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Discipulus et Magister - (Wallace)

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Message  Invité Jeu 7 Sep - 16:59



Discipulus et Magister


Mauville - Jour - Johto





La communauté monastique de Mauville était de ces milieux préservés, depuis des siècles, de nombre de vices qui courraient au sein des villes et de leurs sociétés. J'avais à présent la chance de pouvoir pleinement l'apprécier !

Du haut du toit qui surplombe les toits mauves, je veille comme l'un de ces oiseaux intouchables du haut de leurs perchoirs. Je ne l'avais aperçu qu'une seule fois, tandis qu'elle se rendait au Commissariat. Sa seule vue avait suffit à mon bonheur : elle était là, en bonne santé et prise par sa nouvelle vie. J'avais balayé la nostalgie douloureuse qui avait vrillé mon cœur d'un revers de main, implacable. Le silence avait muré  Eva Mayer était policière à Mauville, et moi un fantôme sans nom muré dans le silence des cloîtres. Ainsi s'était tourné une page de mon histoire, comme des dizaines et dizaines d'autres avant elle.

Depuis que j'avais mandé l'aide du Sage, j'avais pu reprendre une vie presque normale, caché dans les rangs des adeptes de la Tour Chétiflor. J'avais retrouvé ce visage souriant que j'avais connu autrefois, quand mes pas d'itinérant m'avaient conduit ici-même. Mais les ans avaient fuit, et aujourd'hui mon histoire faisait que je n'étais pas revenu à la Tour Chétiflor uniquement pour la beauté de ses structures et les mystères de son existence. J'y avais trouvé refuge, auprès des frères qui étaient désormais les miens, et à qui je devaient l'hospitalité, sinon la vie. J'appréciais le confort de ma nouvelle tenue, bien que mon cher costume restait un regret douloureux. Lui, les souvenirs et les symboles qu'il portait depuis que Florian me l'avait offert. Toute une vie partie en cendre. Mon regard se posait sur chacune des poutres, en admirait la précision et la beauté, avant de calculer toute l'ingéniosité des bâtisseurs de l'édifice. Chacune d'entre elle tenait sa place depuis des siècles sans frémir, le bois se dilatant et se compressant au gré des oscillations, toujours vaillant.


Le quotidien se partageait entre les tâches ménagères diverses et les entrainements, les méditations et les lectures. Une stabilité singulière, au beau milieu de ma vie d'errance perpétuelle. Cela devait maintenant faire plus de deux mois entiers que j'étais venu me réfugier ici, loin des tourments et des charognards cherchant à me condamner pour un crime que l'on m'avait poussé à commettre, envers et contre toute ma morale. Des spectres infâmes qui tournent encore, tourneront encore tant que la guerre ne sera pas terminé, autour de moi et en moi. Prêt à me fondre dessus dès que j'entrerai de nouveau dans leur champ de vision.

" Je te sens troublé, Archibald. Y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour toi ? "

Troublé ? Ah. Je ne pensais pas que cela soit si transparent ! Je réfléchissais, et pour une fois, à bien d'autres choses que ma propre existence. Mais dire que rien ne vient assombrir mes pensées serait un mensonge. Le travail sera long avant de parvenir à retrouver ma sérénité d'autrefois.

" Eh bien maître, je vous suis déjà gré de tout ceci, sans avoir à vous mander une aide qui ne peut en réalité venir que de l'intérieur. Vous savez ce qu'il en est. Mais je vous remercie de vous en inquiéter. Je vous assure que tout va pour le mieux : j'ai seulement besoin de temps. Et de travail, l'un n'allant pas sans l'autre. "

Je devine son sourire sous l'épaisseur de sa barbe. Ses yeux bridés sont compliqués à déchiffrer, mais son visage jouit d'une expressivité rare. Du moins, tant qu'il ne cherche pas à la dissimuler par un masque de gravité.

" La voie que tu t'es choisie n'est pas la plus simple. Mais tu n'as pas à te résigner face à un sort injuste : endurer un dur labeur n'est pas se soumettre à la cruauté des autres. Un temps, je crains que tu n'aies un peu confondu les deux...

-Je comprends, oui.
"

Nous marchons côte à côte le long du mur, lui le regard passant sur les statues qui orne l'étage, et moi sur mes chaussures. Le rythme des chocs de mon bâton viennent presque inconsciemment se calquer avec les mouvements de la Tour. Le silence en disant toujours bien plus long que les discours, nous échangeons toutes ces choses qui ne se disent pas à la faveur d'une longue marche jusqu'au sommet, où nous nous asseyons face à face sur l'un des tapis laissé là. Quelques frères s'exercent aux techniques plante avec leurs compagnons Pokémon, le tout presque sans bruit, dans une atmosphère que beaucoup auraient volontiers qualifié de "mystique", sans bien savoir ce que pouvait réellement signifier un tel mot.

" Je souhaiterai pouvoir vous remercier plus concrètement de votre hospitalité. Je veux dire, participer activement aux travaux est le minimum que je puisse faire. Je désire pouvoir aider plus amplement la Tour et la communauté, pour tout ce que vous avez fait pour moi.

- Et qui serions-nous de ne pas l'avoir fait ? La première fois que tu es venu ici, Archibald, tu m'as très justement fait remarquer à quel point le devoir d'un Sage était de mettre en pratique le savoir que lui conférait sa prétendue sagesse - à quel point seuls les actes pouvaient témoigner d'une vérité, et non de bons mots ou de beaux textes. A l'époque, j'avais beaucoup apprécié ta franchise et ta saine critique.

-Saine critique ? Ma foi, jamais je n'aurais vu cela sous cet angle... A l'époque, j'espérai seulement apporter un regard extérieur - et sans doute bien naïf - à ce que je n'avais pas encore vécu de l'intérieur. La vie s'est chargée de me dévoiler ses zones d'ombre... D'autres restent invisibles encore à mes yeux. Je sais que le chemin est encore long.

-Saine parce que toujours nécessaire. Rare sont les gens de nos jours à emprunter les voies des sciences secrètes et des enseignements de la Nature. Les Pokémon ne sont plus qu'un moyen comme un autre de conquérir gloire et argent... Nous nous efforçons de combattre tout cela. Du moins, c'est le but que nous nous donnons : mais à force de retraite et de silence, nous en oublions souvent que l'action est une part non négligeable de l'équilibre du monde.

-L'agent et le patient se doivent toujours être en force égale... L'une des lois universelles, oui. Je me souviens avoir fait cette remarque... et de m'en être voulu, comme si je m'étais pris d'être un professeur sérieux à cet âge.

-En effet. Ce jour-là j'avoue avoir mal prit ta remarque ! Oui. Et puis, j'ai compris - les jours passant - je suis revenu sur mon jugement. J'ai accepté la proposition du maire d'organiser des concours et quelques combats à la Tour, pour permettre aux frères de mettre en pratique ce que nous apprenons. Désormais, j'ai pleinement conscience de nos travers, et je m'efforce d'y remédier, à mon niveau.
"

Son aveu sonne étrangement en moi. Le Sage se gratte la barbe. Ai-je abordé un sujet épineux ? La réponse vient après un court silence.

" Concernant l'aide que tu peux apporter à la Tour... Il y a bien une chose pour laquelle ton aide serait la bienvenue. "

Ah ! Mon œil s'allume d'un intérêt curieux : vraiment ? Voilà qui me ravit presque plus que je ne l'aurais cru. Peut-être par contraste avec les idées amenées par cette conversation ! J'en ai presque oublié avoir posé la question, tiens !

" Tu n'es pas sans savoir que nous recevons de très nombreuses visites ? Nous avons besoin de monde pour accueillir tous les visiteurs, et répondre à leurs éventuelles questions. Le frère Apicur est d'accord avec moi : il espère même que tu pourras prendre ton poste aujourd'hui. Cela lui permettrai de s'atteler à d'autres problèmes d'ordre logistique. "

Je cligne des yeux, et je comprends alors que la visite n'était pas totalement gratuite. Mais pourquoi devrais-je m'en plaindre ? J'ai cette agréable impression de voir mes pensées et celle du vieil homme s'harmoniser, tant et si bien qu'il en vient à anticiper mes désirs les plus profonds. Depuis combien de siècle n'avais-je pas appeler qui que ce soit "maître" ? Ce titre n'était en rien galvaudé. Il se dispense à qui seulement le mérite, et peu sont dans ce cas à mes yeux.

" Ce serait un honneur, maître ! "

Un honneur, et une chance. Je sentis mon sourire grandir, et je m'incline profondément.

" C'est avec grand plaisir que j'accepte ce nouveau travail. "




Je m'attèle à ma nouvelle tâche immédiatement après le repas de midi. La saison touristique n'a pas encore commencée à Johto, mais la Tour Chétiflor est un monument attractif toute l'année. Outre que de nombreux évènements sportifs et culturels y sont organisés, la Tour et le monastère en eux-mêmes sont de véritables attractions touristiques. Je me retrouve donc à attendre d'éventuels visiteurs, assis en tailleurs sous l'ombre portée des toits. Le balancement léger de la Tour, presque imperceptible, me berce de son rythme lent et régulier. Un battement de cœur puissant et profond, une respiration végétale, en quelque sorte. Il fait beau, une légère brise fait onduler les arbres : je ne pourrais me sentir mieux. Les abords de la Tour sont calmes, et détachés de l'agitation de la ville de l'autre côté de l'étang. Quelques personnes se baladent sans mot dire, et aucune ne semble remarquer ma présence, et encore moins souhaiter me solliciter.

Seth est resté caché dans ma chambre, comme je le lui avais demandé à notre arrivée à Mauville. C'était désormais notre croix : ne plus pouvoir s'afficher l'un avec l'autre, tout le temps que durera cet exil forcé. Me voici donc bien seul, soudain bien plus enclin à méditer qu'à me lever pour faire visiter l'endroit à des inconnus. La tentation est grande de fermer les yeux. Oui. Je finis par y céder, avec une pointe de culpabilité. Mais allons... Tout ici est une invitation à la contemplation intérieure.

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Message  Invité Jeu 7 Sep - 21:52

Cette journée là n'avait pas commencé sous ses meilleurs augures. Cela faisait plusieurs semaines que Wallace séjournait à la Tour Chetiflor. Ce lieu sacré lui avait été conseillé afin que le jeune garçon parvienne à reposer son esprit. Se reconstruire était le verbe. Et si les premiers jours, le garçon s'était trouvé dubitatif, il n'avait pas pu contredire cet état de fait. Il allait mieux. Ce lieu de paix, et la routine instaurée par les moines lavaient l'âme du garçon. Du haut de ses quinze ans, le garçon était éduqué à suivre un quotidien se basant sur des tâches nécessaires à un équilibre de vie : corporel et mental. Entre le ménage et le jardinage, couplés aux travaux du quotidien, et suivis des phases de méditation et d'entraînement, Wallace avait découvert un rythme de vie bien différent de celui d'un adolescent de Mauville. Mais il avait eu la preuve que cela marchait. Lorsqu'il avait rencontré ce garçon, Kendall, l'apprenti moine s'était senti au summum de sa forme. Il avait accompagné ce visiteur dans son ascension de la tour. Il s'était senti fier d'avoir ainsi guidé cette personne dans cette tour sacré, son lieu de vie temporaire.

