Jon #1

Il ouvrit enfin les yeux, et ne reconnut pas son environnement. Il se redressa, doucement. Il remarqua qu'il était allongé dans un lit, dans une pièce bien chaude. Dehors, il faisait jour. Le jeune homme regarda à gauche, puis à droite, et il ne parvint toujours pas à comprendre où il était. Il n'était apeuré, ni surpris. Il ne comprenait simplement pas ce qu'il faisait ici. Avait-il simplement du mal à sortir de son sommeil ? Habituellement, une fois réveillé, les sens et la conscience se mettaient en route pour de bon. Et enfin, en quelques secondes, l'individu savait ce qu'il avait à faire. Mais là, rien ne vint. Il ignorait ce qu'il faisait ici, où il était, et ce qu'il avait fait la veille.

*Qu'est ce que je faisais hier ... pourquoi suis-je allé me coucher ?*

Rien ne vint. S'il avait le sentiment d'avoir une pensée claire, il ne parvenait pas à se souvenir de quoi que ce soit. Il ôta la couverture, remarquant qu'il était en caleçon, ses vêtements pliés sur une chaise.

*Cela m'étonne de moi ...*

C'était un premier indice. Il se savait être quelqu'un d'assez désordonné, qui n'hésitait pas à balancer ses affaires lorsqu'il allait au lit. Prendre le temps de plier ses habits avant d'aller se coucher ne lui semblait pas propre à sa personnalité.

*Peut-être que quelqu'un l'a fait pour moi ?*

Il était assis sur le lit, légèrement penché, et il regardait autour de lui. Il essayait de retrouver ses souvenirs. Il n'avait pas mal à la tête. Cela signifiait qu'il n'avait pas bu. Ou alors, il supportait très bien la gueule de bois. Si quelqu'un avait plié ses vêtements, cela pouvait être n'importe qui. Un ami, une mère, il pourrait très bien être marié et père de deux enfants, et le découvrir dans la minute qui suivrait. Cela avait quelque chose d'angoissant, et le jeune homme s'étonnait de ne pas angoisser plus que ça. Il analysait calmement la situation, sans paniquer. A croire qu'il avait déjà été exposé à des situations bien plus stressantes que celle-ci.

Il fit un effort et se leva. Il sentit ses os craquer, et son corps se détendre. Cela faisait du bien de bouger enfin. Il se demanda combien de temps il était resté à dormir dans ce lit. Il tourna sa tête et fit  tourner ses épaules afin de les dégourdir. Se rapprochant de la fenêtre, il observa à travers le carreau. Il aperçut des arbres, et un jardin où gambadaient des Pokemon.

*J'élève des Pokemon ? Ou la personne qui vit ici ...*

Il posa sa main sur son ventre. Il avait faim, très faim. Et soif aussi. Il se rapprocha de la chaise et attrapa ses vêtements. Ils sentaient bon, avaient été lavé et repassé. Peut-être une femme de ménage ? Il avait du mal à croire qu'il avait marié une femme qui lui faisait ses tâches ménagères. Cela ne lui ressemblait pas... un autre indice sur lui-même. Malgré la propreté de ses vêtements, leur état faisait peine à voir. Ils étaient élimés par endroits, et des tâches de brûlure couvrait l'extrémité. Il tenta de se souvenir de la raison ... mais rien ne vint. Ces habits auraient pu appartenir à quelqu'un d'autre qu'il n'en aurait pas été étonné. Pourtant, en les portant, il eut un sentiment de confort. Il aimait cet accoutrement. C'étaient certainement les siens.

Le jeune homme entendit à travers la porte qu'il y avait quelqu'un d'autre dans cet habitat. Une ... non, deux personnes. De la famille ? Des amis ? Ou autre ... Il ignorait comment appréhender la situation, mais d'instinct, il fit preuve de méfiance. Se rapprochant de la porte, il posa son oreille afin de capter la conversation. Mais le bois était trop épais pour entendre quelque chose de clair. Posant sa main sur la poignée de porte, il essaya de l'entrouvrir avec délicatesse et discrétion. Mais le grincement des charnières le trahirent.

"OH ! Il est réveillé !"

