Au bord de la mer

La personne louant la maison vous attendait pour 14h, mais vous eûtes un peu d'avance sur l'heure du rendez-vous. Ce qui l'arrangeait au final, ça la débarassait plus vite de la paperasse. Après une dizaine de minutes à faire la visite, et signer quelques papiers, vous étiez enfin installées. La maison n'était pas très grande, s'étendant sur un seul étage, avec un pièce de vie, la cuisine, une salle de bains, et la chambre. C'était cependant la moins cher, et vous n'aviez pas besoin de beaucoup plus.

Malgré le temps qui commençait à se rafraîchir, en journée, ça restait agréable. Vous n'alliez clairement pas bronze au soleil, néanmoins ça n'empêchait pas les balades sur la plage. Tu fus même assez folle pour aller te baigner, dans une eau à peine tiède. Amaria te rejoignit avec plaisir, ravie de se retrouver dans son environnement naturel. Ta compagne préféra rester sur le sable, mais sa marill profita également de la mer.

Certains pokemon restaient loin de l'eau, notamment braisillon et feunnec. A ta grande surprise, Ignis s'aventura sur la plage, complètement excitée. Elle commença à gratter le sable à toute vitesse, manquant d'asperger quiconque se trouvait à proximité. Tu tenta de la calmer et la faire arrêter, mais la pyroli semblait bien déterminée. Sous ses pattes, le sable devenait plus chaud, brûlant même. Si bien qu'il brûla Amaria, lorsque des grains vinrent la toucher.

-Ignis ! Cette fois ça suffit !

Surprise que tu élèves la voix, ta pyroli se stoppa aussitôt. Elle se rendait enfin compte de sa bêtise, et ne reprit pas son manège. C'était cependant là une assez puissante capacité, à condition d'avoir du sable autour. Peut-être que la terra pouvait faire un effet un peu similaire. Tandis que tu examinais la brûlure de ton oratoria, Ellen sauta près d'elle. Un doux tintement de carillon se fit entendre, et la blessure disparut doucement.

Ton évoli avait du pratiquer ça en cachette. A défaut de combattre, elle voulait toujours se rendre utile autrement. Pouvoir soigner ce genre de soucis était un atout non négligeable. Tu félicita Ellen, avant de gronder à nouveau Ignis, pour être certaine qu'elle ne recommence pas. C'était bien la première qu'un de tes pokemon en arrivait à blesser quelqu'un pour s'entraîner. Cette pyroli était vraiment difficile à canaliser parfois.

-Allez, oublions ça. Mieux vaut rentrer avant que tu n'attrape un rhume.

En effet, tu étais encore trempée de ta baignade, et la serviette ne suffirait pas à te protéger du froid qui se levait. Hochant la tête, tu fis revenir tes pokemon dans leur ball, avant de suivre ta compagne jusqu'à la maison. Une  bonne douche chaude te ferait le plus grand bien après tout ça.

Une fois douchée et habillée, tu vins t'enrouler dans une couette pour te tenir au chaud. Solange en avait profité pour préparer du thé, une boisson bienvenue après cette baignade. Tu n'allais probablement pas recommencer durant le séjour, mais être à la mer t'avait manqué, tu voulais en profiter au moins une fois. L'été prochain cependant, vous alliez sans aucun doute revenir pour bronzer sur la plage.

Tu te blottis contre ta compagne sur le canapé, tasse fumante en main. Ellen dormait avec Neige à l'autre bout, tous les deux sous une petit plaid également. Pour les pokemon aussi, l'hiver arrivait doucement. Avoir Pryna à la pension allait être une bénédiction une fois les température tombées.

-Tu sais qu'il y a des ruines dans la baie à l'ouest de la ville ? Il paraît qu'on peut y trouver des trésors, mais qu'elles sont très dangereuses à explorer. Ceux qui sont allés là-bas disent qu'un fort courant les a expulsés au bout d'un moment.

Si elle ne se passionne pas pour les grandes légendes, Solange adore ces histoires locales basées sur des faits. Bien sûr, derrière, les théories vont bon train sur ces ruines. Mais ce qui l'intéresse, ce sont les récit des aventuriers revenus de là-bas.

-J'en avais entendu parler oui. Ce genre d'endroit attire toujours plein d'explorateurs, et ça ne me surprend pas qu'il soit rempli de trésors.

Des objets de grande valeur enfouis au plus profond de l'océan. Auprès de collectionneurs, ça devait valoir une vraie fortune. Mais plonger là-dedans pouvait être dangereux, il fallait y aller équipé. Ça te rendait curieuse d'essayer, bien entourée de tes pokemon, c'était sûrement faisable. Certainement pas aujourd'hui cependant. Tu n'avais pas envie de ressortir, juste de rester avec Solange au chaud dans la maison.

