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Savoir mourir et pouvoir renaître - solo

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Message  Invité Ven 1 Sep - 21:38



Savoir mourir et pouvoir renaître


Chutes Tohjo - Jour - Johto





La chaise grince lorsque j'y chois sans aucune élégance. Un grincement sec et désagréable, marque d'un manque d'humidité entre les fibres du bois. Dans mon champ de vision actuel, le dos voûté de mon hôte s'affairant à une petite table près de l'évier, et la lumière mélangée du jour grisonnant et d'une lampe à pétrole accrochée au plafond. Seth somnole en rond à mes pieds, tandis que par la fenêtre, je devine le dos doré de Kether sous le couvert des branches. Le tintement de la cuillère qui touille dans un pot, le frottement d'un chiffon. Tous ces bruits que j'ai oublié depuis des lustres. Je ferme les yeux et respire doucement l'odeur musquée du bois sec et de la poussière. Cet endroit sent le passé, les souvenirs et le temps regretté. Mais ce n'est pas une impression triste qui me traverse - tandis que je détaille le contenu de l'étroite cabane avec l’œil d'un enfant curieux - mais plutôt une sereine nostalgie, de celle que j'aurais aimé ressentir à mon dernier jour. Si tant est que l'on m'ait laissé un trépas de vieillesse un soir d'hiver dans mon lit.

" Tenez, ça devrait vous donner du nerf. "

La maîtresse des lieux s'est retournée, et me présente une chope en fer pleine d'un liquide épais et ambré, au parfum de miel et d'alcool. Je la prends à deux mains avec force remerciements : je pense que le ciel a entendu mon appel, en fin de compte ! Et je crierai de nouveau ma joie et mon amour du monde pour un tel présent, si mes poumons ne m'avaient pas fait si mal...! Le regard noir et plissé de la vieille femme me scrute, à la manière d'un rapace.

" Vous devriez enlever ça, me grogne-t-elle en désignant ma chemise sale et déchirée, j'ai de quoi vous coudre quelque chose de correct avec les miennes.

-Merci infiniment pour votre aide, madame... Mais je ne suis pas venu piller vos maigres réserves ! Je ne veux pas déranger.

-Ahah ! Vraiment ? J'ai fait des erreurs, dans ma vie, comme tout le monde.
"

Je ne saisis pas sur l'instant, tiquant quelque peu à l'enchaînement étrange de la phrase. Ses mains crochues agrippent mon vêtement de force, et me voici torse-nu sur la chaise avant d'avoir compris quoi que ce soit. L'air de l'après-midi n'est pas bien chaud, bien que le vent ne puisse pénétrer par les planches. Je frissonne. Elle étend la chemise, constate les dégâts, puis me regarde de nouveau et me décoche un sourire féroce.

" Jolies plaies. Hm. J'imagine que vous vous êtes fait ça en tombant dans un escalier ? Vous comptiez vous balader dans la montagne dans cet état ? Z'auriez pas passé trois nuits, avec des infections pareilles. "

Seth dresse l'oreille, et j'aperçois l'éclat discret de son œil de sang entre ses paupières mi-closes. Je baisse le nez sur mon propre corps. Etrange comme depuis toutes ces semaines, la douleur avait progressivement commencé à faire partie intégrante de mes inexistantes journées. Au point que je ne m'aperçois que maintenant de la gravité de mon état. Les plaies laissées par l'épée, cicatrisées à grand peine, laissent désormais une croûte épaisse et pleine de pus parcourir ma peau blême comme de monstrueux vers parasites, accompagnés de ci de là d'étoiles bariolées, où jadis les coups avaient plu. Je suis marqué de tous les côtés, et il me semble soudain que mon malheureux corps, qui n'avait pourtant jamais été un modèle de beauté, n'est plus qu'une atroce blessure purulente. Sans aucun soin depuis tant de temps, il est à parier que ma fièvre n'est pas dû à un rhume, et que ma faiblesse ne se justifie pas uniquement par une nuit blanche en prison.

