Vous avez dit chocolat? Feat Archibald | Hitomi (event pâques)

Une invitation ça ne se refuse pas, encore moins quand cette-ci vous est faite par Archibald Lannysser ! C’était inespéré. Non seulement Eva retrouvait celui qui était probablement son plus grand et sincère ami (sans compté qu’elle en était amoureuse), mais en plus elle allait passer les jours à venir avec lui. Bonheur ! Quelque part dans la tête de la belle brune, une mini Eva, de quelques millimètres de haut, sautait partout, folle de joie. Une vraie gamine dans le corps d’une jeune dame.

La tour de combat était désormais loin d’eux, le duo avait reprit sa marche, tranquillement. Aucun nuage à l’horizon, rien qu’un beau ciel bleu malgré une température encore un peu fraîche. Ils avançaient lentement mais surement en direction du sud, sur la route 06. C’était étrange que de voyager avec quelqu’un, mais oh combien agréable. Pouvoir parler de tout et de rien, être ensemble tout simplement. Où allaient-ils me demanderez-vous ? Quelque part loin d’ici, comme Eva l’avait toujours rêvé. Il fallait tout d’abords se rendre à Carmin Sur Mer pour y prendre le prochain bateau en direction de l’archipel orange. Archibald lui avait parlé d’un événement annuel sur l’île Clémentine : une grande chasse à l’œuf. Pour Eva, tout cela sonnait comme des vacances en sa délicieuse compagnie. Dans cette histoire, seul Mentali traînait un peu des pattes, marchant derrière eux, contrairement à son habitude. Le but de la manœuvre était de bien les garder dans son champ de vision afin de ne rien rater d’un potentiel rapprochement. Ça serrait les crocs là derrière.

Autour d’eux, les Pokémons sauvages se cachaient à leur approche ou alors en profitait pour traverser la route à une vitesse folle pour disparaître dans un buisson. C’était amusant et laissait percevoir les beautés de la nature qui les entourait. Tout s’annonçait pour le mieux, la jeune femme était parfaitement détendue et non plus cette femme timide qui osait à peine bouger ou parler en la présence du noble à la canne. Elle s’était habituée mine de rien à sa présence et en venait même à la rechercher.
Il venait de l’inviter, ELLE et personne d’autre. C’était un signe non ? Eva voulait y croire en tout cas et ça se voyait sur son visage, plus que jovial. L’atmosphère était détendu et même les moments de silences entre eux étaient agréables, naturels. La timidité de la brune semblait s’être envolée, d’autant plus que la petite voix dans sa tête lui criait haut et fort qu’entre elle et Archibald, c’était plutôt bien parti. Après 26 ans, bientôt 27, passés dans le célibat, son cœur s’était enfin mit à battre pour quelqu’un. Elle était bien consciente qu’elle n’était pas du même milieu que lui et elle en avait encore moins le même âge. Mais cela ne l’arrêtait pas, au contraire ça l’enrichissait. Il suffisait de voir sa façon de parler depuis une semaine, Archibald avait commencé à déteindre sur elle et Eva employait désormais des mots qui lui étaient auparavant inconnus. Elle gagnait en raffinement, grâce à lui.

Ils n’arrivèrent à Carmin sur Mer que tard ce soir là, après plusieurs kilomètres dans les pattes. Le bateau ne partant que le lendemain matin aux aurores, c’est au centre Pokémon de Carmin Sur Mer qu’ils passèrent une nuit bien méritée. Mine de rien, la journée avait été épuisante, entre le retard de train, le combat et la marche pour venir jusque là. Bref, elle ne mit pas beaucoup de temps pour partir dans les bras d’Archi … euh de Morphée.

Le réveil de son téléphone avait été programmé à 5h00. Ouai, c’était tôt et Eva vous le confirmerait. Mais pas le choix, le bateau parfait à 6h10 et il ne fallait pas le rater car le prochain pour les îles n’était pas avant la fin de journée. Il fallait plus de 24h à bord de l’Océane pour gagner les îles. Elle était très éloignée et il n’y avait aucun autre moyen de s’y rendre. Petit déjeuner expéditif, douche rapide et direction le port ! Eva avait l’impression de partir en exploration au bras de son charmant compagnon. C’était un peu le cas au fond. Elle n’était jamais allée dans l’Archipel et ça faisait partie d’un de ses rêves.

Bref, le voyage ne fut pas aussi long qu’elle l’aurait cru. Le temps passe vite quand vous êtes en bonne compagnie. A leur réveil suivant, le bateau avait accosté sur l’île Clémentine. Une grande banderole habillait le ponton « Joyeuses pâques ». Et oui, c’était pour trouver des œufs en chocolat qu’ils étaient là, de vrai gamins quoi. Mais le chocolat n’était pas réservé qu’aux enfants après tout. Un parcours fléché menait les nouveaux venus vers une immense tente blanche où les inscriptions avaient lieux. Autant dire qu’il y avait du monde. On remettait aux participants de ravissants paniers en osier pour mettre les chocolats dedans. L’île étant vaste, Eva se demandait combien de kg de chocolat avaient étés disséminés dans l’île. Elle était impatiente de pouvoir s’y mettre, espérant juste éviter la crise de foie avec tout ce chocolat.

- On ne risque pas de s’ennuyer ici. Encore merci de m’avoir emmenée.

La jeune femme avait des étoiles plein les yeux et débordait d’énergie. Découvrir l’île avec son ami était juste un moment formidable. Mais pour cela, il fallait encore s’inscrire, direction la fille d’attente pour recevoir un zooooli panier!  

Tout ici invitait à un dépaysement total. Eva n’en demandait pas plus, elle était là pour ça ! Elle venait juste de débarquer sur l’île Clémentine, mais il était déjà évidement pour elle qu’un autre voyage suivrait celui-ci rapidement afin de découvrir le reste de l’Archipel. Tout cela était bien loin du Kantô qu’elle connaissait, ne demandant qu’à être foulé par ses pieds. Sa curiosité était sans doute l’un de ses sens les plus éveillé. Ici, il était servit. Rien que le paysage du quai était à couper le souffle, laissant Eva rêvasser sur cet endroit paradisiaque et accueillant. Pour le moment, le duo qu’elle formait avec Archibald était noyé au milieu de la foule, mais bientôt ils seraient seuls tous les deux, en pleine nature, profitant de ce grand espace vert pour se découvrir encore un peu plus. Oui, Eva avait complètement craquée pour lui, bien qu’elle s’en cachait encore un peu, de peur d’essuyer un refus. Mais ces derniers jours et surtout la soirée sur la bateau, n’avaient étés qu’une confirmation pour elle. Eva se sentait bien avec cet homme et pouvait rester des heures auprès de lui sans parler, s’abandonnant simplement à sa compagnie.

Autour d’eux, l’agitation était pourtant de mise. Des discussions diverses et variées émanaient de la foule, c’était bien difficile que de ne pas y prêter attention. Les enfants s’agitaient, courant dans tous les sens. Rester immobile à cet âge là était trop demander. Une fillette frôla Eva, qui du décaler son bras afin que la petite ne s’assomme pas au passage. La vie à l’état pur, ça faisait un bien fou à voir. Eva n’avait plus toute cette énergie, insouciance et même innocence, mais elle retrouvait sur cette île une partie de son enfance : les sensations de l’inconnu, de la découverte et du jeu. Autrefois elle jouait seule dans les rues d’Argenta, la ville tant recluse et peu peuplée. Aujourd’hui elle avait grandit et s’était fait un ami fidèle. Jouerait-il avec elle ? Cette idée la fit rougir quelques secondes. Eva se savait taquine et d’humeur enfantine dans ce genre de circonstances. Tout ici était prétexte à l’oubli de soit, aux divertissements et au plaisir gustatif. Après tout, le chocolat était connu pour être un bon aphrodisiaque et un aliment contre la dépression.