Et pourtant, cela faisait plusieurs nuits que le garçon était miné par des cauchemars. Comme un dur retour de bâton. Malgré les enseignements des moines, l'adolescent ne pouvait pas s’empêcher de culpabiliser. Persuadé que ses efforts et son enseignement portaient ses fruits, et qu'il retrouverait très bientôt sa famille et ses amis, reprendre ses études et sa vie, voilà que les progrès semblaient balayer sans aucune explication réelle. Le garçon continuait de vaquer à ses tâches avec cœur, mais l'esprit n'y était pas. Des questions le taraudaient. Allait-il vraiment aller mieux ? La solution qu'il avait choisi fonctionnerait-elle ? Ou reviendrait-il dans son foyer dans un état semblable à celui qu'il était avant d'arriver ici ? C'était très dur mentalement. Si les cauchemars avaient eu lieu nuit après nuit, c'était déjà un problème. Mais il pouvait avoir le sommeil agité un soir, et avoir deux nuits de repos complet avant d'être de nouveau réveillé en sursaut et en sueur, persuadé d'être la proie d'un spectre affamé.

Et peut-être était-ce pour cette raison que le grand sage avait envoyé Wallace vers ce moine. Venant l'interrompre dans son ménage, le vieil homme avait confié un plateau au garçon, lui demandant de cette voix si calme, d'aller l'apporter à l'un des moines s'occupant des visiteurs de la Tour. Wallace n'avait pas énormément parlé au grand sage de la Tour. Il l'avait croisé à plusieurs reprises, mais cet homme était toujours occupé avec quelqu'un d'autre, ou reclus dans sa propre salle de méditation. Bien que sa présence était apaisante, le garçon ne pouvait s’empêcher d'être intimidé par cet homme qui était respecté par tous ces hommes. L'adolescent avait traversé quelques couloirs avant de rejoindre l'entrée de la Tour. L'air était doux. Wallace observa un instant l'autre bordure du lac et les habitations de Mauville, sa ville. Elle semblait si proche, et bien éloignée également. Il soupira un instant, et se tourna vers cet homme assis en tailleur. Ce moine, Wallace l'avait croisé à plusieurs reprises. Peut-être même avait-il déjà échangé avec lui. De simples politesses. Ils étaient souvent postés à des tâches différentes. Et la conversation n'était pas possible durant les séances de méditation. Le garçon n'avait pas eu la chance de s'entraîner avec cet homme qui devait avoir trois fois son âge.

Se penchant dans sa direction, le garçon remarqua que l'homme avait les yeux fermés. D'une voix légèrement hésitante, souhaitant ne pas réveiller en sursaut ce moine, Wallace l'interpella.

"Excusez-moi. Le grand sage m'a demandé de vous amener de quoi vous rafraîchir."

Dans le plateau se trouvait une carafe et deux verres. Le garçon ne le remarqua qu'à présent. Dans une petite assiette, une demi-dizaine de biscuits secs avait été déposé. Le goûter était clairement servi pour deux personnes.

Le garçon, cernés, au teint trop fatigué pour son âge, patienta que l'homme réagisse. Mais précisa :

"Si vous avez besoin d'aide, je suis là."
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Message  Invité Jeu 7 Sep - 23:25



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Mauville - Jour - Johto





Le temps s'égrène avec paresse. Mes idées se tarissent, je rentre en moi-même comme rarement depuis des mois. Le silence. la paix. La paix en moi et autour de moi. Je contemple le champ de ruine laissé par Keldrira. La brisure au niveau de mon cœur, et l'ampleur de la tâche à accomplir pour la colmater. Je sens encore, sous la tunique de lin, les zébrures pâles laissées par les plaies refermées, la tension sur ma peau. Autant de reliques qui me suivront jusqu'à la fin du voyage. Je fais de mon mieux pour écarter les souvenirs avec fermeté, opiniâtreté même. Je balaye presque avec rage les insinuations perverses laissées par le fantôme.

Les minutes passent, et personne ne traverse le pont. Je suis vide. Vidé de mes propres sentiments, de mes propres doutes. Je me revois, faisant ce serment, gravant à la lame les mots qui devaient me donner clairvoyance et puissance, et ne m'ont apporté que peine et tourments. Je n'ai tracé qu'une voie de solitude et  Que je sois maudit pour ma sottise. Il est hélas bien trop tard pour les regrets. Ai-je d'ailleurs jamais regretté quoi que ce soit ? Non. Assumer mes choix fait partie de ma personne comme mon souffle et mon sang. Appelons cela de l'entêtement si l'on souhaite, pour moi ce n'est guère plus que de la logique.

Au gré de mon voyage immobile, je ressens quelque chose de bien familier. Une présence. Une aura ? Voilà bien longtemps que je n'avais plus cédé à ce genre d'exercice ! Curieux, je m'ouvre à cette sensation, je tourne mon regard aveugle vers l'origine de cette impression. Elle est claire et discrète, entourée d'un flou semblable à une brume matinale. Elle s'approche, me contourne au loin comme si le seuil de la Tour venait d'être franchi. Je ne bouge pas, attentif.

" Excusez-moi. Le grand sage m'a demandé de vous amener de quoi vous rafraîchir. "

La voix est jeune et hésitante. Elle correspond bien à l'impression que j'en ai : j'ouvre les yeux, poussé par ma curiosité. Ai-je réussi ? Ma foi oui ! Il y a bel et bien quelqu'un ! Je m'impressionne moi-même : jamais je n'avais été capable de ressentir une aura avec tant de précision, hormis celle de Seth - mais Seth n'était-il pas l'exception confirmant la règle ?

" Si vous avez besoin d'aide, je suis là. "

Un jeune garçon, blond, à la mine fatiguée. Je le regarde, silencieux : ses traits, ses mèches aux reflets de soleil, ses yeux un peu incertains, le plateau qu'il tient. L'image s'imprime, trouve un écho  Par toutes les constellations... Une fraction de seconde, je me suis revu, moi-même à cet âge. La vision me trouble suffisamment pour que mon silence se fasse sentir. Sans doute va-t-il se demander ce qu'il me prend de le fixer de la sorte ! Je lui souris.

" Merci bien, mon jeune ami ! C'est une attention d'une rare délicatesse. Mais je pense que je peux aisément vous retourner la proposition, n'est-il pas ? "

Oh, ne m'en veut pas : ton visage est un livre, il est grand ouvert à la page de tes tourments. Je repense à ma propre situation, encore, et la fatalité d'un destin qui n'en est pas un me revient en pleine face. La méditation devra attendre.

" Je sais reconnaitre une nuit agitée lorsque j'en vois une. Une pause serait sans doute bienvenue ? "

Je désigne l'espace vide à ma gauche, à l'ombre du toit. Peut-être parce que mes propres nuits n'ont pas toujours été douces et pleines de rêves innocents ? Par ailleurs, ce petit personnage m'intrigue. Il me semble l'avoir déjà croisé. Mais avec mon application à demeurer le plus discret possible, je doute m'être attardé sur son cas. Cette journée apparaît comme une occasion offerte par le destin  - ou quelque soit son nom - de m'ouvrir malgré tout quelque peu à cette charmante communauté. Jadis, j'aurais sans doute pris un plaisir

" Par ailleurs, il me semble que le contenu de ce plateau soit explicite quant à l'intention de son préparateur... Mh ? "

Oh, je ne doute pas un seul instant que l'intention en question fut tout sauf innocente. Il me reste néanmoins à en découvrir la teneur, si tant est que ce jeune moine soit ouvert aux discussions.





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Message  Invité Ven 8 Sep - 21:37

Cet homme invita Wallace à s'asseoir à ses cotés. Son visage creuset lui donnait un caractère mystérieux et suffisamment étrange pour mettre le garçon mal à l'aise. Les moines de la tour avaient quelques personnages aux traits marqués, témoignant de leur histoire qui les avaient menés à Mauville. D'instinct, l'adolescent avait saisi que cet adulte n'était pas l'un de ceux qui avaient passé leur vie à poursuivre un quotidien paisible, dont la seule épreuve était de trouver un travail suffisamment bien payé afin de payer le loyer tous les mois. Mais malgré la gène de l'inconnu que générait ce personnage, son sourire paraissait suffisamment sincère pour que le garçon se détende. De plus, ni l'un ni l'autre n'était dupe. C'était bien la première fois que le doyen envoyait Wallace rencontrer un moine en particulier, les mains chargées du nécessaire pour partager un temps à deux. Le garçon déposa soigneusement le plateau au sol, et s'assit en tailleur.

"Certaines personnes savent pourquoi je suis là, mais je ne sais pas si le bruit s'est ébruité".

Il attrapa la carafe et un verre. Il versa du liquide dans celui-ci. Il en renversa quelques gouttes sur le sol. Rien de bien important ou de remarquable. Une fois le verre rempli, il tendit le récipient à l'homme.

"J'ai été attaqué il y a un mois par un spectre. Depuis, impossible de trouver un véritable... repos de l'esprit. Je m'en sors plutôt pas mal comparé à d'autres personnes ... mais les séquelles sont ... difficiles."

Le garçon soupira sur ce dernier mot. Comment expliquer ce qu'il vivait. Une fatigue constante, une angoisse et une mélancolie injustifiée. Comme si le monde lui demandait d'être heureux, et qu'il n'y parvenait pas. Et au final, les seuls moments de joie ne semblaient plus qu'un piège, tant le retour des émotions négatives étaient assurées. Wallace s'était servi son propre verre et en avala une gorgée. Enfin, il posa la question qui le taraudait :

"Vous êtes une sorte d'expert en Pokemon spectre ou quelque chose comme ça ?"

Il devait bien y avoir une raison pour que le doyen le dirige vers cette personne précise.


