que j'aille le soigner.)

Sans attendre une quelconque approbation, je relance mon glas de soin pour que le Granbull se réveille et entame une marche jusqu'à lui pour un traitement plus efficace. Enfin, ça, c'est en théorie.  Dans ma tête, le monde est aussi rose que mon corps.

Je te laisse jouer le Granbull comme tu l'entends :P

(HRP : Ouki ^^)

"Merci beaucoup, et désolé de vous avoir inquiété"

Xyria baissa vers le Nanméouïe un museau souriant comme si elle avait devant elle un petit renardeau tout mignon et naïf découvrant le monde seulement depuis la veille. Sa façon de parler, sa petite bouille, son air timide... elle le trouvait vraiment adorable. Elle leva une patte et lui caressa gentiment la tête en disant :

-Tu devrais faire un peu attention à où tu vas. Je suis un Pokemon sauvage qui a grandi dans la forêt, c'est le première fois que je me promène en ville librement, et même moi j'ai compris que cette ruelle n'était pas sûre.

Pendant ce temps, les autres Feunards ne bougeaient pas d'un poile, les yeux toujours posés sur les humains qui s'était éloignés. Elle les avait en quelques sorte immobilisés dans sa dernière position. Il se pouvait qu'ils finissent par comprendre, mais la peur... et l'alcool aussi... n'aidait pas à très bien ouvrir les yeux.

Il aurait été plus simple de partir dès maintenant, mais elle était assez d'accord : le Pokémon Chien ne semblait pas en bonne état. Elle ne se demanda pas si il avait compris à la base, et profita du fait que les humains ne la comprenne pas pour lui dire :

-Bon, mais dépêche toi. Mon Reflets ne sont pas parfaits. Ils risquent de comprendre le subterfuge.

Elle ne doutait pas de pouvoir les repousser. Mais autant l'éviter...

Le Granbull se réveilla et regarda la boule rose s'approcher de lui. La vie dans la rue et auprès de ce groupe, non-seulement ce n'était pas facile, ça n'aidait pas à avoir une bonne santé, mais en plus, à devoir gagner sa croute durant des combats clandestins, ça donnait une mauvaise vision des autres Pokemon. Le canidé croyait à un nouveau combat. Il voyait presque tous les autres Pokemon comme des adversaires.

Sans même chercher à comprendre, il lui aboya après et essaya de le mordre...

Un Pokémon sauvage ? J'entrouvre la bouche, impressionné. Ils ne sont pas nombreux, les sauvages assez courageux pour venir en ville ! Excepté les Rattatas et autres, dont elle ne fait clairement pas partie. Par contre, sa sage remarque m'arrache un rire :

– (Hihi, je sais bien ! Mais c'est aussi ici qu'il y a les plus nécessiteux. Faut bien les aider !)

Un petit aperçu de mon caractère aussi généreux qu'insouciant pour la cheffe de pack. Ou de reflets.  Je lance un "oooh !" vraiment pas discret en détaillant le plus proche, comprenant la supercherie. Une chance que ces humains ne soient pas fute-fute !

Un vilain "woof woof" au réveil ! Ça fait toujours sursauter. Néanmoins, je suis dans mon élément. Bien plus qu'en essayant de communiquer avec les humains bourrés, qui se marrent déjà de me voir en difficulté ! Aucune chance qu'ils interviennent, ceux-là.

On reçoit souvent des Pokémon agressifs au centre Pokémon. On a deux solutions pour les gérer :
D'abord, garder un regard touchant tout du long ! Ça refrène les attaques. On prend moins de risque, et certains Pokémon en perdent même leur agressivité.

Bref, je doute que ça suffise dans le cas de notre Brutus malade. J'évite un premier coup de mâchoire en reculant. Il est quand même particulièrement agressif, celui-là ! J'ai à peine le temps de pivoter, les crocs du sale cabot se referment sur mon sac à dos.

Ohlala, l'infirmière va m'enguirlander si elle voit ces marques. Et ça risque d'empirer. J'abandonne mon sac dans la gueule du chien et recule encore avant de lui refaire face.

– (Touuut va bien ! Tu sens ? J'apporte juste à manger ! Tu en veux ?)