La brune fit un pas en avant pour suivre la foule et se rendit compte que ses pensées déviaient légèrement. Bon ok, un peu beaucoup. Depuis quand se laissait-elle aller à tant de frivolité ? Elle ne regardait pas son compagnon, bien qu’elle sentait son regard posé sur elle ... mais l’effet était le même. « Eva, ne commence pas, la dernière fois tu l’a juste embrassé sur la joue, il ne t’as pas fais une demande en mariage. Calme tes hormones ma grande ». La demoiselle était fière d’être sur cette île en sa compagnie. Personne d’autre n’aurait pu être à sa place, c’était certain. Elle devait juste se contrôler, ne rien brusquer, laisser se faire les choses si elles devaient se faire. Rien de plus.

Pour faire redescendre la pression, Eva regarda autour d’elle, admirant les décors créés. Des statuettes de chocolats avaient étés fabriquées à l’effigie de certains Pokémons. Trop mignon. Tout était soigné, bien que l’organisation restait classique et à la bonne franquette. C’est alors qu’elle sentit un mouvement à côté d’elle. Archibald s’éloignait, ce qui attira aussitôt son attention. Elle ne bougea pas, gardant la place dans la file mais le suivit du regard. Il n’alla d’ailleurs pas bien loin. A l’affût, Eva ne rata pas une miette de l’échange qui débutait avec une petite blonde. Elle était jeune, bien plus jeune qu’elle et probablement pas majeur. Son nom lui avait échappé sur le moment mais rien de dramatique. La blonde attisait la curiosité de la brune, mais pas que. Lorsqu’Eva s’en rendit compte, elle se flagella intérieurement « sérieux tu t’arrange pas. Tu deviens jalouse maintenant ? Hey, il a le droit de connaitre d’autres personnes … tu t’imagine quoi ? Qu’à son âge il n’a jamais parlé à d’autres gens ? Et puis c’est quoi cette crise … y a rien d’officiel entre vous je te rappelle ». A sa conscience, Eva ne rétorqua qu’une seule chose « la ferme! » Alalala, jalousie quand tu nous tiens. Eva nota qu’à la différence d’elle, la jeune fille l’appelait par son prénom. Elle ignorait si cela avait une importance quelconque ou non, mais son cerveau analysait absolument tout.

Le dialogue semblait s’engager entre lui et la blonde. Eva ne bougea pas d’un millimètre, les observant à distance. Cela ne se faisait pas d’aller s’imposer entre eux, d’autant plus qu’elle ne connaissait pas l’autre personne. Archibald allait-il la présenter ou l’ignorer le temps de la conversation ? Et s’il en venait à parler d’elle, comment le ferait-il ? L’esprit de la brune se remettait à tourner à tout va, incontrôlable. Elle se sentait bête, ne sachant pas quoi faire, comme un chiot apprivoisé qu’on laisse soudain en liberté, ignorant. Elle attendait simplement que son ami revienne vers elle ou fasse un geste dans sa direction. Ses yeux bleus étaient rivés sur lui, guettant ses gestes et paroles, de manière imperceptible. C’était là le talent d’une future policière : savoir rester stoïque, ne rien monter, alors qu’à l’intérieur c’était le chaos total.

Ecouter, attendre, observer, il n’y avait pas d’autres choses à faire pour le moment. Eva restait seule parmi la foule, ou presque. Il y avait toujours son fidèle Mentali pour lui tenir compagnie. Le chat mauve s’était quelque peu calmé depuis leur arrivée su l’île, le climat et l’environnement devaient y êtres pour beaucoup. Le félin était ainsi assis aux pieds de sa dresseuse, suivant du regard la même direction qu’elle. Il n’était pas mécontent de voir le boiteux s’éloigner. « Bon vent » pansa t-il. Il n’eut qu’à lever la tête pour comprendre que sa propriétaire ne partageait pas cette pensée. Il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle s’attachait autant à ce gars là. Leur duo fonctionnait très bien, ils n’avaient pas besoin d’un homme et encore moins de celui-là. Blasé, Mentali retourna à sa méditation.

Un peu plus haut, le regard de la brune restait figé dans une contemplation maladive de son compagnon. Tout prétexte était bon à prendre pour laisser ses yeux se poser sur lui, se laisser envahir par le charme qu’il dégageait. La belle n’eut pas à rester à l’écart très longtemps, moins d’une minute en réalité, même si ces secondes lui avaient parues interminables. Le temps est relatif. Archibald se tourna vers elle, la présentant naturellement, avec distinction même. Eva aurait évidemment préférée qu’il abandonne la blonde pour revenir vers elle, mais c’était toujours mieux que rien. Il fallait faire bonne figure. Eva était bien élevée, avec des valeurs bien encrées et certainement démodées de nos jours. Elle avait été à la vieille école comme on dit, et pour cela, elle ne pouvait qu’en remercier ses parents. Grâce à eux, elle su réagir à cette nouvelle rencontre, par forcément souhaitée. Souriante (personne, sauf peut-être son ami, aurait pu deviner qu'elle était fausse), elle quitta la file d'attente pour les rejoindre, saluant la blonde d’un signe de tête respectueux, voire amical. Jouer la comédie, cela elle savait faire, on lui avait appris. Dieu merci ! Eva se voulait digne et irréprochable pour Archibald. C’était pour lui qu’elle était là, ne l’oublions pas.

- Enchantée.

Qu’est ce qu’il ne faut pas entendre parfois …. Bref passons !
Le seul homme du groupe reprit la parole, répétant à nouveau le patronyme de la jeune fille. Eva avait l’impression se revenir deux semaines en arrière, lorsqu’elle s’était souvenue du nom d’Archibald Lannysser dans le rapport. La brune avait bonne mémoire, c’était préférable dans son métier. Le nom d’Hitomi Imlus ne lui était pas étranger, elle faisait parti du quatuor de Lavanville. Sans le savoir, la blonde venait de remonter dans l’estime de la brune, car elle affrontait le même mal. Mais tout cela bien sure, Eva se garda bien de lui signifier. Chacun à son jardin secret. La dénommée Hitomi était coordinatrice, ça ne l’étonnait pas, ça allait bien avec son style. Oui, Eva recommençait à juger les gens au premier coup d’œil, que voulez-vous on ne se refait pas.

Vint ensuite sa propre présentation et là … ce fut … quelque chose. Archibald s’emmêlait les pinceaux c’était plus qu’évident. Il hésitait, manquant de bafouiller, choisissant ses mots après mûres réflexions. Le sourire de la brune se renforça. Il était mignon. Le fait qu’il ajoute « en toute simplicité » sonnait faux aux oreilles de la jeune femme. Elle le soupçonnait même de se voiler la face, tout comme elle-même le faisait en sa présence. Peut-être se faisait-elle des idées, mais elle en doutait sérieusement. Eva aurait pu l’aider, ne pas le laisser se sentir mal à l'aise d’avantage. Mais … non, c’était plus amusant ainsi. La Ranger, retrouvant sa confiance, rapporta son attention sur lui. Ses yeux se voulaient volontairement interrogateurs, juste histoire de l’embêter. « Ah ouai ? C’est ce qu’on verra ». Il ne devait pas être bien sorcier pour lui de deviner les pensées de la brune au vu de sa façon de le fixer, elle ne s’en cachait plus vraiment. C’était presque jouissif que de le torturer mentalement. Eva le lâcha enfin des yeux pour lui accorder un répit, rapportant son attention sur le groupe en entier et notamment le Skitty qui se trouvait là. C’était bien un Pokémon de coordinateur ça, le cliché parfait, pensa t-elle. Oui Eva pouvait être mauvaise de temps à autre.