Dernière édition par Wallace Triogm le Dim 10 Sep - 9:57, édité 1 fois
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Message  Invité Sam 9 Sep - 19:32



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Mauville - Jour - Johto





Je suis heureux de le voir accepter ma proposition, en toute simplicité. Comme c'est étrange, de se revoir ainsi, adolescent, presque timide, si consciencieux et appliqué. Je ne peux que me laisser attendrir. Je savais qu'il existait plusieurs jeunes au sein du monastère, mais je ne m'étais pas attendu à ce qu'ils le soient tant : il ne devait pas encore être majeur. Nous ne nous connaissons pas, mais nous partageons déjà beaucoup plus que je n'aurais pu le penser. Sans doute ne suis-je pas encore au bout de mes surprises.

" Certaines personnes savent pourquoi je suis là, mais je ne sais pas si le bruit s'est ébruité. "

Le doute devient certitude : si l'Ancien a jugé bon de faire venir ce jeune homme à moi, je pense que ses raisons sont solides. Le vieux maître n'est pas du genre à faire des farces. Je m’empare de la carafe et en partage équitablement le contenu dans les deux tasses, avant de lui proposer la seconde.

" Je ne prête guère attention aux rumeurs. Elles sont comme le vent : omniprésente et très changeante ! Je préfère entendre la vérité de la bouche de ceux qui la détiennent... "

Je dis cela avec un léger clin d’œil, conscient que de telles confidences sont tout sauf naturelles. A fortiori envers un parfait inconnu comme moi. Après tout, si ce n'était sur la demande du responsable de la Tour, pourquoi cet enfant accepterait-il de se confier à moi ? Je n'ai rien de plus qu'un autre, et pire sans doute, mes cernes donnent à mon regard une allure cave et inquiétante. Un bref passage devant un miroir m'en a persuadé. Hélas, je ne connais rien au maquillage, et les ans me marquent désormais trop pour qu'un simple sourire cache ma fatigue.

" J'ai été attaqué il y a un mois par un spectre. Depuis, impossible de trouver un véritable... repos de l'esprit. Je m'en sors plutôt pas mal comparé à d'autres personnes ... mais les séquelles sont ... difficiles. "

Voici donc le fin mot de l'histoire. Mes lèvres se scellent, alors que j'écoute les paroles.  Une hantise. Alors c'est donc cela... Évidemment...! Une seconde, je perds le sourire, trop conscient du sous-entendu. Bien sûr, l'enfant n'en sait rien, et mon silence doit lui paraître d'autant plus inquiétant. Mais comment pourrais-je lui en vouloir ? Pendant un instant, ma main s'est crispée et un ressentiment injuste à l'égard de mon maître, à qui j'avais confié toute l'histoire, m'avait étreint. Avant d'être écarté. N'ai-je pas eu la preuve qu'il agit pour mon bien ? Quel égoïste serais-je de ne pas penser à cet enfant qui souffre !
Je m'en sors plutôt pas mal comparé à d'autres personnes ... Si tu savais, jeune âme. Si seulement tu savais.

" Vous êtes une sorte d'expert en Pokemon spectre ou quelque chose comme ça ? "

Je le regardais sans vraiment le voir. Un expert ? Moi ? Par Arceus, depuis quand mérites-tu un tel titre, Archibald ? Ce jeune cherche simplement à deviner de son côté pour quelle raison le Sage l'a amené là. Et que peut-il savoir sur moi sinon ce qu'il voit ici ? Rien, ma foi, je l'espère. Je ne tiens pas à ce que ma présence s'ébruite. Il en va de ma sécurité, à présent - et malheureusement, de celle de mes hôtes aussi. Mon regard se recentre sur lui et mon expression s'adoucit, accompagnée d'un vague sourire :

" Eh bien... Ce n'est hélas pas si simple. Je connais très bien le type Spectre, mais bien plus encore divers moyens de les combattre : j'ai étudié les plans invisibles et leurs interactions avec le nôtre. Le type Ténèbres est ma spécialité - en termes de dressage et... disons, de connaissances théoriques et pratiques. "

Difficile de me faire plus précis sans connaître davantage la prédisposition de mon interlocuteur. A-t-il déjà abordé les domaines des sciences occultes ? Que sait-il réellement des spectres et de leurs pouvoirs sur l'esprit des vivants ? Quelles sont ses pensées à l'égard de ce qui pour bien des gens n'est que charlatanerie et superstition ? Et s'il me croit, qui suis-je pour me prévaloir de lui enseigner quoi que ce soit ? Je n'ai jamais arpenté cette voie escarpée que seul. Seth, encore une fois, est toujours cette exception qui confirme la règle.

" Si l'Ancien vous a envoyé vers moi, alors... Je pense qu'il voulait sans doute que vous puissiez partager vos souvenirs. Disons, que j'ai effectivement une certaine expérience concernant ce genre de "problème". Mais pour que je puisse vous aider, il nous faudra... du temps, et du travail. Oui, beaucoup de travail.  Peut-être les jardins seraient-ils plus propice à une telle discussion ? "

Je pense qu'il n'a pas besoin d'en savoir plus pour l'heure ! Nous aviserons. Je prends mon bâton et m'y appuie pour me lever, avant d'inviter mon jeune collègue de circonstances à venir avec moi. Nous laissons le plateau sur le rebord, pour descendre vers les pelouses bordées d'arbres. D'ici, nous pouvons discuter de façon plus discrète.

" Racontez-moi. Comment est-ce arrivé ? Connaissiez-vous ce spectre ? "

Les rayons du soleil nous caressent par intermittence, agrémentant cette balade d'une note plus joyeuse. Tandis que le jeune moine marche à mes côtés, je prends le temps de me replonger dans ma mémoire. D'abord récente, douloureuse, brûlante... Ancienne ensuite, accompagnée de cette odeur suave de parchemin.

" Je sais que ce sera douloureux : cela l'est toujours... Mais c'est bien le seul moyen de trouver un remède à ce mal qui vous ronge de l'intérieur. Tentez de vous souvenir avec précision, de revivre cet instant. "





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Message  Invité Dim 10 Sep - 10:37

L'homme et le garçon burent ensemble. S'écoutant l'un l'autre. La première partie de la conversation avait été dirigée par Wallace, qui avait confié son problème à cet homme qu'il ne connaissait nullement. Mais pour cet adolescent, tous les moines de la Tour étaient des hommes bons ou à la recherche de la paix intérieure, ou d'autrui. C'était ce qu'il avait compris jusqu'ici. L'individu l'avait écouté sans mot dire, si ce n'était pour précisé par la négative qu'il ignorait ce qui dévorait Wallace de l'intérieur. Quand le garçon demanda si le moine, pour une raison dont il ne pouvait se douter, était un expert en Pokemon spectre, ce fut au tour de ce dernier de prendre la parole. Wallace n'avait pas remarqué ce court changement d'expression. Probablement parce qu'il ignorait que sa question innocente avait fait vibrer une corde sensible. L'adolescent écouta avec attention les propos de cet homme. Premièrement parce qu'il était avide d'entendre quelque chose qui pouvait l'aider. Mais également parce que ce discours était intéressant. Oui, cet homme connaissait les Spectre, et comment s'en débarrasser. Il expliqua maîtriser le type ténèbres. Cela ne faisait suffisamment pas longtemps depuis sa sortie temporaire de l'académie. Bien sur qu'il se souvenait de la table des types et de ce qu'était le type ténèbres. Il ne comprit pas ce que l'homme avait voulu dire par :

"Les plans invisibles ...."

répéta Wallace suivi d'un léger murmure. Tic d'adolescent essayant de faire comprendre que ce sujet l'intriguait mais qu'il n'osait le demander pour ne pas interrompre cet adulte. La suite du discours sonna comme une mélodie de notes d'espoir et de peur. "Partager ses souvenirs" n'était pas une chose que Wallace favorisait. A part en avoir parlé au médecin ou à ses parents, il n'avait pas vraiment raconté l'expérience en détail. Et même s'il continuait à présent d'en souffrir, l'idée de déterrer cette histoire qu'il essayait d'ensevelir l'effrayait.

"J'imagine qu'il n'y a pas de raccourcis cachés comme dans les jeux ..."

Blagua le garçon, acceptant l'invitation de l'homme à s'en aller dans les jardins. Wallace n'avait pas encore l'expérience de la vie qui lui permettait de savourer chaque instant que la nature pouvait offrir à un homme. Il appréciait l'air frais, mais surtout parce qu'il donnait l'opportunité de faire des activités en extérieur. Il n'avait pas encore été touché par la fibre esthétique et sensible de ce qu'une journée paisible au milieu de la végétation pouvait offrir. Ils marchèrent quelques instants en silence. Une seconde, l'enfant se retourna vers l'entrée. Pouvaient-ils seulement quitter leur poste ? Il avait suivi le moine dans la fougue de la conversation, mais à présent, cette question le heurta. Mais après tout, cet homme plus âgé que lui devait savoir ce qu'il faisait pensa t'il. Il se reposa sur la fragile confiance que ce moine avait réussi à lui inspirer. Il semblait étrange. Mais impossible de mettre le doigt dessus. Certaines personnes avaient le don de mettre les autres mal à l'aise, d'un simple regard échangé. Le reste du rapport humain dépendait uniquement si les interlocuteurs parvenait à dépasser ce ressentiment inexplicable. Wallace en était capable. Et une fois dépassé, il était intrigué. Déjà dans son esprit se développait cette curiosité à propos de ce personnage, et de qui il était vraiment. Mais pour l'heure, ce n'était pas à lui de révéler ses secrets, c'était à Wallace. L'homme lui posa la question fatidique. Il avait besoin de savoir ce qu'il s'était passé.

Le garçon serra les dents, la bouche fermée. Un réflexe qui trahissait sa répulsion de parler de cet incident. C'était un traumatisme. Et une fois enterrées, ces expériences étaient très difficiles à extirper. Déjà, l'esprit du garçon se rebellait, le taraudant de cent mille questions. Pourquoi en parler maintenant ? Qui était ce type ? Pourquoi en parler à un inconnu ? Il pouvait très bien être un charlatan ? Pourquoi se faire du mal ? N'était-il pas mieux maintenant ? Cela risquait d'être douloureux ? Et si le résultat était pire après en avoir parlé ? Qu'est-ce que cela changera vraiment ?

"Est-ce vraiment utile ?"