C’est le deuxième truc qui marche le mieux. La bouffe, c'est comme un langage universel. Je suppose qu'il va s'acharner sur le sac. Dommage, il était pratique, ce sac ! Par contre, il risque d'avoir du mal à ouvrir les conserves, que ce soit celles de croquettes ou de nourriture humaine. Je vais jouer la confiance et m'asseoir devant lui en attendant qu'il se calme avant de lui en ouvrir une. Et si ça ne marche pas... Ben, j'espère qu'un plan B me viendra en tête !

La Feunard est très sage. Bien plus que moi. Pour un Pokémon sauvage, ça me paraît logique : elle n'a jamais eu de dresseur pour la protéger. Si je fais ce genre de bêtises, aujourd'hui, c'est bien parce que je suis livré à moi-même. Ma dresseuse n'aurait jamais laissé faire.

Pour autant, je préfère garder mon positivisme jusqu'au bout, même si ses mises en gardes sont pleines de bon sens :

– (Si ça arrivait, j'espère qu'il y aura aussi quelqu'un d'autre pour me donner un coup de patte !)

Même dans ces quartiers sombre, j'aime à croire qu'une ou l'autre des personnes à qui je suis déjà venu en aide réagirait en m'entendant. Ou un parfait inconnu, comme aujourd'hui. Très irresponsable. J'en suis conscient. Mais entre ça et abandonner ces quartiers à ce qu'ils sont, je préfère prendre les risques moi-même, jusqu'au jour où la vie me donnera tort.

Le Granbull n'est pas commode. Jouer les gentils n'a pas marché. La nourriture, un peu mieux. Toutefois, je ne saurais dire s'il a conscience que c'est un cadeau de ma part, puisqu'il s'est servi. Je vais insister un peu avant d'essayer quoi que ce soit. Faire preuve de camaraderie et espérer que ça le calmera davantage.

Je ramasse une boite de croquettes tombée au sol suite aux déchirures du sac. Plus facile d'ouvrir ça avec des mains qu'à coup de crocs ! J'en soulève le couvercle puis approche la boite du museau du Granbull.

– (Tiens, tu sens ? Ce sera bien meilleur que ce que tu as entre les crocs ! Régale-toi.)

Je le laisse piocher dedans s'il le désire avant de déverser le reste au sol devant lui. Vu son gabarit, il va tout engloutir.
Bon, il a une cannette bloquée sur sa canine, par contre. Ce serait bête qu'il se coupe avec. Je lui retire ? C'est un peu dangereux. Et ça ne devrait pas l'empêcher de manger, pour l'instant. Je vais voir s'il parvient à la retirer de lui-même.  

– (Je peux m'approcher ?)

Je m'approche en douceur, cherchant un premier contact amical. J'aimerai lui caresser le crâne, s'il se laisse faire. Je m'assure de rester à sa vue, jaugeant ses grognements, s'il y en a. Mon objectif avec ça ? Si j'arrive à le caresser, je pourrais aussi poser une antenne et étudier ses blessures. Et peut-être même lancer une première fontaine de soin pour qu'il se sente mieux ? Se serait l'idéal !

Bien sûr, tout ça, c'est sans compter sur l'humain râleur qui s'en mêle à nouveau. Il doit en avoir marre de rire, puisque je ne suis pas encore blessé.

– C'était bien la peine de nous arrêter si c'est pour tout lui donner ! Vous avez perdu votre temps !

La dernière phrase est à l'intention du troupeau de Feunards.

– Allez, le chien ! Finis de bouffer tout ça qu'ils dégagent. Ou fais les dégager et mange après, ça serait plus rapide.

J'ignore l'humain, trop focalisé sur les réaction du Granbull pour jauger son aggressivité.

De sa langue coupée, le Grandbull prit effectivement une croquette, puis deux. Et quand le Naméouïe le lui versa, il avala le tout à grandes bouchées, visiblement affamé.

Tendis qu'il se substantait, il observait du coin de l'œil la boule rose qui s'approchait de lui. Un grognement échappa du fond de sa gorge, mais c'était juste une menace, cette fois, pas une attaque. Il avait compris ce qu'il lui avait dit, bien sûr, même si, que ce soit par instinct trop sauvage, manque de connaissance ou problème de santé, il ne lui répondait pas. Il avait compris, maintenant, qu'il n'était pas un adversaire. Cependant, il était encore un peu craintif. Pourtant, sous le regard méfiant de la renarde de feu, il accepta finalement qu'il lui caresse le crâne. On voyait qu'il pourrait le mordre au premier geste brusque. Mais si il continuait à y aller calmement, il ne s'en prendrait pas à lui...