Archibald reprit la parole et le sang de la brune se glaça aussitôt. Soit, c’était sorti tout seul de sa bouche, soit il voulait gagner du temps avant d’affronter un nouveau moment seul avec Eva. C’était la théorie de la jeune femme en tout cas. Elle nota bien le mot « entamer ». Cela ne signifiait pas « finir ». Tôt ou tard, ils seraient de nouveaux seuls et Eva se promis d’éclaircir quelques points avec lui à ce moment là. Le jeu qui s’était établit entre eux devenait cruel, pour l’un comme pour l’autre, il fallait y remédier. Style de rien, la brune reprit la parole, se voulant joviale. Elle n’avait pas besoin de se forcer réellement. Si tel était le désir de son ami, elle le suivrait. Elle était prête à tout pour lui faire plaisir.

- Tous ensemble, notre recherche n’en sera que plus productive. Bonne idée !

Après une légère pause pour poser sa respiration, elle reprit.

- Cela fait longtemps que vous êtes dans le circuit des concours ?

Eva voulait évaluer surtout son niveau en matière de Pokémon, simple curiosité. Et puis il fallait bien relancer la conversation afin de ne pas voir un gros blanc gênant s’installer. Elle faisait désormais face à la blonde et le tableau aurait choqué quiconque connaissait l’histoire de ces trois là. La journée s’annonçait pleine de rebondissements.

Parler avec la jeune Hitomi était plus facile que ce qu’elle aurait crû. La blonde semblait gentille, douce et sincère, faisant tomber presque instantanément la barrière qu’Eva avait dressée. La Ranger avait également noté que son ami n’avait pas su soutenir son regard. Touché ! Un étrange sentiment de domination se mit à gagner la brune en cet instant. Elle parvenait à faire bonne figure avec la nouvelle venue, tout en chatouillant les sentiments d’Archibald. Jouer ainsi sur deux tableaux, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas eu à le faire, mais mon dieu que c’était stimulant !

Bref, Hitomi lui avait répondue de bon cœur, semblant enjouée par le fait qu’on s’intéresse à elle. Même si Eva n’avait pas franchement une haute opinion des coordinateurs, elle devait avouer qu’en avoir déjà deux rubans en poche méritait un certain respect de sa part. Les rubans ne se gagnaient pas comme ça en claquant des doigts après tout. Hitomi avait du se donner beaucoup de mal pour les avoirs.

- Jolie performance en si peu de temps. Je suis Ranger pour ma part. J’espère pouvoir assister un jour à un de vos combats.

Bon ok, la dernière phrase était largement sur-jouée et Eva ne le pensait pas vraiment. Mais un mot gentil de temps ça autre ça ne peut pas faire de mal. En tout cas, maintenant la jeune femme n’avait plus peur de se présenter elle-même ni de parler de son métier. Archibald devait surement sentir le changement car deux semaines auparavant, il avait presque fallu lui tirer les vers du nez pour connaitre son travail. Aujourd’hui, Eva était fière d’être ce qu’elle était et ne se cachait plus derrière des excuses idiotes.
Le seul homme du groupe attira l’attention de ses dames au bon moment. La file avait avancée, plus ou moins sans eux, mais on ne les avait pas oubliés pour autant. Un homme d’une trentaine d’années, avec un chapeau de paille sur la tête, leur tendit un panier ainsi qu’une carte. Eva passa l’anse sur son bras, se donnant un air de petite fermière, il ne manquait plus que les couettes. Ce petit côté champêtre faisait un bien fou et Eva avait hâte de pouvoir aller crapahuter dans la nature. Elle espérait seulement que les œufs ne seraient pas cachés dans des lieux trop escarpés, car Archibald serait bien embêté avec sa jambe défaillante.

Levant la tête, une affiche attira son attention. Le parcours avait été bien préparé. Il y avait des zones faciles, pour les enfants, avec des œufs facilement accessibles, mais aussi des cachettes plus complexes pour les adultes, demandant surement de faire appel à des Pokémons pour y parvenir. Sans doute son compagnon avait-il du la voir car il posa la question de leur direction. En le regardant, Eva comprit qu’il avait juste jeté un coup d’œil à la carte. Eva répondit avec un sourire à son interrogation. Il avait l’air de bien s’amuser lui aussi. La brune sentait qu’il y avait bien plus qu’une question derrière ce regard d’or, et s’en amusait. Elle eut au même moment une pensée pour Hitomi, se disant que la pauvre était tombée sur un duo qui pouvait la mettre mal à l'aise à force. Eva se reprit.

- Huuumm, je pencherais pour la forêt. Laissons la plage aux enfants.

Cette réflexion lui était venue en voyant deux frères d’environ 6 et 9 ans, tirer leurs parents par les bras pour les emmener vers la plage, afin de trouver plus de chocolats que tout le monde. Sans doute un sentier existait-il en forêt afin de permettre aux gens de s’y promener en toute sécurité. Ainsi, Archibald ne serait point gêné pour avancer, en tout cas elle l’espérait. De toute façon ce n’était là que son avis, il fallait attendre de voir les volontés de tous pour avancer. Mentali s’était d’ailleurs dressé sur ses pattes arrière, tentant de voir ce qu’il y avait dans le panier. Petit curieux va.

Pendant que ses deux acolytes du jour réfléchissaient à la destination à prendre, Eva partageait un moment complice avec son Mentali. Le chat mauve était bien décidé à voir ce qu’il y avait dans ce fameux panier en osier. La Ranger avait beau le soulever, le chat ne cessait de se dresser sur ses pattes arrière pour le ramener à lui. Il était adorable, joueur et mignon. Eva retrouvait chez lui un côté enfantin qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. C’était de façon qu’elle l’aimait et non lors de ses crises de jalousies incessantes. Mentali se faisait rapide, agile, contournant sa dresseuse pour revenir de l’autre côté et la prendre par surprise. Il lui donnait presque le tournis à effectuer ce petit manège, jusqu’à atteindre son objectif ultime, mettre sa tête dans le panier. Dommage pour lui, il n’y avait rien, pas encore du moins ! Mentali la regarda avec un regard surpris absolument adorable, un vrai gamin. Eva se mit à rire, caressant son starter avec amour.

Se redressant, elle s’aperçu que les autres avaient acceptés sa proposition d’aller en forêt. Chouette ! Eva espérait seulement ne pas avoir dit de bêtises en les entrainant dans cette partie de l’île. D’un signe de la main, elle indiqua à Mentali qu’il était temps d’y aller. Le chat avait l’air d’en oublier Archibald avec toute cette histoire, le chocolat et la chasse aux œufs étaient plus intéressants que sa vendetta personnelle. Il fallait espérer que cela dure. Au fond, le chat avait peut-être juste besoin de plus d’attentions. Eva se rendait compte qu’elle avait tendance à le mettre un peu de côté lorsqu’elle était en présence d’Archibald, la cause de la crise était là surement, il fallait l’espérer en tout cas.