" Je... Je suppose que si vous dites tout cela... C'est que vous n'écouteriez pas une version semblable ?"

Je coule un regard en biais sur les fagots suspendus à côté de la fenêtre.

" De la Verveine, du lierre grimpant... De l'orchidée séchée ? Vous en faites des Herbes Amères ? "

Ce genre d'herbes est hélas plus efficace sur les Pokémon que sur les humains. Elle hoche la tête sans regarder.

" J'ai passé des années au contact des plantes. Je dois bien avoir quelque chose. Si vous voulez bien rester tranquille, je vais voir c'que j'peux faire. "

Je l'entends fouiller le placard qui trône dans un coin sombre. Un bruit mêlé de verre, de métal et de papier. Rien de bien moderne, de la même manière que je ne vois ici pas la moindre trace d'un objet électronique. Tout me paraît avoir cent ans d'âge, au moins. Je souris : exactement la tête que devrait avoir mon propre bureau si d'aventure il m'arrivait d'en avoir un ! Ce qui n'avait jamais été le cas. Mon hôtesse ramène sur sa table quelques petits pots dégageant une agréable senteur de plantes.

" Des pommades ? " je demande, intéressé.

" Tout fait maison, oui. Par contre, va d'abord falloir couper dans l'vif, mon bon monsieur. Je peux pas vous appliquer ça sans avoir d'abord curé ces sales balafres. Autant essayer d'éteindre un feu avec de l'huile. "

Je grimace lorsque la lame découpe la cicatrice pour en ôter le suc infâme, me mord encore la lèvre quand elle cautérise son œuvre avec le plat du couteau passé à la flamme d'une bougie. Un mal nécessaire... Puisse-t-il au moins m'apporter la guérison. Ses mains parcourent mon dos avec la précision d'un chirurgien, et je me demande bien avec quels yeux, tant la luminosité de la pièce me paraît insuffisante. Son ongle suit les pointes saillantes de ma colonne, et je le sens s'arrêter. Je devine son regard sur les traits noirs qui courent sur la peau, tantôt surpris, tantôt sévère. Je devine aussi, à la ligne brûlante du rasoir qui me taille, que ces traits sont désormais zébrés de haut en bas, et sans plus de sens qu'un parchemin dont il manquerait les trois quarts des pages. Je baisse le menton, pensif, morose. Le silence s'installe, brisé uniquement par les sifflements entre les tuiles amassées au-dessus de nos tête, et le discret ronflement de Seth.

" Le plus dur est passé, ricane la voix éraillée dans mon dos, on va tenter de faire passer tout ça avec les moyens du bord. "

Ses mains agrippent l'un des pots et l'ouvre dans la foulée. Je n'ai guère le temps d'en apercevoir le contenu que mon infirmière improvisée m'en applique une bonne couche sur la plaie de mon épaule gauche. Le contact froid du baume me tire une expression de surprise. Après le feu, je ne m'attendais pas à ressentir grand chose :

" Je... Je suppose que vous poser certaines questions serait déplacé ? Plus tard, peut-être ? "

Ma main a serré mon genou plus que raison, et je sens mes mains osseuses craquer sous cette tension. Un intense soulagement me gagne quand l'effet de la pommade se révèle, avec lenteur, à la manière d'une aura diffuse. La fraîcheur emporte les brûlures, me fait oublier mon apparence hideuse l'espace d'un instant. Je vais mieux. Merveilleux ce que peuvent faire de simples plantes utilisées par des mains expertes !

" Peut-être. Faut laisser sécher, maintenant. "

Les pots, les lames, les bougies et les chiffons disparaissent de la table, et je me vois indiquer le seul lit de la pièce, à l'opposé du placard et de l'évier. Un lit qui n'est plus, lui non plus, de la première jeunesse.

" Allez, au lit. J'ai pas envie de retrouver un cadavre devant ma porte. On dirait que vous avez passé le dernier mois enfermé dans un cercueil tellement z'êtes pâle.