Le maître du Grandbull lui donna alors un ordre. Ce dernier sembla hésiter. D'un côté, il se devait de lui obéir. De l'autre, le Naméouïe était gentil avec lui. Il se sentait comme déchiré en deux. De sa gorge sortait ce qui ressemblait à un mélange entre un grognement et un couinement tendis qu'il jaugeait les deux possibilités, soit de désobéir, soit d'attaquer. La "meute" de Feunard, elle, se plaça entre le groupe et l'infirmier et son patient, comme pour les dissuader de s'approcher, voir les pousser à se taire. La vraie Xyria, elle, glissa au Nanméoïe :

-Tu ferais mieux de te dépêcher. Ils s'impatientent. Ou alors tu l'endors et on l'emmène avec nous. Ils n'ont pas l'air d'être du genre à s'en soucier.

Mais bon, pour ça, elle pouvait se tromper...

Hum... Mon antenne écoute le corps du Granbull en suivant le mouvement de ma main caressant son crâne. Et ce n'est pas beau à voir ! Reste de blessures mal cicatrisées, maladie et croûtes... Mais le plus embêtant, c'est cette déchirure musculaire que je sens à sa patte arrière et le fait boiter. Il aurait bien besoin d'un soin complet, le pauvre !

Mais la Feunard a raison. Je n'ai pas le temps de faire compliquer, je vais vraiment finir par me faire mordre à force d'insister. Heureusement qu'elle est encore venue à mon secours !

– (Pardon, je ne sais pas endormir. Et puis il n'a peut-être pas envie d'être séparé de son dresseur, même s'il est désagréable. Juste un tout petit peu plus de temps et j'arrête !)

Dis le drogué à la générosité.
Néanmoins, je passe à l'étape suivante et retente de communiquer en douceur avec le Granbull :

– (Avant de partir, est-ce que je peux essayer de soulager ta patte arrière ? Regarde ! Tu peux lécher, ça picote un peu, mais ça ferait du bien à ta langue et ta patte blessées.)

Je tends mes mains couvertes d'un début de Fontaine de vie. S'il les lèches, sa langue ne se reformera pas, en revanche les plaies se refermeront. Puis, s'il se laisse toujours faire, je masserai sa patte blessée avec pour permettre à son muscle de guérir. Mes glas de soins devraient déjà avoir combattu la maladie si ce n'est rien de grave. Le reste, c'est moins grave !

Après cela, ou s'il refuse, je décide d'en rester là et tourne la tête vers les conserves étalées au sol. Un soupir de lassitude m'échappe. Ben bravo, tiens ! Et comment je récupère tout ça, maintenant ? Je ramasse le sac déchiqueté et remet un maximum de conserves dedans. J'en profite pour ouvrir une autre boite de croquettes et la vider devant le Granbull. Le sac est ouvert de tous les côtés, j'essaye tant bien que mal de tenir le machin entre mes bras pour ne pas jouer les petits poucets.

L'humain désagréable peste dans son coin. Il n'a clairement pas apprécié l'approche des Feunard ! Manque de bol pour lui, il a une grande gueule sans le courage qui va avec. Il recule en attendant qu'on en ait fini, allant même jusqu'à laisser ses deux camarades en première lignes. Ceux-là n'ont plus réagi depuis les excès de leur ami, se contentant d'observer en silence. Ils ont toujours peur du troupeau et restent à distance, en revanche aucun n'a cherché à empirer ma situation depuis que j'ai approché le Granbull. Y'en a même un qui a un petit sourire en voyant que j'essaye de soigner leur ami canin !

Je pouffe un peu en entendant les craintes de la Feunard.

– (On pourrait le soigner, oui ! Puis on aurait plein d'autres problèmes à la place, nous comme lui.)

Moi, j'en perdrais mon boulot. On ne rigole pas avec les vols de Pokémon, au centre ! Et le pauvre Granbull finirait en chenil ou abandonné dans la nature, lui qui n'a sûrement vécu qu'aux côtés d'un dresseur. Ou pire : récupéré et encore plus maltraité par son dresseur.

Mais ça n'arrivera pas ! Pourquoi ? Parce que l'humain lui-même nous propose de l'emmener, tandis que je remerciai la Feunard pour son aide avec les conserves. Je me tourne vers lui et joins les mains, tout sourire pour lui lancer le plus joyeux de mes "Ouï !".