Fit la voix d'un homme agé d'un certain âge. Son père ? Un oncle ? Son grand-père ? Non, il savait que ce n'était pas un membre de sa famille. Cette voix ne lui rappela personne, si ce n'était un étranger.

"Vous allez bien ?"

Fit une autre voix. Celle d'une vieille femme cette fois. Il observa à travers l'interstice, et il vit ces deux vieilles personnes, entre cinquante et soixante ans. Ils prenaient un petit-déjeuner, et voilà que leur regard s'était détourné vers lui. Leur voix ne semblaient pas menaçantes. Cela pouvait être un piège ... mais à quoi bon ... il estima pouvoir se montrer. Il ouvrit la porte et apparut dans son cadre.

"Comment vous sentez-vous ?"

"... Bien."

Parler lui fit une étrange impression. Comme s'il redécouvrait sa propre voix. Celle d'un jeune homme ayant une voix assurée. Il se sentait fort simplement en parlant.

"Ah, je suis heureuse de l'apprendre ... allons, venez, venez ... vous devez avoir faim après tout ce temps à dormir."

Il hésita une seconde, puis vit les croissants, le pain chaud et la confiture. Il se rapprocha, et s'assit. L'homme vint lui apporter une tasse de lait Meumeuh.

"On ne va pas vous servir du café maintenant ... mais ça devrait déjà vous requinquer. Servez-vous."

"Vous nous avez inquiété ... cela faisait cinq jours que vous dormiez."

Jon attrapa un croissant et le porta à sa bouche. C'était délicieux, et si bon de pouvoir mettre quelque chose dans son estomac. Il engloutit le lait. Son hôte lui en servit un autre.

"Merci..."

Il ignorait qui étaient ces gens, mais ils étaient généreux. Ralentissant sur la gloutonnerie, il prit d'avantage de temps pour manger ce petit-déjeuner. L'homme s'assit aux cotés de la dame. Ils regardaient ce garçon qu'ils ne connaissaient pas. Il avait soulevé tant de questions. A présent, ils voulaient en savoir plus.

"Un local vous a trouvé ... errant sur la route 9. Vous avez très vite perdu connaissance, et on vous a confié à nous. Que faisiez-vous dans le coin ? Que vous est-il arrivé ?"

Il les regarda dans les yeux. Il comprit enfin que cet homme et cette femme étaient véritablement des gens biens. Ils l'avait recueilli sous leur toit, sans savoir qui il était. Pourtant, il n'avait pas de réponse à leur donner.

"Je l'ignore ..."

Ils eurent un regard intrigués. Il compléta sa phrase afin d'être plus clair.

"Impossible de me souvenir de qui je suis, et de ce que je fais ici. C'est une page blanche."

Le duo s'observa. Ils étaient déçus, mais pas surpris. Il était possible qu'après un trauma, qu'une amnésie partielle ou complète se fasse sentir.

"Jon ... la seule chose que vous avez dit lorsqu'on vous a demandé votre nom ... c'est que vous vous appelez Jon. Pas de nom de famille, ni rien."

C'était peu, mais c'était déjà quelque chose. Recevoir un nom, c'était déjà exister à nouveau. Le garçon s'associa à ce nom, et immédiatement, il sut que ce n'était pas une fausse identité. Cela lui correspondait, c'était bien lui : Jon.

L'homme qui gérait la pension examina l'état de santé du jeune homme. Il avait eu l'occasion de faire un bilan de santé lors de son coma, mais à présent, il pouvait effectuer de nouveaux bilans. Il n'avait rien de cassé, ni d'organes endommagées. Pour ce qui était de la réactivité et des sens, tout était en ordre. Jon était en parfaite santé et disposait d'un corps robuste. Mais sa mémoire ne lui revenait pas. Le gérant de la pension lui demanda s'il se souvenait de quoi que ce soit :

"Ces coupures et cicatrices ... ça ne te dit rien ?"

"Non ... comme je vous ai dit, c'est le brouillard."

Il avait beau chercher dans sa mémoire, rien n'allait au delà de son réveil. Il découvrait qui il était, son caractère, ses sensations, ses goûts. Il apprenait à connaître un individu qui n'était autre que lui-même, mais qu'il avait perdu de vue.

"Tu peux rester le temps qu'il faudra pour te remettre d'aplomb."