Le groupe se mit donc en marche dans une ambiance guillerette. Le soleil brillait, tout le monde était de bonne humeur, que demander de plus ? Ah si … Eva rêvait de se retrouver seule avec son amoureux secret, pour partager avec lui de nouveaux moments de complicité et surtout, oui surtout, savoir si ses sentiments étaient réellement réciproques. Plus le temps passait et plus cela lui paraissait évident. Archibald n’était peut-être pas très communicatif mais ses yeux et ses gestes en disaient long. Ce n’était pas une simple amitié qu’elle pouvait lire au fond de ses pupilles, il y avait plus, bien plus. Le cœur d’Eva se réchauffait et se n’était pas du à la chaleur croissante. Elle aurait voulu se promener à son bras encore et encore, ne jamais le lâcher. Hélas, elle n’était pas du bon côté de la barrière ce jour là. Hitomi avait prit ce qui était d’ordinaire SA place. Elle marchait tranquillement, de l’autre côté de l’être aimé. Eva ne pouvait pas s’empêcher de jeter de temps à autre un regard dans sa direction, juste pour voir si elle n’était pas « trop près ». Heureusement, il n’en fut rien, sans quoi il y aurait probablement eut un bain de sang. Non, quand même pas, mais le cœur d’Eva aurait surement éclaté en mille morceaux … irréparable.

Cette journée, Eva l’avait rêvée dès sa première rencontre avec Archibald. Elle s’était vue allongée dans l’herbe à ses côtés, se reposant contre lui, sereine. Il y avait juste une chose qu’elle n’avait pas prévue dans son rêve : Hitomi. Non, la blonde ne faisait pas partie du fantasme de la brune. La petite bulle qu’elle était créée venait d’éclater, comme un ballon de baudruche qu’on approche trop prés d’une aiguille. Devant eux, Mentali s’amusait à courir sur le chemin, déjà à la recherche de la moindre parcelle de couleur indiquant la présence de chocolat.

Soudain, Archibald sembla trouver quelque chose, s’éloignant du sentier. Eva s’arrêta aussitôt, restant à sa place, le suivant du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse derrière un arbre, hors de vu. Avait-il trouvé du chocolat, déjà ? Elle attendit sagement son retour, les yeux pétillants. La chasse elle adorait cela, c’était évident. Il ne tarda pas à revenir, hélas, les mains vides. Elle lui sourit, avec amour.

- Et la galanterie dans tout ça, honneur aux dames voyons.

Eva n’avait pas pu s’empêcher de le taquiner, amusée par la situation.

- Oh et puis non, j’aime bien la compétition au final.

Elle était limite provocatrice, cherchant volontairement Archibald pour s’amuser. Elle le contourna, en profitant pour l’observer et caresser son bras au passage, mine de rien.
Elle en profita aussi pour regarder les alentours, aucun œufs n'était visible. Eva reprit sa place à la droite de son compagnon, prête à reprendre la route. C’est alors que Mentali, qui avait disparu sans qu’elle s’en aperçoive, fit sa réapparition au milieu des fleurs, tenant entre ses dents une ficelle rouge, au bout de laquelle se balançait un poussin en papier renfermant du chocolat. Le poussin faisait environ 10 cm de haut, plutôt pas mal pour commencer !

- Hey, bravo mon chat !

Mentali couru jusqu’à elle, faisant tanguer la clochette accrochée au coup du faux pioupiou, afin de venir le déposer avec soin dans le panier de la belle. Mentali eut ainsi le droit à une nouvelle caresse, avant de courir à nouveau dans la nature. On ne pouvait plus l’arrêter.

A peine Mentali eut-il ramené sa précieuse récolte qu’il retourna aussi vite à sa mission. L’objectif était de trouver plus de chocolats que tout le monde et c’était plutôt bien parti. Le match aurait pu être plus serré si jamais Archibald n’avait pas fait choux blanc dans sa recherche personnelle. Eva ne l’avait jamais vu aussi jovial et enfantin. C’était comme si il avait rajeuni de dix ans d’un coup, bien qu’il ne soit pas vieux à ses yeux. Il avait l’air de se sentir parfaitement à son aise, de sortir de sa coquille même. Cette île se voulait libératrice.

Ensemble, ils se remirent à marcher, mais uniquement de quelques pas, il manquait quelqu’un à l’appel et ce fut son ami qui s’en rendit compte le premier. Hitomi était portée disparue, tout comme Mentali d’ailleurs. Eva était limite choquée de ne pas s’être rendue compte que la blonde ne répondait plus à l’appel. Certes, elle ne lui avait pas apporté plus d’intérêt que cela, mais bon, de là à l’oublier … il y avait des limites. La Ranger s’arrêta aussitôt, regardant aux alentours sans pour autant bouger du sentier. Rien à signaler, même pas le bruissement des feuilles. Aux interrogations d’Archibald, Eva ne répondit que d’un simple haussement d’épaules. A vrai dire, la disparition d’Hitomi l’arrangeait bien, mais ça elle n’allait pas le crier sur les toits. De toute façon, la jeune fille ne risquait rien, même perdue dans la nature. L’île Clémentine était réputée pour son tourisme et non pour son taux de criminalité. Il y avait plein de monde partout et la blonde finirait par tomber sur quelqu’un, c’était obligé. Bref, cette disparition était aussi étonnante que soudaine, mais pas de quoi retourner toute la forêt pour la retrouver. N’importe quoi avait pu passer par la tête de la blonde. Et puis soyons francs, si elle voulait trouver du chocolat pour son compte personnel, elle devait s’éloigner des autres, rien d’anormal.

Toujours stoïque, la brune observa son ami chercher du regard la plus jeune du groupe, en vain. Le silence s’installa de nouveau, en devenant presque pesant. Quelque chose flottait dans l’air et l’instinct d’Eva s’était aussitôt mit en alerte : il allait se passer quelque chose. Son regard croisant une nouvelle fois celui d’Archibald, lui donna un frisson dans la nuque. Ses vœux étaient exhaussés, ils étaient de nouveaux seuls. Il s’avança alors vers elle. Eva ne bougeait toujours pas, mais son esprit, lui, s’affolait entre l’idée de fuir ou de rester … juste pour voir ce qui allait se passer, bien qu’elle s’en doutait. Eva pencha légèrement la tête sur le côté, plissant les yeux dans une réflexion silencieuse. Archibald était face à elle, un rien les séparait. Le cœur de la brune battait de plus en plus fort, huum non en fait il avait cessé de battre ! Elle déglutit avec difficulté, parvenant à faire repartir son palpitant mais sa respiration restait courte. Allait-il l’embrasser ? L’idée lui passa par la tête, c’était presque inévitable et oh combien désiré par la brune. Elle aurait voulu faire un geste vers lui mais elle était complètement pétrifiée. Désormais, seuls ses yeux étaient capables de bouger.
Archibald porta une main à sa veste, il semblait hésiter. Mais qu’avait-il en tête ?

" AÏLLE ! SALETÉS D'EPINES ! "

Tout comme lui, Eva sursauta, retombant par la même occasion sur terre. Consciente qu’un moment décisif venait d’être interrompu, elle se mordilla la lèvre inférieure pour contenir sa frustration. Oui, frustration, il n’y avait pas d’autres mots pour décrire ce qu’elle ressentait.
Hitomi était de retour, toute en discrétion, distinction. La bouche désormais entre-ouverte à cause de la désorientation, la brune observa son ami se recoiffer machinalement. Il était mal à l’aise, tout comme elle. Il tentait de reprendre contenance mais Eva ne le lâchait pas des yeux malgré le fait qu’elle était toujours plus ou moins choquée. La Ranger se sentit soudain inaccomplie, quelque chose lui manquait et ce quelque chose c’était la blonde qui venait de lui enlever. Elle baissa la tête et s’aperçu que sa main tremblait de manière à peine perceptible, à part pour un œil avisé. Surprise par ce manque de contrôle, elle cacha ses mains dans son dos, le temps que la pression redescende. Il lui fallu néanmoins plusieurs longues, très longues secondes pour retrouver un semblant de normalité dans son comportement.