Promis ! Il peut avoir confiance en moi. Je me tourne vers le Granbull, toujours avec cette bonne humeur nouvelle :

– (Tu as entendu ? Tu vas avoir droit à tous les soins dont tu as besoin !)

Je laisse l'humain rappeler lui-même son Pokémon puis tends les mains pour recevoir la pokeball – en tout aussi mauvais état que le Pokémon lui-même –. Une fois réduite, elle est aussi petite que celle autour de mon cou, je peux la garder en main pour le trajet en plus des restes de sac à dos.

Plus qu'à se mettre en route ! Je passe à côté de la Feunard et lui lance au passage :

– (On le ramènera dans tous les cas, mais tu pourras lui demander pourquoi il ne s'enfuit pas ! Même dans son état, il pourrait courir plus vite qu'eux.)

Aucune attache, rien. "La bouffe", peut-être. Ou peut-être plus, qui sait ?
De mon côté, je suis tout fier de moi, comme le montre ma démarche bondissante. Puis quelque chose me revient en tête :

– (Oh, mais si tu es sauvage, tu ne veux peut-être pas aller jusqu'au centre Pokémon ? Tu étais venu chercher quoi en ville, à l'origine ?)

Elle m'a beaucoup aidé, mais je ne veux pas embêter l'animal sauvage plus que nécessaire. Certains sont très craintifs des humains ! Au moins, sitôt qu'on aura quitté cette ruelle, plus rien ne risquera de nous arriver. Enfin, j'espère !

-Eh !

Alors que le SDF souriant faisait un signe de la tête au Nanmeouïe pour le remercier de bien vouloir prendre soin de son Pokémon, celui qui avait été le plus brutal depuis le début de la soirée s'approcha en levant un long index menaçant dans sa direction et en lui demandant :

-De quel droit tu confies mon Pokémon à des étrangers ?!
-C'est pas TON Pokémon. C'est NOTRE Pokémon. Au groupe entier ! Et on n'a clairement pas les moyens de lui apporter les soins adéquats. Laisse les le prendre, on a pas de combat de prévu aujourd'hui de toute-façon.
-Et qu'est-ce qui te dit qu'ils vont le ramener ?!
-A qui peut-on faire plus confiance qu'à un petit gars qui nous donne de la nourriture gratos ?

L'autre homme hésita, puis finalement il fit un signe grossier de la main et s'éloigna en semblant en dire : "Bah ! M'en fou ! Fait comme tu veux". Il avait peut être encore un peu peur de la meute qui le regardait.

Et ainsi, les choses furent décidées et ils prirent le Grandbull avec eux...

Tandis qu'elle marchait à ses côtés, suivi de près par ses reflets, Xyria lança un regard un peu dégoûté à la Pokéball qu'il tenait entre ses mains. Elle n'était plus si craintive des humains que ça, maintenant. Par contre elle détestait tout ce qui était objet d'enfermement.

Elle lui répondit :

-Je suis avec la K9. Ils m'entraînent. Même si je reste un Pokémon sauvage, j'espère de venir plus forte. Je visite la ville durant un temps de repos, je passais par là par hasard. Et toi, tu as toujours été dans le soin aux autres Pokémon ?

Oh non, ils vont se battre entre humains ! Mes oreilles s'abaissent en les entendant hausser le ton. Mes yeux pivotent de l'un à l'autre, cherchant à capter leur attention pour calmer le jeu. Bien sûr que je rapporterai le Pokémon ! mais mon intervention n'est pas nécessaire. Le gentil remporte l'affrontement verbal.
Je souffle de soulagement et m'éloigne en compagnie de la renarde sauvage. L'occasion de faire un peu connaissance !

– (Oh ! la K9 ? Tu dois faire des missions avec Soka ! Vous avez tous l'air incroyables là-bas !)

Mes yeux s'élargissent à cette révélation, redécouvrant la créature d'un regard admiratif. Même si elle m'est venue en aide, je ne pensais pas avoir dérangé quelqu'un de si important. Parce qu'ils sont forcément tous importants, chez la K9 ! Même ceux qui doivent encore s'entraîner.