"Les habitants d'Azuria qui t'ont trouvé seront ravis de savoir que tu es rétabli."

"C'est peut-être une mauvaise idée de l'ébruiter."

Le visage des deux gérants de la pension s'assombrit. Jon les regarda tous deux. Cela lui étonnait qu'il n'y ait pas eu une ombre au tableau.

"Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?"

Les interrogea t'il. Il s'agaçait de ne pas savoir, de ne rien savoir. Surtout lorsque c'était important.

"Tu l'ignores, mais voilà plusieurs mois que notre région est sous le commandement de la Team Rocket ... une organisation mafieuse."

"Lorsque nous t'avons trouvé, nous nous sommes demandés si tu n'étais pas en fuite. Les habitants et nous avons pris soin de cacher ton existence auprès d'eux."

"Pourquoi en auraient-ils après moi ? ... Pourquoi prendre ces risques ?"

"Certains habitants ont déjà abandonné ... mais beaucoup d'entre nous refusent encore ce gouvernement. C'est une véritable dictature qu'ils mettent en place. Cacher un individu est une forme de résistance comme une autre."

"Je vous mets en danger, je vais partir."

Déjà, Jon s’apprêtait à quitter la pension. Il découvrait cet aspect de sa personnalité. Une fois sa décision prise, il passait directement à l'action. Mais les vieillards l’arrêtèrent.

"C'est une mauvaise idée ... tu n'as pas de Pokemon ... et ton état pourrait encore s'aggraver. Reste un moment, reposes toi, prends le temps de retrouver tes souvenirs."

"Travaille ici ... nous dirons que tu es un nouvel employé ... Tu n'auras pas à bouger. Nous irons aux informations pour te trouver un moyen de partir tranquillement, quand le moment sera venu."

Jon fit quelque chose qu'il ne faisait pas souvent. Réfléchir. Il devait prendre la bonne décision. Il était prêt à s'en aller. Il se moquait des difficultés. Il en avait vu d'autres. Il n'en avait aucun souvenir, mais il le savait. Mais les présages de ses bienfaiteurs lui laissaient croire que partir maintenant était l'équivalent de se jeter dans la gueule du loup.

*Tu ferais mieux de les écouter ...*

Ce fut le pensée qui lui fit accepter. Etrangement, il avait l'impression que quelqu'un d'autre que lui venait de parler dans sa conscience.

"Que puis-je faire pour vous aider ?"

Les hôtes partagèrent un sourire qui en disait long sur leur joie. Déjà, ils commencèrent leurs explications. Il y avait du travail.

"Tu peux sortir maintenant."

C'était le milieu de la nuit, et Jon n'avait pas encore trouvé le sommeil. Après des heures à regarder le plafond, le jeune homme avait fini par se redresser. Il venait de passer une journée à aider les gérants de la pension. Il y avait énormément de tâches. Le simple fait de nourrir les Pokemon laissés à la pension nécessitait un réveil à l'aube, et un coucher au-delà du crépuscule. Il fallait ensuite entretenir les terrains, le point d'eau, ramener de l'herbe fraîche pour les Pokemon herbivores. Jon aidait aussi à certaines tâches ménagères, ainsi qu'au jardin. Il ne lésinait pas à la tâche, et méritait amplement son repas midi et soir, et le lit.

Il s'était rendu compte de l'endurance dont il disposait. Il était bien entendu fatigué, mais son corps parvenait à supporter tous les travaux qui lui étaient donnés, sans s'écrouler. Ce n'était pas un souvenir en soi, mais c'était agréable de sentir que son corps possédait toujours d'une mémoire. Peut-être avait-il été éleveur dans sa vie passée ? C'était incertain. Bien qu'il mettait la main à la pâte, le travail de la pension lui semblait répétitif à souhait. Il ignorait encore combien de temps il resterait dans cet endroit. Les gérants le retenaient du mieux qu'ils pouvaient, et ils avaient raison. Il n'avait pas de Pokemon, et son amnésie faisait de lui une cible idéale pour la Team Rocket. Mais Jon n'aimait pas être protégé. Il sentait une frustration de plus en plus forte. Et jusqu'ici, c'était une petite voix intérieure qui était parvenue à le contenir. Un moment durant, Jon avait cru entendre ses propres pensées. Il doutait pourtant. Son instinct lui disait que c'était quelque chose d'autre, de tapi au fond de lui.