-Merci,
dis-je avec un bref éclat de rire désabusé, je prendrais presque cela pour un compliment. Mais je ne vois qu'un seul lit ici ! Où donc allez-vous dormir si je l'occupe ?

- Pardi, les étoiles sont parfois de meilleures compagnes que les araignées. Z'en faites pas pour moi.
"

Elle trotte jusqu'à sa couche et repousse le drap d'un geste sec et m'indique l'endroit avec autorité.

" J'veux plus vous voir bouger un doigt tant qu'vos yeux auront pas déposé leurs valises ailleurs. Z'aurez le temps de jacasser demain, si c'est vraiment ce que vous voulez. "

La distance qui sépare la chaise du lit est trop grande pour que je puisse le rejoindre sans manquer d'équilibre. J'ose penser qu'elle a remarqué l'ennui : son bras empoigne le mien avec une force surprenante. La fatigue est immense, irrépressible. Elle m'attire comme jadis les fonds marins aspiraient les matelots intrépides. Je roule sur le côté afin d'éviter le moindre contact avec ma hanche endommagée, et cale ma tête alourdie sur l'oreiller. Une légère odeur de lavande l’imprègne. Un soupir d'aise. Je ferme les yeux.

Elle est là, assise à la place que j'occupais quelques minutes auparavant, les mains ramenées devant elle sur les genoux. Nous nous regardons en silence, elle et l'intensité presque aveugle de son regard noir, moi fasciné par cette statue de cire, oubliant jusqu'au malaise de me retrouver à moitié nu dans un lit qui n'est pas le mien.

" Je vous connais. "

Les mots m'échappent dans un demi-sommeil. Son visage ne bouge pas, et seules ses lèvres s’entrouvrent, avec la sévérité et la tristesse d'une mère trahie.

" On connais tous des gens qui nous ressemblent. "

Je cligne des paupières, peinant à résister à l'envie de sombrer dans le néant. J'entends sa voix, encore, plus lointaine.

" Peut-être parce qu'on se ressemble tous. "

Trop de fatigue. Trop. Mon esprit divague, ma vue se trouble. Je veux dormir. Je frémis, et marmonne, presque pour moi-même :

" Non. Pas peut-être. "



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Message  Invité Sam 12 Oct - 1:27



Savoir mourir et pouvoir renaître


Chutes Tohjo - Jour - Johto





Mon sommeil fut semblable à un voyage sur le dos d'une mer déchaînée. La fatigue roulait sous mes paupières comme un orage, me précipitant vers les fonds d’un repos sans rêve, tandis que la douleur des plaies frottant sur les draps rêches m’en tirant sans douceur aucune. Les hauts et les bas se succèdent, me laissent plus épuisé à l’arrivée qu’au départ : au final, je n’ai guère eu plus qu’une ou deux heures de sommeil. Rien qui ne ressemble au rassurant oubli auquel m’avait habituées les entrailles de la terre. Ce retour à la réalité du monde me paraît soudain d’une rudesse sans égale. Je veille sur l’oreiller, n’osant bouger de peur que les brûlures ne viennent encore me tourmenter…

J’attends. La pièce autour de moi soupire à un rythme régulier sous l’assaut du vent.
Seth m’a abandonné depuis longtemps, livré à ses propres songes. Dans le secret de la nuit, mes yeux ne peuvent s’empêcher de dessiner ses traits. Sa toison ondule, synchrone avec le grincement des planches, et malgré tout, il paraît tout à fait détendu. Je sais que le félin en lui ne dort que d’un œil… Pourtant, rien ne m’indique qu’il prend conscience de mon regard insistant.

Seth. J’ai si longtemps compté sur toi.