Ce fut la question qui sortit de ses lèvres. Un mélange d'appel au secours, mais également une tentative de fuite, ainsi qu'une pincée de méfiance sur les réelles qualités de cet homme. La voix fatiguée du garçon semblait habituellement assurée d'une légère confiance en lui quand il s'agissait de parler aux adultes, ou quand il savait de quoi il était capable. Mais ici, il avait révélé ce qu'il était encore : un enfant. La voix fut légèrement fluette, comme les bribes d'intonation qui n'avait pas encore muées. Le moine s'aventurait sur un territoire piégé que l'adolescent avait commencé à cristalliser. Mais déjà, le garçon avait relevé sa carapace pour laisser transparaître son innocence. Cet enfant qui ne souhaitait qu'une chose, qu'un adulte lui tienne la main pour le guider hors de ce territoire maudit.
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Message  Invité Jeu 26 Oct - 19:24



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Mauville - Jour - Johto





Difficile de rester neutre, détâché, quand on avait soi-même tout à reconstruire. Je ne voulais pas le brusquer, loin de moi cette idée... Néanmoins, tourner indéfiniment autour du pot ne nous aurait avancé à rien. La saine interrogation qui vient de naître dans son regard me rassure. Au moins, n'ai-je pas dressé des murs dont je n'aurais pu me défaire ! Reste que la confusion dans laquelle il baigne ne peut pas m'aider à en apprendre davantage sans son concours.

" J'imagine qu'il n'y a pas de raccourcis cachés comme dans les jeux ... "

Des rac... ? Plaît-il ? Ma surprise me fait marquer un temps d'arrêt. Puis, saisissant l'idée, je suis pris d'un éclat de rire. Le merveilleux humour que voilà ! Ah, que n'ai-je trop perdu le mien... Je m'en rends bien compte, à présent. On dit que l'on ne sait que l'on a perdu quelque chose que lorsque cette chose vient à nous manquer. C'est parfaitement vrai. A la faveur d'un banc isolé, laissé là entre les arbres et les fougères, je prends quelques instants de repos pour m'y asseoir et soulager ma jambe. Une fois bien à l'ombre sur la pierre usée par le temps, je réponds doucement à sa remarque.

" En réalité, il y en a toujours. Il y a toujours le chemin rapide et facile, et le chemin long et difficile. Le problème... le problème est que le premier mène souvent dans un gouffre sans fond. Attrayants, tentants, infiniment plus avenants que les seconds... Mais des cul-de-sacs malgré tout. "

Les raccourcis sont toujours si tentant... D'autant plus lorsque l'on est jeune, impétueux, naïf. Que de souffrances, avant d'en arriver à prendre un peu de hauteur. A comprendre. Je ne pouvais guère que tenter de le mettre en garde, mais certainement pas faire tout ce chemin à sa place. On n'apprend à marcher qu'après avoir buté, être tombé et s'être écorché de très nombreuses fois.

" Est-ce vraiment utile ? "

La question porte une note de crainte. Une crainte bien fondée, que je serais hypocrite de prétendre ne pas connaître... Quelque part dans l'enceinte, un gong au ton clair résonne. Une fois. Deux fois. Trois fois. J'attends que le dernier coup se soit évanoui dans l'air, avant de me retourner vers mon interlocuteur. Rien n'apparaît sur mon visage qu'une rêveuse réflexion.

" Peut-être existe-t-il, autre-part, d'autres moyens. Mais je ne les connais pas, et ne peut juger de leur efficacité. Ce que je vous propose aujourd'hui, c'est uniquement ce qui relève de ma compétence... Du reste, je ne vous contraindrais jamais à rien : c'est librement que vous êtes venu à moi, c'est tout aussi librement que vous pouvez repartir. Vous n'avez fait qu'écouter une parole d'un être que vous jugez sage, de même, je n'ai considéré cette parole qu'à la lumière de votre histoire... Le reste vous appartient. "

Que dire, si une certaine tristesse m'étreint à l'idée de laisser courir le monde un jeune individu déjà si abîmé par une mauvaise expérience ? Je ne sais que trop bien comment le passé peut avoir les jambes longues, lorsqu'il s'agit de nous rattraper. Rien ne sert de courir... on connaît la suite.

" Il y a quelque temps encore, j'aurais sans doute pu vous fournir quelque matière fort utile pour entreprendre un tel travail. Hélas, aujourd'hui je n'ai plus rien en ma possession. Il me faudrait des mois pour espérer reproduire à nouveau ce que j'aurais voulu vous offrir... Il vaut donc mieux envisager de s'en passer. Utiliser le temps que nous avons à bon escient. "

Je prends appui sur mon bâton et décide de quitter une place plutôt confortable. Les jardins sont vastes, entretenu mais pas dévoyés. Ici, point de haies taillées ou de platebandes aux couleurs étranges. La nature dans ce qu'elle a de plus simple et de plus charmant : quelques touches de sauvageries limitées par la main de l'Homme lorsqu'elles tendent à tout envahir. Aux pieds de la tour, un muret de vieilles pierres se fait lentement envahir par le lierre.

" Je ne peux que vous demander d'y réfléchir posément. "

Nous le contournons, avec mon allure de vieille tortue édentée. J'ai beau en avoir déjà fait le tour, je ne me lasse pas de cet endroit. Combien de siècles se sont écoulés, depuis que les premiers humains ont voulu dresser cet hommage vibrant aux Pokémon ? On ne choisit pas un lieu sacré par hasard. Si l'on ferme bien ses yeux et que l'on cherche à ne voir qu'avec ses pieds, on saisit beaucoup mieux les raisons d'un tel choix. Elles sont comme d'énormes rivières tumultueuses, alors qu'en bien d'autres endroits, c'est à peine si l'on peut les sentir : les veines de la Terre. Elles sont aussi fascinantes que dangereuses. Leurs motifs prennent une courbe large et pleine dans la forêt alentour, avant de spiraler vers la façade Nord de la Tour. A cet endroit, une colonne invisible s'élève du cœur du vortex, aussi bien dans les hauteurs, que dans les profondeurs insondables. Un coeur qui bat, silencieusement, au même rythme que les oscillations pesantes de la grande Tour en bois. Puissantes, chtoniennes, intemporelles. On se laisse si facilement bercer par elles ! Je finirai par oublier ce que je suis venu faire ici...!

D'un œil, je guette une réaction de la part de notre ami. J'ai donné le seul conseil que je puisse donner... La nuit porte conseil, l'est-ce pas ? Entre autre chose. S'il accepte, ce sera par le cœur, et non par précipitation - ou pire, peur de décevoir. S'il refuse ? Eh bien, ma foi, je ne le retiendrai pas. Les chemins sont nombreux, les demi-tours et les carrefours, tout autant.

" Prenez tout votre temps. Lorsque vous aurez pris une décision, vous saurez où me trouver ! "

D'un geste du menton, je désigne la Tour, et continue mon chemin sur la verte pelouse baignée par les rayons.





Dernière édition par Archibald Lannysser le Ven 15 Déc - 19:28, édité 3 fois
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Message  Invité Sam 28 Oct - 20:58

A question honnête, réponse franche. Archibald était un homme disposé à aider Wallace. Mais cela ne serait pas possible si le garçon ne prenait pas le temps d'affronter son plus grand ennemi : lui-même. l'adulte conseillait l'enfant du mieux qu'il pouvait. Par ses propos, il apportait aiguillage afin de placer l'adolescent sur une route qui le guiderait sur la voie non seulement de la guérison, mais également sur celle qui lui permettrait, un jour, d'être un homme de qualité. Mais c'était à cet adolescent de voir s'il resterait sur cette route. Celle-ci était obscurcie par des obstacles dont le garçon n'avait aucune idée encore. Viendrait un jour où il devrait les affronter, un à un. Mais pour le moment, son premier mur à franchir n'était autre que d'affronter un passé. Lorsque Archibal évoqua qu'à une époque, il aurait disposé d'un support permettant d'aider Wallace, le garçon s'interrogea. Parlait-il d'un objet ? D'un livre ? D'un philtre permettant d'extirper la mémoire ? Ou d'une loupe agissant comme un lecteur de l'esprit. Cet homme était si mystérieux que l'imagination du garçon inventait n'importe quoi. Mais parfois, il était judicieux de simplement demander :

"De quoi parlez-vous ?"

Demanda Wallace intrigué. Peut-être que cette information lui permettrait d'en savoir plus sur ce mystérieux personnage. Les deux "moines" continuèrent de marcher ensemble, d'un pas lent. Une lenteur auquel Wallace n'était pas habitué. Depuis qu'il vivait avec les moines, il avait appris à prendre son temps pour faire les choses, à ne pas se précipiter. De précieuses leçons de vie. Mais ici, leur marche lui paraissait si lente. Ou plutôt, il reprochait de ne pas avoir de réponses sur les nombreux mystères que cet homme recelait, et sur les moyens qu'il avait d'aider le garçon. Mais il n'en dit mot, apprenant à respecter les rêgles de cet endroit, couplé avec la politesse et les graines de la maturité qui fleurissaient dans son être. Il apprenait à être patient. Plus que ne l'était généralement un garçon de son âge. Peut-être était-ce là une nouvelle leçon qu'Archibal lui donnait. Il lui laissait la nuit pour réfléchir à sa proposition. Wallace avait certes des doutes, mais il fut surpris de la tournure de la conversation. Il était persuadé qu'une fois donné son accord, il mettrait la main à la patte dès aujourd'hui. Une fois cette proposition offerte, Archibal s'éloigna. Wallace resta immobile, confus et perdu. Il voulait guérir, certes, mais les mots avaient manqués. Il n'était pas prêt à affronter ce passé. Il n'avait dit mot à Archibald lorsqu'il lui demanda de réfléchir. L'expression du garçon avait trahi une légère déception, mais surtout une grande confusion. Inutile de dire que le rythme de cet homme déstabilisait l'adolescent.

A présent, il était seul avec lui-même. Il n'avait personne pour lui dire quoi faire. Si une décision devait être prise, ce serait à l'égal d'un adulte qu'il la prendrait. La journée s'acheva sans incident ou autre rebondissement. Wallace ne parvint finalement pas à se sortir son interrogation de la tête. Souhaitait-il vraiment parler de ce qu'il était arrivé. Durant le repas, le garçon ne dit mot, et si Archibald l'avait vu, il aurait été le seul à comprendre d'où venait ce mutisme. Le garçon était en proie à une réflexion intérieure. Ce ne fut qu'au moment de la toilette, après un long moment à rester immobile dans une eau presque brûlante, que le garçon eut sa réponse. Il ne souhaitait pas affronter son traumatisme, mais à partir de l'instant où Archibald avait évoqué l'idée de discuter de l'accident, des images avaient envahi l'esprit du garçon. C'était toujours la même chose. C'était lorsqu'on ne souhaitait pas penser à quelque chose qu'on ne pouvait s’empêcher d'y penser. De quoi Wallace ne souhaitait pas parler ? Tout simplement du fait qu'il s'était éloigné sur les routes imprudemment ? Pourquoi ne voulait-il pas en parler ? Parce qu'il ressentait une forte culpabilité. Le garçon se reprochait à lui-même de s'être ainsi mis en danger. Quelles étaient les images dont Wallace ne voulait même pas faire l'effort de se souvenir ? C'était simplement la torture perpétrée par ce spectre qui revenait le hanter en ce moment même. Il ne s'était pas même rendu compte que ce qu'il refusait de prononcer n'était pas un souvenir oublié. C'était dans son crâne, constamment. La douleur de ces souvenirs qui persistaient et étaient toujours visibles. Si douloureux que le garçon ne souhaitait pas les rendre réel à nouveau. Mais pourtant, il était déjà torturé par ces images à partir du moment où il les rejetait.