Ce fut à cet instant, au milieu de la nuit, qu'un éclair de réminiscence lui revint. Il s'était donc redressé, avait posé la main sur son abdomen, et s'était chuchoté à lui-même. Il savait que les gérants dormaient et qu'ils ne l'entendraient pas. Mais d'instinct, le chuchotement lui parut le plus adéquat. "La voie était libre", voilà ce que cela signifiait. La seconde suivante, un sentiment étrange le parcourut. Une énergie qu'il considérait comme la sienne, le quitta. La seconde suivante, un Pokemon spectre apparut sous les yeux de Jon. Pour n'importe qui, une telle apparition aurait été choquant. Mais l'amnésique conserva son calme. Ses yeux s'étaient écarquillés une seconde avant qu'un sentiment de familiarité ne enveloppe.

"C'était donc toi qui me parlait pendant tout ce temps ..."

Le Skelenox tourna sur lui-même, et Jon sut immédiatement que cela signifiait "oui". D'instant en instant, des sensations lui revenaient. Il connaissait ce Pokemon, et parvenait à décrypter ses mouvements et son langage.

"Peut-être peux tu m'expliquer ce que nous faisons ici ?"

Mais le Skelenox fit un mouvement différent, et un léger cri, à voix basse. Jon eut la tristesse de comprendre ce que cela sginfiait.

"A ce que je comprends, toi aussi, il te manque des cases."

Jon posa sa main sur le crâne du Skelenox. L'extrémité du Pokemon disparut en fumée au moment où il entra en contact avec le jeune homme. Pourtant, il reçu ce geste comme un mouvement amical. Jon fit quelque chose qu'il n'était pas habitué. Il se laissa aller à un léger sourire, mêlant déception, et dépit.

"Ca risque de prendre du temps, mais on va se souvenir."

Le jeune homme savait ce que c'était de ne plus retrouver la mémoire. Le Skelenox devait surement apprécier ce geste de compassion de la part de l'humain. Jon était heureux. Il savait que ce Pokemon était une part importante de son existence.

Modération SVP :
Eclosion de l'oeuf de Pokemon.
Entraînement spécial pour faire gagner un niveau à Skelenox.

Skelenox:

Rapion sort de son oeuf.

Spoiler:

Skelenox monte au niveau 6

Spoiler:

Jon avait gardé secret la présence du Skelenox à ses bienfaiteurs. Instinctivement, il savait que la présence d'un Pokemon spectre pouvait parfois être mal perçue. Surtout si ce dernier évoluait hors d'une PokeBall. Pourtant, il avait vu que les gérants s'occupaient aussi bien de spectres que de Pokemon normaux. Le jeune homme se demandait pourquoi une telle réticence de sa part. Jusqu'ici, cet homme et cette femme s'étaient montrés courtois, sage, ouvert d'esprit et extrêmement tolérant à l'égard du garçon. Il se doutait qu'ils accepteraient la présence du Pokemon à la tête de crane. Mais pourtant, Jon ne le voulait pas. Quelque chose dans sa culture, même s'il ne parvenait pas à s'en souvenir, lui criait de ne pas le faire. Comme si un spectre pouvait changer la situation de tout au tout.

Le Skelenox s'appelait Henry. Au petit matin, Jon s'en était souvenu. La créature avait disparu, mais l'amnésique savait où il était. Au fond de lui, partageant une petite place de son âme afin d'abriter le monstre. Pour certains, cela devait être un véritable viol du corps. Mais le jeune homme se sentait entier lorsque le fantôme l'habitait. Ce n'était pas un sentiment étrange, son corps lui indiquait cet état comme naturel. Mais il se doutait que la société n'était pas comme ça.

"Aujourd'hui encore, il va y avoir du boulot. Comment te sens tu ?"

"Mieux."

"Et la mémoire ?"

"Des bribes ... des morceaux déconstruits et sans aucun sens."

"Peut-être devrais-tu voir un véritable médecin. Quelqu'un de plus compétent que moi."