Me concernant, les choses sont plus simplistes. Juste de quoi opposer nos deux univers, tandis que je raconte avec un sourire bienheureux :

– (Oui, toujours ! Les parents de ma dresseuse ont acheté mon œuf pour l'encourager dans ses études de médecine.)

Et comme si n'avoir jamais rien choisi était tout à fait normal, je pose une main pensive sur ma joue, repensant à un détail de sa question :

– (Enfin, j'ai aussi aidé dans des hôpitaux pour humains, pas que des centres Pokémon.)

C'est important à préciser !

Je remarque alors le regard de Xyria envers la pokéball et sourit. C'est naturel : beaucoup de Pokémon sauvages grognent à la simple vue d'une pokeball après avoir vu nombre des leurs s'y faire enfermer. Ou pire, plus directement :

– (Un humain a déjà essayé de te capturer ?)

Autant demander directement, ça évitera des malaises à l'avenir. Je n'étalerai pas ma vision idéaliste devant une créature sauvage avertie.

Elle connait bien Soka ! Pourquoi je suis surpris, en vrai ? Je pouffe à mon tour et réplique à cette même question :

– (Tout le monde les connaît !)

Quand même, c'est pas de chance pour elle d'être bloquée dans les ennuis de Soka. Et dangereux surtout !

– (S'ils peuvent embêter Soka, ça doit être des gens terrifiants ! T'es courageuse de l'avoir aidé ! Mais... L'entraînement de la K9, il est pas comme... hyper méga balèze ?)

Parce que bon, Soka, il mange des bodybuildeurs au petit déjeuner. Et il fait craquer leurs os à mes oreilles pour me traumatiser. Mais ça, c'est une autre histoire.

– (J'ai eu de la chance du coup : moi aussi je l'ai croisé en forêt. Quoi que... il était en train de chasser, c'est pas mieux en vrai !)

Brrr ! J'en frissonne rien qu'au souvenir de ce pauvre Rattata. On risque de raconter l'histoire entière, si ça continue !

Ouf ! Pas de souvenir terrible sur la Pokeball, juste un dégoût sauvage bien normal. Je souffle de soulagement, puis referme ma main sur l'objet pour qu'il disparaisse aux yeux de Xyria. Enfin... celle du Granbull, puisque la mienne reste bien visible accrochée à mon collier.

– (Je comprends. Moi, j'ai toujours ressenti l'inverse. Avec les pokeballs, hein ! Pas les cages : ça c'est pas agréables. Dans la ball de ma dresseuse, je me suis toujours senti comme dans un doux cocon où il ne peut rien m'arriver.)

Sécurité et liberté s'opposent bien souvent. Ces derniers mois, par exemple, je peine à trouver le sommeil, même à l'abri d'un centre Pokémon. Je n'ai plus cette sensation que ma dresseuse veille sur moi. N'ayant jamais connu la vie sauvage, je me demande sans cesse ce qui leur permet de passer outre cette sensation terrifiante que n'importe quel prédateur pourrait leur tomber dessus en pleine nuit.

Oups ! Bien sûr que la K9 n'est pas connue en pleine nature... Je grimace et répond d'un air tout gêné :

– (Ah ben oui, c'est vrai... désolé, j'ai pas réfléchi !)

J'ai l'air d'un bon gros idiot de la ville, là ! Comme si ces magnifiques forêts et autres étendues sauvages où vivait la Feunard n'existaient pas.

Je reconnais bien Soka dans la description qu'elle en donne. Si ça me fait rire au début... Ce rire se déforme vite dès les premières créatures à affronter. Dracolosse et Dracaufeu ? De la K9 en plus, ce devaient être d'énormes brutes ! Mes instincts de toubib prennent le pas sur la discussion :

– (Mince ! Ça a dû être terrible pour toi ! Est-ce que tu es blessée ? Tu veux que je regarde ? À chaque fois que je vois Soka, il est tout cabossé de partout, je suis sûr qu'il ne se soigne pas bien après ses entraînements !)

Faut vraiment pas que j'aille assister à ce genre d’entraînements, moi. Je vais bondir sur le terrain après chaque attaque pour soigner les gens ! Et vu leur caractère, c'est moi qui vais finir en pièces détachées. Comme la renarde peut le remarquer, je n'accorde pas tant d'importance à la puissance, je m'inquiète bien trop vite pour ça.