Si longtemps aussi, je me suis demandé, je t’ai demandé, pourquoi. Pourquoi moi ? Nous avons tant partagé toi et moi – et à un certain point, peut-être, avons-nous fini par fusionner, quelque part, lié par une même solitude acharnée – que je pensais te connaître. Et ce soir, du fond de l’abysse où je suis jeté, je réalise… ce n’est pas le cas. Que sais-je de toi ? Jusqu’où puis-je affirmer être ton meilleur ami, ton plus fidèle compagnon de route ?
Moi qui peine à présent à me figurer qui je suis…

As-tu réellement vécu mon amour pour une autre que toi comme une trahison ? T’ai-je vraiment délaissé ? Je ne le voulais pas, oh non… Tout cela s’est-il pourtant fait malgré moi ? Bien sûr que non ! Suis-je coupable ?

Suis-je coupable.

Combien de fois devrais-je me poser cette question ! Le monde entier me désigne, je me résigne. Quelque chose en moi s’agite et hurle ! Non ! Je ne suis pas coupable ! La culpabilité est une chose, assumer des choix en est une autre. Pourquoi devrais-je être condamné à voir l'exercice de mon libre arbitre comme une faute à expier ? Cette société n'a donc rien à se reprocher, que je doive en être le parfait bouc émissaire pour la contenter ?!

Révolte.

Mes yeux s’arrêtent sur le tatouage blanc qui serpente sur sa corne.
Même ici, tu m’as suivi. Même pour ça. L’as-tu fait de ton plein gré, toi aussi ? J’ai toujours cru que oui. N’est-ce pas ? Mais dans tes pensées et dans tes paroles, m’as-tu donné ton approbation ? Ah…

Je ne sais pas, je ne sais plus.

Un sentiment d’une violence inouïe porte des larmes jusqu’au bord des joues.
Arceus tout puissant, si vous m’entendez : aidez-moi. Aidez-moi à retrouver la sérénité, l’intégrité… La paix.

Je n’ai jamais vraiment été croyant. Pas dans le sens où le commun l’entend. Mais j’ai suffisamment vu et vécu de choses en ce monde pour penser qu’une entité telle puisse entendre ma prière. Ma forme-pensée. Oui, cela devrait fonctionner, et si un être peu me guider dans ce labyrinthe étroit, Arceus ne peut pas être un mauvais choix.

Je rassemble toute ma tristesse. Ma frustration. Ma détresse. Ma colère. Ma douleur. Ma confusion.
Une sphère compacte et furieuse se forme au centre de mon corps, un nœud d’émotion pure que je peine à contrôler. Puis, comme j’avais jadis appris à le faire, enfant, je reprends ce geste mental qui consiste à l’expulser à la façon d’un chat avec ses pelotes de poil. Loin… Loin d’ici, allez, quelque part dans ces montagnes sauvages, où elles ne trouveront personne à agresser.

Mes émotions rejetées si soudainement, je reste vide, tout aussi perdu, presque hébété, jusqu’à ce qu’un rayon doré frappe le carreau en face de moi.

L’aube.
L’aube ? Déjà ? Bon sang…

Un grognement peu amène m’échappe quand je tente de bouger de nouveau. Je ne doute pas de l’efficacité de ces paumes – je serais un piètre invité – mais la cicatrisation sera lente malgré le nettoyage d’hier, et pour l’heure, me mouvoir est un calvaire. Je tente un pied hors du drap. Je tâte le sol glacé : par les étoiles, rarement une aube aura été aussi peu accueillante !

Ma tête se redresse et toise l’ensemble de la pièce.

Suis-je bien éveillé ? J’ai encore cette étrange impression de tangage, lorsque je tente de m’extraire du lit. Le froid de l’air matinal me prend aux tripes : je réalise que je n’ai qu’une chemise déchirée en guise de pyjama. Je réprime un frisson et cherche du regard le reste de mes vêtements.

En place et lieu de mes vieux vêtements fétiches, ce sont désormais des fripes élémentaires et rapiécées qui tiennent sur le dossier de la chaise en bois. Un soupir : cela aussi, il aura fallu me l’enlever… Le peu de lien qu’il me restait avec ma vie et Bah, que penserait ce vieux frère de Belleville, en voyant ce qu’il est advenu de son cadeau ? Et mon chapeau… Je réalise à quel point ces choses futiles me manquent, à présent. Je me sens nu, même vêtu de pied en cap.