Elle jeta un dernier coup d’œil interrogatif à Archibald, avant de rapporter son attention sur Hitomi. Eva ne pouvait pas s’empêcher de se demander ce qu’elle venait de rater à cause d’elle, mais elle avait une certitude maintenant : Archibald avait des sentiments à son égard, rien d’autre n’aurait pu expliquer ce qui venait de se passer, ou de ne pas se passer plutôt. Il fallait faire diversion, pas le choix. Un simple coup d’œil au panier de la blonde fut suffisant.

- Je vois que la récolte a été bonne.

Le sourire légendaire de la belle était de retour, tout comme son assurance. Hitomi était parvenue à trouver deux œufs en chocolat, la grande classe ! Mais ce n’était pas sans avoir donné de sa petite personne pour y parvenir. Elle se tourna vers Archibald.

- Ne prenez pas trop de retard, il sera difficile de rattraper deux femmes aussi douées que nous.

Eva alla se placer à côté d’Hitom, histoire de le provoquer gentiment. Elle plaisantait, bien évidemment et cette phrase n’avait que pour seul et unique but que de relancer la pseudo compétition et passer outre ce petit épisode intriguant. Les yeux pétillants, elle détourna enfin son regard de lui pour se reporter à la nature. Elle se remit en marche la première, à une cadence plus lente afin qu’on puisse aisément la rattraper. Eva se sentait de nouveau elle-même, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de garder en tête ce qui venait d’arriver et ce rapprochement. Comment se passerait le reste de la journée ? Mystère !

C’est précisément à ce moment que Mentali revint vers elle, couvert de feuilles en tout genre. Il l’invita à le suivre au galop, ce qu’elle fit, après avoir averti les autres d’un signe de la main. Le chat l’entraina en dehors du sentier. Courant d’abords dans l’herbe haute, Eva arriva en haut d’un petit glissement de terrain. Environ deux mètres plus bas, il y avait un gros lapin en chocolat, ne demandant qu’à être ramassé. Il était trop gros pour que Mentali puisse le rapporter seul. Un peu hésitante à cause du terrain accidenté, Eva entreprit malgré tout de descendre avec prudence, calant ses pieds dans des trous et prête à se retenir avec les mains. Mais ça, c’était sans compté la terre meuble qui lâcha sous son poids. Dans un cri de surprise, Eva glissa jusqu’en bas de la pente pour atterrir sur les fesses. Son cri avait du alerté les autres. Elle ne pensait pas s’être fait mal, mais sa jupe allait être pleine de terre ça c’était certain. Soupirant, Eva regarda son chat qui s’était assis à ses côtés, tout bêtement.

- C’est malin tiens. Je fais comment moi maintenant ?

Eva n’était guère en colère, au contraire sa chute l’amusait maintenant, si bien qu’elle caressa la tête de son félin au lieu de se relever.

Elle était bien avancée maintenant, les fesses dans la terre. Le derrière de sa jupe devait être dans un sale état, mais au moins elle n’avait rien, même pas la moindre égratignure : l’art de savoir retomber comme un chat. Mentali restait impassible quant-à lui, fermant simplement les yeux pour profiter des caresses qu’on lui offrait. Quelque part plus haut, des voix l’appelaient, ce qui la fit sourire. Qu’est ce qu’ils allaient penser de la voir ainsi ? Heureusement, la brune n’avait pas peur du ridicule. Elle ne se donna pas la peine de se lever tout de suite, profitant de ces dernières secondes pour reprendre ses esprits. Elle s’était fait peur quand même, il fallait l’avouer.

" Tout va bien en bas ? "

Tournant le buste et posant une main au sol derrière elle, Eva regarda en haut du talus. Archibald approchait dans sa direction, il était le premier à l’avoir retrouvé. Elle sourit. Il était inquiet pour elle et cela la touchait énormément. Elle lui répondit sans tarder afin de l’apaiser. Sa voix se voulait forte afin qu’il puisse l’entendre à cette distance.

- Tout va bien!

Au dessus d’elle, les feuilles s’écartèrent laissant apparaître Archibald, son sauveur venu une fois de plus à son secours. Sauf que … ce fut le drame. Eva vit son pieds glisser, mais le cri de la brune resta silencieux tant sa peur était grande. Il risquait de se faire mal et elle ne pouvait rien faire pour l’arrêter ou l’aider. En bas, la Ranger n’eut pas l’occasion non plus de bouger, tout se passa trop vite. Elle le vit foncer droit sur elle, ses yeux s’arrondirent de surprise. Le choc fut à la hauteur de leur première rencontre.

- Hupf

Eva bascula en arrière, emportée par la chute de son compagnon. Elle était désormais couchée au sol, les cheveux dans les feuilles, Archibald sur elle, visage contre visage. Elle ne ressentait même pas le coup qu’elle avait subit au ventre, son esprit étant accaparer ailleurs. Il était sur elle, elle sentait son poids sur son corps. La situation était plutôt cocasse. Eva avait espéré un rapprochement entre eux durant leur voyage, voila, c’était fait. Mais elle n’avait pas imaginé que ça se passerait de cette manière. La jeune femme ignorait combien de temps ils restèrent ainsi tous les deux, peut-être s’y s’entaient-ils bien dans cette position. Eva sentait sa poitrine se serrer, jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle avait oubliée quelque chose : respirer. Elle prit une profonde inspiration, et analysa plus calmement ce qui se passait. Les yeux d’ors de son ami la fixaient, il était tout aussi gêné qu’elle, voire plus. La brune ne pouvait quant-à elle quasiment pas bouger, retenue par le corps d’Archibald qui faisait son poids mine de rien, seul un bras libre avait réussit à passer derrière le dos de l’homme couché sur elle, sans doute pour tenter de le rattraper inconsciemment. Il était vraiment tentant que de simplement soulever la tête pour que ses lèvres entrent enfin en contact des siennes. Oh oui, très tentant. Hélas prématuré.

" Toutes mes excuses... Petit imprévu. "

Eva se mit à rire nerveusement, c’était tout ce qu’elle pouvait faire pour le moment. Au moins il semblait aller bien, c’était le principal.

- Vous aussi vous trouviez ça amusant de glisser … vous allez- bien ?

Aucun des deux n’avait bien sure fait exprès d’en arriver là, mais c’était fait. Il fallait bouger. Eva serait bien restée plus longtemps dans cette position, mais Hitomi, qui venait d’arriver, aurait trouvé cela étrange. Gentiment, et tout en douceur, elle invita Archibald à se redresser, sans cela elle ne pouvait pas se lever elle-même. Leur entraide était parfaitement en harmonie. Une fois debout, Eva secoua ses cheveux pour en enlever les brindilles et frotta sa jupe pour au moins la dépoussiérer. Elle devait être dans un sale état et avait la chance au moins de ne pas avoir à se regarder dans un miroir. Son panier en osier avait survécu à la chute, dieu seul sait comment. Eva se dirigea vers lui et récupéra au passage le lapin pour lequel elle était descendue. Amusée, elle reprit.

- Au moins qu’on ne soit pas tombés pour rien.

Elle se rapprocha du talus et s’adressa à Hitomi.