Le lendemain, ce fut à la même heure que la veille que Wallace s'en vint voir Archibald. Il s'était approché du lieu même où le doyen l'avait envoyé rencontrer cet homme. Le visage du garçon était toujours aussi cerné. Avait-il seulement dormi ?

"Bonjour ... euh ... je viens de me rendre compte que je ne connaissais pas même votre prénom."

C'était fou comment les détails pouvaient être laissés de coté, et oubliés. Le garçon avait préparé son entrée depuis quelques heures. Il était décidé, mais pour se donner le courage de se confier, il s'était répété toute la nuit ce scénario. Il viendrait voir Archibald, le saluerait, et lui raconterait son histoire. Mais dès le premier mot, cela ne s'était pas passé comme il l'avait imaginé. Le monde réel et de l'esprit étaient deux choses bien différentes.

"J'ai réfléchi à ce que vous m'avez dit. Et en fait, je trouve cela idiot de ne pas en parler. Les images sont là, dans ma tête. J'ai toujours le sentiment de ressentir le toucher de cette ... langue sur mon corps. Que ces images, ces sensations deviennent des mots, au final, ça n'a pas grande différence. C'est déjà trop réel pour moi."


Lorsqu'il avait évoqué la langue, le garçon avait serré ses mains sur ses bras. C'était là un réflexe défensif dont il ne s'était pas rendu compte face à ce qui lui semblait être le souvenir le plus douloureux. Celui qui le répugnait. Il souffla un instant pour se donner du courage avant de commencer à parler :

"C'était pendant le festival du mois dernier. Celui où nous honorons les spectres pour maintenir la paix ... vous connaissez ? ... J'ai toujours adoré cette fête. Je me suis éloigné cette nuit là, et suis sorti de la ville.

C'est ici, que cette créature m'a attaqué. Mes Pokemon ont réussi à le repousser mais, malgré tout ... je n'ai pas pu l'empécher de m'attraper et de me ..."


Wallace s'arréta. Il l'avait déjà dit une minute plus tôt, mais le simple fait de le prononcer lui demandait un effort mental supplémentaire.

"Lécher".

C'était ce qu'il redoutait. Le visage du garçon commença à rougir. Il était empli de honte et de gène en racontant cela. Ce qu'il lui était arrivé, cela l’écœurait. Le regard du garçon s'était tourné, il n'osait pas regarder Archibald dans les yeux. A cet instant, il aurait voulu disparaître, fuir, se cacher. Mais parce qu'il était un enfant devant un adulte, il restait là. Cette immobilité, c'était sa seule touche d'espoir que ce personnage trouverait les mots pour aider le garçon.
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Message  Invité Ven 15 Déc - 19:11



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Quand mes pas m'éloignent, et que ceux du jeune homme ne suivent plus, je sens la tristesse teindre les chatoyantes couleurs du jour en des pastels moins heureux. Il ne comprend pas. Pas encore, mais cela viendra : je sais ce qu'il pense. Parce que je l'ai pensé, un jour, tandis qu'une vieille femme ridée me tournait le dos dans les rayonnages poussiéreux d'une bibliothèque sans âge. Avec pour seule consolation un "Patience" qui m’exhortait à me taire, et à apprendre de ce pesant silence.

Laisser mûrir. Couvrir et laisser distiller lentement, à feu doux et constant : c'était le secret de bien des choses. La brutalité n'avait son mot à dire qu'en des cas très précis et rares. Elle ne devait pas être une constante, pas dans notre plan d'existence.

Je regagne ma place sur les marches de la Tour, les yeux rivés sur les toits d'en face. Personne ne vient, pas durant l'heure qui suit, ni la suivante. Je pensais pourtant qu'un tel jour de beau temps ferait affluer les touristes. Mais je ne peux m'empêcher d'être soulagé par cette solitude. Je n'ai jamais apprécié les bains de foule, et leur ai toujours préféré les longues ballades en forêt. Le soir tombe, et seuls deux visiteurs ont franchi notre seuil. Cela ne fait guère l'affaire du frère chargé de la trésorerie, mais je préférai en rire. La journée passe somme toute assez rapidement. J'use de ces minutes avec parcimonie : la guérison est lente, mais je tâche d'être constant dans mon effort.

La nuit vint et me contraignit à regagner ma chambre. Seth me dévisagea comme à son habitude : cet air inquisiteur qui tentait de savoir ce qui avait pu se dérouler loin de son regard perçant. Il ne sortait guère que la nuit, sous le couvert des arbres, pour galoper tout son saoul et hanter les environs du monastère comme une ombre. J'étais parvenu à me défaire en partie de ce lourd sentiment de culpabilité avec le temps, mais le voir en rond sur ce lit me rappelle combien nous ne sommes ni l'un ni l'autre fait pour être en cage. Et cette chambre, même sans verrou ni grillage, est une prison pour lui. La négation de son droit d'aller où bon lui semble. Je suis logé à la même enseigne. Depuis des mois, je n'ai plus mis un pied au dehors de cette enceinte silencieuse. Souvent, mon esprit s'égare au-dessus des toits mauves de la ville, frôle avec un sourire fantôme les fenêtres d'une chambre d'un certain poste de police, s'envole en soupirant entre les lanternes du matin. Je dépose mon bâton contre le petit bureau qui occupe l'angle et entreprend de me dévêtir.

" Inutile de me forcer la main, l'ami. Je vais tout te raconter. Mais avant, laisse-moi seulement prendre une douche ! Elle s'avère vraiment nécessaire. "

Mon Pokémon renifla, puis se rendormit en guise d'assentiment. Les installations étaient communes, et rudimentaires. Mais toujours autrement plus confortable qu'un campement sommaire où les sanitaires publics des centres Pokémon. Je laissai l'eau tiède couler sur mon visage. Je souris, les yeux fermés, le visage frappé de ces milliers de gouttes claires qui ricochent durement sur l'arrête de mon nez. Ne plus penser à rien.

Ah, quel exercice compliqué ! Toutes ces pensées contradictoires qui frappent à ma porte pour m'expliquer qu'elles sont des plus importantes ! Finalement, il n'en reste plus qu'une. Et comme il me vient l'envie de la partager avec celui dont le regard me suit par-delà la buée, je coupe le jet d'eau et m’empare de l'une des serviettes.

" J'ai fait une certaine rencontre, aujourd'hui. J'aurais apprécié que tu la fasses de même ! C'est l'un des jeunes qui demeurent ici le temps d'une retraite : la Sage l'a envoyé vers nous. "

Je vois sa queue remuer de droite à gauche, signe qu'il partage mon avis.

" S'il reviendra ? Ce n'est qu'une question de temps. Je pense... qu'il nous faudra tôt où tard reprendre cette enquête. Nous n'avons pas le choix, comme tu me l'as si bien expliqué... Après tout : ne sommes-nous pas des hors la loi recherchés, à présent ? Combien de lunaisons, à ton avis, avant qu'ils ne retrouvent nos traces ?

-Bsol.

-Voilà où nous en sommes. Maintenant, je ne suis pas prêt. Je ne... peux pas, pas encore, retourner au combat. Je dois d'abord retrouver le sentier dont on m'a fait sortir. Je dois retrouver ce que j'ai perdu. Et c'est un retour fort long, j'en ai bien peur.
"

Seth pose sa tête sur le drap, le regard braqué sur moi avec une intensité redoublée. Oui, je sais ce que tu penses, ami. Mais tu sais sans doute mieux que quiconque à quel point notre route est escarpée.




Comme si le temps avait soudainement fait demi-tour, je me retrouve de nouveau sur le parvis de la Tour. Le soleil est au même endroit, le ciel, toujours aussi bleu. Et, à quelques détails près, le scénario se répète.

" Bonjour ... euh ... je viens de me rendre compte que je ne connaissais pas même votre prénom. "

Je le regarde et lui souris. Je ne m'étais pas rendu compte de l'effet apaisant de sa présence. Comme si tous ces derniers mois venaient de voir en cet innocent jeune homme toute leur conclusion. Sa voix juvénile m'évoque vaguement le nombre 8. Huit aussi, sont les routes qui dessinent des ombres projetées à ses pieds, invisibles mais bien présentes. J'aimerai lui en parler, mais je ne peux pas. Pas aujourd'hui : je dois d'abord entendre ce qu'il a à me dire. Car c'est bien ce qu'il est venu faire !

" En effet ! Navré, vivre seul finit par vous faire perdre les bonnes manières ! "

D'ordinaire, ce manque de politesse m'aurait surpris, venant de moi ! Ah, oui. Sauf que ce renseignement jusque-là si banal, si facilement partagé toute ma vie, aujourd'hui me semble regorger de danger. Bien sûr, cette âme-ci ne voudrait pas le mal. Mais maintenant, maintenant qu'on est parvenu à faire de moi un véritable paria, ne devrais-je pas me méfier d'une naïve bonté ? Mes yeux croisent les siens, et j'y lis une sorte d'attente inquiète. Suis-je donc devenu un vieux paranoïaque pour me défendre d'une jeune âme comme celle-ci ? Je me ferais presque de la peine, en y pensant. Un maigre sourire m'échappe, entre les mèches grisonnantes qui me tombent désormais presque sur les épaules de ne pas avoir vu les lames d'un coiffeur depuis tant de mois.

" Je m'appelle Archibald. "

Entendre mon propre prénom me paraît si terrible. Moi qui en était jadis si fier. Qui ne jurait plus que par lui, pour mieux oublier le patronyme qui s'y rattachait. C'était Mère qui l'avait choisi, en hommage à mon arrière-grand oncle, l'un de ses modèles. Et qu'en ai-je fait ? Dans quelle opprobre l'ai-je jeté ? Ô l’aïeul, si tu m'entends au travers de l'Univers. Sache que je ferais tout pour me rependre de cette faiblesse. Lorsque j'aurais laissé les cendres derrière moi, je jure de pouvoir à nouveau épeler ce prénom avec tout son ancien honneur. Ma pensée n'a duré qu'une seconde, mais je peux sentir mon propre visage se détendre avec elle. Je m'appelle Archibald. Phrase la plus simple, la plus banale qui soit. Qui porte pourtant tant de choses, de vécu, d'inconscient, d'espoirs, de doutes...