"Tu es sur que c'est une bonne idée ? Cela ne fait que quelques jours qu'il est ici. C'est peut-être encore dangereux que Jon s'expose."

Jon détestait entendre ces mots. Malgré toute la gentillesse de cette dame, il sentait qu'elle était inquiète. Pour le garçon, mais aussi pour eux. Après tout, ils ignoraient tous qui était Jon. S'il était réellement un fugitif de la Team Rocket, et que cela s'apprenait... les gérants de la pension risquaient gros. L'amnésique percevait cette inquiétude, et à chaque fois, il s'apprenait à prendre le peu d'affaires qui lui appartenaient, et à s'en aller. Mais il entendait cette voix :

*Ils n'ont pas tort ... c'est encore dangereux. Sois patient, encore un peu.*

Il savait à présent que c'était le Skelenox qui lui parlait. Et sa voix le raisonnait. Il ignorait la nature de son rapport avec ce Pokemon. Mais il savait qu'il pouvait lui faire confiance. Ce Pokemon ne lui voulait que du bien. Jon sentait que par le passé, cette créature lui avait permis de rester maître de lui-même.

"Je vais bien. Je ne veux pas abuser de votre générosité."

"Tu n'abuses en rien mon garçon. Depuis le début, nous savons ce que nous risquons en t'accueillant."

"Et tu nous es d'une grande aide ici."

Jon acheva son bol de café. Il mangeait toujours pour deux, voir trois personnes. Et il se demandait si le fait d'abriter un Pokemon en lui n'influençait pas sur son organisme. Il l'ignorait, et il était certain de ne jamais l'avoir su.

"Il est préférable que je me remette au travail dans ce cas."

Il se leva et aida à la vaisselle. Puis, le gérant lui expliqua les missions de la journée. Encore une fois, il y avait beaucoup à faire. Nourrir les Pokemon, nettoyer les abris et le jardin, et s'occuper des œufs que certains Pokemon laissaient derrière eux. Le jeune homme suait, et rendait ce que les gérants lui donnaient. D'ailleurs, ce jour-ci, Jon eut une surprise. Alors qu'il déplaçait des oeufs. L'un d'eux se craquela, laissant sortir un insecte de couleur rouge. Une naissance venait d'avoir lieu. Déposant les oeufs encore intacts, il s'avança en direction du gérant pour le prévenir. L'homme vint se joindre à lui et rassura son apprenti qui semblait désemparé. Jon ignorait la marche à suivre en cas de naissance. Décidément, il n'avait pas été éleveur dans une autre vie.

"Les Pokemon sont très autonomes, même sortis de l'oeuf. Mais ça ne fait pas de mal à ce qu'ils soient entourés et réconfortés. Tiens, prends le dans tes bras, mais attention à son dard."

Il confia avec précaution le Pokemon à Jon, qui le mit dans sa main. La créature était encore bien petite. Mais elle grandirait vite. Il hurlait, appelant ses parents, et Jon le caressa du bout des doigts avec une douceur qui semblait ne pas lui correspondre.

"Je te confie ce petit. Malheureusement, il appartient à ces oeufs abandonnés par leurs dresseurs. Nous les gardons, et les confions à l'orphelinat."

"Abandonnés ?"

"Oui ... certains dresseurs ne sont pas intéressés par les naissances. Ou alors ... ils ne sont jamais revenus chercher leur Pokemon. En ce moment, cela devient monnaie courante."

"Et où vont ces Pokemon dans ce cas ?"

"Lorsque nous avons confirmation qu'il est arrivé quelque chose, ce qui est rare, nous essayons de confier les Pokemon à des dresseurs méritants. Il vaut mieux cela ... qu'ils tombent dans les mains de la Rocket."

"... Ne me dites pas que ..."

"Malheureusement. Depuis que la région leur appartient, ils n'hésitent pas à venir nous demander des Pokemon ... ils sont venus il n'y a pas si longtemps, donc tu risques de ne pas les voir avant un moment. Ils passent en général une fois par mois. Nous trouverons une solution d'ici là."