Là où je suis bien moins loquace, c'est lorsque le sujet tangue vers ma dresseuse. Je me redresse d'un coup comme un piquet, puis tourne la tête vers la gauche, portant mon regard sur le bâtiment le plus proche en attendant de trouver un mensonge qui n'attirerait pas trop les soupçons.

– (Oh euh... Elle n'est pas là. On a été séparé, alors j'aide le centre Pokémon en attendant qu'elle revienne me chercher... Ils ont toujours besoin d'aide, les centres Pokémon !)

Je bredouille, mis à mal par cette simple question.

(Désolé pour l'attente, Camomille. Je n'avais pas vu que tu avais répondu)

Xyria sourit à la proposition du petit Nanmeouïe. Elle le trouvait attendrissant. Elle hésita à le laisser faire. Elle n'en ressentait pas le besoin, mais ne serait-ce que pour lui faire plaisir. Soigner les autres semblait être pour lui un aussi grand plaisir que chasser l'était pour elle. Même si la finalité n'était pas la même, bien sûr...

Finalement, elle lui dit :

-C'est gentil de ta part. Je me sens bien, ne t'en fait pas. Si Soka n'est pas très soigneux envers lui-même, la K9 a quand-même ses propres médecins. Si ça peut te faire plaisir, tu pourras vérifier quand on sera arrivés à ton centre. Mais je doute que tu y trouves quelque-chose.

La suite de la conversation mit le petit Pokémon rose mal à l'aise, cela se voyait immédiatement...

Xyria agita les oreilles et fronça les yeux devant sa réaction, surprise. Elle hésita à lui dire "tu sais que tu ne mens pas très bien ?", mais ne savait pas si elle en a le droit. C'était ses affaires, après-tout. Mais d'un autre côté, elle avait commencé à le protéger jusque là, et visiblement quelque-chose clochait. Depuis qu'elle était en ville, elle savait que certains humains maltraitaient les Pokémon. Ils les abandonnaient, faisaient d'horribles expériences sur eux, elle en avait rencontrés des qui avait subis cela... ne serais-ce que le Grandbull montrait que tous n'étaient pas tendres avec eux...

Finalement, elle adopta une voie douce et lui demanda juste :

-Tu es sûr que tout va bien ?

Pas de soucis tkt ;)

Comme prévu, la Feunard a déjà fait un tour du côté des médecins K9. Mon sourire s’agrandit lorsqu'elle accepte malgré tout, comme Soka l'avait fait avant elle. J'espère que, comme elle le dit, je ne trouverai rien d'aussi choquant que sur le Lougaroc ! Si toute la K9 a des traces de vaccins nocifs, je vais commencer à m'inquiéter.

– D'accord ! On fera ça rapidement, tu verras.

Un petit checkup de ma part, il n'y aura pas besoin de plus. À moins de trouver quelque chose ? Si ça se trouve, l'inconsciente traîne des tares de sa vie sauvage ! Mais non... J'y repense : elle est passée par ceux de la K9. Encore une fois, je ne trouverai rien qu'ils n'auraient pas traité avant moi.

Par la suite, ils sembleraient que mes mensonges aient réussi à inquiéter la Feunard. Pas vraiment l'objectif initial ! Au moins, elle ne cherche pas à creuser sur les causes. Je reporte un regard triste sur elle. Un peu vite, d'ailleurs. Une conserve m'échappe. Je prends le temps de la ramasser, puis explique :

– (Oui... Ma dresseuse me manque, c'est tout. La vie est pas pareil sans elle. J'ai hâte qu'elle rentre...)

Je baisse les yeux à la fin de cette phrase presque murmurée, comme si je cherchais à m'en convaincre moi-même plus que Xyria. J'ai beau insister sur mes espoirs auprès des gens, l'idée qu'elle ne reviendra jamais se fait de plus en plus marquante dans mon esprit.

Zut, je vais plomber l'ambiance si ça continue ! Je finis par relever la tête et relancer sur un ton plus léger :

– (Les humains ont des vies compliquées ! On comprend pas toujours ce qu'ils essayent de faire, mais on doit les soutenir autant que possible.)

Et la meilleure façon pour moi de soutenir ma dresseuse aujourd'hui, c'est d'être irréprochable auprès des centres Pokémon qui m'emploient en son nom sans chercher à la retrouver.

– (Merci, c'est gentil.)