- Prête pour réceptionner ?

La blonde n’avait pas l’air franchement convaincue, mais elle acceptait de jouer le jeu. Eva lui lança tour à tour le panier et les deux chocolats, qui arrivèrent intacts en haut, ça tenait du miracle. Maintenant il restait un autre problème : remonter ! Deux solutions se posaient à eux maintenant : soit ils arrivaient à remonter ensemble, soit ils continuaient le long du talus jusqu’à trouver une pente plus douce. Mais il fallait au moins tenter le coup pour savoir quelle suite donner à leurs péripéties. Dans le pire des cas, Eva savait qu’elle pouvait compter sur son Galopa pour les tirer de là. A cheval le problème ne se posait même pas pour regagner le sentier. Mais la belle n’aimait pas user de la facilité. Fouillant son sac de randonnée, elle trouva ce qu’elle cherchait : une corde. La Ranger était plutôt bien équipée. Elle lança une extrémité à la coordinatrice et lui demanda de l’attacher solidement à un arbre. Ça serait plus facile de remonter avec une prise fiable. Remettant son sac sur le dos, elle fit signe à Mentali de grimper le premier, autant dire le chat n’eut aucun mal à le faire. Elle se tourna vers Archibald.

- Prêt ?

Elle lui tendit la main pour affronter l’ascension ensemble. Le soutenir et grimper en même temps ne serais pas une mince affaire, mais sa jambe le gênerait probablement pour regagner la route. Il était tombé par sa faute à elle et par conséquent elle se devait de l’aider, de le soutenir. C’était naturel, tout comme l’obstacle qui se dressait devant eux.

Tout le matériel était en place pour leur permettre de regagner la route. Hitomi les attendait, ne pouvant rien faire de plus pour les aider. Maintenant, c’était à eux de jouer. Eva invita Achibald à se positionner juste devant elle, afin qu’elle puisse le soutenir au mieux, une main sur la corde, l’autre derrière le dos de son ami. En une seconde, elle comprit qu’il ne serait pas aisé que de grimper. Le sol était instable, supportant très mal la moindre pression. Il était plus prudent de renoncer, sous peine de réellement se faire mal. Intérieurement, Eva s’en voulait que d’avoir entraîné la petite équipe en forêt. Sur la plage, rien de tout cela ne serait jamais arrivé. Quelle idiote elle faisait ! Son pied glissa une nouvelle fois, la faisant atterrir sur les genoux.

- Bon, mauvais plan. Mieux vaut continuer plus loin, sans doute trouverons nous un autre moyen de regagner le sentier.

En haut, Hitomi gardait un œil bienveillant sur eux. Avec prudence, Eva redescendit les quelques centimètres qu’elle avait gravit, restant proche d’Archibald, plus par désir que par réel besoin, il fallait l’avouer. La brune fulminait contre elle-même, à cause d’elle le groupe se retrouvait divisé. Ce fut la blonde qui rompit le silence.

- Ne vous inquiétez pas, je veille sur vos œufs. Je vais continuer de suivre le sentier qui longe le talus, espérant vous retrouver rapidement.

Eva acquiesça. C’était préférable en effet. Sentant que le vent tournait, Mentali fit demi-tour lui aussi, tout en élégance, pas de cascade en boule de neige pour lui. Eva l’enviait. Hitomi écarta les branches qui la gênait et s’éloigna, disparaissant de leur vue, temporairement. Elle avait prit soin au passage de détacher la corde afin qu’Eva puisse la récupérer et la ranger au fond de son sac.

Une fois de plus, elle se retrouvait seule avec Archibald, sauf qu’elle avait honte de lui causer tant de soucis. Eva ne s’en serait jamais autant voulu s’il n’y avait pas ce handicap. Elle avait peur pour lui et savait que ça ne devait pas être simple pour lui de se retrouver là. Elle n’était qu’une petite idiote, voila tout. La colère la gagnait, contre sa petite personne sans cervelle. Tout ça pour un lapin en chocolat, elle avait été imprudente.

- Je suis vraiment désolée, nous voila dans de beaux draps à cause de moi.

Elle se concentra sur la fermeture de son sac, histoire de faire sortir cette frustration qui montait en elle. Un coup sec lui permit d’évacuer pas mal de colère. Eva regarda autour d’elle, en cet instant même les mots les plus doux auraient bien eues du mal à l’apaiser. Si elle avait été seule, tout aurait été différent, elle se serait moquée d’être dans cette situation. Mais là, il y Archibald, et elle ne voulait pas le mettre en danger, lui qui l’avait invité à passer ce magnifique séjour sur l’île. Le rêve paradisiaque se transformait en excursion de survie dans la jungle.

Heureusement, la montée de pression fut aussi rapide à grimper qu’à redescendre. Fermant les yeux, elle soupira, se tournant à nouveau vers lui. Un simple regard eut le don de l’apaiser. Il ne lui en voulait pas, c’était évident.
Maintenant qu’ils n’étaient plus « surveillés », Eva se remémora la scène qui avait précédée leur chute à tout deux. Ce contact rapproché, cette main glissée dans la veste. Qu’avait donc t-il voulu lui dire ? C’était l’occasion ou jamais de lui poser la question et de faire diversion après son coup de chaud aussi.

- Au fait, qu’alliez vous donc me dire tout à l’heure avant l’arrivée de Miss Imlus ?

La curiosité et la romance avaient fait leur grand retour. Les yeux de la brune pétillaient de nouveau, quémandant une réponse. Elle sentait qu’elle avait raté quelque chose d’important sur le sentier et comptait bien y remédier. Le dévorant des yeux, elle attendit de voir sa réaction avant de se pencher de nouveau sur leur problème.

Un pas était fait en avant et les conséquences de cette avancée restaient incertaines. Cela pouvait ne rien signifier ou au contraire être lourd de sens. Au vu du changement d’attitude d’Archibald, elle venait d’appuyer sur un bouton, mais elle ignorait encore quel événement il déclencherait. Le duo s’était arrêté dans sa progression, comme si la réponse à une simple question serait aussi l’élément déclencheur pour reprendre la route. C’était comme si tout dépendait des paroles qu’allait prononcer le chevalier des temps modernes. Il apparaissait clairement aux yeux d’Eva qu’il était gêné ce qui la fit regretter l’espace d’une fraction de secondes le fait d’avoir posé la question dérangeante. Peut-être aurait-il mieux fallu qu’elle se taise, passer l’éponge sur l’interruption qui avait eut lieu plus tôt. Mais bon, maintenant c’était trop tard et sa curiosité bien trop grande. Eva n’était pas dupe et savait pertinemment qu’elle jouait avec le feu en cherchant des problèmes là où il y en avait déjà.

" En vérité, j'avais quelque chose pour vous. "

Ah ? La voila encore plus intriguée. Eva se demandait à présent ce qui l’attendait comme surprise et prit conscience qu’elle avait limite peur de ses propres sentiments. Pourtant, Archibald lui avait déjà faits des cadeaux par le passé, à commencer par sa délicieuse compagnie, il y avait aussi le talisman qu’elle portait toujours sur elle. La belle venait de précipiter quelque chose et elle ignorait quoi, cela la tétanisait sur place. « Ben voila, tu as tout gagné, maintenant assume ! ».
Il glissa une nouvelle fois sa main dans sa poche, aucune intervention ne vint l’interrompre. Eva découvrit alors une fleur magnifique qu’elle reconnaissait aisément: une gracidée, la fleur du légendaire Shaymin. Autrement dit, pas n’importe quelle fleur ! Sa couleur tirant vers le rose était tout bonnement magnifique, pleine de sérénité et légèreté. Une fois encore, le souffle de la brune en fut coupé. A ce rythme, il lui faudrait bientôt une réanimation cardiaque si jamais son cœur venait à flancher aussi. On dit que l’amour donne des ailes, mais il donne aussi de sacrées sueurs froides. Les yeux d’Eva s’arrondirent sous l’étonnement. Elle était aux anges. La bouche légèrement entre-ouverte, elle semblait avoir perdue l’usage de la parole. « Eva… Oh Hé, EVA !!! C’est qu’une fleur, on se réveille ! ». Le souffle lui revint, plus brusquement qu’elle ne l’aurait voulue. Son regard passe de la Gracidée à Archibald.