" J'ai réfléchi à ce que vous m'avez dit. Et en fait, je trouve cela idiot de ne pas en parler. Les images sont là, dans ma tête. J'ai toujours le sentiment de ressentir le toucher de cette ... langue sur mon corps. Que ces images, ces sensations deviennent des mots, au final, ça n'a pas grande différence. C'est déjà trop réel pour moi. "

Sa décision lui en coûte. J'admire son courage. Avais-je le même à son âge ? Je ne m'en souviens guère... Il lui aurait été si aisé de renoncer, de fuir l'obstacle que je lui présentais. Il ne l'a pas fait, et se présente aujourd'hui devant moi en sachant qu'il n'en ressortira rien de bien agréable.

" C'était pendant le festival du mois dernier. Celui où nous honorons les spectres pour maintenir la paix ... vous connaissez ? ... J'ai toujours adoré cette fête. Je me suis éloigné cette nuit là, et suis sorti de la ville...

-Samain ?
" Je note, comme pour moi même.

Les festivités de Samain, ou Shamain parfois, étaient toujours l'occasion de prendre conscience de la proximité de la vie et de la mort. C'était la période de l'année ou le voile entre les mondes était le plus mince, les ombres qui dansaient de part et d'autre, le plus aisément perceptible. Un moment tout particulier, plus encore pour nos anciens, lorsqu'ils avaient conscience de ce que cela signifiait. Aujourd'hui, seules les célébrations sont restées, les rites et les communions avec l'invisible ne sont plus que l'apanage des excentriques...

" Lécher. "

Le mot à lui seul est empreint d'un tel dégoût, d'un tel effroi qu'il faudrait n'y rien entendre pour ne pas frissonner en l'entendant. L'évocation de son souvenir laisse mon interlocuteur dans un état de détresse douloureuse. Lécher. Comment un verbe en apparence si innocent peut-il faire un tel effet ? Il y a, je crois une explication qui m’apparaît fort claire.

Une attaque Léchouille. Mes sourcils montent malgré moi. Diantre, voilà qui explique bien des choses ! Comment un Spectre en est-il venu à s'en prendre directement à un être humain ? Un Pokémon n'attaque jamais sans raison... D'autant plus que sa cible m'a tout l'air d'avoir un vécu la rendant vulnérable à ce genre d'atteinte ! Ma curiosité est aussi vive que ma contrariété, mais devant l'attitude du jeune moine, je prends sur moi de n'en rien laisser paraître.

Ma main vient se poser sur l'épaule frêle. Maigre soutien. Mais je comprends - peut-être plus qu'il ne l'imagine - ce sentiment qui le hante. Je le vois, je le lis... je me crispe imperceptiblement, mal à l'aise autant qu'il ne l'est envers lui-même. Impossible de trouver son regard. En une seconde, il s'est recroquevillé sur lui même, comme par jour de grand froid. Mon propre regard se perd sur les détails insignifiants de sa silhouette, captant discrètement son aura, le malaise, la peur. Luttant avec une force nouvelle pour ne pas me laisser haper par mes propres souvenirs.

" Vous n'êtes pas seul, ici. "

Je sais ce qu'est la honte. La douleur. La peine. La rage. Mais savoir ne suffit pas à pouvoir. Vais-je pouvoir mener à bien le réveil d'un autre, alors que ma propre personne a déjà tant souffert de son insuffisance ? Je veux croire qu'il n'y a pas de hasard. Qu'enseigner n'est en réalité qu'une autre manière d'apprendre.

" Il n'y a aucune honte à avoir : la honte va à ceux qui prennent la décision de nuire. Pas à ceux qui s'en défendent. "

Plus je le regarde, plus je m'en imprègne, plus je prends conscience... de ce qu'il est. Ce n'est encore qu'un enfant. Un enfant. Une plante dont les feuilles s'épanouissent pour la première fois au soleil. Ai-je un jour envisagé d'en avoir ? Eh bien... Non, pas vraiment. Pas depuis que je ne m'étais vu très naïvement poser cette question en pré-adolescent amouraché. La vie m'a si vite arraché l'idée qu'un jour je serais un individu normal... qu'il ne me vient plus à l'esprit que cela puisse être le cas. Je le regarde, et je vois tout ce que j'ai pu sacrifier à ma quête sans même le savoir. Tout ce que j'ai délaissé. Et aussi... tout ce que j'ai perdu. Finalement, jeune âme, tu es sans le savoir la rédemption qu'il me manquait. Je ne t'abandonnerai pas à ton sort. Si tu as fait le choix de me donner ta confiance, sache que j'en ferai bon usage !

" Je vous remercie de votre confiance, jeune homme. C'était le premier pas sur le chemin de la guérison, et comme vous ne le savez que trop bien, il est... long. Douloureux. Je ne fais pas de promesse creuses : je n'ai pas l'omniscience. Je n'ai que mon expérience. Je peux seulement vous ouvrir la porte, mais pas en passer le seuil à votre place. "

J'imprime une légère pression sur son épaule avant de retirer ma main pour m'aider à me lever. Le mouvement est lent, toujours aussi délicat, mais plein d'enthousiasme. Me voici dépositaire d'une mission de la plus haute importante, et reconnaissant aux étoiles de m'avoir désigné pour elle. Je fais quelques pas, et discrètement fait un signe de tête à mon blanc gardien qui, resté caché sous la canopée des arbres à quelques foulées de nous, se lève avec nonchalance pour venir saluer mon jeune ami.

" Je vous présente celui qui nous aidera dans cette périlleuse entreprise, et qui pourra vous sortir d'un mauvais pas en cas de problème : Seth, mon plus fidèle allié ! "

L'Absol s'assit devant le petit blondinet, ses yeux érubescent ne trahissant qu'une attente neutre sans trace d'une quelconque appréhension. S'il y a bien une chose qui n'inquiétait pas Seth le moins du monde, c'était bien les Spectres. Il secoue doucement la tête, son poil hirsute ondulant avec grâce autour de son museau. L'hiver le fait sembler plus imposant et plus volumineux que jamais, rendant ses tatouages bien plus discrets qu'en d'autres temps.

" Si vous êtes prêt, nous allons trouver de quoi ouvrir les portes au sein de la Tour. "

Je suis confiant. Seth me déteint dessus : malgré les dégâts subis par corps et mon esprit, notre lien reste plus solide qu'un pic. Appuyé sur mon bâton, Seth à mes côtés, je me dirige au premier étage de l'immense édifice. L'odeur du bois et de la poussière se mêle à celle de l'encens. Les rayons obliques du soleil matinal baigne les pièces d'un halo pastel.

" J'imagine que les moines vous ont enseigné leurs méthodes de méditation ? Elles nous seront très utiles ici. "



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Message  Invité Ven 29 Déc - 12:32

Archibal ...

Et voilà qu'un nom s'affichait au dessus de ce visage. Wallace se présenta à son tour. Un simple : "Moi, c'est Wallace." qu'il aggrémenta d'une poignet de main polie. Mais une manière ancestrale de sceller une rencontre officielle entre deux personnes. A présent, l'un comme l'autre aurait une identité à référer à cette personne. Un jour lointain, peut-être entendront-ils ce prénom. Et l'un aura une étincelle de souvenir qui lui rappellera ce moment.

Lorsqu'Archibal répéta le mot "Samain", Wallace eut un léger silence. Cet homme ne connaissait pas cette fête ? Ou ce terme avait-il une connotation particulière pour lui. Le garçon prit l'initiative de lui donner une précision avant de finir sa confession :

"Vous savez, le festival des morts ? Vous ne connaissez pas ? En général elle est célébrée dans tout Johto."


En expliquant, le garçon se demandait si ces explications étaient nécessaires. Archibal semblait être un homme de culture et de connaissances. Même s'il était étranger, il devait avoir entendu parler de cette festivité. Mais sur ce, Wallace acheva pourquoi depuis quelques semaines, son âme était en proie à la dépression et au mal être. En geste de soutien, comme un réflexe, Archibald posa sa main sur l'épaule du garçon. Un mouvement anodin, qui fit trembler le jeune homme. En étalant ainsi sa honte, le simple contact humain le mettait mal à l'aise. Comme si Archibal avait touché son âme à nue, un contact froid au premier toucher. Mais une fois habitué, la chaleur humaine viendrait réchauffer cette âme. Grâce aux mots, des mots de soutien, des mots de réconfort. Etait-ce vraiment ce que Wallace voulait entendre ? Qu'il n'avait pas à avoir honte, qu'il n'était pas seul ? A cet instant, Wallace ne sut quoi faire de ces mots. Et pourtant, l'envie de se laisser aller montait en lui. Il posa sa main sur ses yeux. Un seul geste pour parvenir à se contenir, pour ne pas perdre le peu de contrôle de lui qu'il lui restait. Il sentit que ses yeux avaient déjà commencé à larmoyer. Ses doigts essuyèrent ces gouttes qui perlaient.

Il ne dit d'autres mots. Il ignorait encore que ce qu'Archibald lui disait aurait un effet sur le long terme. Comme un onguent qui une fois étalé, prendrait plusieurs jours à faire effet. A moins de le laisser agir. Archibal ôta sa main. Et les mots qui suivirent changèrent de dynamique. Jusqu'ici, ses actions étaient proches de la passivité, de l'écoute. Wallace avait du faire le premier pas, afin de donner à cet homme la possibilité de savoir à quoi il avait affaire. Une fois les mots prononcés, le mentor pouvait s'armer. A présent, il passait à l'action, et pour cela, il n'était pas seul.

Wallace vit cet allié auquel Archibal faisait référence. Wallace écarquilla les yeux. C'était la première fois qu'il apercevait un tel Pokemon. Pour beaucoup d'humains, l'existence même d'un tel Pokemon approchait de la légende. Il apparaissait dans les livres d'histoires. Des histoires terribles où avaient lieu de grandes catastrophes. Des livres que Wallace n'avait jamais lu. Il fallait dire que ce Pokemon à la fourrure blanche n'était jamais référé dans les légendes de Johto. Et pour cela même que la provenance de cette créature se situait à des lieux de là. Même pour les habitants d'Hoenn, l'existence de l'Absol était parfois mise en doute.

Wallace était impressionné. Ce Pokemon avait de la présence. Son Rondoudou et son Chetiflor ne jouaient pas dans cette catégorie. Smash, en voyant cet Absol, ressentirait énormément de jalousie. C'était toujours pareil lorsqu'un être possessif faisait face à une créature d'une beauté pareil et se sentait en danger. Le garçon regarda Archibald. Il ignorait comment faire face à ce Pokemon. Pouvait-il le caresser ? Ou devait-il le craindre, s'en méfier, le respecter ?