Tu n'avais pas encore abordé le sujet te tenant à cœur, et ça ne te semblait pas propice de suite. Meloetta semblait guetter avec anxiété le moment d'en parler, néanmoins elle ne te pressait pas. Même sans tout comprendre, elle devait au moins avoir saisi l'importance de la chose.

-Je n'en reviens toujours pas de penser que tu vas jouer dans un film. Peu importe ce que ça donne, sache que je serais ta plus grande fan !

Ses paroles suivies d'un gloussement te firent rouler des yeux, et tu posa ta tasse pour l'attaquer à coup de chatouilles.

-Dis tout de suite que je vais mal m'en sortir !

Au fond, tu étais effectivement incertaine de tes talents d'actrice. Pour la simple raisons que tu n'avais jamais joué dans quoique ce soit, pas même une pièce à l'école. Mais Johan semblait confiant, et tu avais cru comprendre qu'il ne choisissait justement que des novices, à la notoriété locale principalement. De toute façon, c'était trop tard pour refuser à présent.

Tu n'avais pas été aussi détendue depuis longtemps. Loin des soucis, du travail quotidien, mine de rien assez prenant. Juste toi, ta compagne, et vos pokemon. Eux mêmes comprenaient l'importance de ces vacances, et ils vous embêtaient peu. La plupart du temps, ils restaient à s'occuper ensemble, sans quitter votre champ de vision. Milu se chargeait de distraire Meloetta, dévorée par l'anxiété. La pauvre avait aussi besoin de se détendre.

Accompagnée de son marill, Solange s'était lancée dans une quête, en t'entraînant avec elle. Elle voulait une collection de différents coquillages d'ici à la fin du séjour, pour en décorer la pension. En souvenir de vos vacances, en rappel de la mer. Ta compagne montrait un grand enthousiasme pour ça, alors tu ne pouvais que la suivre dans son idée. Ça ferait de jolies décorations, sans avoir besoin de débourser de l'argent.

Pendant votre balade sur la plage, tu sentis que c'était enfin le bon moment pour discuter avec Solange du sujet important. Plus tu faisais durer, moins vous auriez de temps pour y réfléchir.

-Dis, est-ce que tu te souviens de Maria ? La petite à Volucité.

-Oui ? Je crois que tu l'aimais bien, et c'est elle qui t'a amenée à Meloetta.

Elle répondit sans interrompre sa chasse aux coquillages. L'ambiance n'avait pas besoin d'être trop sérieuse. C'était une discussion importante, mais pas grave.

-Justement, comme tu dis je l'aime bien. Et... Je me retrouve un peu en elle, je ne sais pas pourquoi, mais elle me touche beaucoup.

La jeune femme se redressa enfin pour se tourner vers toi, sentant le poids de la conversation. Cependant, elle ne dit pas un mot, attendant simplement que tu poursuives. Pour la première fois face à ta compagne, tu étais gênée.

-Je voudrais lui offrir un nouveau départ dans la vie. Avec nous.

Tu vis ses yeux s'écarquiller de surprise. Elle n'avait pas du tout anticipé ça, même si vous aviez déjà pu évoquer l'idée d'un jour fonder une famille. Ça semblait lointain à ce moment. Aujourd'hui, tu arrivais d'un coup pour rendre ça réel.

-C'est... Inattendu, et très soudain. Je vois bien que tu tiens à cette enfant mais... Est-ce que tu crois qu'on être prêtes à être parents ? Qu'on s'occupera bien d'elle ? Et puis on la connait à peine.

Ses inquiétudes étaient légitimes, tu les partageais. Toi qui n'avait jamais eu de parents présents, serais-tu capable d'élever un enfant ? Tu avais peur de ne pas être à la hauteur. Une angoisse que devaient ressentir toutes les futures familles.

-Rien ne presse, tu sais. On peut prendre le temps de réfléchir, d'apprendre à la connaître, et préparer son arrivée à la maison. C'est pour ça que je t'en parle maintenant, pour qu'on en discute à tête reposée, sans avoir le stress de la pension.

Doucement, tu pris ta compagne dans les bras pour la serrer contre toi.

-Et, franchement Solange, je suis sûre que tu seras une mère formidable.

Un baiser déposé sur ses lèvres, elle te répondit d'un léger soupir. Puis avec un sourire.

-Toi alors... Je ne peux pas te donner de réponse de suite tu t'en doutes. On en reparlera.

Un nouveau baiser échangé. Tu avais le cœur plus léger de lui avoir enfin dit ça, en même temps tu angoissais un peu de sa réponse. La petite méritait une vie normale, avec une famille aimante.

Votre discussion ne changeait rien à vos vacances, vous continuiez à en profiter comme avant. Le sujet revenait parfois sur la table, ce n'était pas rien après tout. Il y avait la place à la maison pour accueillir un enfant, surtout que le projet d'agrandir la pension était toujours d'actualité. Vos horaires n'empêchaient pas de s'en occuper, surtout sachant qu'elle irait à l'école. Et il y avait Magearna pour aider si besoin.