- Je vous entraine malgré vous dans une randonnée suite à une chute et vous m’exprimez votre gratitude ? Voila qui n’est pas banal.

Elle détournait la conversation, évidemment qu’elle comprenait ce qu’il voulait dire derrière ces mots. Mais sa timidité soudain maladive, l’obligeait à user d’un humour franchement pas drôle, il fallait l’avouer. Les yeux d’Archibald eux ne mentaient pas, tout deux étaient sous le charme de l’autre. Une question brûlait les lèvres de la brune : « aussi en gage de vos sentiments à mon égards ? », mais elle s’en abstint. L’idée de l’embrasser lui passa une nouvelle fois par la tête, c’était d’ailleurs bien parti. S’approchant de lui, joignant ses miens aux siennes à l’unisson autour de la Gracidée, le visage d’Eva s’était approché du sien. A la dernière seconde, le trac l’avait pourtant fait dévié pour lui donner un baiser sur la joue, comme elle l’avait fait par le passé. Son cœur lui battait la chamade.

- Je vous remercie. J’ai parfois le sentiment d’être comme une princesse avec vous. Vous m’accordez bien plus d’attention que je ne le mérite. J’en suis touchée. Auriez-vous la gentillesse de me la mettre dans les cheveux ? Le temps et l’endroit s’y prête je trouve.

Eva lui lâcha les mains afin de le laisser libre de ses mouvements. Elle en oubliait complètement le chemin à prendre, ses jambes ne répondant plus de toute façon. Elle était figée, le regard dans le sien. Ce qu’il avait dit n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde, elle avait bien entendue qu’elle lui apportait du bonheur. Elle voulait tant lui dire que tout cela était réciproque mais sa gorge se nouait rien qu’à cette idée. Eva craignait de se heurter à un mur si elle avouait le fond de ses pensées, alors que tout pourtant indiquait que les portes lui étaient grandes ouvertes. Mais elle lui avait fait une promesse, celle de ne plus avoir peur. Il fallait qu’elle parle, avant d’en être définitivement incapable. « allez, dis le bon sang, qu’on en finisse, au moins tu sera fixée ». C’était si dur. Ses joues venaient de passer du rose pâle au rouge bien mûr, le stress lui donnait chaud.

- Je suis heureuse que ma compagnie vous procure ce sentiment. Il en est de même pour moi à vos côtés. Je … je n’aurais jamais cru que c’était si difficile à dire…

Après quelques secondes de silence.

- Etre au près de vous, cela m’apporte des émotions que je n’ai jamais connue auparavant. C’est comme si tout coulait de source avec vous. La vie parait soudain si facile, si douce. Je …

Nouveau blocage. Eva, pourtant bien lancée, venait de perdre le fil de sa pensée, emportée par le flot de sentiments qui déferlait en elle. Elle sentait la chaleur sur son visage et n’osait même pas imaginer la couleur de son teint maintenant. Elle devait être bien ridicule face à lui et sans doute avait-elle été trop loin, trop loin pour revenir en arrière. Avec un peu de chance, Archibald ne saisirait peut-être pas la fin de sa phrase restée en suspens. Oui, c’était cela. Il ferait diversion et ils reprendraient ensemble le chemin vers le sentier, comme si rien ne s’était passé. Ou pas.

Qu’avait-elle dont fait ? La brune avait le sentiment d’avoir invoquée des forces qu’elle ne contrôlait pas, comme un enfant jouant à invoquer des esprits, se faisant surprendre lui-même par la drôle de réalité de ce jeu qu’il pensait imaginaire. Il était trop tard pour faire machine arrière maintenant, ne restait plus qu’à attendre et peut-être prier pour en sortir indemne. Archibald était désormais si près d’elle … que sa paralysie était totale. Heureusement d’ailleurs, car sans cela elle aurait surement prit ses jambes à con cou, effrayée par ses propres sentiments. Elle tremblait, de manière quasiment imperceptible, mais bien réelle. Milles pensées traversaient son esprit, toutes aussi différentes les unes que les autres. Elle était à la fois terrifiée, soulagée, frustrée … bref tous les états possibles et imaginables dont l’amour est le seul responsable.

" Je crois savoir de quoi vous parlez. "

C’était pire maintenant ! Ces mots pouvaient signifier tout et leurs contraires. Et pourtant … cette proximité, cette douceur dans la voix, tout cela ne trompait personne et encore moins Eva. Le corps de la Ranger était aussi raide que du fer, ce qui l’empêchait probablement de faire un nouveau malaise devant lui. Oui, Archibald avait de drôles d’effets sur elle.
Le doute n’était plus permis à présent, ça allait arriver, d’une seconde à l’autre et Eva l’appelait de tous ses vœux, pour être enfin libérée. Libérée ou prisonnière ? On dit que l’amour est souvent un piège, vous tenant entre ses mailles, vous faisant parfois souffrir. Pourquoi pensait-elle à cela ? Sa tête ne répondait plus, bifurquant dans toutes les directions.

Tel des esquimaux, leurs visages s’étaient rapprochés. Jamais elle n’avait vu ses yeux dorés de si près, si brillants, pétillants, si amoureux. Cet élan de tendresse lui allait droit au cœur, enfin si ce dernier avait survécu à tout cette tension romantique oh combien stressante. La respiration de la brune se faisait plus courte et plus lente. Son ventre tiraillait dangereusement en une crampe. La dernière fois qu’elle avait ressentit cela c’était durant ses examens terminaux. Les mots qu’ils s’échangeaient étaient presque murmurés maintenant. Eva n’avait pas sut finir sa phrase, mais il en avait bien saisit le sens, prêt à l’aider à lâcher ce qui lui brûlait tant les lèvres.

" Un mot. Il me semble... qu'il commence par un grand... "A", comme... affinité, approbation, ascension, allégresse, aurore, arriver, appartenir, associer, avenir... "

- Amour.