Encore une fois, Jon n'aimait pas cela. Il était un danger pour eux. A nouveau, il s’apprêtait à annoncer son départ, lorsqu'il eut une migraine. Ce mal de tête, jamais il n'avait ressenti cela. Un mot qui venait d'être dit, un terme, une sensation peut-être, venait de faire surgir un souvenir. Il vit un Chenipan qui se tenait sur son bras. Mais pas que ... il vit son Skelenox qui poursuivait une créature à toute vitesse ... il vit d'autres Pokemon, mais le souvenir était trop vague. Il n'avait pas de vision exacte. La douleur commença à s'estomper peu à peu, alors que le vieil homme s'inquiétait.

"J'ai ... j'avais d'autres Pokemon moi aussi."

Modération SVP :
Dépot de Rapion, et Skelenox à la pension Pokemon pour un gain de niveau.

Rapion et Skelenox sont déposés.
Dès demain, il gagneront 1 niveau et ainsi de suite jusqu'à récupération.

"Le garçon est en bonne santé. Physiquement comme mentalement."

"Et ses souvenirs ?"

"Il a commencé à se souvenir non ? Ca lui reviendra peu à peu. S'il reste actif, il a plus de chances que sa mémoire soit de plus en plus active."

Jon se rhabillait en écoutant le verdict du médecin. Le jeune homme et le gérant de la pension avaient pris un risque en se rendant à Azuria. Mais après le court malaise de Jon, ils avaient tous les deux décidé de se rendre auprès d'un véritable professionnel de santé. Par chance, le médecin d'Azuria était un ami. Le gérant savait qu'il pouvait compter sur sa discrétion. Il l'avait contacté avant de prendre rendez-vous, et lui et son protégé s'étaient rendu au cabinet avant son ouverture. Jon avait subi un check complet. Il ne s'attendait pas à un quelconque miracle, mais il fut quand même déçu. Si seulement le médecin disposait d'une pilule qui lui aurait rendu la mémoire. Cela aurait été bien plus simple. Par chance, il ne détecta pas la présence d'Henry dans son corps. Le Pokemon spectre ne s'était fait aucun souci. Il se souvenait que dans leur vie passée, Jon avait subi de nombreux rendez-vous médicaux. Et jamais le Pokemon n'avait été détecté.

*On sait se montrer discret quand il le faut.*

Cette pensée était celle d'Henry, pas de Jon. Pourtant, à chaque fois que le spectre communiquait avec lui, c'était de cette manière. Une pensée que le jeune homme pensait sienne, avant de comprendre qu'elle n'était pas de lui. A l'époque, ce devait être limpide de faire la différence. Mais à présent, comme il ne se connaissait plus lui-même, il se demandait à qui appartenaient les pensées qu'il pouvait avoir.

"Nous n'allons pas tarder. Il vaut mieux ne pas tenter le diable."

Le gérant et Jon prirent congé du médecin. Jon ne lui fit qu'un regard de remerciement, et lui serra la main. Il n'était pas très loquace avec les inconnus. Il comprenait qu'il ne donnait pas sa confiance si aisément. Le couple de la pension était une exception. Cela ne le gênait pas de paraître impoli. Il suivait ses propres instincts, et cela lui convenait.

Dans les rues d'Azuria, les habitants commençaient à se dépécher. Les lève-tôts étaient ceux qui ouvraient boutique à la première heure. Pourtant, le soleil venait à peine de se lever, et les sons de la nuit continuaient à résonner. Il était entre chien et loup. L'homme de la pension activa Jon qui le suivit sans un mot. Ils évoluèrent dans une rue parallèle, en direction de la sortie de la ville, d'un pas vif.

"Mais c'est vous ! Oh, comment allez-vous ?"

Les deux hommes furent interrompus dans leur course par la voix d'un homme de trente-cinq ans. Jon ne le reconnut pas, mais apparemment, cet inconnu le reconnaissait lui. Ce fut l'homme de la pension qui prit la parole le premier :

"Timothée, je suis désolé, mais nous sommes vraiment pressés."

"Oui, oui je comprends. Mais ... ça fait plaisir de vous voir en meilleure forme. Vous étiez vraiment en piteux état la dernière fois !"

Jon le regarda d'un oeil semi-sévère. L'inconnu ne comprenaient-ils pas le mot "pressé".

"Vous ne me remettez pas ? Je suis celui qui vous a trouvé en pleine nature. Vous nous avez inquiété. Alors ... que faisiez vous ? Que vous est-il arrivé ?"