Tu pensais sérieusement à cette adoption, et Solange semblait petit à petit te suivre. Cependant, pas avant d'avoir fait un peu plus connaissance avec Maria. Vous ne pouviez pas adopter une enfant qui ne s'entendait pas avec vous. Et tu étais parfaitement d'accord sur ce point. Ça te faisait sincèrement plaisir qu'elle y réfléchisse, sans refuser de suite ta proposition. Vos étaient partagées, vous vous rassuriez mutuellement sur toutes vos questions.

Un matin, ta compagne traîna au lit jusqu'à tard, alors tu en profita pour passer un moment avec tes pokemon. Leur offrir un peu d'exercice pour s'entraînant. Les pauvres ne tenaient pas en place, même si ils étaient libres, ça ne valait pas le grand jardin de l'élevage. Tu fus surprise par une voix après une dizaine de minutes à t'entraîner.

-On voit tout de suite que tu prends grand soin de tes pokemon. Tu dois être une dresseuse de talent.

La voix appartenait à une femme dans la trentaine, aux longs cheveux blonds, et dont le visage ne t'était pas inconnu. Difficile de ne pas avoir entendu parler de la championne de Sinnoh, sa notoriété s'étendait au delà des frontières.

-Je vous remercie du compliment. Venant d'une dresseuse de votre niveau, ça me touche.

-Je t'en prie, je ne dis que la vérité. Tu es Eirin Inoue ? On ne parle que de toi en ce moment !

Tu sentis le rouge te monter légèrement aux joues. Puisqu'elle était en ce moment à Unys, elle avait forcément entendu l'histoire du ptéra, et donc la tienne. La folie médiatique finirait par redescendre, pour l'instant l'événement était encore frais dans les mémoires.

-En effet. Je suis venue en vacances avec ma compagne, loin de toute l'agitation.

-Comme je te comprends ! Une amie possède une villa ici, elle accepte que j'y vienne de temps en temps pour me détendre. Garde ça pour toi cependant, je n'ai pas envie qu'on me dérange pendant mes vacances.

Sa remarque te fit sourire. Tu comprenais cette envie, tu avais la même. Ce serait un secret entre vous, mais ça t'amusait de savoir que la championne de Sinnoh venait passer des vacances ici. Tu avais aussi de la chance qu'elle soit là en même temps que vous.

-Malheureusement, je vais bientôt devoir rentrer à Sinnoh. Néanmoins, si tu repasses à Vaguelone pendant l'été, je serais ravie de livrer un match contre toi.

-Ce serait un plaisir pour moi. Nous avions prévu de revenir aux beaux jours de toute façon.

Tu discuta encore un peu avec Cynthia, avant de rappeler tous tes compagnons et lui dire au revoir. Solange devait finalement être levée, tu devais lui raconter cette incroyable rencontre, autour du petit déjeuner.

Ta compagne afficha une moue aussi surprise que déçue lorsque tu évoqua ta rencontre. Elle n'était pas la plus impliquée dans le monde des dresseurs, mais le nom de Cynthia était mondialement connu. La championne faisait de nombreuses apparitions dans des tournois ou des émissions.

-Si tu l'affrontes, je veux être aux premières loges pour voir ça !

-Bien sûr. On avait déjà prévu de revenir ici de toute façon.

Le reste de vos jours tranquilles passa à toute allure, et le dernier arriva bien trop vite à ton goût. Tu aurais aimé avoir plus de temps pour te détendre, cependant la pension vous attendait. Léo n'était encore qu'apprenti, vous ne pouviez pas lui confier les lieux trop longtemps. Sans compter que ce n'était pas la seule chose à régler une fois rentrées. Solange acceptait de rencontrer Maria pour faire connaissance avec elle, avant de prendre une décision.

Profitant d'un début de soirée encore doux, tu t'offris une balade sur le sable avec ta compagne. Main dans la main, tous vos pokemon restés à la maison, il n'y avait vraiment que vous deux. Ces moments seules se faisaient rares, avec la ménagerie qui vous accompagnait.

-Je t'aime. Je suis vraiment heureuse que tu fasses partie de ma vie aujourd'hui.

Il était rare que Solange exprime ainsi ses émotions. A force de passer du temps avec elle, tu savais déceler ce qu'elle ressentait de par son expression ou ses gestes. Mais elle avait souvent du mal à verbaliser. Peut-être que l'ambiance aidait, la détente de cette semaine passée loin de tout. Dans tous les cas, ça te fit sourire.

-Je t'aime aussi. Tu es la personne que je chéris le plus.

Sans elle, sans Anaëlle, tu n'aurais probablement jamais trouvé ta voie, et tu n'aurais pas cette vie tranquille.