Elle avait susurré ce mot du tact au tac avec un léger sourire. Ce n’était plus une question mais une affirmation. Oui, elle était amoureuse, d’un homme plus âgé qu’elle, différent du commun des mortels. Un homme pas comme les autres, qui avait su dompter cet être sauvage. Dans quoi mettait-elle les pieds ? Jamais elle n’avait connu d’homme, jamais elle n’avait eut de relation ni même échangé un simple baiser. Difficile à croire en la regardant, c’était pourtant bien vrai. Le destin l’avait-il protégé jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce moment ? Pour lui ? Elle voulait y croire. Non, en fait c’était une évidence. Leurs lèvres s’effleurèrent un court instant, ne rendant l’attraction que plus grande. Absolument plus rien n’existait autour d’eux. Eva ne pensait plus à quoi que ce soit, mis à part lui. Dans une fraction de seconde il serait trop tard, elle ne pourrait plus refouler ses sentiments. Elle était prête. Ses bras encerclèrent le cou de l’être aimé, ses yeux se fermèrent au moment où ses lèvres rencontrèrent les siennes. C’était tout bonnement magique. Eva ne touchait plus terre. Ce moment, elle l’avait attendu et rêvé depuis le jour de leur rencontre. Maintenant elle y était et c’était encore mieux que dans son imagination. Plus rien ne pouvait venir les interrompre, ce baiser n’appartenait qu’à eux.
Étrangement, toutes les questions que se posait la belle venaient de se volatiliser, comme une nuée de ballons lâchée dans les airs, emportée par le vent. C’était évident qu’il était fait pour elle. Son amour pour lui n’avait pas de limite, ce n’était pas un simple coup de cœur passager à ses yeux. Elle voulait qu’il soit sien jusqu’à la fin de ses jours. Ses mains se voulaient caresses, ses lèvres porteuses de tout ce qu’elle ressentait pour lui. Plus rien n’avait d’importance.

A quelques mètres de là, Mentali avait caché ses yeux de sa patte avant droite, détournant son chaste regard de cette vision. Sa langue dépassait légèrement dans un « beurk » muet et comique.

Eva aurait pu rester des heures ainsi, mais les meilleures choses étaient connues pour êtres les plus courtes. Elle laissa ainsi son visage s’éloigner de quelques centimètres, juste de quoi reprendre ses esprits, mais prit bien soin de rester contre lui, profitant de cette proximité pour rêvasser. Son regard n’arrivait pas à se détacher du sien. Elle se sentait si bien ! Elle souriait, épanouie et heureuse. Inutile de le dire pour le voir. Une dernière caresse affectueuse du bout du nez et la réalité lui revint.

- Je crois que Miss Imlus va nous chercher.

C’était vrai. Qu’ils le veuillent ou non, il faudrait se remettre en chemin pour regagner le sentier, retrouver Hitomi, le panier, bref ce pour quoi ils étaient venus à la base. Quoi que inconsciemment ou non ils étaient surement venus ici pour cela aussi, admettons le. Au moins leurs sentiments n’étaient plus refoulés à présent, leur amour pouvait s’exprimer au grand jour. Les dés étaient jetés.

Malgré la tentation irrésistible de rester collée contre lui, Eva ne pouvait pas s’empêcher de penser à autre chose : à une diversion plus précisément. Ce moment qu’elle avait tant attendu lui faisait peur contrairement à ce qu’elle aurait imaginée. Elle avait perdue le contrôle de la situation, de son cœur, et cela l’effrayait au plus haut point. Eva ne maîtrisait plus rien et elle n’en avait pas l’habitude. Elle n’était plus la maîtresse de ses pensées et de ses gestes. Ainsi, parler de la jeune blonde avait été la seule chose qui lui était passée par la tête. « T’es complètement débile ma pauvre fille ». Sa raison se voulait contradictoire avec ses désirs. Son corps voulait rester là, contre lui, à profiter de ce contact intime, alors que son esprit voulait partir loin d’ici, retrouver sa solitude et son intégrité. Que faire ? Si c’était cela l’amour, alors Eva comprenait enfin pourquoi on disait qu’il rendait fou et aveugle.

La brune était comme une marionnette dont les ficelles appartenaient à l’homme qui la faisait chavirer. Elle était sienne, cela avait été son désir dès le premier jour. Mais s’abandonner complètement n’était guère évident pour une personne aussi sauvage qu’elle. Eva avait toujours eut tendance à fuir ce qu’elle ne comprenait pas, à éviter la difficulté, à se protéger des sentiments pour ne pas souffrir. Et là elle venait de foncer tout droit dans le piège de l’amour, celui qu’elle avait réussit à esquiver jusqu’à cet âge déjà respectable.

Sans doute Archibald eut-il conscience de cet éloignement, car son bras la retint contre lui. Bien qu’elle ne fût pas contre, la sensation était étrange. C’était lui le maitre du jeu. Il maniait avec un subtilité déconcertante la douceur et la fermeté. Ce simple geste brisa toutes les résolutions de fuites de sa compagne.

" Laissons-la nous chercher, alors... Après tout, n'est-ce pas une chasse... ? "

Ah ouai ? Alors ce coup là elle ne l’avait pas vu venir du tout ! Ca ne ressemblait tellement pas à l’image qu’elle se faisait de lui. Mais que savait-elle d’Archibald au fond ? Tout restait à découvrir, c’était même pour cela qu’elle était là. Un nouveau frisson la parcouru de part en part, elle se savait perdue. Elle n’avait plus aucune volonté. Incapable de bouger, elle se laissa approcher, dévorée par celui qui l’enlaçait. Son emprise sur elle était totale. La chaleur dans son corps se fit plus diffuse, plus profonde. Ses bras entourèrent à nouveau son âme sœur, cet homme qu’elle désirait tant, se collant contre lui plus que jamais. Ses yeux se fermèrent sous ses baisers. Eva était comme en transe, à l’image des chamans. La bouche légèrement entre-ouverte, elle se laissait aller sous ces caresses. Ses mots étaient si doux, si sincères, qu’ils la transperçaient de part en part. Dans ses bras, elle flottait littéralement.

" Il n'est d'être plus merveilleux que vous en cette terre, Eva. Je vous aime. Je vous aime depuis que vos yeux ont capturé mon âme et qu'ils ne l'ont plus lâchée. Je vous ai cherché sans le savoir, toutes ces années, et je vous jure sur ce que j'ai de plus cher de ne jamais vous oublier... "

Il venait de lui ouvrir son cœur, parvenant à prononcer des mots qu’elle avait inconsciemment rêvée d’entendre de sa part. Elle se devait de lui répondre, de le rassurer si le besoin s’en faisait sentir. C’était là la moindre des choses à faire, à lui offrir. Caressant son visage, croisant une nouvelle fois son regard, elle puisa en lui l’énergie nécessaire pour lui déclarer sa flamme.

- Vous êtes un homme exceptionnel. Je veux êtres à vous pour toujours. Je vous aime également, j’ignorais même qu’il était possible d’aimer quelqu’un à ce point. Mais avec vous, tout surpasse la réalité. Vous êtes le seul à pouvoir me rendre heureuse.

Voila, c’était enfin sorti de sa bouche, non sans mal. Heureusement, Archibald avait su lui délier la langue. Eva se perdait dans son regard, ne touchant plus terre. Il la retenait contre lui et ce n’était pas plus mal. Les secondes paraissaient durer une éternité, mais elle ne voulait pas se détacher de lui, pour rien au monde. Ce moment était trop beau, trop intense pour être brisé. Elle brûlait d’envie pour lui, de lui ? Allez savoir.

Mais ça, c’était sans compter Mentali qui s’était mit à tirer avec ses dents sur le bas de sa jupe pour attirer son attention. « ah bordel ». Pourquoi fallait-il qu’il vient les interrompre, qui plus est maintenant ? Baissant à contrecœur son regard vers son starter, elle ne comprit pas grand-chose à ses miaulements. Bon ok, en fait elle ne faisait pas vraiment d’efforts non plus pour le comprendre. Mentali savait lire les pensées mais était toujours incapable de transmettre les siennes, ce qui n’était pas un avantage en cet instant. Mentali, frustré, mais pas mécontent de son intervention, indiquait d’un signe de tête le talus, signifiant le départ d’Absol que personne à part lui ne semblait avoir remarqué. Toujours perplexe, Eva se tourna vers Archibald, peut-être que lui avait comprit de quoi il retournait.