Le garçon tourna son regard vers cet Absol. Il resta silencieux quelques secondes, puis ouvrit la bouche :

"Enchanté de faire ta connaissance Seth. Je m'en remets à toi."

Le garçon lui parla d'égal à égal. Le respect, voilà ce que cette créature dégageait. Un respect mutuel. Les présentations accomplies, il était temps de changer de lieu. Wallace resta silencieux, encore abasourdi. En peu de temps, son corps et son esprit faisaient face à beaucoup. Sa révélation, ce Pokemon. Il avait besoin de garder le silence, car les mots seraient de trop. Le garçon accompagna Archibald, respectant son pas lent. Il s'aidait de ce bâton. Le jeune homme ressentit de la compassion pour cet homme qui avait traversé ses propres épreuves. Et en traversait peut-être encore à ce moment même.

Lorsqu'ils arrivèrent au lieu dit, Archibald fit référence à la méditation. Wallace ouvrit enfin la bouche :

"Oui ... ça a pris du temps, mais depuis peu, méditer me fait du bien. Ce sont les seuls moments où je ressens un repos, un équilibre. J'aimerai juste que cela dure."
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Message  Invité Dim 21 Jan - 23:15



Discipulus et Magister


Mauville - Jour - Johto





Wallace. Ce nom sonne avec ce qui me semble être un accent étranger. Je souris avec chaleur : voilà l'échange simple et amical que je n'escomptai plus jamais avoir avec quiconque ! Ma solitude me fait parfois oublier combien je peux apprécier la compagnie, quand elle est si désintéressée et pleine d'innocentes intentions. L'air tiède et le calme de notre lieu de villégiature ne font que rajouter à mon bonheur. Se satisfaire des choses les plus simple, dans une humilité non dénuée de joie... Ce n'était qu'une vague idée, et voici qu'à présent, c'est une réalité. Un quotidien comme j'en avais parfois rêvé, poussé sur les routes par ma vie de travailleur ambulant. Mauville s'avère finalement être bien agréable. Lorsque je le présente à notre nouvelle connaissance, Seth s'approche de bonne grâce, et bien qu'aussi méfiant qu'à l'accoutumée, n'en laisse rien paraître à l'enfant. Je ne sais trop à quoi m'attendre : l'habitude de voir les réactions de rejet m'ont aussi rendu prudent. Mais je ne vois pas de bonne raison de ne pas faire confiance au jeune Wallace ! Après tout, si le Sage l'a admis près de lui, pourquoi aurions-nous à nous inquiéter ? Et, en effet, l'apparition de l'Absol ne semble pas rebuter l'adolescent. Au contraire, il semble même plutôt curieux :

" Enchanté de faire ta connaissance Seth. Je m'en remets à toi. "

Je vois mon Pokémon plisser légèrement les paupières, surpris. S'en remettre à lui ? Oh, je sais bien que ce fauve-ci n'est pas du genre à parader et à user de suffisance. Mais en chacun de nous sommeille un ego bien chevillé ! Les Absols sont des Pokémon de nature solitaire et farouche. Celui-ci, d'aussi longtemps que je me souvienne, a toujours été fort particulier. Combien de fois lui ai-je demandé, désorienté et perplexe : "pourquoi moi, Seth ?" Et en réponse, ce regard d'un rouge presque noir par moment, qui me disait avec une malice bienveillante : "parce que". Seth, est-ce que je peux seulement prétendre te connaître, même après plus de vingt-cinq années en ta compagnie ? Après autant de péripéties déroutantes ? De jour et de nuits partagés ? Non. Mais je te suis lié, et tu es tout pour moi. Tu le sais, n'est-ce pas ? Toutes ces pensées me traverse, le temps d'un fugace battement de cil. L'Absol cligne des yeux en signe d'acquiescement aux paroles de Wallace. Je devine qu'il est grandement intéressé à l'idée de s'amuser quelque peu ! Cela fait si longtemps que je ne l'avais pas emmené avec moi - hérésie, alors que jadis nous partagions absolument tout...

" Oui ... ça a pris du temps, mais depuis peu, méditer me fait du bien. Ce sont les seuls moments où je ressens un repos, un équilibre. J'aimerai juste que cela dure. "

J'acquiesce, ravi. Parfait ! C'est une excellente chose, et je pense que nous obtiendrons ainsi de bons résultats. Demander à un parfait débutant de se lancer d'emblée dans une pratique aussi périlleuse aurait été inconscient de ma part.

" Excellent ! Alors, ce sera la toute première partie de notre exercice. Il va falloir tout d'abord méditer, pour nous concentrer efficacement... et travailler la visualisation. "

Nous entrons dans la Tour, parcourue par quelques-uns des frères à l'entrainement à cette heure. Le silence est de mise, et je prends soin de ne parler qu'à voix basse, en me penchant légèrement vers lui pour couvrir un éventuel écho. Nous parvenons au deuxième étage, près de l'une des fenêtres, dans un couloir isolé et calme : tout à fait le lieu dont nous avons besoin !

" Bien ! Maintenant mon cher Wallace, voici le cœur de la leçon d’aujourd’hui ! Reproduire en votre mental une scène passée qui vous a blessée, et pouvoir cette fois-ci y faire face de sang-froid et en possession de moyens de défense efficaces ! "

Je m'appuie sur mon bâton et entreprend de m'asseoir en tailleur, lui intimant d'un geste de m'imiter. La manoeuvre est délicate et -oui - douloureuse. Je contiens cette grimace autant que faire ce peu, tandis que ma hanche refuse de se laisser choir au sol sans se rebeller d'une manière désagréable. Toute mon ossature craque affreusement, trahissant du même coup mon manque flagrant d'exercice. Archibald, vieil andouille, tu devrais vraiment avoir honte de ce tas d'os que tu es devenu ! Du nerf, que diable !

" Seth ? Je pense que nous allons pouvoir commencer. Tout d'abord, il nous faudra... "

Je balaye les lieux du regard. Les hautes cloisons de bois projettent des ombres sur les longues lattes du plancher, qui grincent parfois lorsqu'un pied maladroit les presse un peu trop. Un mélange subtil entre la sérénité d'un lieu mystique et l'inquiétante atmosphère des sites hantés. Car, attirés par toute l'activité énergétique, de la Terre et des moines, les entités de l'Outre-Monde n'hésitent pas à faire des lieux de culte leur demeure : la Tour Chétiflor ne fait pas exception !

" Un spectre ! "

L'idée plaît beaucoup à Seth. Instantanément, mon ombre fétiche se met en chasse, son corps félin prêt à bondir sur la première proie spectrale qui se présenterai. Je jette un œil à Wallace, jaugeant discrètement de sa réaction. Lorsque son regard croise de nouveau le mien, je lui souris avec un hochement de tête :

" Il le tiendra à distance le temps que vous puissiez vous préparer. Nous attendrons aussi longtemps qu'il le faudra pour que nous puissions faire cet exercice dans de bonnes conditions. Essayez de reproduire l'état de vacuité sereine que l'on vous a enseigné. Ensuite, vous devrez vous concentrer sur votre propre image, et vous imaginer tel un soldat, un guerrier, ou toute forme vous permettant de vous sentir implacable face à votre ennemi ! Ce sera le premier exercice de visualisation. Le contact avec le spectre ne sera établi que lorsque vous serez certain de pouvoir garder cette image claire et forte dans votre esprit ! "

Je ne le brusquerai pas : je suis bien trop conscient de la dangerosité de se voir confronté à ses propres peurs. Les Fantôminus que nous avons croisé n'ont rien de bien effrayant, mais leurs capacités pourront permettre à Wallace de se confronter à son angoisse sans danger. Du moins... Je l'espère.

" Allons-y. "

Je l'imite, je ferme les yeux et inspire, détendu.



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Message  Invité Lun 12 Fév - 12:33

Le garçon et son aîné pénétrèrent de nouveau la Tour Chetiflor. Le silence, comme toujours, était de mise. Mais Wallace avait commencé à apprendre, comme les moines, à savoir marcher sans faire de bruit. Même le parquet craquelant n'émettait plus de sons. Comme si ces hommes apprenaient, par discrétion, à abandonner leur propre poids. C'était de là d'où provenait la prestance des moines. Ils étaient d'un silence d'or, sans pour autant adopter une posture discrète. Ils restaient droit, mais respectueux de la méditation de leurs confrères. De nombreux visiteurs étaient impressionnés, voir gênés de ne pas savoir les imiter. Le moindre de leur pas leur semblait être une cacophonie en comparaison.

Wallace suivit Archibald sans un mot. Petit à petit, le jeune homme avait commencé à faire confiance en cette figure. En sa présence, il oubliait ses tracas. Mieux, il trouvait du courage. Et de ce courage, le garçon en aurait bien besoin. Archibald ayant trouvé le spot souhaité, donna sa consigne à son "élève". Wallace allait devoir faire un travail de projection intérieure. Il allait devoir se confronter à ses traumatismes. C'était là une chose qu'il n'avait jamais fait volontairement. Jusque maintenant, la méditation l'aidait à se vider l'esprit. Et les images de son "agression" lui apparaissaient sans prévenir. Jusqu'à aujourd'hui, il n'avait jamais cherché à se souvenir. Le garçon resta silencieux un instant, puis acquiesça en un simple :

"Bien."

La brièveté de son accord signifiait qu'il était prêt à suivre Archibald. Mais cela ne signifiait pas que cela lui plaisait. Il craignait ses souvenirs, c'était une vérité. Mais plus que tout, il souhaitait les surpasser. C'était pour cela qu'il acceptait de participer à cet exercice. Le garçon s'assit en tailleur. Puis ferma les yeux après avoir expiré longuement. C'était un réflexe qu'il avait pris lorsqu'il cherchait à retrouver son calme. Wallace allait vite comprendre que se souvenir n'était que la partie "facile" de ce qu'Archibald le fit entreprendre. Le garçon essaya de ne pas porter attention à ce que disait l'homme à son Pokemon. Il essayait de faire le vide, et pour cela, il devait oublier ce qu'il se passait autour de lui. Mais même si habituellement, il s'en sortait plutôt bien, le garçon n'était encore qu'un enfant. Cet adulte l'intriguait. Ainsi, chaque fois qu'il parlait, cela avait un impact sur l'enfant. Son attention se détournait légèrement, malgré ses efforts pour rester concentré sur sa méditation.