Je me gratte la joue et hoche la tête avec un maigre sourire gêné pour accueillir sa bonté d'âme. Mon remerciement est tant pour le dit que le non dit, comme un fond de j'ai compris que tu avais compris sans que le sujet soit approfondi. Elle m'a déjà tant aidé aujourd’hui, je m'en voudrais de fondre en larme devant elle en parlant des rockets.

Le sujet suivant est plus léger, et je m'y sens à l'aise. Enfin, je ne comprends pas beaucoup plus qu'elle, mais au moins il s'agit de mon quotidien ! D'ailleurs, son analogie de la vie sauvage me fait rire. Aucune chance que les humains suivent une logique aussi simpliste, faut toujours qu'ils compliquent tout !

– (La hiérarchie chez les humains, elle est très bizarre. Quand ils travaillent, y'en a une ! Au centre Pokémon, on a des gens qui travaillent même pas sur place alors qu'ils décident, et une infirmière plus importante redonne leur directives au reste des gens moins importants qu'elle. Et tu as dû voir à la K9, c'est encore pire avec plein de titres et de règles compliquées ! Puis dès qu'ils finissent leur journée de travail, c'est comme si les humains avaient une deuxième meute avec toute la planète en même temps ! Sauf que là, y'a plus aucune hiérarchie. Alors à la place, c'est avec l'argent qu'ils... euh... avec leurs papiers qu'ils ont gagné au travail qu'ils décident qui a droit à quoi. Et les gens dans la rue, ils ont pas de travail, donc pas de première meute pour leur donner des papiers.)

En vrai, même moi je peine à l'expliquer. J'ai l'impression d'avoir simplifié un concept scientifique comme ceux qu'étudiait ma dresseuse en le résumant à une formule bâclée. Et comme ce n'est pas suffisant, ajoutons les Pokémon à ce drôle de mélange :

– (Heureusement, c'est plus facile pour moi ! J'ai juste à écouter les humains qui ont besoin de moi.)

Les Pokémon sont souvent tout en bas de la hiérarchie, destinés à suivre les ordres. Et moi, je suis de ces esclaves satisfaits de leur condition, vu ma bonne humeur retrouvée tandis que j'affirme n'avoir aucun pouvoir décisionnaire.

Les rues défilent autour de nous au fil de la discussion, jusqu'à ce qu'enfin le bâtiment au toit rouge ne se démarque du reste de la ville. Je pointe du doigt notre destination :

– (On est presque arrivé ! Le centre Pokémon, c'est le bâtiment rouge là-bas. D'ailleurs, si un jour tu te sens pas bien, hésite pas si tu vois un bâtiment comme ça. Les humains des centres soignent souvent les Pokémon sauvages blessés qu'ils trouvent !)

Je me dis que c'est toujours une information sympa à partager avec un Pokémon sauvage ![/b]

-C'est bien ça le problème, répondit Xyria à ce que lui raconta Camomille sur le fonctionnement de la vie de travail chez les humains...

Elle pouvait comprendre cette logique de double-meute. Travailler pour déterminer son rang dans la société et obtenir ainsi sa subsistance en fonction... façon détournée, donc, de gagner de l'argent. Chaque membre d'une meute avait son rang, et par la suite, il obtenait le droit de se nourrir dans l'ordre et la quantité qui lui revenait. Mais c'était toujours suffisant pour vivre.

-Je comprend l'intérêt des hiérarchies. Mais comment une meute, ou une société, peut abandonner un partie de leur membre parce qu'ils n'ont pas de travail et ne leur même pas donner ce qu'il faut pour survivre. L'organisation devrait faire qu'ils ont une place quelque-part.

"Un esclave satisfait de sa condition"...

Ce fut exactement ce que songea Xyria le concernant lorsqu'il parla de sa propre condition. Il en semblait heureux, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir gênée pour lui concernant tout-cela...

Elle lui demanda :

-Tu obéis toujours ? Même à un ordre qui te déplaît ?

L'information était plutôt utile, en effet. En profiterait elle un jour ? La peur de la capture serait toujours présente, mais si ça survie en dépendait, sûrement...

Un sourire éclaira le museau de Xyria avec amusement et elle lui demanda :

-Tu as déjà soignés des Pokémon sauvages ? Ça n'a pas été trop compliqué ?

Elle savait à quel point un pokémon sauvage pouvait se montrer agressif quand il était blessé et effrayé, surtout si on l'avait amené au centre contre son gré.