L'inconnu voulait en savoir plus. Il se sentait encore responsable de qui était l'amnésique. Ce dernier, lui, estimait ne rien lui devoir. Le gérant fut celui qui prit la parole :

"Timothée. Excusez-nous, mais nous allons filer. Nous vous tiendrons au courant dès que possible."

"Oh ... d'accord."

L'habitant d'Azuria fut un peu déçu. Il s'attendait à plus. Un merci peut-être, ou du moins une parole. Là, il n'avait qu'un grand dadais qui le regardait d'un oeil circonspect et en silence. Pourquoi tenait-il une telle distance avec lui. Pourtant Timothée ne lui voulait que du bien. Il laissa les deux hommes qui s'éloignèrent sans mot dire, ne prenant pas en compte son dernier salut poli. Reprenant sa marche, l'homme se laissa penser que c'était bien la dernière fois qu'il aidait son prochain.

Cela faisait plusieurs jours que Jon travaillait au sein de la pension Pokemon. Ses souvenirs étaient encore confus, et il s'irritait de plus en plus. Le jeune homme était de plus en plus persuadé que rester au même endroit ne lui permettrait pas de se souvenir. Qui était-il ? Cette question était de plus en plus persistante. Les nuits venues, il discutait avec Henry, le Skelenox. Mais les souvenirs du Pokemon restaient flous. Si Jon lui faisait confiance, il ignorait ce que pouvait être son lien avec le spectre. Tout le monde ne possédait pas une créature dans son organisme. L'amnésique ne parvenait pas non plus à se souvenir en détail de ses autres Pokemon. Il avait eu de brèves réminiscences, mais rien de plus. Où étaient ces Pokemon à présent ? Dans la nature ? Capturés ? Volés ? Il l'ignorait. Et chaque jour de plus lui faisait prendre conscience qu'il perdait du temps.

Les hôtes de la pension se doutaient que Jon ne resterait pas éternellement. C'était un miracle qu'il ait tenu aussi longtemps. Et grâce à son aide, les Pokemon de la pension se portaient à merveille. De nombreux tâches manuelles qui devaient être faites depuis un moment furent enfin achevées. L'aide du jeune homme avait été bénéfique pour leur petite entreprise. Il était un peu comme le fils qu'ils avaient perdu dans leur jeunesse. C'était peut-être pour cela qu'ils l'encourageaient à rester encore un peu. Au fond d'eux, il espérait que l'amnésique abandonne son ancienne vie, et en crée une nouvelle à Azuria. Il finirait par ne plus être la curiosité de la ville, et pouvait aisément trouver un petit travail pour construire un nouveau quotidien. La présence de la Team Rocket était le seul souci. Avec le plus de discrétion possible, l'hôte de la pension avait tenté d'obtenir des renseignements. L'organisation cherchait-elle un individu correspondant à la description de leur protégé ? Pour le moment, ils n'avaient rien obtenu.

"Encore un peu de patience."

Faisait l'un des hôtes à Jon. Ils utilisaient cet argument pour le convaincre de rester. Il suffisait d'une information pour obtenir une piste. Mais cela n'arrivait jamais. Le garçon gardait son calme, mais son irritation transpirait dans ses gestes. Encore un peu, et il exploserait. Personne n'avait suffisamment de patience pour supporter cette situation. Et le jeune homme n'était pas quelqu'un de très patient. Ca, il le savait.

*Bientôt, j'aurai récupéré suffisamment d'énergie pour combattre. Je me souviens d'anciens mouvements ... que j'ai perdu.*

Oui, Henry persuadait Jon d'attendre encore un peu. Après tout, la région était dangereuse. Chaque jour passé dans la pension permettait au spectre de gagner un peu de puissance. Il avait le sentiment qu'à une époque, il avait été plus puissant. Redoutable même. Il avait le sentiment que ses ennemis ne lui échappaient pas. Est-ce que Jon était un chasseur ? Peut-être. Mais que chassait-il ?

Ce jour là, le destin allait frapper à la porte de la pension.

Modération RPG :
Récupération de Skelenox et Rapion. Ils sont restés 14 jours à la pension.
Raizô , je t'ouvre la voie.