Puis soudain, un piquement au nez, une sensation trop familière à Wallace. Cela ne sent pas mauvais, mais cette sensation, c'est quelque chose qu'il a connu, et qui lui semble bien trop désagréable pour ne pas ouvrir un oeil. Le garçon ouvre un, puis deux yeux. Et son mental se glace d'effroi. La tour est visitée par un Fantominus. Chose étrange, Wallace en avait déjà croisé auparavant dans ce lieu. Mais ces derniers ne lui avaient jamais créé un tel sentiment de peur. La raison était pourtant simple, le garçon avait tous ses sens éveillés, et sa psyché était vulnérable. La simple présence de ce spectre suffisait à réveiller des douleurs fantômes qui hantaient son esprit depuis des semaines. Archibald le rassura, lui expliqua que cela faisait de l'exercice. Wallace devait parvenir à méditer dans ces conditions.

Soudainement, cet exercice lui semblait d'une difficulté monstrueuse. Comment se concentrer alors que tout son corps rejetait la présence de ce spectre. Déjà, à deux reprises, le garçon s'essuya le front qui perlait de sueur. Et il soufflait. Il ne cessait d'expirer, comme pour se débarrasser de ce stress enfoui en lui. Le Fantominus ne pouvait pas approcher le garçon, mais il sentait sa peur. C'était un délice pour un fantôme tel que lui. Wallace essaya de rester concentré, de faire le vide dans son esprit. Mais c'en était trop. Oui, il fallait qu'il le dise, c'en était trop :

"Ce n'est pas possible, je ne peux pas faire ça ..."


Il relâcha sa méditation. Il ne se releva pas, mais il se dressa en arrière, se maintenant assis grâce à ses bras. Il s'essuyait le front, trempé de sueur. Et son regard ne quittait plus le Fantominus. Il jaugeait le moindre de ses mouvements, prêt à se défendre si nécessaire. Wallace avait appris à se mettre sur ses gardes dès qu'il croisait un spectre. Un réflexe évident suite à son traumatisme. Ce n'était simplement pas l'exercice.
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Message  Invité Mar 8 Mai - 11:39



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Mauville - Jour - Johto





Les premières minutes s'égrainent dans le silence, légères. Seuls les pas réguliers de Seth sur le plancher m'indiquent que le Temps tourne encore. Mon Univers n'est plus qu'un noir uniforme et profond, pulsant au rythme de mon cœur, dansant au son de ma respiration. Ce n'est pas un sommeil, même si sans doute, à me voir ainsi immobile en tailleur, on pourrait peut-être le croire. Dans ce vide mental, je m'applique à chasser les derniers sons, les dernières impressions qui me raccrochent à l'extérieur, tourné entièrement vers les profondeurs de mon être, encore invisibles.

Là, enfin, l'entièreté de la Réalité apparaît : un vide sans fin, intense et magnifique, où tous les possibles se rejoignent, fusionnent, près à être fécondés par une volonté encore à l'état de simple potentiel. Quelle volonté vais-je exprimer ? Lequel de ses possibles vais-je réaliser ? Ah ! Sensation pleine et enivrante. Je reste là, en suspend entre deux secondes, presque surpris de retrouver cet état si étrange après de si longues années. Plus d'interrogation, plus de choix. Plus de doutes, plus de certitudes, juste un repos infini et absolu, ici, maintenant.

Avec lenteur - mais que peut bien signifier ce mot en dehors du Temps ? - je reviens à des conceptions plus terrestre, apaisé comme je ne l'avais plus été depuis bien des jours. Prendre ce temps était en réalité bien plus qu'un simple exercice : je comprends à présent
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" Ce n'est pas possible, je ne peux pas faire ça ... "

La voix du jeune homme me tire brusquement vers la réalité matérielle, comme une main me tirant pour me rasseoir. Et je me retrouve assis en tailleur sur le sol de la Tour Chétiflor, bien pesant, en face d'un Wallace en proie à une angoisse grandissante. Le travail a réellement commencé... La tension monte d'un cran, devient presque palpable au travers de l'immense pièce. Un instant, j'examine la situation. Le Fantôminus est curieux, attiré par notre présence, et tout à la fois méfiant envers l'Absol près de nous. Seth décrit un large cercles autour de nos deux personnes, d'un pas lent et lourd, le regard braqué sur la créature volatile.  Le spectre apparaît et disparaît, tout à sa nature instable de passeur des entre-mondes. Malgré moi, je me demande bien quel vision de l'Univers une telle créature peut avoir...
Je ne fais aucun geste.

" Si, Wallace : vous le pouvez. Vous en êtes capable. "

Je me dois d'être aussi convaincu que convainquant. Il en va de notre réussite à tous les deux. J'entends les griffes de Seth cliqueter sur le plancher : le fauve est prêt à intervenir, faisant hésiter le spectre par sa seule présence. C'est une scène étrange à regarder, et sans doute le serait-elle davantage pour une personne extérieure, ignorante de l'exercice qui est en cours ici... Les Pokémon n'ont pas de réelle méchanceté intrinsèque. Pas plus que les êtres humains, j'en suis maintenant certain. Tout a une cause, tout a une raison. Ce Fantôminus n'est pas meilleur ou pire que nous : il cherche seulement à se nourrir. Et cette peur... ma foi, elle lui ferait peut-être un bon repas.

" Il ne peut pas vous toucher. Maintenant, vous êtes le maître de la situation : vous êtes votre propre maître. Vos pensées, vos émotions, vos souvenirs : tout est à vous, sous votre contrôle, à votre disposition. "

C'est Seth qui matérialise pour nous le grand cercle de protection, par sa ronde lente et sûre. Chacun de ses pas tremble presque de la tension de ses muscles, cachés sous son épaisse toison blanche. Il n'hésitera pas à bondir, je le sais. C'est cette confiance qui me donne le supplément dont j'ai besoin pour en guider un autre. On comprend rarement que le plus dur, sur ce chemin, c'est de se mettre en marche. Faisons le premier pas : il faut que Wallace le fasse. Les autres suivront.

" La peur était votre maître, elle doit à présent devenir votre serviteur ! Utilisez-la. Canalisez l'émotion première et brute pour la transformer, la rendre exploitable par votre esprit conscient. Pour cela, vous devez la voir pour ce qu'elle est : un signal d'alarme déclenché par une situation qui fait écho à un danger passé. Emparez-vous de ce passé. Regardez-le, explorez-le, tirez en les enseignements qu'il ne manque pas de contenir. Pourquoi ? Comment ? Par quels mécanismes ? Soyez inflexible, froid, minutieux, soyez l'Esprit avant le Cœur. Une fois que ces leçons seront claires à vos yeux, revenez-en au présent, ici, et brisez le cercle vicieux avec la clef de votre passé. Replongez dans votre Cœur et libérez-le de ce filet invisible dont les liens vous paralysent ! "

Oui ! Se saisir du passé comme l'on se saisit d'une poignée de porte. Sûr, ferme. Je le suis à présent. J'entends mes propres paroles comme si elles émanaient d'un inconnu. Une voix venue de nulle part et qui emprunte mes cordes vocales pour délivrer son message. Mais à qui s'adresse-t-elle vraiment ?

Au jeune homme ici présent ?

Ou à l'autre, celui de jadis, dont les cheveux tirent à présent doucement vers le gris ?




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Message  Invité Mer 16 Mai - 23:44

Archibald encouragea Wallace une fois. Le garçon chercha à retrouver son calme. Son corps le brûlait, ses yeux rougissaient, sa bouche était sèche, et cette odeur. Oui, cette odeur fantôme qui le hantait. Le garçon respirait de plus en plus fort. Il inspirait, il expirait, il inspirait, il expirait. Et pourtant, il faisait tout pour garder son calme. Il voyait le grand Absol qui tournait autour de lui. Ce n'était pas son Pokemon. Mais sa seule présence devait l'aider à se sentir mieux, à se sentir en sécurité. Wallace aurait pu fermer sa méditation. Se lever, s'enfuir. Mais son traumatisme ne serait pourtant pas guéri. Rester ici et affronter ses hantises était le seul moyen pour aller de l'avant. Il inspirait, il expirait, et tentait de se persuader que cette odeur n'existait pas. Il allait bien, tout allait bien.

Et Archibald l'encourageait encore. Il lui assurait qu'il était en sécurité. La créature ne pouvait rien. Et pourtant, Wallace qui pensait pouvoir retrouver son calme, douta un instant de la véracité de son professeur. Et s'il nourrissait ce monstre de sa peur. Il leva les yeux un instant. Pas parce qu'il reprenait courage ou qu'il reprenait la maîtrise de cette situation. Il était comme un enfant qui se rassurait en vérifiant que le monstre qu'il avait vu n'était que le fruit de son imagination. Ce n'était pas le cas. Et Wallace était un enfant face au monstre de ses cauchemars. Le Fantominus étant un corps gazeux, ce dernier ne disposait pas de forme stable. Et déjà, les yeux du rouquin s'écarquillèrent. Il était persuadé qu'il nourrissait ce monstre, et que petit à petit, il devenait un monstre plus terrifiant encore. Il paniquait au fond de lui, mais il ne s'en rendait pas encore compte.
Il inspirait, il exhalait. Et ce, de plus en plus vite.

Il se répétait de rester calme. Archibald le lui disait. Wallace était le maître de sa peur. S'il apprenait à la comprendre, à l'accepter, et à l'utiliser comme une alerte du corps, alors il deviendrait capable de regarder cette créature. Il la fixerait sans craindre qu'elle ne soit toujours là. Mais même s'il entendait Archibald, ses sens le trahissait. Etre maître de la peur lorsqu'on était dans un état de panique, c'était un exercice qui ne s'apprenait pas en quelques séances de méditation. Wallace se répérait de se calmer. Il essayait de respirer. Il inspirait, il exhalait, il inspirait, il exhalait. Puis plus rien ...

"Je ... j'ai mal ... je n'arrive plus à ... respirer."


Il plaça sa main sur son torse. Respirer lui faisait mal, et cela ne lui suffisait plus. Sa tête tournait, et son corps se raidissait. Il avait inspiré, il avait expiré. Il avait respiré. Mais à trop se reposer sur la respiration, même cette dernière finissait par se retourner contre lui. Tout tournait autour du garçon. Il avait besoin de s'arréter, maintenant. Il se recroquevilla en boule, genoux au sol, tête plaquée contre le plancher. Il avait mal, et il n'arrivait plus à retrouver sa respiration.

Le seul point positif dans tout ça. Il avait oublié le Fantominus. Il ne craignait plus que de mourir ici, sans air, sans avoir revu ses parents une dernière fois.

A Archibald :
Pas de souci. Pour ce post, je suis parti du principe que même avec les meilleurs intentions du monde, cet exercice ne pouvait réussir du premier coup. On peut passer directement au premier essai au lendemain si ça te dit, à moins que tu n'ais autre chose en tête ;).
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