Je boutonne lentement la chemise de substitution, faite sans aucun doute avec de la fibre de lin : la teinte est caractéristique. Un bruit attire mon attention : les griffes de Seth raclent sur le plancher, avec une précipitation que je ne lui connaissais plus.

Je lève le nez, et je réalise que la vieille femme est là, la porte refermée sans un bruit derrière elle, ses yeux perçants me dévisageant avec une certaine curiosité. Je me suis figé en plein vol, mes doigts encore suspendu au tissu, sans comprendre pourquoi cet instant me paraît surréaliste. Jusqu’à ce que, mon esprit réalise plus qu’il ne comprend, qu’elle ne vient pas d’entrer… Elle était ici, peut-être depuis mon réveil, et nous ne l’avons ni vue ni entendu ! J’en rosis de gêne : ai-je vraiment ignoré sa présence ? Au point de… me dévêtir entièrement sans prendre la peine de réaliser le problème ?
Par le Mercure et le Soufre…Je... Elle... Vision d'horreur.

Je déglutis, mal à l’aise comme rarement auparavant… Mais elle ne semble pas partager ma réflexion : depuis quand me fixe-t-elle donc de la sorte, au juste ?

Son regard est nostalgique, d’une douceur peu commune. Un souvenir fugace me saisit. Je me surprends à la fixer comme un hibou hypnotisé. Une fraction de seconde, je me demande si…

Diantre, Archibald, faut-il qu’on t’ait lavé le cerveau pour faire preuve d’une telle impolitesse ! Je me rembrunis – un peu trop soudainement pour que cela passe inaperçu, hélas. L’expression de son visage ridé s’affadit alors, redevenant comme je l’ai trouvé la veille : ferme, presque neutre, à peine surligné par une intelligence malicieuse au coin des yeux.

Un silence gênant s’installe alors que je termine de m’habiller, non sans tenter de préserver un minimum de pudeur dans cette cabane exiguë. Maintenant prêt à affronter le vent mordant du dehors, je sens Seth passer négligemment contre ma jambe en direction de la porte : l’intention est claire, et précède même mes mots :

" Je vais marcher un peu. " je lui annonce lorsqu'elle m'interroge du regard, " Dans la montagne. "

Elle acquiesce en silence, comme si ma déclaration n'avait rien d'étonnant. Suis-je si prévisible ? Si...

" Si vous prenez vers l'Ouest, il y a un sentier qui court le long du flanc de la montagne. La grotte Tohjo se trouve au bout : elle se trouve entre les deux régions - c'est un ancien passage de marchands. Avant, tous les voyageurs devaient l'emprunter. Aujourd'hui, quelques rares téméraires s'y aventurent pour l'entrainement. "

Oh ? Eh bien, soit. C’est une destination comme une autre, pour un touriste tel que moi. Les grottes sont prisées par certains dresseurs, mais à cette heure de la journée, nous ne risquons pas de croiser grand monde.

Va pour la grotte Tohjo, donc ! J’opine du chef avec enthousiasme :

" Merci pour l'information. Je tâcherai de rentrer avant la nuit. "

Si elle est inquiète, elle n'en laisse rien voir. Son visage est un masque de marbre strié, une statue sévère dont le regard ne dévie pas d’une once. Je ne sais quoi penser de cette hôte étrange : moi-même, j’ai trop souvent été habitué à être traité en paria. En gentil timbré que l’on tolérait sans trop savoir. Mais cette femme : elle n’a rien d’une paria. Elle est ici par choix, elle possède en elle la force de l’acier.
Tout en m’éloignant de la cabane en claudiquant, je sens encore le poids de ce regard sans âge sur ma nuque. Ni inquisiteur, ni chaleureux : peut-être lui aussi empreint de questions sans réponse… Je suis arrivé à Kanto plein de certitudes, j’en sors plein de doutes. La Roue tourne, et je crains maintenant qu’elle ne m’écrase dans son sillage…

Avançons. Je n’ai guère le choix.



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